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L'AGRICULTURE

 

agriculture
(latin agricultura)


Plus généralement, ensemble des activités développées par l'homme, dans un milieu biologique et socio-économique donné, pour obtenir les produits végétaux et animaux qui lui sont utiles, en particulier ceux destinés à son alimentation.


Histoire
La culture de certaines plantes à graines serait née dans les collines du Proche-Orient vers le IXe millénaire avant J.-C. (et vers le VIIe millénaire en Méso-Amérique). Les premières traces d'animaux domestiques (ovins ou caprins) sont presque aussi anciennes. Mais nous ne savons presque rien des régions tropicales humides, où l'on a des raisons de postuler une domestication ancienne de plantes à tubercules (taro, igname, manioc, patate…), qui n'a malheureusement pas laissé de traces. L'agriculture étant un ensemble de techniques, celles-ci ont pu se développer indépendamment les unes des autres pendant des millénaires, jusqu'à ce que leur convergence donne graduellement naissance aux premières formes complexes d'activité agricole.
Les agricultures sans métal : Amérique précolombienne, Océanie
L'outillage se limite aux haches de pierre pour l'abattage des arbres, à une sorte de sabre de bois dur, ancêtre de la machette actuelle, et au bâton à fouir. Dans ces conditions, les seuls milieux accessibles sans dépense excessive de travail sont la forêt et les zones inondables (agriculture de décrue), marécageuses ou, au contraire, semi-arides. L'association des cultures dans le même champ est la règle ; elle permet de tirer le meilleur parti possible d'un espace défriché toujours limité.
Les agricultures à la houe : Afrique noire
En Afrique noire, où le fer, mais non l'attelage, est connu depuis 1 500 à 2 000 ans, la houe est l'outil de base de préparation du champ dans la plupart des régions. Elle permet de cultiver les sols de savane, où l'enchevêtrement des racines rend le défrichement particulièrement difficile. Les agricultures africaines se caractérisent par une répartition géographique complexe des plantes cultivées, indigènes ou introduites, qui servent de base à l'alimentation. L'élevage n'est nulle part intégré à l'agriculture, sauf parfois pour la fumure des champs.
Énergie animale et premières mécanisations : pays méditerranéens et Proche-Orient
Une utilisation plus poussée du fer (faucille) et l'emploi de l'énergie animale (dépiquage, araire, noria, moulin) caractérisent les agricultures d'une vaste zone s'étendant de l'Occident méditerranéen à l'Inde et à l'Asie centrale. Toutes ces innovations intéressent des tâches associées à la production d'un petit nombre de céréales : blé et orge à l'ouest, millet et riz à l'est. La production du vin et de l'huile dans les pays méditerranéens ainsi que celle du sucre en Inde conduisent à d'autres développements mécaniques, plus localisés (broyeurs, pressoirs).
Dans toute cette zone, les céréales, consommées sous forme de bouillie, de couscous, de galettes ou de pain, sont la base de l'alimentation. Les techniques de production sont assez uniformes : labours de préparation du champ à l'araire (jachère), au printemps et en été ; semis en automne, dès les premières pluies, en général à la volée, et enfouis par un dernier labour à l'araire (couvrailles) ; récolte à la faucille et dépiquage sur une aire découverte, soit par piétinement des animaux, soit à l'aide d'un tribulum ou d'un plaustellum attelés.
Les agricultures de l'Extrême-Orient
C'est le climat de moussons – sécheresse d'hiver, pluies d'été – qui fait l'unité agricole de l'Extrême-Orient. Ce caractère tropical s'accompagne d'un emploi très poussé de l'énergie humaine. La mécanisation est systématiquement adaptée à la traction par un seul animal, et même par l'homme. La brouette et le tarare sont deux très anciennes inventions chinoises. Au Japon, le développement des machines hydrauliques mues à bras (ou à pieds) d'homme a été poussé plus loin que partout ailleurs. On connaît, d'autre part, l'usage que la Chine a su faire d'une autre ressource humaine : l'engrais.
Les innovations agricoles en Europe centrale et septentrionale
Les transformations des techniques qu'on a appelées la « révolution agricole médiévale » sont un complexe d'innovations dont les plus anciennes, bien que difficiles à dater, remontent vraisemblablement au deuxième âge du fer. Ces innovations sont les suivantes :
– culture de l'avoine et du seigle ;
– charrue à soc plat et tranchant, coutre, versoir et avant-train ;
– emploi de la herse pour enfouir les semis à la volée ;
– faux à deux mains et fenaison ;
– stockage et battage en grange des céréales ;
– généralisation du moulin à eau à roue motrice verticale (xe s.) ;
– étangs artificiels pour l'élevage du poisson ;
– attelage du cheval (collier d'épaules, traits, palonnier, ferrures à clous), qui prend place aux côtés du bœuf dans les travaux agricoles ;
– moulin à vent à axe horizontal (fin xiie s.) ;
– assolement triennal ; etc.
Au xiiie s., lorsque cette première révolution s'achève, l'Europe est déjà la zone du monde où l'emploi des énergies naturelles dans l'agriculture est le plus poussé. C'est en particulier la seule région où l'on ait résolu, grâce à la charrue, le problème de l'emploi de l'énergie animale au défrichement de sols couverts de gazon.
Une deuxième vague d'innovations s'amorce dès le début du xviiie s. avec le semoir, le tarare (mécanisation du vannage) et les premières cultures fourragères intégrées à l'assolement. La première machine à battre fonctionnelle est construite en 1786. C'est dans les plaines de l'Amérique du Nord que la moissonneuse se développe.
Les révolutions de l'agriculture moderne
La décennie 1840-1850 marque la naissance de l'agriculture moderne ; c'est le début d'une longue série d'innovations :
– innovations mécaniques, agissant sur la rapidité et la qualité du travail. (Il faut attendre les pneumatiques, vers 1935, pour que le moteur à explosion puisse remplacer le cheval dans tous ses emplois.) ;
– innovations biophysiques, agissant sur la qualité et la conservation des produits (appertisation, pasteurisation, froid, séchage, ensilage fourrager, etc.) ;
– innovations biochimiques (fertilisation, pesticides) et biologiques (amélioration génétique), agissant sur les rendements physiques.
On estime qu'en deux siècles la productivité du travail agricole a été multipliée au moins par un facteur 50, et celle du sol par un facteur 10.
L'agriculture aujourd'hui
L'activité agricole demeure fondamentale pour tous les pays et toutes les sociétés. C'est de l'agriculture que l'humanité tire la quasi-totalité de son alimentation. L'agriculture concourt aussi, mais beaucoup moins qu'autrefois, à la production des matières premières nécessaires à la fabrication des textiles. Les destinations industrielles de ses produits se sont diversifiées : la canne à sucre brésilienne, par exemple, est largement utilisée pour fabriquer des carburants. Élargissant son rôle comme source de matières premières, l'agriculture a beaucoup évolué au cours des dernières décennies, tant du point de vue technique que du point de vue économique.
Les progrès de la productivité
Grâce aux biologistes, aux agronomes, aux constructeurs de machines, aux informaticiens, etc., les méthodes de culture et d'élevage autorisent maintenant de hautes productivités du travail et une grande maîtrise des processus de production – sans qu'on puisse toutefois se prémunir complètement contre certains caprices de la nature, par exemple la succession des sécheresses, l'invasion d'insectes parasites (criquets). Des efforts considérables réalisés par la recherche découlent notamment la création de variétés végétales, de races d'animaux toujours plus productives et la mise au point de techniques de plus en plus rentables.
La régression relative du poids économique de l'agriculture
Ce progrès technique s'accompagne d'une diminution relative de la place de l'agriculture dans l'économie. L'une des raisons en est le caractère limité des besoins alimentaires de l'homme : une fois ceux-ci satisfaits, la proportion de la valeur des biens alimentaires dans l'ensemble des autres biens consommés diminue. Pour lutter contre cette tendance, l'industrie agroalimentaire s'efforce de proposer sans cesse des produits nouveaux. Cela a comme résultat d'allonger la chaîne de transformation des produits agricoles, donc de réduire la place de l'agriculture dans l'ensemble que celle-ci constitue avec l'agroalimentaire – et, par voie de conséquence, dans l'économie tout entière. Les progrès de la productivité du travail, plus ou moins forte selon le niveau de développement des économies nationales et régionales, entraînent une diminution du nombre des agriculteurs, ce qui ajoute à la perte d'influence de l'agriculture. Enfin, la régression relative de l'agriculture s'explique par la croissance plus rapide du secteur des services, devenu prépondérant dans les économies les plus développées.
Le progrès technique
Pour améliorer les conditions et les résultats de la production agricole, des travaux de recherche sont menés dans de très nombreux domaines. Leurs réalisations sont ensuite diffusées auprès des agriculteurs.
La physiologie des plantes
L'étude de la physiologie des plantes et de leurs rapports avec leur milieu aboutit à la connaissance de leurs besoins nutritionnels au cours du cycle végétatif. La confrontation de ces besoins avec les résultats de l'analyse des sols de culture conduit à l'établissement et à la mise en pratique de plans de fertilisation, base indispensable de l'obtention de hauts rendements des cultures (céréales, betterave à sucre, soja, tournesol, etc.). Des programmes informatiques permettent d'automatiser ces opérations.
La culture sous serre
La combinaison des connaissances acquises dans la physiologie des plantes et dans la maîtrise des milieux contrôlés a permis les grands progrès de la culture sous serre. On sait maintenant produire des substrats artificiels et des solutions nutritives sans germes pathogènes pour alimenter la plante « hors-sol ». Le contrôle du milieu aérien concerne la température, la lumière, l'humidité de l'air et sa teneur en dioxyde de carbone, l'état sanitaire des plantes : il est plus ou moins complet et plus ou moins automatisé. Les fruits et légumes, les plantes ornementales bénéficient de ces progrès.
L'irrigation
plus en plus puissants pour l'irrigation par aspersion, par du matériel permettant l'apport d'eau goutte à goutte au pied des plantes, par l'emploi de l'informatique pour automatiser la distribution.
De nouvelles variétés
   
L'un des instruments les plus efficaces du progrès technique réside dans la mise au point de nouvelles variétés de plantes et dans l'amélioration des races d'animaux d'élevage. Les recherches dans ce domaine font appel à toutes les ressources de la génétique. On ne cherche pas seulement à obtenir des variétés donnant de hauts rendements, on s'efforce aussi de fixer ou d'introduire des caractères particuliers comme la résistance à telle maladie, la précocité de la maturité de la graine, la dimension de la tige (pour les céréales), etc. Les généticiens disposent maintenant de techniques qui rendent leurs travaux plus efficaces : culture in vitro des embryons hybrides, utilisation de marqueurs moléculaires pour choisir la descendance des plantes sélectionnées. Grâce au génie génétique, il est possible de réaliser des transferts de gènes pour introduire tel caractère recherché. Toutefois, outre les difficultés d'ordre scientifique, agronomique ou réglementaire, l'introduction d'organismes génétiquement modifiés (O.G.M.) dans la nature soulève certaines oppositions, inspirées par la crainte que ces produits ne présentent des risques encore inconnus pour la santé, l'environnement, etc.
Les progrès dans l'élevage
On connaît désormais avec précision les besoins nutritionnels de chaque espèce à chaque stade de la vie, ce qui permet de fabriquer les aliments les mieux adaptés aux objectifs souhaités : croissance rapide ou lente, production intensive ou modérée (lait, viande). D'où l'essor considérable de l'industrie des aliments composés, qui applique les résultats de la recherche zootechnique et approvisionne maintenant la plupart des élevages dans les pays développés. D'autres recherches font progresser la productivité des animaux : sélection des meilleurs reproducteurs, transplantation d'embryons de femelles aux qualités exceptionnelles dans l'utérus de plusieurs femelles porteuses, création de nouvelles races. De plus, les résultats obtenus dans la prévention et le traitement des maladies par la médecine vétérinaire constituent un élément supplémentaire de progrès.
De nouvelles machines
Enfin, on ne saurait passer sous silence l'amélioration des machines. Le tracteur, par exemple, symbole même de la modernisation agricole, gagne en puissance et en automatisation, et se dote d'une informatique embarquée de plus en plus efficace. De nouvelles machines automotrices sont apparues, comme la vendangeuse. Les robots cueilleurs de fruits ont dépassé le stade expérimental.
Agriculture et environnement
L'application du progrès technique, là où elle se réalise, conduit à l'existence d'une agriculture intensive, qui utilise beaucoup de produits chimiques (engrais, pesticides) et de machines, tout en n'ayant plus besoin que d'un petit nombre d'agriculteurs. Cet emploi quelquefois massif de moyens venant de l'extérieur des exploitations peut avoir des effets néfastes sur l'environnement.
La pollution
La pollution des eaux souterraines par les engrais est l'un de ces effets. Dans l'agriculture intensive, on en arrive à épandre 200 kg d'unités fertilisantes d'azote par hectare. Le sol ne peut plus jouer son rôle épurateur comme cela était le cas autrefois : une partie de cet engrais est entraînée par les pluies, sous forme de nitrates, dans les couches profondes du sol puis dans les nappes phréatiques, qui sont ainsi polluées.
Dans les grands élevages hors-sol, les animaux vivent très nombreux sur de très petits espaces. Les porcs, notamment, provoquent l'accumulation d'énormes quantités de déjections liquides (lisiers) qui entraînent des pollutions de diverses natures : accroissement des apports azotés lorsqu'elles sont épandues sur les terres, pollution de l'atmosphère par les mauvaises odeurs.
Les friches et la désertification
Dans les pays de bocage, l'exiguïté des parcelles rendant difficile la mécanisation, les haies ont été arasées, les parcelles, regroupées, et des chemins, tracés. La suppression des haies a entraîné la disparition de leurs nombreuses fonctions : régulation des microclimats, hébergement d'une faune spécifique, fourniture de bois de chauffage. Le paysage lui-même a été affecté, comme il l'est pour d'autres raisons dans les zones où l'agriculture est en régression. En effet, une conséquence de l'agriculture intensive est la concentration de la production sur les terres les plus fertiles, ce qui provoque l'abandon de terres appelées « marginales », où les techniques les plus modernes n'ont pas le meilleur rendement possible. La friche et la forêt s'y installent, de façon anarchique en général, ce qui provoque la détérioration des paysages agraires. Le cas des terrasses méditerranéennes est exemplaire de ce phénomène.
Sur les territoires que ne revendique pas l'agriculture intensive, le risque de dépopulation agricole est très important. On en vient à parler de « désertification » de certains espaces ruraux, phénomène néfaste pour l'ensemble de la société car l'entretien des paysages agraires, pour le bénéfice de tous, est en passe d'être abandonné. D'où l'émergence d'une nouvelle fonction sociale pour une partie des agriculteurs : celle de « conservateurs » des territoires faiblement peuplés, grâce à la mise en œuvre de techniques de production extensives qui demandent beaucoup d'espace et peu de travailleurs pour des productions faibles par hectare. Sur ces mêmes territoires, se développe aussi l'agritourisme, activité d'accueil à la ferme destinée à offrir restauration et hébergement aux touristes citadins.
Les écarts de développement
L'état du progrès technique décrit plus haut est essentiellement le fait des pays industrialisés. Les agriculteurs de la forêt et de la savane africaines, par exemple, n'emploient dans leur majorité rien d'autre que de simples outils manuels. Dans beaucoup de régions du monde (Asie, Moyen-Orient, Amérique latine) domine encore l'agriculture avec traction animale.
Par ailleurs, les agricultures peu développées emploient peu d'engrais et de pesticides et connaissent de fortes pertes de récoltes, conséquence du faible développement de l'économie. Le progrès technique est cependant en train de s'y diffuser, ce qui se traduit par l'augmentation de la production et par la diminution de la population active agricole.
Les écarts de développement des agricultures n'en restent pas moins considérables, ce qu'enregistrent les différences dans les proportions de population active agricole dans la population active totale : alors que ces proportions se situent entre 2 et 15 % dans les pays industrialisés, elles représentent encore souvent plus de la moitié de la population au travail dans les pays en voie de développement. L'agriculture demeure, en fait, l'activité première de la population active à l'échelle mondiale.
La mondialisation des échanges
Or, malgré le grand nombre de paysans, dans beaucoup de pays du tiers-monde l'expansion de la production agricole demeure insuffisante pour satisfaire des besoins alimentaires qui augmentent rapidement sous l'effet d'une forte croissance démographique et d'une certaine amélioration des revenus. Pour certains d'entre eux, les faibles disponibilités en terre viennent aggraver la situation, comme dans le cas de l'Égypte. C'est pourquoi ces pays (pays d'Afrique noire, du Maghreb, du Moyen-Orient notamment) doivent avoir recours aux importations de produits de base auprès des pays industrialisés excédentaires (États-Unis, Canada, États de l'UE, Australie, Nouvelle-Zélande). Ce déficit chronique des pays dont l'agriculture est peu productive est l'une des raisons de la croissante internationalisation des échanges des produits agricoles. Mais il en est d'autres, comme la spécialisation des agricultures des pays développés ou en voie d'industrialisation : celle du Brésil et des États-Unis dans la culture du soja – un produit essentiel pour les élevages européens –, celle du bassin méditerranéen dans les fruits et légumes, celle des Pays-Bas dans les produits de l'élevage. Toutes ces spécialisations génèrent des excédents qui font naître à leur tour des échanges commerciaux. Enfin, les pays du Sud, bien que souvent déficitaires en produits vivriers, restent spécialisés dans la production et l'exportation de produits tropicaux : café, cacao, fruits (Afrique noire, Amérique latine), thé (Asie), manioc (Thaïlande).
Pour en savoir plus, voir l'article agroalimentaire.

 

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LE BLÉ

 

Le blé a d'abord été récolté à l'état sauvage puis cultivé depuis le néolithique dans le « croissant fertile » (actuels Liban, Syrie, Sud de la Turquie) où subsistent à ce jour des blés sauvages.



Le blé civilisateur : où ? quand ? comment ?

C'est donc par le blé qu'a commencé la "culture", le mot étant pris dans toutes ses acceptations : agricole et sociale. C'est par cette céréale que l'homme qui avait été nomade, cueilleur et chasseur pendant des centaines de millénaires, s'est fixé et a créé un mode de vie complètement nouveau. Tournant décisif de la civilisation, pour la première fois, l'espèce humaine a agit sur la nature et l'environnement de façon à améliorer sa subsistance et en régulariser la production à son profit.
Evènement considérable dont nous sommes toujours tributaires. A ce moment nous sommes passés du paléolithique (paléo = ancien) à une ère nouvelle : le néolithique (néo = nouveau). Cette transition a demandé des innovations à la fois de techniques, de modes de pensée et de concepts sociaux. Des symboles différents de ceux utilisés jusque là sont apparus. L'ensemble de ces transformations pratiques et mentales ont été telles qu'on qualifie ce passage de "révolution néolithique".
Le blé sauvage et la saga du "croissant fertile
Cette étape majeure est connue par plusieurs faisceaux de données et de documents. L'archéologie, en premier lieu, par le décapage et l'analyse fine des restes fossiles des premiers villages a permis de connaître les phases de transformation des sociétés agraires et de dater les étapes avec précision, en particulier grâce aux méthodes utilisant le carbone 14. La botanique et la génétique permettent, d'autre part, l'examen des nombreux changements qui mènent du blé sauvage au froment produisant la farine panifiable actuelle. Enfin, des cultures expérimentales de blé sauvage ont indiqué comment, à quelle vitesse et avec quel rendement ont pu se faire les récoltes préhistoriques avec les moyens de défrichement et les outils existant alors. L'ensemble des données disponibles indique que ce moment essentiel est intervenu au Moyen-Orient. La zone nucléaire constitue ce qu'on appelle le "Noyau Levantin" : les principales découvertes décisives ont été faites dans la région qui va de la vallée du Jourdain à l'Euphrate et qui forme un large arc de cercle ou "Croissant Fertile". On y trouve des steppes herbacées où poussent encore des blés sauvages ainsi que les traces des transformations de la plante et des premières sociétés préagraires puis agraires. A partir de cette zone initiale, les innovations de nos lointains ancêtres ont diffusé vers l'Occident.
Les espèces archaïques de blé qu'on trouve encore dans ces régions, dispersées parmi d'autres plantes herbacées, sont bien différentes du froment cultivé actuellement. La première différence porte sur le mode de dispersion des graines. Les blés sauvages se reproduisent spontanément alors que le blé domestique ne peut le faire sans l'aide de l'homme. La raison se situe au niveau du rachis (ou axe) de l'épi. Initialement, dans des formes spontanées, il était fragile et se fragmentait en dispersant les semences. Les longues barbes qui les entouraient se déformaient en fonction de l'humidité du sol et finissaient par enterrer spontanément les grains, qui ensuite pouvaient germer dans le sol. Si l'avantage de cette fragmentation du rachis est évidente pour l'ensemencement naturel, cela constitue un gros inconvénient en pratique agricole : les épis mûrs se dispersent et sont impossibles à moissonner. Les grains furent donc vraisemblablement cueillis grain par grain ; les épis les plus solides ont du être favorisés par ce mode de récolte et peu à peu naturellement sélectionnés. On obtint progressivement des variétés à "rachis solide" résistant mieux au moissonnage.
Autre difficulté pour la collecte des espèces primitives : elles avaient des grains "vêtus" c'est-à-dire avec des enveloppes membraneuses qui ne peuvent être détachées par vannage et battage, de plus ces grains étaient petits, pauvres en réserves et surtout dépourvus de gluten : la farine n'était donc pas panifiable.
Il faudra donc une longue sélection du patrimoine génétique pour obtenir des blés moissonables, d'une part, et producteurs d'une farine capable de donner du pain grâce, d'autre part, à l'évolution remarquable du blé depuis les plantes sauvages. Elle demande un minimum d'explication scientifique car elle sous-tend son importance pratique et symbolique. La plupart des êtres vivants ont une reproduction croisée. Pour les animaux, elle est obligatoire puisque les sexes sont séparés et qu'elle implique la rencontre d'individus mâles et femelles. Elle a pour conséquence un brassage génétique, chaque individu recevant un équipement héréditaire maternel et un équipement paternel. Pour les végétaux, les deux sexes sont en général réunis dans la même fleur : le système est hermaphrodite. Il peut y avoir autofécondation mais le plus souvent un certain nombre de filtrages évite la fécondation d'un individu par son propre pollen. Celui-ci est transporté - par le vent, les insectes, les oiseaux - sur la fleur d'un autre individu. Il y a donc également comme chez les animaux fécondation croisée et brassage génétique, c'est-à-dire renouvellement à chaque génération avec apport maternel et paternel. Le blé est différent et assez exceptionnel dans le monde végétal : la fécondation a lieu dans la fleur avant même qu'elle ne s'ouvre et ne s'épanouisse de sorte qu'il y a effectivement une autofécondation à l'intérieur même du bouton floral.
Les éventuels changements génétiques qui se produisent spontanément (mutations) au lieu de survenir de façon aléatoire, sont maintenus dans le patrimoine des descendants. Les potentialités de sélection par l'homme ont été facilitées par ce mode de transmission stable de génération en génération.
Ajoutons une remarque sur les propriétés génétiques du blé car elles sont une des raisons de l'étonnante progression de ses performances agroalimentaires jusqu'à nos jours. Le stock des entités qui portent le patrimoine héréditaire, les chromosomes, s'est multiplié chez les blés cultivés et s'est hybridé avec celui d'autres graminées. Les blés sauvages sont diploïdes et ont, comme la plupart des espèces, un stock chromosomique double (ici 2 fois 7 chromosomes), la moitié d'origine paternelle, l'autre moitié d'origine maternelle. Au cours de l'évolution ce stock chromosomique s'est multiplié par deux produisant des blés tétraploïdes comme l'amidonier ou le blé dur et même par trois (blés hexaploïdes à 42 chromosomes) dans le cas du froment ou blé tendre. En même temps une partie du patrimoine d'au moins deux autres espèces de graminées sauvages encore mal identifiées s'est métissée de façon fortuite avec celle des blés. Il a été maintenu grâce à l'autofécondation et cette addition a donné des aptitudes nouvelles. C'est ainsi qu'a été acquise par le froment la capacité de synthèse des éléments du gluten qui rend la farine panifiable.
Au total, on constate ici une étonnante association des potentialités d'une plante et des gestes de l'homme. Retenons surtout que, dès le départ, doué de propriétés culturales et nutritives remarquables, le genre blé s'est constamment diversifié et amélioré. Ainsi, il est, en particulier, devenu moissonnable et panifiable, ce qu'il n'était pas au départ. Ses rendements ont constamment augmenté ; le nombre des variétés cultivées ou cultivables n'a cessé de s'accroître (plusieurs milliers) permettant une adaptation à des situations de milieu très diverses et une résistance aux parasites. C'est une plante domestique véritablement unique.
Cueillete et préculture
Au plan historique, il y eut ainsi une "période de préculture" où les blés sauvages étaient utilisés et involontairement sélectionnés avant que l'idée de les mettre en culture fut imaginée. Des aléas de la présence spontanée, nos lointains ancêtres passèrent à une maîtrise inédite de la production avec la période culture proprement dite. Une réserve de produit renouvelable pouvait désormais être constituée sur initiative humaine.
Il a fallu bien des innovations techniques et des transformations mentales pour mettre en culture le blé et le domestiquer. Il a été nécessaire de dégager et préparer une surface de sol, penser à enfouir, recouvrir et protéger les grains et les germinations contre les éléments, la concurrence des autres espèces envahissantes qu'on appelle "mauvaises herbes" ou plantes "messicoles" (c'est-à-dire qui aiment les moissons), récolter les grains nouveaux, inventer des silos pour les conserver, prévoir un calendrier de succession de travaux ("Les Travaux et les Jours ..." Hésiode). Autant de gestes qui paraissent naturels et quasi spontanés mais qui ont du être peu à peu mis au point et planifiés. Il a fallu prévoir aussi de nouveaux défrichements et comprendre que le sol s'épuise, penser aussi à garder des semences pour les prochaines plantations. Les essais expérimentaux indiquent que, au début, près de la moitié ou du tiers des récoltes devait être mis de côté pour les futures semailles. Tout un savoir a dû se constituer, socialement transmissible, pour réaliser une stratégie de subsistance.
Il y a eu ainsi une période où l'homme préhistorique fut simplement "cueilleur de céréales" avant d'être un vrai cultivateur. En adoptant ces plantes comme ressource alimentaire principale, il a commencé par préparer leur mise en culture. Toutes les données indiquent que cette étape préagricole s'est produite dans le Croissant Fertile il y a 12000 ans. Puis s'est développée la phase agraire. Passant de la vie itinérante, nomade, à une vie fixée stable, l'homme a créé un mode communautaire permettant d'articuler la coexistence des groupes et des individus travaillant dans les villages. Il s'agit bien d'une "révolution" dans les techniques, les rythmes quotidiens et saisonniers, les modes de pensée, les motivations, d'une façon générale dans les structures mentales.
Cela fut donc conçu d'abord pour le blé - engrain, amidonnier - et aussi pour l'orge puis d'autres espèces furent maîtrisées : des légumineuses comme le pois ou les fèves, également le lin pour l'huile de ses graines et les fibres textiles de ses tiges dont on trouve des traces dans les restes fossiles des anciens villages agraires.
Cette période décisive a été étudiée en détail par les archéologues, particulièrement dans la région de Jéricho, proche du Jourdain et dans des villages du Moyen Euphrate. Des mortiers et des pilons ont été mis à jour indiquant que, déjà, on broyait les grains pour en extraire une mouture farineuse. Mais, fait notable, on ne trouve pas encore de poterie, période dite "précéramique". En l'absence de récipients aptes à l'hydratation et à la cuisson, les grains étaient consommés crus ou grillés. A l'état natif les grains et les molécules d'amidon sont très compacts et peu accessibles et attaquables par nos enzymes digestives. Leur valeur nutritive est faible. On trouve pourtant de nombreuses traces d'abrasion sur les dents de ces hommes préhistoriques : ce sont les stries d'usure qu'ont laissé les microconcrétions de silice des enveloppes de ces grains, telles les signatures de consommation de céréales crues. Il est fait mention, dans le Nouveau Testament, de cette pratique longtemps maintenue, ainsi "Jésus vint à passer à travers un champ de blé. Ses disciples eurent faim et se mirent à arracher les épis et à les manger" (Evangile selon Saint Matthieu).
Du cru au cuit
La pratique du grillage ou de la torréfaction semble avoir été largement pratiquée et ce très tôt. Elle est réalisable sur des pierres chaudes et présente de nombreux avantages. Elle améliore la conservation des grains en augmentant la déshydratation et elle favorise le décorticage des ces espèces "vêtues", c'est-à-dire gardant après récolte leurs enveloppes membraneuses. Elle permet de sauver les grains gâtés ou moisis car cueillis avant maturation complète et encore humides. Enfin, elle donne une saveur plus agréable aux grains car elle produit, par caramélisation, un goût sucré plus doux.
L'innovation importante qui suivit fut la cuisson proprement dite. Elle fut rendue possible avec l'invention de la poterie qui se situe vers 8000 à 7000 ans av. J.C . Elle améliora l'alimentation des communautés. Les grains pouvaient être mis à tremper avant d'être cuisinés. Le passage du "cru" au "cuit" (C. Lévy Strauss) est un moment essentiel, culturel et nutritif. Les céréales ainsi traitées sont plus faciles à digérer car, gélifié par la température et moins dense, l'amidon des grains devient facilement attaquable par les enzymes salivaires (amylases) et intestinales ; ceci libère des sucres qui sont absorbables par le tube digestif. On constate que le ramollissement des grains a considérablement réduit l'usure des dents (en revanche, avec le développement de sucres favorisant les bactéries buccales, on voit apparaître et se multiplier les caries dentaires ...).
Il n'est pas encore question de pain, mais de bouillies et de galettes non levées. L'amélioration de la nutrition eut un résultat net sur l'accroissement des populations, source de besoins alimentaires accrus et de la nécessité de perfectionner les rendements agricoles.
Diffusion vers l'occident : la première "conquête de l'Ouest"
La céréaliculture se consolide dans le "Noyau Levantin". La poterie culinaire se généralise vers 7000 ans av. J.C. A partir de cette zone nucléaire va rayonner la civilisation sédentaire. Vers l'Est et la Mésopotamie, il est possible qu'une adaptation préagricole se soit produite sur place car des graminées sauvages indigènes existent dans les steppes semi-arides. Mais à l'ouest, vers l'Europe, il n'y a pas d'espèces de blé ou d'orge spontanées. Ces céréales ont nécessairement été importées toutes domestiquées. Elles ont été apportées par l'homme en même temps que les techniques agricoles, la céramique culinaire et tout un cortège idéologique.
Cette première "conquête de l'Ouest" de la civilisation, cette "migration de sédentaires", s'est faite progressivement, sans doute de proche en proche. Elle a été lente et on estime qu'elle a demandé environ trois mille ans pour atteindre l'Atlantique. Elle a emprunté deux trajets principaux : l'un côtier, la voie méditerranéenne, l'autre continental, dit voie danubienne. La France est le lieu de rencontre de ces deux circuits, le premier arrivant par le sud, le second par le nord. Des variations culturelles se sont différenciées et l'homme a réussi à obtenir des variétés plus rentables à grains plus nombreux et plus gros, aux épis mécaniquement résistants. Des espèces de blés nus apparaissent dans les paléosemences. Ils sont plus faciles à décortiquer de leurs enveloppes.
Des outils agricoles élaborés se retrouvent de plus en plus nombreux, comme des couteaux à moissonner faits d'un silex taillé en lame, assemblé dans une poignée de bois dur et collé par des résines d'arbres. Les silex ont le poli caractéristique dit "lustrage spéculaire" produit par les parties dures des chaumes. Des bâtons à fouir ont également été utilisés pour préparer le sol.
Les premières araires, ancêtres des charrues, permettent de fendre la terre pour les semailles mais non de la retourner car elles n'ont pas de soc verseur comme les vraies charrues (qui n'apparaîtront qu'au Moyen-Age). Les sillons étaient peu profonds, multiples et croisés, et non parallèles comme ils furent ultérieurement. Des meules utilisées pour moudre le grain ont également été retrouvées, une était fixe et l'autre maniée à la main. Des déformations caractéristiques sont repérables sur les squelettes au niveau des genoux et des épaules indiquant que ce travail de mouture devait être une longue et harassante occupation journalière des ces pionniers.
 

Michèle Mosiniak, Roger Prat et Jean-Claude Roland

 

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AFRIQUE - GÉOGRAPHIE PHYSIQUE -

 

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Afrique : géographie physique
Massif du Drakensberg
Superficie : 30 310 000 km2
(soit 20 % de la superficie des terres émergées)
AfriqueAfrique
Traversée presque en son milieu par l'équateur et comprise en majeure partie entre les tropiques, l'Afrique est un continent chaud. Les climats et les types de végétation s'individualisent en fonction des variations pluviométriques plutôt que thermiques. En dehors des extrémités nord et sud, au climat méditerranéen, le trait dominant est la chaleur constante. Climat et végétation sont étroitement liés, et ce sont les précipitations – plus que les températures – qui déterminent le rythme des saisons. L'apparition d'une saison sèche et son allongement, quand on s'éloigne de l'équateur, entraînent le passage du climat équatorial et de la forêt dense aux climats tropicaux, qui s'accompagnent de forêts claires, puis de savanes et de steppes. Le désert apparaît près des tropiques (Sahara, Kalahari). Plus de la moitié de l'Afrique est privée d'écoulement vers la mer, qu'atteignent souvent difficilement les grands fleuves (Nil, Congo, Niger, Zambèze). Le continent africain est formé de vastes plaines et bassins recouvrant les parties affaissées de son socle. La présence de plateaux limités par de vigoureux abrupts rompt, par endroits, la monotonie du relief.
1. La géologie

La plus grande partie du continent repose sur un socle précambrien rigide, constitué de roches cristallines et métamorphiques. Ce bouclier affleure sur de très vastes étendues, dont une grande partie n'a pas été recouverte par les mers depuis le début de l'ère primaire, période qui voit une transgression marine envahir le nord-ouest du continent ; les dépôts de sédiments ainsi apportés sont à l'origine de formations sableuses, gréseuses et calcaires des grands reliefs sahariens (Tibesti, Ennedi et Hoggar). Les mouvements tectoniques consécutifs à l'orogenèse hercynienne ont contribué à façonner les immenses cuvettes du Kalahari, du Sahara, du Congo et du Tchad.
Au jurassique, l'Afrique orientale est soumise aux fluctuations du niveau marin et, au crétacé, la plate-forme saharienne est recouverte d'une étroite mer joignant l'Europe au golfe de Guinée. Ailleurs prédominent les formations de sédiments continentaux. Au miocène, le continent est affecté d'importantes poussées tectoniques. Une série de dépressions allongées, appelée Rift Valley, s'ouvre depuis la mer Morte jusqu'au Mozambique. Les grands lacs longilignes Turkana, Tanganyika et Malawi se sont logés dans ce fossé d'effondrement. D'imposants volcans, comme le Kilimandjaro (Tanzanie), le Nyiragongo (République démocratique du Congo) et le mont Kenya (Kenya) se sont érigés. Dans le nord-est du continent, cette grande fracture méridienne s'ouvre au triangle des Afars, à la convergence des fossés de la mer Rouge et du golfe d'Aden. Au sud de l'équateur, ces deux fractures se dédoublent de part et d'autre du lac Victoria.
Les contrecoups de cette orogenèse tertiaire se ressentent dans toute l'Afrique. C'est en particulier à cette époque que se forment le plateau de l'Adamaoua, le mont Cameroun et les îles volcaniques de São Tomé et Príncipe, Bioco et le pointement volcanique des îles du Cap-Vert. Les chaînes de l'Afrique du Nord se sont formées à l'ère tertiaire. Seul l'Anti-Atlas marocain date de l'ère primaire. Deux chaînes principales sont séparées de hautes plaines : l'Atlas saharien, à la lisière du désert, et l'Atlas tellien, formation reliée aux montagnes du sud de la péninsule Ibérique. Au quaternaire alternent les épisodes froids et chauds qui contribuent à former les grands déserts de sable et les paysages tabulaires de cuirasses ferrallitiques.
2. Le relief

L'Afrique, dont Madagascar est la seule grande île, présente une morphologie relativement plane le long des 8 000 km qui séparent le cap Bon du cap de Bonne-Espérance. En raison de la rigidité du socle, la plus grande partie du continent est constituée de surfaces tabulaires (plaines et plateaux étagés) plus ou moins élevées. Elles sont limitées par des versants escarpés, comme le Drakensberg en Afrique du Sud. La grande cuvette du Kalahari est bordée de plateaux qui s'élèvent jusqu'à 3 000 m et dominent, de manière abrupte, les zones littorales. Les plateaux, appelés hamada au Sahara, sont fréquemment surmontés de reliefs isolés (les inselbergs), buttes tabulaires ou dômes, témoins des couches géologiques antérieures. Ils sont parfois recouverts de « croûtes » d'argiles extrêmement dures qui empêchent toute culture : ces latérites résultent de la précipitation (solidification) du fer contenu dans le sol.
L'Afrique est bordée d'étroites plaines côtières, le plus souvent rectilignes, couvertes de marécages et de mangroves dans les zones deltaïques. Les côtes dominent des plates-formes continentales généralement étroites, dont la topographie, sur la façade occidentale, détermine le phénomène océanographique de barre, gros rouleaux rectilignes déferlant sans cesse.
2.1. L'Afrique de l'Ouest, du Centre et du Nord-Est

L'Afrique de l'Ouest, du Centre et du Nord-Est est un vaste ensemble d'altitude en général peu élevée (entre 200 et 500 m), où dominent d'immenses étendues de plateaux, souvent recouverts en Afrique occidentale par des cuirasses ferrugineuses. La partie centre-nord et nord-est correspond au plus grand désert du monde, le Sahara, avec ses étendues de pierrailles ou regs, comme au Tanezrouftet au plateau du Tademaït, et ses champs de dunes (grand erg occidental, grand erg oriental, etc.). D'autres régions, dans les cuvettes du Tchad, du Niger ou du Bahr el-Ghazal, comportent de vastes marécages. Des plateaux plus élevés flanquent cet ensemble du côté sud-ouest : Fouta-Djalon, plateau Bauchi, Adamaoua. Au centre, les importants massifs du Hoggar et du Tibesti approchent ou dépassent 3 000 m, ainsi que l'Ennedi et le Darfour.
2.2. La cuvette du Congo

La cuvette du Congo peut se rattacher par son altitude peu élevée à l'ensemble précédent. Elle en est toutefois nettement séparée par les hautes terres des plateaux de l'Adamaoua et de l'Oubangui.
2.3. L'Afrique de l'Est

L'Afrique de l'Est possède, au contraire des deux entités précédentes, une altitude moyennement élevée, généralement supérieure à 1 000 m. Le trait dominant est le système des rift-valleys, flanquées de chaque côté par des plateaux élevés. Dans la partie sud, il n'existe qu'une seule rift-valley principale, jalonnée par la vallée de la Shire au Malawi et par le lac Malawi. En Afrique orientale ex-anglaise, ce système se divise en une rift-valley occidentale, jalonnée par les lacs Tanganyika, Kivu, Édouard, Albert, et une rift-valley orientale avec les lacs Eyasi, Manyara, Natron, Naivasha, Nakuru, Baringo et Turkana. Entre ces deux grands faisceaux de cassures, le lac Victoria occupe la partie centrale déprimée d'une grande unité du socle déformée par des mouvements à grand rayon de courbure. Dans le nord, il n'existe plus de nouveau qu'une seule rift-valley, jalonnée par les lacs Chamo, Abaya, Shala et Zway ; large, à la latitude d'Addis-Abeba, d'une centaine de kilomètres, la zone du rift s'élargit considérablement dans le nord de la Somalie et l'est de l'Éthiopie, où elle inclut la plaine des Afars, la dépression Danakil et l'Érythrée. Les plateaux élevés flanquant les rift-valleys sont ceux de l'Iringa et du Rungwe en Tanzanie, les hautes terres du Kenya et de l'Ouganda occidental ; enfin la plus grande partie de l'Éthiopie est constituée par des hautes terres au-dessus de 2 000 m d'altitude.
2.4. L'Afrique australe

L'Afrique australe s'apparente a l'Afrique orientale par son altitude moyenne élevée. De part et d'autre de la cuvette centrale du Kalahari, les hautes terres du bourrelet marginal dominent brusquement la zone littorale par un grand escarpement de 1 500 à 2 500 m de commandement. Le Drakensberg est l'une des sections de ce grand escarpement, dominant la plaine côtière du Natal.
2.5. Le Maghreb

Le Maghreb possède une altitude moyenne élevée. C'est une région au relief heurté et compartimenté (Haut Atlas, Anti-Atlas, Moyen Atlas, chaîne du Rif au Maroc ; Atlas tellien et Atlas saharien enserrant des hauts plateaux, et chaîne de l'Aurès en Algérie et Tunisie) s'apparentant davantage à l'Europe méditerranéenne qu'à l'Afrique.
3. L'hydrographie

3.1. Le Nil

Le Nil a longtemps été un mystère pour les peuples méditerranéens, qui ne pouvaient expliquer ses crues, intervenant au moment où les autres fleuves méditerranéens s'assèchent. Long de 6 670 km, le Nil naît en effet de la convergence de plusieurs cours d'eau venus des régions équatoriales et tropicales. Si le Nil Blanc (Bahr el-Abiad) draine un volume d'eau faible mais constant, les affluents éthiopiens, dans l'Est, sont au contraire à l'origine de la puissante crue égyptienne, laquelle a lieu entre juillet et octobre. Son écoulement a été régularisé pasr la construction des barrages d'Assouan, le premier en 1902 et le second entre 1964 et 1971.
3.2. Le Congo

Le Congo, second fleuve mondial par son débit après l'Amazone, draine un très vaste bassin de 3 800 000 km2. Né sur le plateau du Katanga (ancien Shaba), il se jette dans l'océan Atlantique après avoir franchi une importante série de rapides (et les chutes Livingstone), qui représentent une entrave à la navigation fluviale.
3.3. Le Niger

Fleuve au régime tropical, le Niger prend sa source dans le massif peu élevé du Fouta-Djalon, en Guinée. Il se dirige vers le nord, avant d'effectuer une grande boucle pour se jeter dans le golfe de Guinée, au Nigeria.
3.4. Le Zambèze

Quatrième grand fleuve du continent, le Zambèze prend sa source sur les plateaux de Zambie, franchit les célèbres chutes Victoria et aboutit à l'océan Indien à travers un important delta.
3.5. Les barrages

Des barrages ont été édifiés pour valoriser le potentiel hydroélectrique et constituer des réserves d'eau. Qu'elles soient érigées sur la Volta, le Niger, le Sénégal ou le Nil, sur des lacs naturels ou artificiels (Kariba, Kossou, Volta…), ces constructions sont partout controversées en raison du bouleversement des écosystèmes qu'elles ont apporté et de la déstabilisation des sociétés traditionnelles qui vivaient à proximité des fleuves et des lacs.
3.6. L'hydrographie des déserts

Les déserts, où dominent les écoulements endoréiques (les eaux n'atteignent pas la mer et se perdent dans les dépressions intérieures), sont parcourus par des oueds, cours d'eau intermittents qui peuvent connaître de violentes crues, notamment lors de la fonte des neiges et des pluies de printemps en Afrique du Nord.
Les principaux fleuves d'Afrique
4. Le climat

Traversée en son centre par l'équateur, l'Afrique a des climats déterminés essentiellement par le mouvement apparent du Soleil entre les tropiques.
Les grandes zones climatiques se répartissent en bandes subparallèles de part et d'autre de l'équateur. Aux solstices, les rayons du soleil sont à la verticale du tropique du Cancer le 21 juin, et du Capricorne le 21 décembre. C'est le moteur du balancement parallèle des grands anticyclones (zones de hautes pressions) tropicaux des Açores, du Sahara et d'Arabie dans l'hémisphère Nord, de l'Atlantique Sud, du Kalahari et du sud de l'océan Indien dans l'hémisphère austral. Ils se déplacent vers le nord de décembre à juin, et vers le sud de juin à décembre. Les vents anticycloniques (les alizés), attirés par les basses pressions équatoriales, soufflent vers le nord-ouest dans l'hémisphère Sud et vers le sud-ouest dans l'hémisphère Nord.
4.1. Le climat de l'Afrique occidentale

Évolution de la mousson ouest-africaine et précipitationsÉvolution de la mousson ouest-africaine et précipitations
L'Afrique occidentale est soumise au vent sec et chaud du Sahara, l'harmattan, qui souffle vers le sud-ouest, et au flux maritime issu de l'anticyclone de Sainte-Hélène. La zone de convergence des alizés des deux hémisphères (convergence intertropicale, ou C.I.T.) est responsable d'une grande partie des précipitations. Après le solstice de juin, la convergence intertropicale se déplace du tropique du Capricorne vers l'équateur. Dès novembre, elle descend vers le tropique du Capricorne, jusqu'au mois de janvier (été austral).
4.2. Le climat de la zone équatoriale

La zone équatoriale est en permanence soumise aux pluies de la convergence intertropicale, et la saison sèche, aux solstices, y est brève. L'atmosphère y est très humide, et les précipitations, parfois torrentielles, excèdent 2 000 mm par an dans la cuvette congolaise. Le climat chaud présente de faibles écarts, tandis que l'amplitude thermique s'élève à 25 °C dans le Sahara algérien.
4.3. Le climat de la corne de l'Afrique

Dans l'Est, la corne de l'Afrique est une région aride qui reçoit moins de 50 mm de pluie, en raison du détournement des alizés issus de l'océan Indien. La sécheresse est également marquée sur les côtes du Mozambique et de la Tanzanie, les masses d'air se déchargeant d'une partie de leur humidité sur Madagascar.
4.4. Le climat de la zone tropicale humide et au-delà

Quand on s'éloigne de l'équateur, la durée de la saison sèche s'allonge, la hauteur des précipitations diminue et l'amplitude thermique augmente. La zone tropicale humide, ou pluvieuse, qui entoure la zone équatoriale s'étendant du golfe de Guinée aux grands lacs orientaux, possède la particularité de présenter deux courtes saisons sèches coupant la longue saison des pluies. Sa limite correspond à l'isotherme + 18 °C (pour le mois le plus chaud) et à l'isohyète 700 mm. Au-delà de cette zone, l'année voit se succéder une saison humide, appelée « hivernage » en Afrique de l'Ouest, et une saison sèche. Dans le Sud ivoirien, il tombe annuellement au moins 1 700 mm de pluie répartis sur dix mois, alors que dans le nord du pays la pluviométrie n'excède pas 1 500 mm et la saison sèche dure quatre mois. En Mauritanie, la saison sèche dure huit mois et les précipitations, en été, sont inférieures à 500 mm. Les pays bordant le Sahara connaissent des années de sécheresse accusée lorsque la C.I.T. remonte moins haut vers le nord.
4.5. Le climat désertique saharien

Le climat désertique saharien est lié à la présence d'un anticyclone qui provoque un important phénomène de subsidence. Dans l'hémisphère Sud, le désert côtier du Namib doit son origine à la présence du courant marin froid de Benguela qui refroidit les basses couches d'air. Il est prolongé vers l'intérieur du continent par celui du Kalahari, qui demeure toutefois moins aride que le Sahara.
4.6. Le climat de la pointe sud-ouest de l'Afrique

La pointe sud-ouest de l'Afrique qui correspond à l'ancienne province du Cap, en Afrique du Sud, bénéficie d'un climat de type méditerranéen, dont on retrouve les caractéristiques (étés chauds et secs, hivers doux et humides) à l'extrémité nord du Maghreb.
5. Les sols

5.1. Les sols des régions équatoriales

Dans les régions équatoriales, bien arrosées, dominent des sols très profonds (souvent 15 m et davantage) de coloration dominante rouge : ce sont les sols latéritiques, dits aussi ferralitiques.
5.2. Les sols des régions tropicales

Dans les régions tropicales, le développement de la saison sèche permet la concentration et la fixation du fer dans les sols ferrugineux tropicaux. Lorsqu'il y a forte accumulation des oxydes de fer et d'alumine, et durcissement, apparaissent les sols à carapace, appelés aussi bowal en Afrique occidentale.
5.3. Les sols de la zone sahélienne

Dans la zone sahélienne, les sols les plus courants sont les sols bruns et châtains, contenant du fer, et les sols gris, généralement peu épais.
5.4. Les sols de la zone méditerranéenne

Dans la zone méditerranéenne, mieux arrosée, on retrouve des sols rouges, châtains ou gris, rappelant ceux des tropiques secs, et des sols à croûtes calcaires ou gypseuses.
6. Le monde vivant

6.1. Les forêts

La zone humide équatoriale est occupée par la forêt ombrophile, dite pluviale. Elle se caractérise par une très grande variété d'espèces, en général sempervirentes. Les arbres, peu enracinés et stabilisés par de puissants contreforts, peuvent atteindre 50 m de hauteur. Une végétation adaptée à l'ombre succède à cette première strate : arbres plus petits, fougères arborescentes, épiphytes et lianes. L'absence de sous-bois s'explique par le manque de lumière au sol. La faune y est représentée par des centaines d'espèces d'insectes, des oiseaux, des reptiles, des rongeurs, des singes, quelques félins, ainsi que des éléphants et des hippopotames. C'est un milieu à la fois hostile et très fragile, difficile à mettre en valeur et propice à la diffusion de maladies, notamment la malaria. Si l'on dénude le sol forestier, les fortes pluies emportent très rapidement l'humus, et la forêt ne peut plus se reconstituer. Les défrichements s'effectuent sur d'amples territoires, tant pour se procurer du bois de feu et de cuisine que pour pratiquer la culture sur brûlis.
À la forêt équatoriale, qui disparaît progressivement au-dessous de 1 200 mm de précipitations, succède dans les régions à saison sèche une forêt moins dense (appelée miombo en Afrique orientale), où la hauteur des arbres, en partie caducifoliés, ne dépasse pas 25 m. La lumière atteint plus facilement le sol, ce qui permet l'apparition d'un tapis de graminées après les défrichements par le feu. Dégradée par les brûlis des défricheurs, cette forêt se transforme en savane.
6.2. Les savanes et les steppes

Plus l'on s'éloigne de l'équateur, plus la végétation est clairsemée, et l'on passe graduellement aux paysages plus ouverts des savanes et des steppes, qui sont les formations végétales les plus courantes du continent.
La savane est une formation végétale de hautes herbes vivaces, caractéristique des régions à saison sèche accentuée (de quatre à huit mois). La plupart des savanes sont ponctuées d'arbustes et d'arbres disséminés (baobab, karité, fromager, palmier à huile…). C'est le domaine des grands herbivores (gazelle, antilope, girafe, buffle, phacochère) et de quelques carnivores comme le lion et la panthère. Elles sont sillonnées, le long des cours d'eau, par des « forêts-galeries ».
La steppe, formation où prédominent des herbes annuelles, est parfois parsemée d'arbres et de plantes (acacia, épineux, jujubier…) adaptés à l'aridité. Elle couvre le Sahel, à la limite du Sahara, les plateaux somaliens, le nord du Kenya, et est également très étendue en Afrique australe, dans le Kalahari (steppe boisée). Dans les montagnes tropicales, la forêt peut monter jusqu'à plus de 3 000 m sur les versants arrosés. Les pentes, entre 1 500 et 3 000 m, sont couvertes d'une forêt d'arbres de taille moyenne (cèdres, camphriers). Entre 2 700 et 3 000 m dominent les épiphytes puis les bambous. Au-dessus de 3 000 m, la prairie et la lande occupent des pentes parsemées de bruyères géantes et de fougères arborescentes.
6.3. Les déserts


Les déserts de pierre au Sahara (regs) et de sable (ergs) ne contiennent de l'eau qu'en profondeur et, sauf exception (lit des oueds, par exemple), ne permettent que des formes de vie bactériologiques. Les régions au climat méditerranéen portent des forêts dans leurs parties les plus arrosées, mais le feu les a fréquemment transformées en maquis et en garrigues.

 
 
 
 

LES AZTÈQUES

 

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PLAN
AZTÈQUES
HISTOIRE
Introduction
Empire et société aztèques
Le temps de la conquête
Une économie florissante
Mexico, capitale symbole de la puissance aztèque
Une société hiérarchisée, une administration efficace
Prédominance de l’empereur
Une religion omniprésente et sanglante
« Le compte des destins »
La chute de l’empire
Quelques divinités du panthéon aztèque
Chalchiuhtlicue
Cihuateteo
Coatlicue
Coyolxauhqui
Eecatl
Huitzilopochtli
Mayahuel
Mictlantecuhtli
Nanauatzin
Ometecuhtli et Omecihuatl
Quetzalcóatl
Tezcatlipoca
Tlaloc
Tlazolteotl
Toci
Tonatiuh
Xipe Totec
Xiuhtecuhtli
Xolotl
ART
Introduction
Architecture
Sculpture
Arts décoratifs
Peinture
Littérature
Voir plus
Aztèques
en espagnol Aztecas
Couronnement de l'empereur Acamapichtli
Cet article fait partie du dossier consacré aux grandes découvertes.
Peuple autochtone de l'Amérique moyenne qui fonda un empire au Mexique au xve s.
HISTOIRE

Introduction

Dans leur langage, dialecte du nahuatl, leur nom (Azteca) signifie le peuple d'Aztlán, origine légendaire de la tribu. Ils s'appelaient aussi Mexica (prononcer « Méchica »). Leur capitale Mexico a donné son nom au pays tout entier.
Selon leur histoire traditionnelle, ils s'étaient établis à Aztlán vers le milieu du iie s. et y vécurent plus de mille ans. Dans la seconde moitié du xiie s. (1168 ?), ils quittèrent ce pays, qu'on peut situer au nord-ouest de l'actuel Mexique ou au sud-ouest des États-Unis actuels, pour se diriger vers le sud en une longue migration, conduits par les prêtres soldats dits « porteurs de dieux », conformément aux oracles de la divinité tribale, Huitzilopochtli. Environ un quart de siècle plus tard, on les retrouve dans la région de Tula, à 100 km au nord de Mexico ; ils y demeurèrent vingt ans. C'est là sans doute qu'ils commencèrent à s'imprégner des croyances et des mœurs de l'ancienne civilisation toltèque, dont Tula avait été la capitale. Ils célébraient alors pour la première fois, sur la montagne Coatepec, le rite du Feu nouveau.

Couronnement de l'empereur AcamapichtliCouronnement de l'empereur Acamapichtli
Tantôt guerroyant, tantôt s'alliant par des mariages aux populations en place, les Aztèques pénétrèrent au xiiie s. dans la vallée centrale du Mexique par la région nord-ouest (Zumpango, Xaltocán). Ils y trouvaient des cités-États fortement organisées et belliqueuses. Leur première tentative de création d'un État indépendant s'acheva en désastre : le chef aztèque élevé à la dignité de souverain, Huitzilihuitl Ier, fut fait prisonnier et sacrifié. Devenus les vassaux de cités puissantes, ne possédant en propre aucun territoire, les Aztèques finirent par se réfugier dans les îlots et sur les bas-fonds marécageux de la grande lagune. Ils y fondèrent en 1325 un village de cabanes en roseaux, Mexico, appelé aussi Tenochtitlán (« lieu où le cactus pousse sur le rocher ») : leur dieu leur avait donné l'ordre de s'établir là où ils verraient un aigle, perché sur un cactus, en train de dévorer un serpent. C'est seulement cinquante ans plus tard qu'ils purent enfin s'organiser en État. Leur premier souverain, Acamapichtli, se rattachait à une famille noble d'origine toltèque.
Des onze souverains aztèques, quatre ont péri de mort violente : Chimalpopoca, assassiné sur l'ordre du roi d'Atzcapotzalco ; Tizoc, probablement empoisonné ; Moctezuma II, tué par les Espagnols ou par un projectile lancé par un guerrier aztèque ; Cuauhtemoc, pendu par Cortés.
Empire et société aztèques

Le temps de la conquête

NezahualcoyoltNezahualcoyolt
Ce qu'on appelle couramment l'« Empire aztèque » prit naissance en 1428-1429 sous la forme d'une triple alliance. Les trois États de Tenochtitlán, Texcoco et Tlacopan s'associèrent après la défaite de la dynastie militariste d'Atzcapotzalco, qui exerçait son hégémonie sur la vallée centrale. En fait, le tlatoani aztèque étant investi des fonctions de généralissime des forces confédérées, c'est lui qui devint rapidement le chef suprême, l'empereur du Mexique conquis. Après avoir soumis d'abord l'ensemble de la vallée, les Aztèques et leurs alliés étendirent leur domination vers l'est (plateau de Cholula-Puebla, côte du Golfe), vers le sud (Morelos, côte du Pacifique), vers le nord et le nord-ouest (plateau de Toluca, région de Tula et de Xilotepec, cours inférieur du Pánuco), vers le sud-est (Oaxaca, isthme de Tehuantepec, province maya du Soconusco). C’est ainsi que, ayant succédé à Itzcoatl en 1440, Moctezuma Ier, fondateur de la grandeur mexica et alors âgé de quarante ans, entreprit très rapidement une guerre – qui dura jusqu'à l'arrivée des Espagnols – contre les peuples nahuas qui vivaient de « l'autre côté des volcans », à l'est, dans la vallée de Puebla, où se trouvaient les seigneuries indépendantes de Tlaxcala et Cholula. Ce combat perpétuel, surnommé la « guerre fleurie », n'avait pas pour but de vaincre ni de soumettre, mais de capturer le plus de prisonniers possible, afin de les offrir en sacrifice aux dieux. En effet, le sang humain, « eau précieuse » rituellement versée, permettait seul, dans la conception religieuse et la cosmogonie aztèques, la survie des dieux et la perpétuation du monde.
D'autres guerres entreprises par Moctezuma Ier et ses successeurs eurent pour objectif d'étendre la domination aztèque sur les riches contrées tropicales du Sud, de l'Ouest et de l'Est qui regorgeaient de plumes chatoyantes, de pierres précieuses, de coton, de cacao: autant de denrées fort appréciées de la noblesse aztèque et absentes de la vallée de Mexico. Moctezuma Ier soumit peu à peu des villes importantes et des régions entières jusqu'aux confins du Guatemala actuel. Sous les règnes d'Ahuitzotl (1486-1502) et de Moctezuma II (1502-1520), la suprématie aztèque se renforça encore.
Une économie florissante

Au début du xvie s., l'Empire rassemblait des populations appartenant à des ethnies très variées (Nahuas, Otomis, Huaxtèques, Mixtèques, Matlaltzincas, Zapotèques, etc.), groupées pour les besoins de l'administration en 38 provinces tributaires. Chaque province devait verser aux fonctionnaires aztèques (calpixque) des quantités déterminées de denrées alimentaires, tissus, métaux précieux, plumes d'oiseaux tropicaux, matériaux de construction, caoutchouc, jade, armes, etc., selon des barèmes soigneusement tenus à jour par des scribes. En dehors de cette obligation, les cités et villages conservaient une large autonomie, s'administraient selon leurs coutumes et pratiquaient leurs cultes particuliers. Quelques villes, aux frontières, étaient placées sous l'autorité de gouverneurs aztèques appuyés par des troupes de garnison. Certains petits États, amis (Teotitlán) ou hostiles (Tlaxcala), enclavés dans l'Empire, avaient conservé leur indépendance.
Si l'organisation administrative du tribut avait pour résultat de faire affluer à Mexico d'énormes richesses, le commerce, rendu possible par l'effacement des frontières et la paix intérieure, était intense entre la capitale et les provinces. Des corporations de négociants (pochteca), influentes et prospères, détenaient le monopole de ces échanges, tandis que le petit commerce et les métiers les plus divers étaient exercés par des artisans, marchands et marchandes de légumes, poissons ou gibier, menuisiers, sauniers, fabricants de nattes et de paniers, porteurs d'eau, tisserandes, etc. Ceux qui pratiquaient l'artisanat de luxe (orfèvrerie et joaillerie, ciselure, art de la mosaïque de plumes) formaient des corporations respectées. Il en était de même des médecins, sages-femmes, guérisseurs et guérisseuses, tandis que l'opinion et la loi condamnaient sévèrement les sorciers et magiciens.
Mexico, capitale symbole de la puissance aztèque

NezahualpilliNezahualpilli
À mesure qu'augmentaient les ressources de la tribu dominante, la capitale, simple village lacustre à l'origine, s'était transformée en une cité de plusieurs centaines de milliers d'âmes. Au centre, sur l'île rocheuse désignée par l'oracle divin, se dressaient les pyramides, les temples, les palais impériaux. Les quatre quartiers, subdivisés en nombreuses fractions (calpulli), s'étendaient sur un millier d'hectares le long de canaux et sur l'île voisine de Tlatelolco. La cité était reliée à la côte du lac par trois chaussées surélevées. Une digue longue de 16 kilomètres, construite sous le règne de Moctezuma Ier, la protégeait à l'est contre l'irruption des eaux de la grande lagune. Deux aqueducs amenaient l'eau potable à la ville depuis Chapultepec et Coyoacán. En raison de la prospérité générale (freinée de 1451 à 1456 par de mauvaises récoltes), la population de la capitale et des villes voisines, Tlacopan, Coyoacán, Culhuacán, Xochimilco, Texcoco, etc., ne cessait de croître. En 1519, le bassin de Mexico abritait entre 1 million et 1,5 million d'habitants, soit une densité de 200 habitants par km2, pour une superficie de terres cultivées qui ne dépassait guère les 3 000 km2. L'espace propice à la culture était en effet très réduit, à cause notamment de la faible épaisseur des sols, de l'érosion, de la présence de nombreux lacs et marécages. Le génie aztèque a su pourtant en tirer un profit maximal grâce à des techniques agricoles originales : fumage des sols avec des excréments humains et animaux, irrigation, dry-farming, élévation de terrasses. Mais le plus remarquable est sans doute la manière dont les Mexicas ont asséché une grande partie des lacs de la vallée et mis en valeur les marais au moyen des chinampas, radeaux de roseaux fixés par des pieux et couverts d'une couche de terre boueuse où sont plantés maïs, haricots, courges et piments.
L'agriculture du bassin de Mexico et celle des régions tropicales sous domination aztèque ont donné au Vieux Monde les ingrédients d'une révolution alimentaire : le maïs, une cinquantaine d'espèces de haricots, dont les haricots verts, les citrouilles, les oignons, les tomates (tomatl), les pommes de terre, les cacahuètes (tlacacahuatl), la vanille… À cette liste non exhaustive, il faut adjoindre une boisson faite avec la graine de l'amaxocoatl, connue sous le nom de « cacao » ou « chocolat ».
Une société hiérarchisée, une administration efficace

La société aztèque à son origine avait été égalitaire et frugale. Mais, avec le temps et l'expansion de l'Empire, le luxe et la hiérarchie politico-sociale l'avaient profondément modifiée. Le « simple citoyen » (maceualli) menait encore une vie assez semblable à celle des Aztèques de la migration ; il cultivait le lopin de terre auquel il avait droit, chassait ou pêchait, devait prendre part aux travaux collectifs (entretien des canaux et des ponts, terrassements, etc.). Mais les négociants disposaient de grandes richesses sous forme de denrées, métaux précieux, plumes, tissus. L'aristocratie militaire, qui se renouvelait d'ailleurs par la promotion de guerriers sortis du peuple, possédait des domaines ruraux et des palais, et recherchait de plus en plus le luxe. Autour d'elle gravitaient serviteurs, métayers, esclaves, et aussi des artistes, sculpteurs, ciseleurs, orfèvres, peintres, poètes et musiciens.
Tous les enfants, quelle que fût leur origine, recevaient une éducation relevant d'un des deux systèmes en vigueur : pour les enfants du peuple, les telpochcalli, collèges de préparation à la vie pratique et à la guerre ; pour ceux de l'aristocratie, mais aussi pour ceux des négociants et pour les enfants « plébéiens » que l'on destinait à la prêtrise, les calmecac, monastères-collèges qui dépendaient des temples. Dans ces derniers, on enseignait l'histoire traditionnelle, la religion et les rites, l'écriture pictographique, la lecture des livres sacrés, la musique et le chant. Il existait d'ailleurs des écoles de chant ouvertes aux jeunes gens de la classe populaire.
L'administration de l'Empire et la justice étaient assurées par un grand nombre de fonctionnaires et de magistrats, assistés de scribes, gendarmes, huissiers, messagers. Organisés selon une hiérarchie complexe, ils percevaient en rémunération le produit de terres qui leur étaient affectées. Les conquérants espagnols et Cortés lui-même ne tarissent pas d'éloges quant à l'ordre et à l'efficacité de l'administration, à l'intégrité des juges, à la splendeur et à la propreté de la capitale. La justice est un modèle d'organisation. Grâce à une remarquable hiérarchie des juridictions, qui comprend des tribunaux d'instance (teccali) et une cour suprême ou cour d'appel (tlacxitlan), la justice est rendue avec rapidité et efficacité. Aucun procès ne dure plus de quatre-vingts jours, y compris le jugement et l'arrêt. Les juges sont nommés par le souverain et par le chef du quartier où se tient le tribunal.
Prédominance de l’empereur

L'État aztèque, né de la démocratie tribale, était devenu une monarchie aristocratique. Au sommet, le tlatoani (« celui qui parle, qui commande »), élu à vie au sein d'une même dynastie par un collège restreint de dignitaires, était assisté d'un « vice-empereur », le ciuacoatl, et de quatre « sénateurs » élus en même temps que lui. Il désignait de hauts fonctionnaires tels que le petlacalcatl, chargé de la perception des impôts et du trésor, le uey calpixqui, préfet de la capitale, etc. Le Grand Conseil (tlatocan, « lieu de la parole, du commandement ») se réunissait sous sa présidence ou sous celle du ciuacoatl pour discuter des décisions importantes, et pouvait repousser jusqu'à trois reprises les propositions du souverain, par exemple en cas de déclaration de guerre. L’empereur est, au début du xvie s., un personnage quasi divin, entouré d'un halo religieux. Sa principale mission consiste à défendre, à agrandir et à embellir le temple de Huitzilopochtli, le dieu organisateur du monde des Aztèques, auquel il offre, souvent lui-même, des sacrifices. L'empereur vit dans un palais superbe, entouré de ses femmes, de ses conseillers, de ses devins, de ses nains et de ses bouffons. Nul ne peut le regarder en face, ni le toucher. Il lui est interdit de fouler le sol.
Une religion omniprésente et sanglante

Reliée à la classe dirigeante par de multiples liens familiaux, mais distincte d'elle, influente à coup sûr dans les affaires publiques mais non mêlée directement à la gestion de l'État, la classe sacerdotale était nombreuse et respectée. À la tête de la hiérarchie se trouvaient les deux grands prêtres égaux appelés Serpents à plumes, assistés d'un « vicaire général », lui-même entouré de deux coadjuteurs. Groupés en collèges au service de telle ou telle divinité, ou répartis dans les quartiers comme simples desservants, les prêtres avaient à leur charge non seulement le culte, mais l'éducation supérieure et les hôpitaux destinés aux pauvres et aux malades. Le clergé disposait d'immenses richesses en terres et en marchandises de toute sorte, qu'administrait un trésorier général.
La vie des Aztèques était dominée par la religion, que caractérisaient un panthéon foisonnant, une riche mythologie, un rituel complexe fertile en épisodes dramatiques et sanglants mais aussi en cérémonies grandioses et en émouvante poésie. La civilisation aztèque avait réalisé la synthèse des divinités astrales des tribus nordiques (Huitzilopochtli, Tezcatlipoca), des dieux agraires adorés par les anciennes populations sédentaires (Tlaloc, Chalchiuhtlicue, etc.), des dieux étrangers tels que Xipe Totec (Oaxaca) ou Tlazolteotl (déesse de l'Amour chez les Huaxtèques).
Le dieu des Aztèques à qui est adressé le culte est guerrier et triomphant. Huitzilopochtli est fils d'une déesse de la Terre, il personnifie le Soleil par sa victoire sur ses frères et sœurs, les Ténèbres et l'Étoile du matin. Soleil et guerre : tels sont les deux principes organisateurs de la religion aztèque. Ainsi, les morts au combat ou les sacrifiés connaissent une survie grandiose, car ils sont chargés d'aider le Soleil dans sa course. Tous les jours pendant quatre ans, ils l'accompagnent du levant au zénith. Passé cette période, ils se métamorphosent en colibris ou en papillons. Celui qui meurt dans sa maison, au contraire, disparaît dans les Ténèbres. Dès son enfance, l'homme aztèque est préparé à l'idée du sacrifice; il ne doit vivre que pour donner son cœur et son sang « à notre Mère et à notre Père, la Terre et le Soleil », et contribuer de la sorte au bel ordonnancement du monde : permettre le lever du Soleil, la tombée de la pluie, la pousse du maïs… La « guerre fleurie », pacte de sang entre tribus sœurs, de même origine et de même culture, a été scellée à cette fin.
Les sacrifices humains, très fréquents, correspondaient à deux conceptions distinctes. Tantôt le sang et le cœur des victimes étaient offerts aux dieux, plus particulièrement au Soleil, afin d'assurer la marche régulière de l'univers ; tantôt les victimes incarnaient le dieu et mimaient son drame mythique, jusqu'au moment où leur sacrifice transférait leur force vitale à la divinité représentée. Les sacrifiés, de même que les guerriers tombés au combat et les femmes mortes en couches étaient promis à une éternité bienheureuse, tandis que les morts ordinaires, pensait-on, devaient subir quatre années d'épreuves dans le royaume souterrain de Mictlantecuhtli (le Pluton aztèque) avant de disparaître dans le néant. Mais les morts que Tlaloc avait « distingués » en les appelant à lui (par noyade, hydropisie, affections pulmonaires, etc.) devaient jouir dans l'au-delà d'une vie paisible dans l'abondance du paradis (Tlalocan).
« Le compte des destins »

À l'instar des Mayas et des Toltèques, les Aztèques ont élaboré un système très complexe de calendriers, mêlant observations astronomiques et métaphysique, instrument de repérage des phénomènes naturels, tels les saisons ou le mouvement des astres, mais aussi moyen de déterminer le destin des hommes et du monde. L'existence de chacun était régie par le tonalpoualli, le « compte des destins », système extrêmement complexe de divination fondé sur un calendrier rituel de 260 jours divisé en 20 séries de treize. Chacun de ces jours était désigné par un chiffre et un signe – « 1, crocodile », « 2, vent », « 3, maison », etc. –, que les prêtres spécialisés, les « compteurs de destins », interprétaient à l'occasion des naissances, mariages, départs en voyage, expéditions militaires. Chaque année solaire est désignée par le nom de son premier jour, pris lui-même dans le calendrier divinatoire. Seuls quatre signes peuvent commencer une année: tecpatl (le silex), acatl (le roseau), calli (la maison), tochtli (le lapin). Combinés chacun avec les treize nombres fondamentaux du calendrier divinatoire, ils offrent 52 débuts d'année possibles. À l'issue de ce cycle de cinquante-deux ans, le temps est réputé suspendu: il peut alors se dissoudre, et c'est la fin du monde tant redoutée, ou se répéter, les anciens signes épuisés redevenant porteurs de vie à la faveur d'une cérémonie sacrificielle. Au-delà de ce cycle clos, les noms des jours et des années se répètent inlassablement.
La chute de l’empire

Le 18 février 1519, Hernán Cortés débarque au Yucatán accompagné de quelques dizaines de soldats. Le 13 août 1521, Tenochtitlán tombe sous ses assauts ; le dernier empereur est capturé, les Aztèques sont décimés et soumis à jamais. On peut se demander pourquoi un État organisé à ce point pour la guerre et une civilisation aussi élaborée se sont effondrés comme châteaux de sable devant une poignée d'Espagnols. L'explication tient sans doute au décalage technologique (les Mexicas n'ont ni épées de fer ni armes à feu). Elle tient aussi au pessimisme de la vision religieuse aztèque. Moctezuma II, scrupuleux et méditatif, très attentif aux présages, croit reconnaître dans les Espagnols qui arrivent sur la côte du Mexique les représentants de Quetzalcóatl, le roi-prêtre des Toltèques, le dieu-serpent à plumes dont le retour est annoncé par d'anciennes prophéties. De plus, l'année 1519 coïncide avec la fin d'un cycle calendaire de cinquante-deux ans, qui marque la suspension du temps. Ces êtres étranges, blancs, barbus et vêtus de fer, qui lancent la foudre et possèdent des chevaux, animaux que personne n'a jamais vus au Mexique, ont tous les caractères des dieux. Les Aztèques, prêts à les accepter comme tels, ne veulent que les honorer…
L'explication réside enfin dans la complicité active des peuples voisins, soumis depuis trop longtemps à la puissance mexica, fatigués de donner leur fortune à son empereur, et leurs enfants à ses dieux. Les Totonaques et les seigneurs de Tlaxcala rejoignent Cortés, qui se présente devant Tenochtitlán-Mexico avec une armée de plus de 30 000 indigènes. Moctezuma hésite : il cherche la preuve qu'il se trouve devant des dieux. Il reçoit les Espagnols et prépare pour eux des fêtes, en l'honneur, notamment, de Huitzilopochtli. Mais Cortés doit regagner la côte à la hâte pour combattre des émissaires de l'Espagne venus lui demander des comptes sur son épopée. Pendant ce temps, Alvarado, son lieutenant resté sur place, organise, sous on ne sait quel prétexte, le massacre de la foule venue assister à une cérémonie religieuse. À son retour, Cortés trouve la capitale aztèque en révolte ; Moctezuma, tenu responsable de la situation, est tué par le peuple. L'insurrection progresse. Assiégés, Cortés et ses compagnons doivent se frayer un chemin hors de la ville ; ils sont décimés par les guerriers aztèques enragés : c'est la Noche Triste (la Nuit Triste) du 30 juin au 1er juillet 1520. Cortés en réchappe pourtant. Il va reconstituer ses forces et réinvestir méthodiquement Tenochtitlán à partir de la fin de 1520. Le 13 août 1521, au milieu des ruines de sa ville dévastée par les canons, le dernier empereur aztèque se rend aux Espagnols. Il s'appelle Cuauhtémoc, l'« Aigle-qui-tombe », c'est-à-dire le Soleil couchant ; le soleil aztèque s'éteint pour toujours.
Quelques divinités du panthéon aztèque

Chalchiuhtlicue

« Celle qui a une jupe de pierres vertes », déesse de l'Eau douce, compagne de Tlaloc.
Cihuateteo

« Femmes-déesses », femmes mortes en couches et divinisées ; elles prennent au zénith le relais des guerriers morts au sacrifice pour accompagner le Soleil dans son voyage.
Coatlicue

« Celle qui a une jupe de serpents », vieille déesse de la Terre, qui enfanta miraculeusement le dieu des Mexica, Huitzilopochtli.
Coyolxauhqui

« Celle qui est parée de grelots », sœur aînée de Huitzilopochtli, tuée par lui, ainsi que ses frères, les 400 étoiles au Sud, au moment de sa venue au monde. Elle symbolise les ténèbres, vaincues par le jeune Soleil triomphant.
Eecatl

Quetzalcóatl sous sa forme de dieu du Vent. Représenté avec un masque en forme de bec de canard, ou sous la forme d'un singe soufflant.
Huitzilopochtli

« Le colibri de gauche », jeune dieu de la tribu aztèque, qu'il avait guidée dans sa migration. Il symbolise le Soleil triomphant, au zénith.
Mayahuel

Déesse du Maguey, qui avait été la plante nourricière des Aztèques au temps de leur migration. Elle est généralement représentée comme plurimammaire.
Mictlantecuhtli

Le « Seigneur du lieu des morts », dieu des Enfers, représenté sous la forme d'un cadavre décharné.
Nanauatzin

Petit dieu pustuleux ou syphilitique, autre forme de Quetzalcóatl. À l'origine des temps, il s'était sacrifié en se jetant dans un brasier allumé à Teotihuacán, pour faire naître le Soleil.
Ometecuhtli et Omecihuatl

« Le Seigneur et la Dame de la dualité ». D'après certaines sources, c'est le couple primordial qui aurait enfanté tous les autres dieux et les humanités. Leur culte semble être tombé en désuétude chez les Aztèques, et n'être resté vivant que chez certains rameaux nahuas émigrés dès le xiie s. comme les Pipils du Guatemala.
Quetzalcóatl

QuetzalcóatlQuetzalcóatl
« Serpent plume précieuse ». Sans doute la figure dominante du panthéon aztèque. Inventeur des arts, des techniques et de la pensée philosophique.
Tezcatlipoca

« Miroir qui fume », dieu du Nord, du Ciel nocturne et de la Guerre, patron des jeunes guerriers. Vainqueurs de Quetzalcóatl par ses sortilèges.
Tlaloc

Fresque de TepantitlaFresque de Tepantitla
Vieux dieu de la Pluie, l'un des plus importants du panthéon, honoré dans tout le Mexique. Caractérisé par ses yeux entourés de serpents formant comme des lunettes et par sa bouche ornée de crocs, comme les autres dieux de la Pluie des peuples voisins ou antérieurs : le Cocijo des Zapotèques, le Chac des Mayas, etc.
Tlazolteotl

« Déesse de l'Immondice », déesse de l'Enfantement et de l'Amour charnel, des Bains lustraux. Originaire sans doute de la Huaxteca, région connue pour sa « frivolité », elle avait le pouvoir d'effacer, par la confession, les offenses à la morale sexuelle.
Toci

« Notre aïeule », nommée aussi Teteo innan, « la mère des dieux ». C'est son culte qui était célébré sur la colline où devait apparaître la Vierge de Guadalupe, faisant de celle-ci, par un phénomène de syncrétisme, une Vierge pleinement nationale.
Tonatiuh

Le Soleil, représenté au centre du célèbre monument « la Piedra del sol », tirant la langue pour réclamer sa nourriture, le sang humain.
Xipe Totec

« Notre Seigneur l'écorché », dieu peut-être originaire de l'actuel État d'Oaxaca. Il représente le Renouveau de la végétation. Les prêtres se revêtaient en son honneur de la peau des sacrifiés, qui, en jaunissant, évoquait une feuille d'or : il est aussi le dieu des orfèvres.
Xiuhtecuhtli

« Le Seigneur du feu », également nommé Huehueteotl, « le vieux dieu ». Vieux dieu du Feu et des puissances volcaniques, représenté généralement comme un vieillard ridé dont la tête supporte un brasero.
Xolotl

Autre forme de Quetzalcóatl. Lors du sacrifice qu'avaient décidé tous les dieux à Teotihuacán pour faire vivre le Soleil, il fut le seul à s'enfuir et à tenter de se cacher. Il devint le dieu des Monstres, et de tout ce qui est double : double épi de maïs, double maguey, jumeaux…
ART

Introduction

L'art des Aztèques, comme leur religion, est le résultat d'une synthèse. La tradition toltèque qui avait survécu dans certaines villes du plateau central comme Culhuacán, le style « mixtéca-puebla » de Cholula, de Tizatlán et de l'Oaxaca, et certaines influences d'origine plus lointaine, comme celle des Huaxtèques, se sont amalgamés en un ensemble original. Riche à la fois d'un symbolisme ésotérique et d'un vigoureux réalisme, l'art aztèque frappe par la puissance et l'énergie des formes, par la sûreté du dessin, par la hardiesse de la conception.


Architecture

En architecture, les Aztèques n'ont guère innové ; ils ont repris pour l'essentiel les thèmes de l'architecture classique et toltèque, c'est-à-dire la pyramide à degrés et le palais horizontal. Cependant, la juxtaposition de deux temples au sommet d'une pyramide unique, comme c'était le cas du Grand Teocalli de Mexico, avec les sanctuaires jumelés de Tlaloc et de Huitzilopochtli, est un trait typiquement aztèque. Les monuments circulaires, tels que les temples du Vent à Mexico et à Calixtlahuaca, relèvent d'une tradition étrangère à la civilisation classique : il s'agit là d'un emprunt à l'architecture huaxtèque. Les dimensions grandioses de certains édifices, comme le palais du Tlatoani à Mexico ou celui du roi de Texcoco, immenses bâtiments groupés autour de patios et de jardins, surpassaient tout ce qui avait été réalisé au Mexique auparavant. En outre, les Aztèques sont le seul peuple autochtone du Mexique qui ait taillé entièrement dans la roche vive, à Malinalco, un temple avec ses statues et ses bas-reliefs.
Sculpture

QuetzalcóatlQuetzalcóatl
La sculpture, dont il subsiste de très nombreuses œuvres en dépit des destructions massives dues à la conquête, présente un large éventail symbolique et stylistique, depuis les idoles et les bas-reliefs à thèmes religieux jusqu'aux statues de personnages et d'animaux, en passant par les scènes historiques à la gloire des empereurs. Parmi les spécimens les plus connus qui se trouvent dans les musées du Mexique ou à l'étranger, on mentionnera la statue colossale de la déesse Coatlicue, extraordinaire chef-d'œuvre macabre ; les représentations du Serpent à plumes Quetzalcóatl ; le « Calendrier aztèque », monolithe qui résume sur son disque les conceptions cosmologiques des anciens Mexicains ; le « Teocalli de la Guerre sacrée », dédié au Soleil et au combat cosmique ; une tête de dignitaire (« chevalier-aigle ») qui évoque de façon frappante l'énergie des guerriers ; la « Pierre de Tizoc », qui retrace les victoires du septième souverain ; la stèle commémorative de l'inauguration du grand Temple, par Ahuitzotl, en 1487.
Arts décoratifs

Les Aztèques ont fait revivre l'art du masque en pierre, qui avait été pratiqué avec virtuosité à l'époque classique (Teotihuacán, ve-viiie s.). Ils ont porté à un haut degré de perfection la sculpture et la ciselure des pierres semi-précieuses : jadéite, néphrite, serpentine, cristal de roche. D'admirables statuettes en portent témoignage, par exemple celle du dieu Tezcatlipoca (musée de l'Homme, Paris) ou celle de Xolotl (musée du Wurtemberg, à Stuttgart).
Trois grandes corporations d'artisans étaient spécialisées, à Mexico, dans les arts que nous appelons « mineurs » : les orfèvres, dont les merveilleux bijoux et ornements d'or et d'argent s'inspiraient surtout du style mixtèque de l'Oaxaca ; les lapidaires, qui décoraient de mosaïque de turquoise, de grenat, d'obsidienne et de nacre les masques, objets cérémoniels, casques d'apparat ; enfin les amanteca, ou plumassiers, dont les fragiles chefs-d'œuvre faits de plumes d'oiseaux tropicaux ornaient la coiffure et les vêtements des dignitaires ainsi que les idoles des dieux.


Peinture

Manuscrit aztèqueManuscrit aztèque
Il existait à Mexico deux catégories de peintres : ceux qui couvraient de fresques les murailles des palais et des sanctuaires, et ceux qui, scribes versés dans l'écriture hiéroglyphique, enluminaient les manuscrits religieux ou historiques. Certains de ces manuscrits, tel le Codex borbonicus (bibliothèque de l'Assemblée nationale, Paris), constituent des recueils de petits tableaux symboliques admirablement exécutés.


Littérature

La littérature, surtout sous la forme de poèmes déclamés et chantés avec accompagnement de flûtes et d'instruments à percussion, présentait des genres nettement délimités : poèmes religieux d'une grande élévation, poèmes philosophiques, épopées historico-mythiques, odes lyriques, poèmes mimés et dialogués que l'on peut considérer comme un embryon de théâtre. En outre, les Aztèques attachaient une importance extrême à l'art oratoire ; toutes les circonstances importantes de la vie publique ou privée, depuis l'élection d'un souverain jusqu'au départ d'une caravane de négociants, étaient marquées par des discours pompeux et imagés. Enfin, la danse tenait une large place dans les réjouissances familiales, dans les banquets et dans les cérémonies religieuses.

 
 
 
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