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AVIATION - HISTOIRE

 


PLAN
AVIATION



Introduction


Louis Blériot, 1909         Concorde


Il s'est écoulé moins d'un siècle entre le vol du premier avion – celui de Clément Ader – et la mise en service des plus gros porteur à passagers, comme le Boeing 747-400. Quelques grandes dates jalonnent l'évolution technique, sportive et commerciale de l'aviation : la première traversée de la Manche par Louis Blériot le 25 juillet 1909, année marquée par la constitution de la première compagnie aérienne française ; le premier vol d'un avion à réaction en avril 1944 ; ou encore le premier décollage d'un supersonique de transport civil, le Concorde, le 2 mars 1969. Toutefois, l'aviation n'a abordé sa véritable vocation, celle de moyen de transport universel, que le 9 février de cette même année, lors du premier vol d'un Boeing 747.
Cet appareil, d'une masse de près de 400 tonnes au décollage lorsqu'il est chargé à plein, transporte jusqu'à 600 passagers dans sa version 747-400. Avec ses vastes dimensions (59 m d'envergure, 57 m de longueur intérieure), il ouvre dès 1970 l'ère du transport aérien de masse. Commandé par toutes les grandes compagnies aériennes, ce quadriréacteur est représentatif de l'évolution récente du trafic aérien. Il se présente en effet en trois versions adaptées aux besoins des exploitants : un appareil entièrement destiné au transport des passagers ; un appareil mixte dont la moitié arrière est dévolue au transport des marchandises ; ou encore un cargo transportant exclusivement du fret. Le trafic des marchandises prend de plus en plus d'importance. À Air France, par exemple, il croît de 20 % par an, quatre fois plus que le transport de passagers, qui augmente de 5 à 6 % par an.
Les avions plus petits connaissent eux aussi depuis quelques années un développement commercial important. Si les appareils « exotiques », qu'ils soient à pédale ou mus par l'énergie solaire, relèvent encore de la recherche technique ou de l'exploit sportif, les U.L.M. (ultra légers motorisés) ont conquis leur titre de noblesse en devenant des engins militaires de reconnaissance à basse altitude, ou des appareils d'épandage de produits phytosanitaires au service de l'agriculture…
Pour en savoir plus, voir les articles aéroport, circulation aérienne.
Des long-courriers aux bombardiers

Premier kilomètre en avion en circuit fermé, en 1908Premier kilomètre en avion en circuit fermé, en 1908
Au début de l'aviation, le seul objectif était de voler. Très vite a commencé la diversification des machines volantes selon leur fonction. Ainsi, le premier avion amphibie volait dès 1910, puis en 1911 le premier bimoteur. La même année, une mission de reconnaissance italienne en Libye fut le premier vol militaire. Les impératifs militaires ont dès lors été pendant longtemps à l'origine de la spécialisation croissante des machines volantes.


L'évolution vient principalement de cette activité aérienne essentielle qu'est le transport civil de passagers : pas moins de 500 compagnies exploitent dans le monde une flotte totale d'environ 85 000 appareils. Ils se répartissent en plusieurs catégories : les long-courriers, équipés de trois ou quatre propulseurs, le plus souvent à réaction, leur donnant le droit de s'éloigner de plus de 90 minutes de vol de l'aéroport le plus proche, donc de traverser les mers ; les moyen- et les court-courriers, équipés de deux propulseurs, réacteurs ou turbopropulseurs. Autres appareils de transport civil, ceux de l'aviation dite de troisième niveau. Du Gulfstream de Grumman de 22 places (masse : 17,5 t), capable d'effectuer des trajets de 8 200 km sans escale à la vitesse de 1 000 km/h, jusqu'au tout petit Tobago Socata de 4 places (il ne pèse que 670 kg) volant à 243 km/h sur des trajets de 1 000 km au maximum, cette classe recouvre une bonne quarantaine de types d'aéronefs bien différents.

Avions de chasse


Les militaires, eux aussi, exploitent des avions de transport. Les plus imposants sont le Lockheed C 5 Galaxy américain, d'une envergure de 68 m et de 350 t de charge brute, ainsi que l'Antonov 225 qu'utilisait l'armée soviétique, seul appareil au monde à être doté de six propulseurs, véritable géant atteignant 600 t de charge au décollage. À la fin du siècle, une nouvelle génération d'avions de transport militaire s'annonce avec les nouvelles versions de l'Hercules C 130 de Lockheed et avec les projets russe d'Antonov 70 ou européen d'ATF (avion de transport futur). Mais les avions militaires, ce sont, bien sûr, les bombardiers. Le plus étonnant est le B2 américain, qui a ouvert en 1989 l'ère de l'avion dit furtif. Cet appareil, d'une géométrie particulière, est constitué de matériaux qui ne renvoient pratiquement pas d'écho radar. De cette technologie a aussi bénéficié l'avion d'attaque F 117 devenu célèbre dans la guerre du Golfe. Quant aux chasseurs les plus modernes, ils atteignent une limite qui ne sera pas franchissable : la résistance humaine des pilotes aux accélérations lors de manœuvres d'échappe. Cependant, l'avion de chasse évolue et devient de moins en moins un appareil de combat direct. Son dispositif électronique embarqué repère un ennemi à plus de 50 km de distance ; et il est capable de l'intercepter au moyen de missiles air-air dits intelligents parce qu'une fois programmés ils ne lâchent plus la cible désignée.
Les avions exotiques

U.L.M.U.L.M.
L'épopée aérienne semble revenir aux aventures de ses débuts. Des appareils bizarres sont utilisés par les ingénieurs pour explorer, souvent par sportifs interposés, de nouvelles voies technologiques, qui donneront peut-être naissance aux avions de demain.
Ainsi des U.L.M., les ultra légers motorisés. Apparus comme dérivés motorisés du deltaplane, ils sont devenus de véritables petits avions en recevant une architecture « trois axes » (deux ailes et une queue) qui leur permet de voler en toute sécurité avec un moteur de 50 à 60 ch. Une flottille de plusieurs milliers de ces appareils est utilisée pour deux types de missions, l'épandage de produits phytosanitaires et la reconnaissance aérienne à basse altitude.
Plus légers encore, les avions solaires sont devenus une réalité en novembre 1980 lorsque le Solar Challenger, un appareil de 14 m d'envergure et d'une masse de 90 kg, a décollé pour la première fois, mû par un moteur électrique alimenté par 16 130 cellules photovoltaïques. Cet avion, qui a traversé la Manche à 50 km/h, ouvre des perspectives pour de nombreuses applications dans les pays chauds, lorsque les cellules solaires atteindront un meilleur rendement.
Plus écologique encore, l'avion à pédale, dont l'ancêtre avait été imaginé par Léonard de Vinci en 1496, est devenu réalité en août 1977, lorsque Bryan Allen, un champion cycliste américain, a volé pour la première fois grâce à sa seule force musculaire. Il devait traverser la Manche en juin 1979, en pédalant pendant 2 heures et 49 minutes.
L'un des plus petits avions « classiques » est sans doute le Birdman, un minuscule appareil qui pèse 55 kg et peut voler à 80 km/h, propulsé par un moteur à piston de 12 ch.
Mais, en aéronautique, l'exotisme n'est pas réservé aux appareils miniatures. Les avions du type A.D.A.V. – à décollage et atterrissage verticaux – ont reçu une première application opérationnelle avec la mise en service de l'étonnant Sea Harrier de l'aéronavale britannique. Sur cet avion, construit par Hawker-Siddeley, les jets des moteurs basculent pour permettre un décollage et un atterrissage à la verticale. Les Soviétiques ont aussi construit un appareil, le YAK 36, volant de la même manière.
De l'hélice au statoréacteur

Introduction

Hélices d'avion
La bonne vieille hélice, dont le mode de propulsion rappelle concrètement qu'un avion évolue dans un fluide, n'a pas dit son dernier mot : on la croyait condamnée par l'ère du turboréacteur, lui-même déjà menacé par le statoréacteur. Mais, si ce propulseur étonnant semble effectivement opérer la fusion entre l'aéronautique et l'astronautique, annonçant la mise au point de véritables avions spatiaux, rien n'est joué dans le domaine des avions classiques, où l'ordinateur remet bien des perspectives en question.
La propulsion, d'une part, pourrait revenir à l'hélice, dont le design, affiné au moyen de la conception assistée par ordinateur, donne une nouvelle compétitivité à ses performances, comparées à celles du réacteur. Les avions de transport pourraient en être les bénéficiaires. D'autre part, les turboréacteurs voient, eux aussi, leurs performances progresser, notamment par l'utilisation de matériaux composites, qui restent encore fonctionnels à des températures de l'ordre de 1 500 °C. Il en résulte une nette amélioration de rendement, dont bénéficie déjà le nouvel avion de combat français Rafale.
Mais l'ordinateur va jusqu'à transgresser certaines lois fondamentales de l'aéronautique. Les aéronefs peuvent désormais voler de manière « instable », leur comportement face aux turbulences étant sans cesse corrigé par microprocesseurs. Cette nouvelle conception est encore plus révolutionnaire que ne l'a été en son temps l'apparition de la propulsion à réaction. Les ingénieurs auront à changer la conception des appareils et leurs performances prévisibles.
Les parties d'un avion

Train d'atterrissage

Schématiquement, un avion se compose de trois éléments fondamentaux : les moteurs, la voilure et le fuselage. Ce dernier est le corps central de l'appareil. Il comprend lui-même plusieurs parties. D'abord la cellule, enceinte pressurisée à une pression équivalente à celle qui règne à 2 500 m d'altitude – aisément supportable par tous – même lorsque l'avion évolue à 10 000 ou 11 000 m, comme les jets commerciaux actuels. Fermée par des parois internes semi-étanches, cette cellule regroupe le cockpit où se trouvent les moyens de pilotage et l'habitacle pour les passagers, ainsi qu'un logement spécial pour ce qui ne supporterait pas la dépressurisation, les animaux par exemple. Le reste du fuselage contient la soute à bagages, des compartiments de service où sont logés le train d'atterrissage et des équipements annexes, tels que les pompes hydrauliques et les tringleries mécaniques qui doublent obligatoirement les servomoteurs sur tous types d'avions commerciaux (à l'exception de l'Airbus A320).



La voilure assure le rôle fondamental de l'avion : voler. Elle se compose principalement des ailes, autrefois réalisées comme le fuselage en alliage d'aluminium ou de titane, mais de plus en plus construites en matériaux composites, résistant à l'échauffement provoqué par le frottement de l'air. Outre leur fonction annexe de soutien des moteurs, dans la plupart des avions civils, et de logement pour les réservoirs de kérosène (sur certains avions, tels que le Concorde, des dispositifs automatiques assurent en outre la répartition des réserves en combustible pour maintenir l'équilibre de l'appareil tout au long du vol), les ailes assurent la portance de l'avion en établissant une force verticale qui équilibre son poids en s'appuyant sur l'air. L'autre facteur concourant à la bonne tenue en vol est la traînée de l'appareil, force qui s'oppose à l'avancement de l'avion.
La dérive arrière est une autre partie de la voilure. Elle stabilise la trajectoire de l'appareil. Quant aux gouvernes, leur rôle est d'assurer la rotation de l'avion autour de chacun de ses trois axes.
Les turboréacteurs

Fonctionnement d'un turboréacteur


Les moteurs à piston faisaient avancer les avions par la rotation d'hélices rejetant de l'air vers l'arrière, exactement comme un navire avance dans l'eau. Principal inconvénient : la vitesse de rotation de l'hélice est limitée, de graves perturbations et une onde de choc destructrice apparaissent lorsque le bout des pales approche de la vitesse du son.
Une première solution a consisté à caréner les hélices et à les faire tourner par l'intermédiaire d'une turbine dans les turbopropulseurs, pour favoriser l'accélération de l'air éjecté vers l'arrière, et améliorer le rendement à haute vitesse. Toutefois, c'est avec l'apparition du turboréacteur, au début des années 1940, que le mur du son a été dépassé grâce à de nouvelles technologies. Fondamentalement, un turboréacteur est constitué d'une enceinte carénée qui aspire et comprime l'air de l'extérieur. Celui-ci est ensuite chauffé dans une chambre de combustion. Puis il passe dans une turbine à laquelle il cède une partie de son énergie, qui sera utilisée pour la compression. Enfin, il est éjecté vers l'arrière où il se détend à grande vitesse dans une tuyère, exerçant sur les parois de celle-ci une poussée qui assure la propulsion de l'avion par réaction.
Le statoréacteur, mis au point dans les années 1950, est basé sur le même principe : l'air, porté à très haute température, est détendu dans une tuyère. D'un concept simplifié à l'extrême, ce propulseur ne comporte plus aucune pièce tournante, l'admission de l'air se faisant simplement par la vitesse même de déplacement de l'appareil. Le rendement d'un tel propulseur n'est intéressant qu'à haute vitesse, ce qui limite son utilisation à quelques prototypes, qui ont tout de même franchi le mur du son. Mais il devrait connaître de grands développements au début du xxie s.
Faire voler des avions « instables »

Portance

Depuis l'apparition des premières machines volantes, le centre de gravité de celles-ci était toujours situé en avant du foyer, point théorique des ailes où s'applique la portance de l'appareil. Celui-ci était ainsi naturellement « stable », l'équilibre entre le poids, la poussée des moteurs et les forces dues à la résistance de l'air en cas de turbulences ayant tendance à le ramener dans sa ligne de vol. L'ordinateur contrôlant désormais en permanence l'angle d'incidence de l'avion, le centre de gravité de celui-ci peut être situé derrière le foyer. Cela le rend physiquement « instable », c'est-à-dire incapable (sans l'action permanente de l'ordinateur) de garder sa ligne de vol face aux turbulences. Mais cette incapacité est contrebalancée par un extraordinaire gain en manœuvrabilité au cours des phases critiques de vol (décollages, atterrissages) – qui pourront être effectuées sur des distances beaucoup plus courtes –, ainsi que lors de manœuvres à très basse vitesse. Libérés du souci de la stabilité en vol, les ingénieurs peuvent innover dans la conception des aéronefs. Ceux-ci pourront être dotés de formes beaucoup plus efficaces. Les moteurs seront placés là où leur poussée s'exercera avec le plus de justesse, des ailerons « canard » peuvent améliorer la faculté de cabrage de l'appareil. En plus, les pièces qui doivent être le plus fréquemment remplacées seront installées aux endroits particulièrement accessibles.
Les commandes électroniques

Poste de pilotage
La commande électronique est déjà un outil indispensable au maintien en l'air des avions aux formes instables. À l'avenir, elle jouera le rôle de copilote agissant à la place de l'homme, au cours de phases de vol de plus en plus nombreuses. Même sur des long-courriers « classiques », comme le Boeing 747, il est déjà impossible de traverser l'Atlantique par mauvais temps sans une chaîne électronique qui garde automatiquement le cap et l'assiette de l'avion, le pilote humain ne pouvant assurer plusieurs heures d'affilée le contrôle de commandes susceptibles de lui échapper en permanence.
Dans l'aviation civile, l'automatisation atteint son développement le plus avancé dans la génération des avions à commandes électriques et à butées électroniques, par exemple dans l'Airbus A320 : le pilote agit sur les gouvernes de l'appareil non plus mécaniquement par l'intermédiaire du fameux « manche à balai », mais de la même façon qu'une manette de jeu télécommandé sur ordinateur. Les mouvements effectués par le pilote sur le minimanche latéral sont traduits en signaux électriques qui agissent sur les servomoteurs des gouvernes. En outre, des ordinateurs intercalés entre ce minimanche et les servomoteurs servent à ne pas prendre en compte les commandes qui feraient sortir l'avion de son enveloppe de vol. Il est, par exemple, impossible de mettre l'avion en position de cabrage, ce qui pourrait provoquer une rupture de structure.
Ces garde-fous électroniques sont encore plus étonnants sur les avions de combat de la nouvelle génération, comme le Rafale français ou l'Eurofighter germano-britannique. Sur un chasseur comme le Mirage 2000, l'ordinateur de bord remplace depuis vingt ans déjà les multiples cadrans d'autrefois par des écrans où ne s'affichent que les paramètres nécessaires à la phase de vol du moment.
Les hélicoptères

Introduction

Hélicoptère Alouette III
Le principe de l'hélicoptère est défini par son nom, du grec helix, spirale, et pteron, aile : un mode de sustentation et de déplacement par une hélice à axe vertical située au-dessus de l'appareil. Celle-ci permet de rester à volonté en point fixe en l'air, et surtout de décoller et de se poser entièrement à la verticale d'un lieu. Par rapport aux avions, obligés de s'élancer sur des pistes avant de pouvoir décoller, ces machines volantes ont un avantage essentiel, celui de pouvoir aller partout, comme un oiseau ou presque : il rend leur usage universel.
Si le mécanisme des « giravions » avait déjà été imaginé par Léonard de Vinci, le principe des pales tournant sous l'action de jets de vapeur s'échappant de leur extrémité a été proposé dans les années 1840 par le pionnier britannique George Cayley. Le premier hélicoptère, vide de tout occupant, construit par Enrico Forlanini, s'est élevé dans les airs à Milan en 1877. Mais c'est le 13 novembre 1907 qu'a décollé le premier hélicoptère piloté par son inventeur, Paul Cornu, concrétisation des longs travaux de recherche qu'il avait menés en compagnie de Louis Bréguet.

Igor SikorskyIgor
Toutefois, il faudra attendre la fin des années 1940 pour que les aéronefs à voilure tournante (hélice) ne soient plus considérés comme une curiosité technique, mais comme un fantastique moyen d'atteindre les zones les plus difficiles d'accès. Tandis qu'aux États-Unis se multipliaient les hélicoptères construits par Sikorsky, la France lançait l'Alouette II (1956), premier hélicoptère commercialisé à utiliser une turbine, mise au point par Turbomeca. Une véritable révolution qui permettait de majorer la puissance de l'hélicoptère de près de 50 % par rapport aux moteurs à piston d'auparavant, et surtout de supprimer la quasi-totalité des vibrations dangereuses engendrées par le couple voilure tournante-cellule.
Devenu outil universel, l'hélicoptère a connu un développement fulgurant. La guerre du Viêt Nam l'a consacré, à partir de 1967, comme moyen de transport et d'intervention militaire : près de la moitié des appareils des principaux modèles en service dans le monde sont destinés à des usages militaires.
Les principaux types

Hélicoptère Super-Puma 332
Plus d'une trentaine de types d'hélicoptères différents sont fabriqués dans le monde. Les très gros appareils, comme le Sea Stalion de Sikorsky (11 t), sont capables de transporter 37 personnes à plus de 300 km/h.
À l'inverse, l'un des appareils les plus légers en service est le Kawasaki-Hughes, qui pèse 560 kg à vide et peut transporter jusqu'à 7 personnes.
Le Commando du constructeur britannique Westland pèse 9,5 t et parcourt jusqu'à 1 100 km sans ravitaillement. C'est un record.
D'autres constructeurs excellent dans la diversité des appareils produits, comme les Américains Bell et Sikorsky et le groupe européen Eurocopter, filiale, constituée en 1992, des firmes française Aérospatiale et allemande DASA. Celui-ci n'offre pas moins de onze modèles, du petit EC 120 jusqu'au Super-Puma de 10 t, en passant par les Écureuil, Dauphin, EC 135 et EC 155.
Les lois du pilotage

Les giravions, qu'il s'agisse des autogires ou des hélicoptères, sont sustentés par leur hélice, appelée en termes techniques « voilure tournante ». Ils sont véritablement accrochés à une ou plusieurs hélices dont la mise en rotation exerce sur l'air une force suffisante pour contrebalancer leur poids et les arracher du sol. Seule différence entre les deux types d'appareils : alors que l'autogire est propulsé comme les avions par une autre hélice à axe horizontal, l'hélicoptère, lui, se propulse en jouant sur la variation du pas de l'hélice qui le soutient, ou en jouant sur l'angle du rotor qui fait tourner celle-ci.
L'hélice agit dans l'air comme une vis dans le bois, par l'inclinaison plus ou moins prononcée de ses pales, qui « attaquent » en conséquence plus ou moins fortement le fluide dans lequel elles tournent. Concrètement, l'angle d'attaque de l'hélice est réglé de façon à exercer une attraction sur l'air qui est refoulé en grande quantité vers l'arrière. Cette action pousse le giravion vers l'avant. Si le pas de l'hélice est totalement inversé, le giravion est poussé vers l'arrière. Ce dispositif permet à un hélicoptère dont le moteur est en panne de ne pas tomber, grâce à la mise en autogiration de l'hélice.
La voilure tournante assure non seulement les mouvements ascensionnels, mais aussi l'avance de l'appareil qui peut être obtenue de plusieurs manières : par un compromis entre la vitesse de rotation de l'hélice et l'ouverture de son pas, par une certaine inclinaison de l'axe de rotation de l'hélice, ou encore par la variation du pas de l'hélice du rotor de queue. Situé à l'arrière de l'appareil, celui-ci assure le maintien de l'axe de déplacement en s'opposant au contre-couple créé par l'hélice principale, qui tend à faire tourner l'hélicoptère sur lui-même. Un judicieux système de renvoi met en œuvre ce principe à partir d'un manche à balai, similaire à celui d'un avion. Et les pédales de palonnier, identiques également à celles que l'on trouve à bord d'un avion, permettent, quant à elles, de jouer sur le « slip », l'assiette de l'hélicoptère et son attitude par rapport à son axe de déplacement.
Les matériaux composites

L'hélicoptère a bénéficié des retombées techniques de la conquête spatiale, notamment l'emploi dans sa construction des matériaux composites, ultralégers et ultrarésistants, mis au point pour la fabrication des fusées.
L'organe fondamental qu'est l'hélice a vu ses performances croître avec l'utilisation de matériaux moulés (à base de fibres de carbone enrobées dans une matrice elle aussi en carbone) ou bobinés, tels que le Kevlar. Outre un allègement de l'ordre de 20 %, le recours à ces composites procure des avantages déterminants en fiabilité : les pales sont mieux équilibrées, face aux couples parasites qui se produisent lors de leur rotation ; ces matériaux résistent mieux au contraintes et au vieillissement par oxydation ou autre agression chimique ; tout risque de rupture brutale en vol, auquel exposaient les métaux non-ferreux utilisés auparavant, a été pratiquement éliminé. Enfin, avec l'aide de l'informatique, les matériaux composites permettent la conception de pales à l'aérodynamisme optimisé, puisqu'ils se prêtent à la réalisation de formes extrêmement complexes.
De même, le moyeu du rotor, pièce composée auparavant de plus d'une vingtaine d'éléments, est devenu monobloc grâce aux « composites lamellés », véritables sandwichs de feuilles de plastiques élastomères et de métal intimement collées. La maintenance en a été simplifiée à l'extrême. Ce principe supprime, en outre, une grande part des vibrations parasites engendrées par les pales et facilite le pilotage de l'appareil. La mise au point de cellules d'hélicoptères en composites permet aussi d'alléger les appareils tout en les rendant, en vol, beaucoup moins sensibles à la foudre.
Le moteur d'un hélicoptère

Les hélicoptères modernes sont propulsés par des turbopropulseurs. Il s'agit de turbines, brûlant du kérosène, qui, une fois allumées, tournent à deux vitesses : le ralenti et le plein régime. Celui-ci correspond à 90 % de la vitesse maximale de rotation.
Un générateur de gaz entraîne une ou plusieurs turbines qui transmettent le mouvement de rotation au rotor principal de l'hélice et au rotor de queue par une succession d'engrenages et de réducteurs. Le compresseur qui alimente la turbine commande éventuellement l'orientation des pales par l'intermédiaire de circuits hydrauliques.
L'hélicoptère militaire


Hélicoptère Super-PumaHélicoptère Chinook
L'hélicoptère militaire, déjà utilisé en Corée et en Algérie, s'est considérablement développé à partir de 1967, lorsque les États-Unis lui ont confié, pendant la guerre du Viêt Nam, des missions d'évacuation de leurs troupes et d'observation des lignes ennemies. Une grande part des hélicoptères militaires ont une fonction de transport d'hommes ou de matériel. À cet égard, le plus imposant est le MI26 russe, l'hélicoptère de transport le plus lourd du monde (28 tonnes), pouvant recevoir 20 tonnes de matériel dans une soute au volume voisin de celle d'un avion du type Hercules C 130.
Depuis les années 1980, on assiste à la mise au point de véritables hélicoptères de combat. Armes antichars par excellence, ces appareils, embusqués derrière un rideau d'arbres par exemple, peuvent fondre sur une colonne de blindés et la détruire en quelques instants. Des versions plus légères deviennent des vecteurs de la chasse anti-hélicoptère, ou de la lutte anti-sous-marin. L'hélicoptère bénéficie, en outre, des progrès réalisés en optronique pour devenir l'arme idéale du combat de nuit. Le Tigre franco-allemand, dont la production a commencé en 1998, entre dans cette gamme d'hélicoptères de combat qu'illustraient déjà l'Apache américain ou le Kamov-50 russe.
L'hélicoptère civil

En montagne, l'Alouette II est devenu le symbole de l'utilisation civile de l'hélicoptère. Construit par l'Aérospatiale à plus de 1 300 exemplaires de 1956 à 1970 et vendu à 46 pays, cet appareil léger a été le premier à bénéficier d'une turbine, mise au point en France par la firme Turbomeca. Il a donné naissance au « Lama », hélicoptère universel utilisé partout pour les secours et l'intervention en milieu difficile d'accès. Pesant à vide 1 021 kg seulement, il peut transporter des charges de l'ordre de 1,5 tonne soutenues par un crochet, ce qui en fait un instrument précieux pour le génie civil ou même les déménageurs ; capable de rester en position stationnaire avec une précision de l'ordre de 10 cm, il permet aussi bien à E.D.F. d'amener des éléments de pylônes en zone non desservie par une route, que de faire entrer par la terrasse d'un immeuble un piano trop gros pour la porte. En montant à 12 442 m, le Lama a établi en 1972 le record mondial d'altitude atteinte par un hélicoptère, record qu'il continue à détenir. À l'opposé, son aptitude à voler à très basse altitude en fait un outil précieux pour l'agriculture, en permettant d'assurer l'épandage sur les champs. Commercialisé depuis 1997, l'Écureuil B 3 fait aujourd'hui figure de successeur du Lama.
Cependant, le principal rôle civil de l'hélicoptère est le service médical d'urgence. Souple d'utilisation et rapide, il est un véritable ambulancier de l'air. C'est aussi le véhicule idéal de liaison rapide entre points d'accès difficiles. Ainsi, la mise en place et l'exploitation des gisements offshore ont suscité un peu partout dans le monde la constitution de véritables flottilles d'hélicoptères destinés à assurer la relève des équipages et le transport de vivres sur les plates-formes pétrolières en haute mer. L'hélicoptère est entré en ville, passant au-dessus des embouteillages, véritable navette aérienne reliant, par exemple, les aéroports de Heathrow et Gatwick, à Londres ; il met vingt minutes là où il faudrait deux heures en voiture.
La maintenance

La complexité technologique des hélicoptères se paie par une maintenance lourde qui impose, suivant les types d'appareils, de une à cinq heures d'entretien par heure de vol, et amène leur coût d'exploitation à un niveau d'autant plus élevé qu'à puissance égale un hélicoptère consomme plus de carburant qu'un avion transportant la même charge (un Puma de l'Aérospatiale, conçu dans les années 1960, par exemple, consommait plus de 600 litres à l'heure). La raison principale d'une maintenance si lourde réside dans le niveau et le nombre très élevé de vibrations que subit un hélicoptère, soumis en permanence à des couples induits par sa voilure tournante et son rotor de queue. C'est pourquoi les ingénieurs ont mis au point des éléments qui sont constitués d'un seul bloc, à l'image de l'axe du rotor réalisé en lamifiés, ou encore du système de variation du pas des hélices, assuré de plus en plus par une seule biellette par pale. De même, l'Aérospatiale a mis au point un rotor arrière caréné de type « fenestron », qui, tout en réduisant le bruit et en améliorant la sécurité, assure sur le plan aérodynamique la poussée anticouple en vol.

 

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CORÉE DU NORD

 

République populaire démocratique de Corée ou Corée du Nord
en coréen Choson
Carton de situation - Drapeau de la Corée du Nord

Corée du NordDrapeau de la Corée du Nord
État d'Asie orientale occupant la partie septentrionale de la péninsule coréenne, la Corée du Nord, baignée à l'est par la mer du Japon, à l'ouest par la mer Jaune, est limitée au sud par la Corée du Sud et au nord par la Chine.
Superficie : 122 895 km2
Nombre d'habitants : 24 895 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Nord-Coréens
Capitale : Pyongyang
Langue : coréen
Monnaie : won nord-coréen
Chef de l'État : Kim Jong-un
Chef du gouvernement : Pak Pong-ju
Nature de l'État : république, régime socialiste
Constitution :
Adoption : 27 décembre 1972
Révisions : avril 1992, septembre 1998, avril 2009
Pour en savoir plus : institutions de la République populaire démocratique de Corée
GÉOGRAPHIE

C'est un pays montagneux, au climat rude, où le riz, le maïs et le blé constituent, avec les produits de la pêche, les bases de l'alimentation. La présence de charbon surtout et de fer, les aménagements hydroélectriques (sur le Yalu) ont favorisé le développement de l'industrie de base (sidérurgie, chimie), dans le cadre d'une économie collectiviste et peu ouverte sur l'extérieur. Confrontée depuis les années 1980-1990 à un effondrement de sa production agricole (avec des périodes de famine) et à la faillite générale de son économie, la Corée du Nord doit avoir recours à l’aide internationale et compter en particulier sur le soutien de la Chine pour survivre. Aujourd'hui, un timide redressement se fait toutefois sentir.
1. Le relief et le climat

Pyongyang, Corée du Nord.Pyongyang, Corée du Nord.
Relief et climat donnent à la Corée du Nord une forte identité par rapport au sud de la péninsule. La plaine côtière, qui prolonge la dépression de Séoul jusqu'à Pyongyang, est plus développée que dans le Sud. Les chaînes montagneuses y sont également plus élevées. Culminant à 2 744 m d'altitude, avec le massif volcanique légendaire du Paektu, elles constituent une barrière naturelle avec la Mandchourie chinoise. Les terres arables, souvent médiocres, ne représentent que 17 % de la superficie, contre 23 % en Corée du Sud. Le climat est plus rude, avec une amplitude thermique annuelle de 30 degrés, l'hiver étant quasi sibérien (de −6 °C à −20 °C en janvier) et l'été, humide et chaud (entre 25 et 30 °C). Les précipitations, moins abondantes que dans le Sud (entre 600 et 900 mm d'eau par an), sont des pluies de mousson affaiblies, l'existence d'années de sécheresse n'étant pas exclue.
2. La population

La population est moins dense qu'en Corée du Sud (200 habitants par km2). La natalité était, en 2003, de 16 ‰ et la mortalité de 11 ‰, le taux d'accroissement naturel est de 0,6 %, le taux de fécondité de 2 enfants par femme, la mortalité infantile de 46 ‰ (contre 4 ‰ en Corée du Sud), les moins de 15 ans représentent 25 % de la population et les plus de 65 ans, 11 %, l'espérance de vie ayant chuté de 72 à 63 ans en un peu plus d'une décennie. Le taux de la population urbaine était évalué à 61 %. La capitale, Pyongyang, avec 3 228 000 habitants en 2003, rassemble près de 15 % de la population du pays.
3. L'économie socialiste triomphante

L'économie repose sur des bases très différentes de celles de la Corée du Sud. Les montagnes sont en effet riches en ressources minières, déjà mises en valeur par les occupants japonais : fer, or, nickel, zinc, mercure, tungstène et molybdène. La Corée du Nord dispose également de charbon et d'abondantes ressources hydroélectriques aménagées depuis longtemps : en 1991, la consommation d'énergie par habitant n'était inférieure que de 10 % à celle de la Corée du Sud. L'histoire économique de la Corée du Nord est, en apparence du moins, celle d'un succès qui a tourné à la catastrophe à partir de 1975.
Au départ, la Corée du Nord bénéficiait d'une infrastructure industrielle appréciable, qui avait été mise en place par les Japonais pour exploiter les mines de la péninsule. Après les terribles ravages de la guerre civile (1950-1953), un plan biennal d'inspiration soviétique permit au pays de retrouver son niveau de production d'avant-guerre, dès 1956. En 1970, grâce à un premier plan quinquennal, suivi d'un plan septennal, la Corée du Nord possédait les bases d'une économie socialiste planifiée classique. Elle dispose alors d'une puissante industrie lourde, qui assure 75 % du P.N.B., avec un taux annuel de croissance de 30 %, et d'une bonne assise énergétique, avec 40 millions de tonnes de houille et de puissants barrages. Une forte mobilisation populaire a accompagné ce développement. En 1958, alors que la Chine se lançait dans l'aventure désastreuse du Grand Bond en avant, la Corée du Nord développa le mouvement tcheullima, qui se proposait d'égaler ce cheval légendaire qui parcourt mille lieues en une journée. En 1973, ce furent les « trois révolutions », celle de l'idéologie, de la technologie et de la culture, avec une certaine décentralisation dans le domaine agricole et un rôle accru, dans la gestion, du comité du travail. La doctrine officielle était alors celle du « chuche » (djoutche) : « Ne compter que sur ses propres forces » et construire un pays socialiste « indépendant sur le plan militaire et autonome sur le plan économique ». La série des plans qui se succèdent jusqu'en 1984 semblait aboutir à des résultats appréciables, malgré quelques signes de dysfonctionnement déjà révélateurs. L'évolution comparée du produit national brut par habitant des deux Corées, entre 1953 et 1976, illustre parfaitement combien ces résultats furent illusoires : en 1953, il était, en Corée du Nord, de 86 dollars, contre 117 pour la Corée du Sud ; en 1960, la Corée du Nord semble décoller avec un produit national brut par habitant de 329 dollars, alors que la misère persiste dans le Sud (117 dollars). Cependant, dès 1968, les deux chiffres s'équilibrent : en 1976, on a 464 dollars au nord et déjà 765 dollars au sud.
L'agriculture a été entièrement collectivisée entre 1953 et 1958. Les 13 309 coopératives de 130 hectares, cultivées, en moyenne, par 80 familles, ont été ultérieurement regroupées en 3 843 grandes coopératives de 500 hectares comprenant 250 à 300 foyers et se confondant avec la circonscription administrative de base, le li. Leur organisation est de type militaire, les paysans étant, en fait, des ouvriers agricoles salariés, asservis à un dur travail 345 jours par an. À ces coopératives s'ajoutent des fermes d'État qui cultivent, de leur côté, 12 % des terres arables et assurent 20 % de la production agricole. La surface cultivée atteint, au total, 2,1 millions d'hectares, dont 30 % de rizières. Avec 5 millions de tonnes de céréales, le pays est devenu à peu près autosuffisant vers 1973, l'élevage et, surtout, la pêche, apportant les protéines nécessaires. En 1987, le système a été quelque peu assoupli, les paysans pouvant commercialiser, sur les marchés libres, la production de leurs minuscules lopins de terre individuels (100 m2 par famille).
4. La crise du système nord-coréen

C'est dans le secteur industriel, tout d'abord, que le pays est passé des illusions au désastre. La Corée du Nord a longtemps donné la priorité à l'industrie lourde, à des fins souvent militaires. Machines outils, ciments, presses, etc., se mirent à sortir en masse de ses usines, si bien que la Corée du Nord semblait devoir frapper à la porte des nouveaux pays industriels (N.P.I.). Assez vite, les dirigeants nord-coréens, très attachés à l'indépendance de leur pays, se tournèrent vers les pays occidentaux et le Japon pour y acquérir les technologies de pointe – dans les domaines, notamment, de la pétrochimie, de l'électronique et de l'informatique – que l'URSS et le camp socialiste étaient dans l'incapacité de produire. Les paiements étaient prélevés, d'une part, sur les résultats d'une agriculture à peine suffisante pour le pays et effectués, d'autre part, grâce à des emprunts de plus en plus inconsidérés. En effet, le camp socialiste prêta 725 millions de dollars entre 1971 et 1980 à la Corée du Nord, alors auréolée par la guerre de 1950-1953 pendant laquelle les Nord-Coréens luttèrent aux côtés des Chinois contre l'« impérialisme américain ». Mais le déficit de la balance commerciale, apparu dès les années 1960, se creusa d'année en année. Si, en 1978, l'URSS assurait 30 % du commerce extérieur et la Chine, 25 %, les échanges avec le Japon en représentaient déjà 15 % ; or, ce dernier exige d'être payé en devises, tout comme les nouveaux partenaires occidentaux. Aussi, alors que le produit national brut chutait de façon vertigineuse, la dette extérieure enfla démesurément à tel point qu'en août 1987 la Corée du Nord fut déclarée en cessation de paiement.
Le troisième plan quinquennal (1987-1993) fut un tel échec que les autorités elles-mêmes durent reconnaître que ses objectifs n'avaient pas été atteints. Faute de perspectives de remboursements, la dette extérieure, d'environ 8 milliards de dollars, décourage les investisseurs étrangers. Le manque de pétrole paralyserait les usines. La tentative d'ouverture d'une zone franche, dite d'économie libre, à Najin, un port libre de glace toute l'année situé à l'embouchure du Tumen, à la frontière de la Chine et de la Russie, n'intéresse guère pour le moment que la Chine : seules vingt firmes étrangères s'y sont installées.
Marasme et famine frappent le pays depuis ces dernières années, dans des proportions que l'on ne peut évaluer, faute de statistiques crédibles. Les récits des réfugiés sont en tout cas terrifiants. Beaucoup sont refoulés par les Chinois, la présence d'une très forte minorité nationale coréenne dans la province frontalière chinoise du Jilin – près de deux millions de personnes – rendant cette question sensible. L'extension du désastre est difficile à estimer, mais sa réalité est d'autant plus certaine que les autorités nord-coréennes ont officiellement fait appel, en 1997, à l'aide internationale. Les organisations spécialisées de l'O.N.U. fournissent une aide alimentaire substantielle et estiment que la famine est désormais sous contrôle. Selon les observateurs, en trois ans, la totalité du nombre des victimes varie entre 900 000 et 3 500 000.
La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial de la Corée du Nord. Elle fournit de la nourriture (du blé et de l'huile) et de l’énergie (du pétrole) et développe des industries de biens de consommation (fabrication de vélos, de verre et d’ordinateur). En retour, la Corée du Nord exporte vers la Chine du charbon, du cuivre, du minerai de fer et de la magnésite.
Les sites de la Corée du Nord classé à l'Unesco

Plusieurs sites de la Corée du Nord sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :
– ensemble des tombes de Koguryo ;
– monuments et sites historiques de Kaesong.
HISTOIRE

1. La consolidation du régime communiste

1.1. La reconstruction économique

Après la capitulation du Japon (1945), la partie de la péninsule coréenne située au nord du 38e parallèle est occupée par les troupes soviétiques et connaît une série de mesures législatives tendant à la socialisation du pays.
Après la guerre de Corée (juillet 1953), ces mesures seront renforcées afin d'accélérer la reconstruction économique, tâche facilitée par l'aide massive de l'URSS mais également de la Chine. Dotée de ressources naturelles abondantes, la Corée du Nord met d'abord l'accent sur le développement industriel. La population est mobilisée pour réaliser les objectifs fixés : mouvement tcheullima (« cheval volant »), destiné à accroître la production ; système de travail dae-an (allusion au travail modèle et à la gestion socialiste d'une usine de machines électriques) ; méthode chong-san pour l'organisation des coopératives agricoles en tenant compte de l'opinion des masses ; esprit chuche (« autosuffisance ») pour résoudre les problèmes d'une façon purement coréenne.
Cette économie planifiée permet un redressement spectaculaire de l'économie, qui vise à faire passer le pays de l'état « agricole-industriel » à celui de « socialiste-industriel ». C'est ainsi que, lors du 4e congrès du parti du Travail de Corée (septembre 1961), la construction des bases du socialisme est déclarée achevée.
1.2. Autosuffisance et isolationnisme

Kim Il-sung, afficheKim Il-sung, affiche
Secrétaire général du parti communiste de Corée en 1945, Kim Il-sung a été élu secrétaire général du parti du Travail en 1946. Ce parti est né de la fusion du parti communiste avec le parti néodémocratique et constitue une puissante organisation politique de masse.
En février 1947, une Convention des comités populaires est réunie et approuve les réformes fondamentales : réforme agraire, égalité des sexes, nationalisation de l'industrie, du transport et des banques. Les 237 députés qui formeront l'Assemblée populaire de la Corée du Nord seront choisis en son sein. Celle-ci, réunie les 21 et 22 février 1947, élit un praesidium de 11 membres. Kim Il-sung devient chef du gouvernement et sera reconduit à ce poste jusqu'en décembre 1972, date à laquelle il abandonnera le poste de Premier ministre et sera élu chef de l'État.
Ce changement correspond à l'adoption d'une nouvelle Constitution (27 décembre 1972), présentée comme la concrétisation, sur le plan juridique, des résultats de l'édification socialiste des 24 années précédentes et qui confirme le rôle hégémonique du parti. Elle intègre l'idéologie chuche adoptée officiellement lors du Ve congrès du parti (novembre 1970), qui légitime l'isolationnisme du pays dans les domaines culturel, économique et politique.
Les élections législatives, qui se sont déroulées depuis 1962 « avec une ferveur politique élevée et une joie brillante », ont toujours désigné les candidats officiels avec une participation électorale de 100 %. Mais cette unanimité apparente n'a pas empêché les luttes de factions au sein du parti du Travail et de nombreuses purges.
2. La dictature personnelle de Kim Il-sung

2.1. Ni maoïsme, ni soviétisme

Kim Il-sung bâtit sa dictature avec méthode. Dès les lendemains de l'armistice de Panmunjom, il fait peser l'impopularité de la désastreuse guerre de Corée sur les cadres du parti, condamnés ou sévèrement critiqués pour les erreurs qu'il leur avait fait lui-même commettre.
Inquiet des éventuelles conséquences du XXe congrès du PCUS (dénonciation du « culte de la personnalité » par Nikita Khrouchtchev) et de la campagne des Cent fleurs en Chine, il élimine du parti du Travail coréen les chefs de file du courant maoïste, ainsi que ceux du courant prosoviétique, en jouant alternativement un mouvement contre l'autre. Kim Il-sung se débarrasse de ses adversaires avant que ceux-ci n'aient réalisé qu'ils l'étaient devenus : il déjoue des complots potentiels. Il peut se vanter, en 1958, d'avoir mis fin « au sale phénomène historique du factionalisme ».
Kim Il-sung suit une voie distincte de celles de l'Union soviétique et de la Chine, qui a semblé quelque temps réussir : son « grand bond volant » (ou tcheullima undung) n'est pas le Grand Bond en avant ; la « révolution culturelle » est supposée avoir eu lieu en Corée du Nord avant celle de Chine, mais dans le respect de l'ordre…
2.2. Le culte de la personnalité

Véritable despote au sens classique du terme, Kim Il-sung édifie un gigantesque palais de 240 000 m2 qui célèbre sa gloire et sa pensée, il organise le culte effarant dont il est l'objet, l'étend à sa famille, dont il forge une biographie d'autant plus exemplaire qu'elle est imaginaire. Ce despotisme familial, exceptionnel dans le monde communiste, aboutit à la mise en avant de son fils, Kim Jong-il, qui joue un rôle politique, dès 1974, et devient l'homme du terrorisme d'État (attentat de Rangoun, en 1983, contre une délégation sud-coréenne).
La tradition nord-coréenne en la matière est ancienne : elle caractérisera les relations entre les deux Corées jusqu'en 1990. En janvier 1968, l'attaque contre le palais du président sud-coréen à Séoul et l'arraisonnement du navire espion américain Pueblo flattent la fierté nationale et l'état-major, qui se trouve à la tête d'une armée dont les effectifs, entre 1970 et 1989, sont passés de 412 000 à 980 000 hommes, absorbant chaque année 30 % du budget national.
2.3. Une vaste prison

Kim Il-sung organise la société pour en avoir l'absolu contrôle. Chaque sujet nord-coréen doit s'inscrire auprès de la sécurité d'État entre 1964 et 1969. Il est recensé dans une des 51 sous-catégories politico-sociales qui divisent les trois grandes classes de la société.
La première est celle des « masses du noyau central », formées des héros du peuple et de leurs familles, notamment des nombreuses pupilles de la nation, élevés dans des écoles spéciales. Ces privilégiés vivent à Pyongyang et sont en relation avec le cercle des dirigeants qui, logés dans une dizaine de lotissements luxueux et protégés, joints entre eux par 40 km de souterrains, peuvent se rendre visite à l'insu de tous. Ils sont les seuls à avoir droit à une information véritable, le reste de la population devant se contenter de ce que lui fait croire la propagande.
La deuxième classe sociale est celle de la « masse extérieure au noyau » : ces paysans, ouvriers et intellectuels n'ont pas d'engagement politique, mais appuient le régime sans réserve.
Le troisième cercle est celui des « masses mélangées », ennemis de classe des premières années, renforcés sans cesse par les réprouvés des campagnes politiques, les familles de ceux qui ont fui le pays ou des gens qui ne se sont pas méfié des espions politiques et des mouchards omniprésents. Interdite d'université, soumise aux brimades lors des mouvements politiques, cette partie de la population ne peut s'établir dans la capitale, réservée aux bien-pensants.
Un réseau de camps de concentration complète le dispositif, où les détenus ne touchent que des rations alimentaires minimales et peuvent être condamnés à une bastonnade souvent mortelle. L'exécution sommaire des opposants, ou supposés tels, est courante.
3. Les défis de Kim Jong-il

À la mort de Kim Il-sung, en juillet 1994, son fils Kim Jong-il prend sa succession.
La sourde crise intérieure, qui ne peut s'exprimer, mais qui oppose sans doute les partisans de l'ouverture à ceux de l'autosuffisance nationale – condamnée par les faits : la famine sévit dans le pays – se traduit par la fuite rocambolesque en Corée du Sud, en février 1997, de Hwang Jang-yop, naguère théoricien du chuche et président de la commission des Affaires étrangères du Congrès suprême.
La mort de Kim Il-sung, la famine et les dissensions qu'elles semblent provoquer au sein du parti amènent les autorités nord-coréennes à assouplir de manière pragmatique certains principes qui prévalaient jusque-là en matière économique et à améliorer leur relation avec l'extérieur. Ainsi, elles s'engagent dans le processus de réconciliation avec Séoul et cherchent à normaliser leur relation avec le reste du monde.
En 2000, après le sommet historique avec son homologue sud-coréen, Kim Jong-il intensifie ses efforts diplomatiques tous azimuts. Il tente de resserrer les liens quelque peu distendus avec ses anciens alliés que sont la Russie (visite de Vladimir Poutine à Pyongyang en juillet 2000, puis visite de Kim Jong-il à Moscou en juillet-août 2001) et la Chine (visites officielles de Kim Jong-il en Chine en mai 2000 et janvier 2001). Des efforts diplomatiques pour rompre l'isolement et attirer des investisseurs sont également menés en direction des pays de l'Union européenne, dont la plupart – à l'exception de la France, qui n'a pas normalisé ses relations avec la Corée du Nord – ont fini par reconnaître le régime de Pyongyang. Néanmoins, la situation des Nord-Coréens ne connaît aucune amélioration et les années de pénurie se succèdent. La Corée du Nord reste un des pays les plus pauvres du monde.
4. La question de la réunification

L'armistice (signé en 1953 à Panmunjom), en mettant fin aux hostilités, devait aboutir à la signature de la paix et à la réunification de la péninsule. Elle n'a cependant jamais interrompu l'état de guerre larvée, entretenu par la politique agressive de la Corée du Nord.
En septembre 1991, cependant, une détente diplomatique relative permet l'entrée simultanée des deux Corées à l'Organisation des Nations unies (ONU). Signé trois mois plus tard, un accord prévoit la réconciliation entre les deux républiques ennemies et la dénucléarisation de la péninsule. Plusieurs facteurs ont permis cette orientation vers un apaisement régional sans réunification : la disparition de l'URSS, qui a accentué l'isolement international de la Corée du Nord, l'évolution intérieure de la Chine, désormais présente en Corée du Sud, ainsi que les investissements du Japon en Corée du Nord.
Affaiblie, la Corée du Nord redoute – si une véritable unification devait se produire – de connaître le sort de la République démocratique allemande : aussi multiplie-t-elle les provocations ou cherche-t-elle à s'entendre directement avec les États-Unis pour consolider son statut international, et pratique pour y parvenir le chantage nucléaire. En mars 1993, elle menace de se retirer du traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), après avoir refusé le contrôle de ses installations et construit un missile de moyenne portée – susceptible de porter une tête nucléaire –, qui survole le Japon, en août 1998. Pourtant en octobre 1994, un accord-cadre avait été passé avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, pour la fourniture par un consortium international de 2 centrales à eau légère ainsi que de pétrole, en échange du gel du programme nucléaire. Pyongyang souffle ainsi alternativement le chaud et le froid, d'autant plus facilement que, sur le plan militaire et diplomatique, la Corée du Sud dépend des États-Unis – qui entretiennent 37 000 hommes et une artillerie atomique sur son sol.
4.1. La perspective sans lendemain de juin 2000

Délégations nord- et sud-coréennes, J.O. de Sydney, 2000Délégations nord- et sud-coréennes, J.O. de Sydney, 2000
Le succès inattendu, en juin 2000, de la rencontre entre Kim Jong-il et Kim Dae-jung dans la capitale nord-coréenne offre, pour la première fois depuis 1953, une réelle perspective de réunification de la péninsule. Non seulement les deux Corées en acceptent le principe, mais la Corée du Sud adopte la position du Nord qui veut que « le problème coréen soit résolu par les Coréens » – ce qui ne peut que déplaire aux États-Unis et à la Chine.
Afin de souligner leur volonté commune, les deux États conviennent de créer un « téléphone rouge », de favoriser les rencontres entre familles séparées et de défiler côte à côte lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Sydney (septembre 2000). Plusieurs rencontres sont effectivement organisées au cours de l'année ; des projets sont mis en route, comme le rétablissement de la voie ferrée reliant Séoul à Sinuiju au nord de la Corée du Nord et la création de la zone industrielle de Kaesong.
En 2001 cependant, le processus de réunification est dans l'impasse. Kim Jong-il n'a toujours pas tenu sa promesse faite lors de la visite de Kim Dae-jung à Pyongyang de se rendre à son tour dans la capitale sud-coréenne. Séoul reproche le manque d'implication des Nord-Coréens. De plus, le retour des républicains à la Maison-Blanche ne favorise pas la reprise du dialogue, l'administration Bush choisissant de durcir le ton vis-à-vis du régime de Pyongyang, dans leurs négociations concernant notamment le gel du programme nucléaire nord-coréen. Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington, le président George Walker Bush ne contribue guère à l'apaisement en stigmatisant, lors de son discours sur l'état de l'Union (janvier 2002), un « axe du Mal », qui inclut la Corée du Nord.
Dès lors, celle-ci ménage des ouvertures afin de se dégager de son isolement diplomatique. Elle reprend activement le dialogue avec le Sud et entame sa normalisation avec le Japon (en septembre 2001, première visite officielle depuis 1945 d'un Premier ministre japonais en Corée du Nord). Elle procède, en outre, à un début de libéralisation de son économie moribonde.
5. La crise nucléaire nord-coréenne

L'annonce, en décembre 2002, de la reprise de son programme nucléaire, gelé depuis 1994, déclenche une nouvelle crise avec Washington.
Après avoir expulsé les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) chargés de contrôler ses installations, Pyongyang se retire du traité sur la non-prolifération (TNP) le 10 janvier 2003 et teste divers missiles à faible portée. Washington maintient son refus de toute négociation directe avec Pyongyang, lorsque, grâce à la médiation de la Chine (qui assure 70 % des approvisionnements en énergie et en matières premières de la RPDC, et dont la priorité est la stabilité régionale, condition de la poursuite de son expansion économique), Pyongyang accepte finalement une rencontre multilatérale.
En août 2003, des « pourparlers à six » réunissant les deux Corées, les États-Unis, la Russie, le Japon et la Chine débutent à Pékin dans le but de parvenir à une solution négociée. Cependant, après trois cycles de rencontres, la Corée du Nord annonce, en juin 2004, la suspension de sa participation et, faisant monter d'un cran sa stratégie à haut risque, se proclame puissance atomique (janvier 2005) avant de mettre fin au moratoire sur les essais de missiles à longue portée auquel elle avait souscrit en 1999 (mars).
5.1. Négociations, tensions et volte-face

Le 19 septembre 2005, dans une déclaration conjointe entre les six pays négociateurs, la Corée du Nord s'engage à abandonner l'ensemble de ses programmes nucléaires existants et à rejoindre le TNP en contrepartie du droit à l'usage de l'énergie nucléaire à des fins civiles. Dès novembre cependant, elle quitte la table des négociations pour protester contre des sanctions financières imposées par Washington à l'encontre de sociétés nord-coréennes.
Une nouvelle étape est franchie en juillet 2006 avec le tir de 6 missiles balistiques nord-coréens (dont un de longue portée) s'abîmant en mer du Japon. À la demande de ce dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution exigeant de la RPDC une suspension de son programme de missiles balistiques. Le 9 octobre, la Corée du Nord annonce avoir effectué son premier essai nucléaire, aussitôt unanimement condamné – y compris par la Chine – et suivi de sanctions.
Contre toute attente, les « pourparlers à six » reprennent en décembre 2006 avant de déboucher sur un accord conclu le 13 février 2007 à Pékin, en vertu duquel la Corée du Nord s'engage à désactiver son programme nucléaire en échange de la fourniture d'énergie et de garanties de sécurité par les États-Unis. L'arrêt de la centrale nucléaire de Yongbyon – première phase de la mise en œuvre de l'accord de dénucléarisation de la RPDC – est confirmé le 15 juillet par les inspecteurs de l'AIEA.
Dès août 2008 cependant, s'enchaîne une nouvelle série de volte-face : accusant les États-Unis d'avoir violé l'accord de désarmement conclu dans les « pourparlers à six », la Corée du Nord annonce la suspension du démantèlement de ses installations et la réactivation de la centrale de Yongbyon. Satisfaite de son retrait par l'administration Bush de la liste des États soutenant le terrorisme (octobre), elle annonce sa volonté de reprendre le processus de dénucléarisation.
Début 2009, à la veille de l'entrée en fonction de l'administration Obama, le régime souligne pour la première fois la dénucléarisation de la péninsule comme objectif national. Quelques jours plus tard cependant, il fait monter la pression dans la péninsule en annonçant qu'il met fin à tous les accords passés avec la Corée du Sud – ceux de 2000 et 2007 – ainsi qu'au pacte de réconciliation et de non-agression de décembre 1991. Invoquant son droit à développer son programme spatial, il procède, le 5 avril, au lancement d'un « satellite expérimental de communication » et, en réplique à sa condamnation par le Conseil de sécurité des Nations unies, annonce son retrait des « pourparlers à six » et son intention de reprendre prochainement son programme de production de plutonium. Après un nouvel essai nucléaire souterrain (unanimement condamné par le Conseil de sécurité) et les tirs de 5 missiles expérimentaux de courte portée, la Corée du Nord suspend l'accord d'armistice conclu avec sa voisine du Sud en 1953 et menace cette dernière d'une riposte militaire à la suite de l'annonce par Séoul de sa participation à l'Initiative de sécurité contre la prolifération.
Ces tensions réapparaissent en 2010 avec l’attaque sous-marine par la Corée du Nord d’un navire de guerre sud-coréen (mars), suivie de manœuvres navales conjointes américano-sud-coréennes (juillet) et de l’extension par Washington des sanctions économiques et financières. Cependant, au cours de leur rencontre à Changchun le 27 août, Kim Jong-il et le président chinois Hu Jintao se prononcent en faveur de la reprise des « pourparlers à six » sur le nucléaire tandis que les négociations militaires intercoréennes restent au point mort malgré une nouvelle rencontre en septembre.
6. L'évolution du régime

Sur le plan intérieur, le pays est confronté en 2008 à une nouvelle menace de famine due à un faisceau de facteurs (les inondations de l'été 2007, la crise alimentaire mondiale, la chute des livraisons de nourriture de la Chine et la suspension de l'assistance inconditionnelle de la Corée du Sud). L'incertitude (malgré les démentis officiels) sur l'état de santé du dirigeant Kim Jong-il (qui aurait souffert d'une attaque cérébrale en août 2008), absent aux cérémonies du 60e anniversaire de la fondation de la RPDC (9 septembre) ainsi qu'à celles de la création du parti du Travail (10 octobre), et la probable désignation, en janvier 2009, de son troisième fils, Kim Jong-un, comme son successeur, alimentent, à l'automne 2008, les spéculations sur une éventuelle vacance du pouvoir.
Début 2009, la réapparition de Kim Jong-il lors de la session inaugurale de l'Assemblée suprême, au cours de laquelle il est reconduit pour 5 ans à la tête de la Commission de la Défense nationale (CDN), la promotion au sein de ce même organe dirigeant de son beau-frère Chang Song-teak (déjà à la tête du puissant département de l'organisation du parti du Travail) et la révision de la Constitution (dont l’article 100 définit désormais le président de la CDN comme le « chef suprême de la RPDC »), témoignent de la volonté du régime d'afficher une image de solidité et de cohésion.
Toutefois, un remaniement significatif a lieu en juin 2010 : Kim Jong-il laisse le poste de Premier ministre à Choe Yong-rim, secrétaire général du praesidium de l'Assemblée, tandis que Chang Song-teak accède au rang de vice-président de la CDN. Cette transition en vue de la succession dynastique à la tête de l'État est confirmée par la conférence exceptionnelle du parti du Travail – la première de cette nature depuis 1966 et depuis le VIe congrès du parti en 1980 – qui se tient le 28 septembre 2010. Kim Jong-il est reconduit au poste de secrétaire général mais son fils Kim Jong-un, promu au rang de général quatre étoiles (de même que sa tante Kim Kyong-hui, sœur de Kim Jong-il et épouse de Chang Song-teak) entre au comité central du parti comme vice-président de sa commission militaire centrale.
Le 17 décembre 2011, Kim Jong-il meurt des suites d’une crise cardiaque. Son fils Kim Jong-un est alors désigné pour lui succéder.
Largement inconnu, le jeune héritier, « commandant suprême de l’armée populaire » depuis le 30 décembre, premier secrétaire du parti du Travail et président de la Commission militaire centrale depuis avril 2012, semble affirmer progressivement son autorité au cours de l’année 2012, même si certains voient en son oncle et mentor, Chang Song-teak, l’éminence grise, voire le véritable homme fort, du régime. C’est en effet ce dernier qui préside la délégation nord-coréenne reçue au mois d’août dans le cadre d’un protocole habituellement réservé aux chefs d’État, lors de la première rencontre depuis la mort de Kim Jong-il, avec les dirigeants chinois. Au programme de cette visite figure la relance de la coopération économique entre les deux pays et des zones économiques spéciales de Rason et des îles Hwanggumphyong et Wihwa.
Un important remaniement au sein de l’appareil militaire a cependant lieu au mois de juillet avec l’éviction du vice-maréchal et chef d’état-major Ri Yong-ho, qui est remplacé par le vice maréchal Hyon Yong-chol tandis que Kim Jong-un reçoit alors également le grade de maréchal. Plusieurs autres purges visant la « vieille garde » pourraient ainsi annoncer, sinon une remise en cause de la politique « Songun » (ou priorité à l’armée), du moins un rééquilibrage au profit du pouvoir civil et du parti. La volonté affichée par Kim Jong-un de promouvoir– outre la sidérurgie, l’énergie (charbon) ou les infrastructures – la modernisation de l’agriculture et le développement des industries légères serait l'annonce de premières réformes économiques, fortement encouragées par la Chine.
À première vue, la continuité l’emporte en matière de politique extérieure. En procédant, le 12 décembre, au lancement d’un satellite – qui serait en fait un essai de tir déguisé d’un missile balistique intercontinental susceptible de menacer les États-Unis, toujours présentés comme l’ennemi principal – la RPDC s’attire les critiques de son allié chinois. La Chine s’associe ainsi à la résolution condamnant le tir et renforçant les sanctions, votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU le 22 janvier 2013.
En dépit du ton plutôt conciliant à l’égard de la Corée du Sud du discours télévisé du Nouvel an prononcé par Kim Jong-un, l’annonce d’un nouveau test nucléaire souterrain réussi, le 12 février – le troisième après ceux de 2006 et 2009 – ne fait que raviver les tensions et suscite de nouvelles interrogations sur les capacités nucléaires réelles de Pyongyang alors que l’entrée en fonctions de la nouvelle présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye, qui semble favorable à une politique de fermeté, ouvre une nouvelle phase dans les relations inter-coréennes.


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RÉPUBLIQUE DE CORÉE ou CORÉE DU SUD

 

République de Corée ou Corée du Sud
en coréen Hanguk


Corée du SudDrapeau de la Corée du Sud
État d'Asie orientale occupant la partie méridionale de la péninsule coréenne, la Corée du Sud, baignée à l'est par la mer du Japon, à l'ouest par la mer Jaune, est limitée au nord par la Corée du Nord.
Superficie : 99 000 km2
Nombre d'habitants : 49 263 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Sud-Coréens
Capitale : Séoul
Langue : coréen
Monnaie : won
Chef de l'État : Park Geun-hye
Chef du gouvernement : Moon Chang-keuk
Nature de l'État : république à régime semi-présidentiel
Constitution :
Adoption : 12 juillet 1948
Révision : octobre 1987
Pour en savoir plus : institutions de la République de Corée
GÉOGRAPHIE

Moins étendu que la Corée du Nord, cet État est beaucoup plus peuplé. L'extension des plaines et des collines et un climat plus doux expliquent la prédominance de la culture du riz. La pêche est aussi active. Palliant la pauvreté du sous-sol, l'abondance de la main-d'œuvre et les capitaux étrangers ont stimulé l'industrie (textile, chimie, sidérurgie et surtout construction navale et automobile, constructions électriques et électroniques). Cette industrie, représentée notamment dans les grandes villes de Pusan (débouché maritime) et de Séoul, est largement exportatrice. Après une phase de croissance spectaculaire, l'économie sud-coréenne s'est trouvée fragilisée par plusieurs crises (régionale en 1997-1998, mondiale en 2007-2008) mais elle reste très dynamique.
1. Un relief cloisonné

Parc national du mont SorakParc national du mont Sorak
Le relief de la péninsule coréenne, extrêmement fragmenté, a sans doute facilité l'apparition des tendances individualistes du peuple coréen – originales au sein du monde confucéen – ainsi que la prolifération des sectes, et explique les difficultés pour le pays de maintenir son unité politique. La dépression de Chugaryong, à cheval sur le 38e parallèle, qui fut choisi, après la Seconde Guerre mondiale, comme ligne de démarcation entre les influences américaine et soviétique, s'étend de Séoul (située au sud-ouest) jusqu'à Wonsan (au nord-est, en Corée du Nord) et se prolonge à l'ouest par la plaine alluviale de Pyongyang : la tectonique semble avoir voulu faire signe à l'histoire, en marquant nettement la frontière entre les deux entités politiques actuelles ou en invitant, au contraire, à les unifier autour d'un axe central. Au sud de cette plaine, longue de 200 km et qui marque la limite septentrionale de la République de Corée du Sud, un massif ancien, incliné d'est en ouest, percé de quelques vallées, constitue une moyenne montagne s'élevant entre 1 000 et 1 900 m d'altitude. Les petites plaines côtières, présentes surtout à l'ouest du pays, face à la Chine, sont encombrées de collines et de buttes et s'ouvrent sur de nombreux havres naturels. Le territoire sud-coréen s'étant souvent partagé entre deux, voire trois États, autour des villes de Kwangju, de Pusan et de Kyongju (royaume de Silla), les particularismes régionaux sont très forts et marquent toujours la vie politique. Séoul, qui domine la riche vallée du fleuve Han, est actuellement la seule ville véritablement pancoréenne, car des centaines de milliers de réfugiés du Nord s'y sont ajoutés aux millions d'immigrants originaires de toutes les provinces du Sud, ainsi qu'à la population locale.
2. Une population en pleine transition démographique

La population, de 47,2 millions d'habitants (2001), est dense (475 habitants par km2), d'autant plus qu'elle n'occupe que 20 % du territoire (plaines littorales et bassins intérieurs essentiellement), constitué pour le reste de montagnes et de forêts. La Corée du Sud est en pleine transition démographique, ce qui est normal pour un pays qui s'industrialise seulement depuis le début des années 1960 et dont la population est devenue urbaine à 80 % (1999). La natalité est assez faible (15 ‰) et la mortalité est tombée à 6,2 ‰. Avec un taux de fécondité de 1,5 enfant par femme, l'accroissement naturel s'est ralenti et la population a commencé à vieillir. Les moins de 25 ans représentent encore 21 % de la population et les plus de 65 ans, 6 %. L'espérance de vie est de 76 ans : les marques de la pauvreté des années de guerre et de l'immédiat après-guerre sont de moins en moins sensibles.
Le décollage économique sud-coréen ne date, en effet, que de 1961, avec l'arrivée au pouvoir de Park Chung-hee et le lancement, en 1962, du premier plan quinquennal. Entre 1961 et 1989, le P.N.B. sud-coréen en dollars courants a été multiplié par 75. En 1997, il a dépassé les 476 milliards de dollars, soit 10 155 dollars par habitant et par an, mais a chuté en 1998 à 321 milliards de dollars, avant de remonter légèrement l'année suivante à 398 milliards de dollars. La Corée du Sud est devenue l'un des principaux « dragons asiatiques », son P.I.B. la situant au 13e rang mondial. En revanche, si l'on établit l'indice de développement humain, suivant les paramètres proposés par l'Indien Amartya Sen – prix Nobel d'économie en 1998 –, le pays rétrograde à la 29e place, ce mode de calcul soulignant bien la fragilité du succès sud-coréen.
3. La révolution industrielle sud-coréenne

SéoulSéoul
Alors que la croissance du P.I.B., aux lendemains de la désastreuse guerre de Corée, n'était que de 3,9 % par an, l'économie du pays s'est depuis relevée, à l'exception du secteur primaire dont les taux de croissance n'ont pas évolué (moyenne de 3,6 % par an). L'agriculture, qui occupe 12 % des actifs, ne fournit que 5 % du P.I.B. (en 1961, elle employait 65 % de la population active et fournissait 45 % du P.I.B.). Actuellement, 8 500 000 paysans cultivent, avec engrais et motoculteurs, un peu plus de 2 millions d'hectares. La pêche complète le secteur alimentaire, mais la Corée du Sud doit importer près de la moitié de sa consommation de céréales. Le pays n'est pas mieux loti en ce qui concerne l'énergie. Il consommait, en 1960, 3,5 millions de tonnes d'équivalent pétrole (tep), fournies par une petite production locale de houille. La consommation d'énergie est passée, dans les années 1990, à 60 millions de tep, dont un tiers d'origine nucléaire. Avec une consommation de 3,8 tep par an et par habitant, la Corée du Sud dispose de quatre fois plus d'énergie que la Chine, mais de douze fois moins que la France.
C'est le secteur secondaire – l'industrie, avec 28 % des emplois actifs et 43 % du P.I.B. – et le secteur tertiaire – les services, avec 60 % des emplois et 50 % du P.I.B. – qui ont assuré la spectaculaire croissance du pays. Cette dernière s'est maintenue dans le secteur tertiaire autour de 8,9 % par an. Dans l'industrie, elle s'est située à 14,4 % entre 1962 et 1966, puis entre 18 et 20 % pendant les deuxième et troisième plans quinquennaux (1967-1976) ; elle est retombée autour de 10 % entre 1977 et 1986 pour dépasser à nouveau les 15 % par la suite. Sixième producteur mondial d'acier et d'automobiles, la Corée du Sud occupe le deuxième rang pour les constructions navales. Elle est également l'un des grands fabricants mondiaux de semi-conducteurs. La qualité de sa main-d'œuvre, due à un système d'éducation efficace (la Corée du Sud compte seulement 2 % d'illettrés, et 52 % des diplômés du secondaire vont à l'université), est pour beaucoup dans ces succès. Autre facteur décisif : le système qualifié de « modèle capitaliste d'État », reposant sur une vingtaine de puissants conglomérats, les chaebols – Hyundai, Samsung, Daewoo, Lucky Goldstar, Kia, etc. –, qui structurent les activités économiques à leur profit, avec l'aide de la puissance publique. Ces entreprises familiales possèdent des milliers de filiales, emploient des dizaines de milliers de salariés, et leurs liens multiples avec le monde politique leur ont permis de bénéficier de crédits bancaires quasi illimités, notamment durant les longues années de dictature militaire. Certaines d'entre elles sont parties à la conquête du monde, avec des succès initiaux spectaculaires et quelques échecs : Hyundai s'est associée à McDonnell-Douglas, en 1995, pour la construction d'un avion de 100 places, Samsung a tenté de racheter Fokker, et Daewoo Electronics s'est porté acquéreur de Thomson Multimédia. La quasi-inexistence de politique sociale semblait, jusqu'à ces dernières années, ne pas poser de problème : groupés dans une puissante centrale syndicale officielle, qu'aiguillonne une centrale concurrente non reconnue, mais très active, les ouvriers, profitant d'une relative libéralisation du régime, ont obtenu par la grève et la négociation des hausses de salaire de 15 % durant les années 1990. La conjoncture était alors favorable aux salariés, le chômage représentant moins de 3 % des actifs et l'inflation, de 5 %, encourageant le recours au crédit – ce qui soutenait la consommation intérieure. En 1999, Daewoo, l'un des grands conglomérats (ou chaebols), symboles de la réussite économique du pays pendant ses « trente glorieuses » a rejoint le giron de General Motors.
4. Une croissance retrouvée

Après une période de restructuration industrielle et après avoir été fragilisée par la crise régionale de 1997-1998, la Corée du Sud a retrouvé, dans les années 2000, un rythme élevé de croissance. En 2007, les quatre principaux conglomérats sont Samsung (électronique), LG (électronique, téléphonie mobile), SK (industrie, chimie, télécommunications) et Hyundai (resté aujourd'hui le seul constructeur de voitures du pays).
De nouveau fragilisée par la crise mondiale en 2007-2008, l'économie sud-coréenne conserve un dynamisme remarquable.
HISTOIRE

La Corée de l'Antiquité à 1953

→ Corée.
L'ère Park Chung-hee

Après la signature de l'armistice (27 juillet 1953), la Corée du Sud sort très affaiblie de la guerre et voit s'échapper l'espoir de la réunification. L'aide financière américaine, souvent détournée de son objet, ne parvient pas à sortir le pays de ses difficultés. Parallèlement, les méthodes autoritaires de Syngman Rhee (Lee Sung-man) lui attirent l'inimitié de la population. Réélu en mars 1960, il est renversé un mois plus tard à la suite d'émeutes d'étudiants et doit quitter le pays. Une nouvelle Constitution, de caractère parlementaire, est élaborée, donnant naissance à la IIe République.
Toutefois, ni le nouveau président, Yun Po-son, ni le Premier ministre, Chang Myon, ne peuvent réaliser l'unité indispensable au redressement du pays. La dégradation de la situation incite une junte militaire à s'emparer du pouvoir (16 mai 1961). Le gouvernement Chang doit démissionner, mais Yun Po-son est maintenu dans ses fonctions. Le chef de la junte, puis du gouvernement, Chang Do-yon, ne garde le pouvoir que cinquante jours. Il est remplacé par le général Park Chung-hee (Pak Chong-hui), qui consolide peu à peu son pouvoir et fait approuver en décembre 1962 l'établissement d'un régime présidentiel. Après avoir démissionné de l'armée, Park Chung-hee se présente à l'élection présidentielle et, grâce aux divisions de l'opposition, est élu (décembre 1963). Pour former le gouvernement, il s'appuie sur le parti démocratique républicain, qui emporte 110 sièges sur 175 aux élections de novembre 1963.
Sur le plan extérieur, le 21 février 1965, un traité est signé à Séoul entre la Corée et le Japon. Ce traité, qui normalise les relations entre les deux pays, suscite une vive agitation, en particulier chez les étudiants. Au début de cette même année, la Corée envoie un premier contingent de 2 000 hommes au Viêt Nam du Sud.
Mais, à l'intérieur, les difficultés s'accroissent. Un nouveau parti démocrate est créé le 7 février 1967, qui a pour leader Yun Po-son. Le gouvernement procède à l'arrestation arbitraire d'une centaine de membres de l'opposition. En mai 1967, Park Chung-hee est pourtant réélu à la présidence de la République avec une confortable majorité. Les élections législatives suivantes assurent à son parti les trois quarts des sièges à la Chambre des représentants. Les fraudes, lors de ces élections, suscitent une vive agitation qui incite le président à exclure du parti gouvernemental plusieurs députés irrégulièrement élus. En novembre 1967 a lieu le procès d'opposants qui ont été enlevés par les services secrets sud-coréens en juin dans plusieurs pays étrangers, en particulier en Allemagne de l'Ouest et en France, ce qui soulève des difficultés avec ces deux pays. Le 14 septembre 1969, le président Park Chung-hee fait adopter par le Parlement, en l'absence de l'opposition, un amendement constitutionnel lui permettant de solliciter un troisième mandat présidentiel. Un référendum (17 octobre 1969) consacre sa victoire. Le 27 avril 1971, il est réélu à la présidence de la République malgré la campagne de Kim Dae-jung, principal candidat de l'opposition. Un mois plus tard, son parti remporte les élections législatives. Bien que Park Chung-hee décrète, le 6 décembre 1971, l'état d'urgence pour prévenir une invasion nordiste et repousse, en janvier 1972, un traité de paix, les négociations avec Pyongyang se poursuivent et aboutissent, le 4 juillet 1972, à un accord qui met fin à l'état de belligérance. Interrompues par la suite à plusieurs reprises, ces négociations n'auront guère de résultats concrets. Le 17 octobre 1972, le président Park proclame la loi martiale pour réformer les structures politiques, suspend la Constitution, dissout l'Assemblée nationale et interdit les activités des partis politiques. Une nouvelle Constitution, dite « du renouveau », qui accorde au président un pouvoir considérable et lui permet de créer une Conférence nationale pour la réunification placée au-dessus du Parlement, est massivement approuvée par référendum le 21 novembre 1972. La nouvelle Assemblée nationale, dominée par le parti républicain du Peuple, tient sa séance d'ouverture le 12 mars 1973. Kim Jong-pil est élu Premier ministre. Face au développement de l'opposition, le gouvernement engage à partir de janvier 1974 une politique de répression (multiplication des procès politiques, publication de décrets d'exception, arrestation de Kim Dae-jung au Japon). En février 1975, le président Park organise un référendum destiné à cautionner sa politique. Les élections de 1978 lui confient un nouveau mandat. Cependant, la « démocratie dirigée » devient de plus en plus pesante à une population dont la liberté est limitée au nom du développement économique, par ailleurs remarquable à bien des égards, et de la lutte anticommuniste. Park Chung-hee est assassiné le 26 octobre 1979 par Kim Chae-kyu, directeur du service central de renseignements.
La lente libéralisation du régime, dans un contexte de crise

Choe Kyu-ha, qui avait remplacé Kim Jong-pil comme Premier ministre (décembre 1975), est élu président de la République (décembre 1979).
L'assassinat de Park Chung-hee confirme que, en 1979, malgré un décollage économique qui durait depuis près de deux décennies et qui avait permis la naissance d'une classe moyenne désireuse de libertés et de garanties contre l'arbitraire, les vieux démons habitent toujours les sphères du pouvoir, accaparé par des politiciens et des militaires corrompus, entourés de leurs clients et de leurs hommes de main. En mai 1980, à Kwangju, des manifestations d'étudiants pour la démocratie sont écrasées dans le sang par l'armée et la police politique du président Choe Kyu-ha. Sous la présidence du général Chun Doo-hwan, élu en août 1980, puis du général Roh Tae-woo – le premier à être élu au suffrage universel, en décembre 1987, avec 36,6 % des voix –, une évolution s'amorce. Elle se précise, en 1990, avec la création d'un parti démocrate-libéral, inspiré du modèle japonais, qui unit Roh Tae-woo à l'opposant de toujours aux militaires, Kim Young-sam, et au centriste Kim Jong-pil, hommes proches des milieux d'affaires et des Japonais. La signature en 1991 d'un pacte de non-agression et de réconciliation entre les deux Corées, dans la foulée de leur admission à l'ONU, est toutefois suivie d'une détérioration de leurs relations dès l'année suivante. En 1992, Kim Young-sam devient président de la République. Il cherche à mettre en pratique, en 1993, son programme électoral de démocratisation et d'épuration : 3 000 politiciens sont traduits en justice ; les deux anciens présidents Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo sont envoyés en prison pour malversations – ce dernier reconnaissant avoir détourné 650 millions de dollars pendant son mandat. Cependant, le président Kim Young-sam est lui aussi éclaboussé par le scandale. Un nouveau président, Kim Dae-jung, autre opposant de toujours aux militaires, est élu en décembre 1997 sur un programme de lutte contre la corruption. Il est aussitôt confronté à la crise asiatique et doit faire face aux tensions sociales aiguës et à la résistance des chaebols aux démantèlements sectoriels. Malgré sa forte progression, le parti démocrate du Millénaire (PDM) – le parti du président – est devancé, aux élections législatives de 2000, par le principal parti d'opposition, le grand parti de la Nation (GPN), ce qui le contraint à trouver des alliés pour la formation d'un nouveau gouvernement.
Les tentatives de rapprochement avec la Corée du Nord

Délégations nord- et sud-coréennes, J.O. de Sydney, 2000Délégations nord- et sud-coréennes, J.O. de Sydney, 2000
Kim Dae-jung met en œuvre une politique de réconciliation et de coopération avec la Corée du Nord, dont le résultat le plus remarquable est une rencontre au sommet organisée à Pyongyang en juillet 2000, au terme de laquelle apparaît, pour la première fois depuis 1953, une réelle perspective de réunification de la péninsule. Les efforts de Kim Dae-jung, ainsi que son action en faveur de la démocratie et des droits de l'homme dans son propre pays, sont récompensés, la même année, par le prix Nobel de la paix. Mais l'arrivée au pouvoir, début 2001, de George Walker Bush, partisan d'une attitude de fermeté vis-à-vis de Pyongyang, et, surtout, l'immobilisme du Nord-Coréen Kim Jong-il mettent un coup d'arrêt au processus, diversement entravé. En septembre, l'opposition, soutenue par l'Union libérale démocrate – pourtant partenaire de la coalition gouvernementale – vote une motion de censure à l'encontre du ministre de la Réunification, Lim Dong-won, le principal artisan de la politique de réconciliation, provoquant une démission en bloc des ministres du gouvernement. La défaite du PDM aux élections partielles d'octobre 2001 entraîne la démission de Kim Dae-jung de sa présidence. Les nouvelles mesures de sécurité prises par Séoul après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis provoquent un nouveau raidissement de Pyongyang, qui y voit une menace potentielle. Enfin, la rhétorique belliqueuse de G. W. Bush, qui, après avoir stigmatisé la RPDC en la traitant d'« État voyou », inclut celle-ci dans un « axe du Mal » (discours sur l'état de l'Union de janvier 2002), ne contribue guère à l'apaisement dans la péninsule.
L'élection présidentielle du 19 décembre 2002 – qui se déroule dans un contexte régional très tendu à la suite de la décision de la Corée du Nord de relancer son programme nucléaire – est remportée par le candidat du PDM, Roh Moo-hyun (48,9 % des voix). Cet ancien avocat, défenseur des droits de l'homme, se montre soucieux de promouvoir une meilleure justice sociale. Mais après une courte période de grâce et malgré une réelle volonté de réforme, le président ne parvient pas à mettre en œuvre les mesures nécessaires, combattues par l'opposition majoritaire à l'Assemblée. Fragilisé par les scandales touchant certains de ses proches collaborateurs et par une chute de sa cote de popularité, isolé sur la scène parlementaire à la suite d'une scission du PDM (qu'il a lui-même quitté en septembre), Roh Moo-hyun est destitué le 12 mars 2004 par le Parlement pour « infraction à la loi électorale » : ayant rallié le GPN à son offensive, le PDM accuse le chef de l'État d'avoir apporté son soutien en période électorale au nouveau parti progressiste Uri, formé en 2003 de dissidents du PDM. Dans l'attente d'une décision de la Cour constitutionnelle, le président est remplacé par le Premier ministre Goh Kun ; ses partisans organisent des manifestations de protestation et qualifient cette destitution de « coup d'État ». Les élections législatives du 15 avril sont remportées par le parti Uri, qui, avec 152 députés sur 299, détient la majorité absolue ; le GPN n'a plus que 121 sièges, tandis que le PDM, passant de 61 sièges à 9, est laminé ; le parti démocrate du Travail, une petite formation de gauche, obtient 10 sièges et devient la troisième formation politique du pays. Le 14 mai, Roh Moo-hyun est rétabli dans ses fonctions de chef de l'État par la Cour consitutionnelle. En avril 2006, la nomination d'une femme à la tête du gouvernement – une première dans l'histoire du pays – ne parvient pas à enrayer le déclin du soutien au président. En proie à de fortes tensions internes entraînant plusieurs défections dans ses rangs, le parti Uri perd la majorité à l'Assemblée aux élections locales de mai ; la mise en œuvre des réformes est compromise.
Sur le plan extérieur, Roh Moo-hyun poursuit la politique de rapprochement avec la Corée du Nord initiée par son prédécesseur, Kim Dae-jung. Baptisée « politique de paix et de prospérité », elle se traduit par de réelles avancées telles qu'une aide humanitaire bilatérale, la création de la zone industrielle de Kaesong (Corée du Nord) rassemblant travailleurs Nord- et Sud-coréens (2003), l'établissement d'une ligne téléphonique directe entre les deux pays ou encore la célébration conjointe de leur libération de la colonisation japonaise (août 2005). Séoul lie, notamment, tout nouveau projet de coopération à des progrès dans le processus de règlement de la crise nucléaire nord-coréenne engagé depuis août 2003 à l'initiative de la Chine et réunissant, outre les deux Corées, les États-Unis, la Russie, le Japon et la Chine. Condamné par la résolution 1718 du Conseil de sécurité de l'ONU, l'essai nucléaire nord-coréen du 9 octobre 2006 porte un coup sérieux la politique de réconcilation intercoréenne. Séoul se résout à sanctionner son voisin du Nord. Simultanément, la nomination de Ban Ki-moon, un des artisans de l'ouverture à la Corée du Nord, au poste de secrétaire général de l'ONU, apparaît comme un signe de bonne augure. Accueillant favorablement l'accord conclu le 13 février 2007 dans le cadre des « pourparlers à six » et par lequel Pyongyang s'engage à désactiver son programme nucléaire (notamment sa centrale de Yongbyon), Séoul reprend son aide, énergétique et humanitaire.
Les relations avec les États-Unis, l'allié historique, connaissent des tensions. Outre les divergences profondes entre Washington et Séoul vis-à-vis de Pyongyang, se fait jour le désir d'une plus large autonomie de décision de la part du gouvernement sud-coréen. Celui-ci s’emploie, notamment, à conclure des négociations sur la récupération du commandement militaire sur les troupes américaines basées en Corée du Sud en cas de guerre dans la péninsule. De leur côté, les États-Unis procèdent au retrait partiel et planifié de leurs troupes. Les relations avec le Japon pâtissent de la résurgence de différends hérités du passé : la revendication de part et d'autre des îles Tokdo, la mise à jour de manuels scolaires nippons édulcorant les violences infligées aux Coréens durant l'occupation japonaise ou encore les pèlerinages répétés du Premier ministre Junichiro Koizumi au sanctuaire de Yasukuni, où sont honorés des criminels de guerre.
Pour en savoir plus, voir l'article histoire du Japon.
L'alternance politique

Lee Myung-bakLee Myung-bak
La nette victoire du candidat du GPN, Lee Myung-bak, élu le 19 décembre 2007 à la présidence de la République avec 48,7 % des suffrages devant Chung Dong-young (26,1 %) du parti Uri, traduit, après dix années de pouvoir exercé par le centre gauche, l'aspiration de la population à une alternance politique. Conforté par la victoire de son parti, qui obtient la majorité absolue aux élections législatives du 9 avril 2008, cet ancien P-DG de Hyundai entré en politique en 1992, dispose des moyens de mettre en œuvre le virage à droite auquel il s'est engagé avec pour objectifs le redressement d'une économie affectée par un taux élevé de jeunes chômeurs, un resserrement des liens avec les États-Unis et un durcissement à l'égard de la Corée du Nord.
Les premières décisions du nouveau chef de l'État, et notamment la réouverture du marché sud-coréen aux importations de viande de bœuf américain (suspendues en 2003 à la suite de l'apparition de plusieurs cas de maladie de la vache folle) provoquent, en mai, une vague de protestations dans tout le pays, et le 10 juin, la démission en bloc du gouvernement de Han Seung-soo qui procède à un remaniement ministériel. Alors que sa popularité est en forte chute, le président doit faire face fin 2008 à la crise économique internationale, qui touche de plein fouet la Corée, victime notamment d'une chute de ses exportations et d'une forte baisse de sa monnaie, et à une crise politique intérieure. En effet, ne disposant que de 87 sièges sur 299 à l'Assemblée, le Parti démocratique (à la tête d’une opposition recomposée après la dissolution du parti Uri) engage un véritable siège de la chambre, occupant notamment le bureau de son président pendant 15 jours, pour tenter d'empêcher l'adoption de 85 mesures, parmi lesquelles figurent la ratification du traité de libre-échange avec les États-Unis, l'interdiction des plaintes collectives ou la décision de recourir à la prison ferme pour les internautes reconnus coupables de diffamation. En août 2010, après le bref intermède du Premier ministre Chung Un-chan (septembre 2009-juillet 2010) et un revers du GPN aux élections locales en juin (conforté toutefois à l’Assemblée à la suite d’élections partielles), un remaniement gouvernemental d’envergure est décidé par le président Lee mais 3 titulaires, dont le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, ne présentant pas les garanties d’intégrité exigées sont écartés lors des auditions parlementaires. C’est finalement Kim Hwang-sik, président de la Cour de Comptes et ancien juge de la Cour Suprême qui prend la tête du gouvernement en octobre après avoir obtenu l’approbation de l’Assemblée nationale.
À l’issue des élections législatives d’avril 2012 remportées de justesse par le GPN (rebaptisé parti de la Nouvelle Frontière), alors que l’opposition menée par le parti démocratique unifié progresse de 46 sièges, le Premier ministre sortant est reconduit dans ses fonctions. L’une des premières mesures du gouvernement est la mise en application de l’accord de libre échange signé en mars avec les États-Unis tandis qu’une libéralisation des échanges avec la Chine et le Japon est également prônée.
Sur le plan international, la situation se tend entre la Corée du Sud et ses voisins japonais et coréen du Nord. Ainsi, en juillet 2008, ripostant à la recommandation du ministère japonais de l'Éducation de mentionner dans les manuels scolaires comme faisant parties du territoire nippon les îles – baptisées Takeshima au Japon, Dokdo en Corée du Sud –, la Corée du Sud rappelle son ambassadeur à Tokyo et annonce vouloir renoncer au principe d'une « diplomatie apaisée » avec son voisin. Vis-à-vis de la Corée du Nord, l'arrivée au pouvoir de Lee Myung-bak se traduit par l'arrêt de la politique de rapprochement menée par ses prédécesseurs de centre gauche, avec la nomination d'un partisan de la ligne dure, Hyun In-taek, au poste de ministre de l'Unification. En réaction, la Corée du Nord annonce en janvier 2009 qu'elle met fin à tous les accords passés avec la Corée du Sud, en 2000 et 2007, et au pacte de non-agression et de réconciliation de 1991. En 2010, les relations entre les deux pays se détériorent encore à la suite du torpillage (en mars) d’un navire de guerre sud-coréen par un sous-marin nord-coréen, une « attaque » niée par Pyongyang mais condamnée à l’unanimité – sans être attribuée officiellement à la Corée du Nord – par le Conseil de sécurité de l’ONU.
La mort de Kim Jong-il en décembre 2011 et l’accession au pouvoir de son fils Kim Jong-un ouvre une nouvelle phase très incertaine dans les relations intercoréennes. Après une tentative ratée en avril 2012, le lancement réussi d’un satellite nord-coréen en décembre – qui serait en fait un essai de tir déguisé de missile balistique intercontinental – puis l’annonce triomphale d’un troisième test nucléaire le 12 février 2013, ravivent les tensions entre les deux pays.
C’est dans ce contexte que Park Geun-hye, fille de l’ancien président Park Chung-hee et candidate du parti de la Nouvelle Frontière, est élue à la présidence de la République avec 51,6 % des voix devant Moon Jae-in du parti démocratique unifié. Première femme à accéder à ce poste, la présidente entre en fonctions le 25 février et nomme Chung Hong-won, ancien procureur de la République, à la tête du gouvernement.

 

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BASILIQUE SAINTE-SOPHIE DE CONSTANTINOPLE

 


BASILIQUE SAINTE-SOPHIE DE CONSTANTINOPLE

HISTOIRE


Les aléas de la postérité
L'ARCHITECTURE
L'extérieur
L'espace intérieur
Le décor
basilique Sainte-Sophie de Constantinople
Sainte-Sophie, Istanbul
Ancienne basilique de Constantinople, construite entre 532 et 548, transformée en mosquée après la prise de la ville par les Ottomans en 1453, et devenue musée (musée de l'Aya Sofya) depuis 1934.
HISTOIRE

Sainte-Sophie, IstanbulSainte-Sophie, Istanbul
C'est en l'année 325, la vingtième de son règne, que l'empereur Constantin fit élever la première basilique, consacrée non pas comme on le croit parfois à une sainte du nom de Sophie, mais à la Sagesse Divine (en grec : Haghia Sophia), sur un emplacement où, du temps où la ville grecque s'appelait encore Byzance, s'élevaient des temples païens. Son fils Constance la fit agrandir et l'Haghia Sophia devint l'église épiscopale de Constantinople. En 404, sous l'empereur Arcadius, elle fut incendiée en partie au cours d'une émeute suscitée par l'exil de saint Jean Chrysostome. Rebâtie en 415 par Théodose II, la basilique fut brûlée une seconde fois en 532 lors de la grande sédition Nika (ou insurrection des Victoriats), causée par des rivalités du Cirque, la cinquième année du règne de Justinien Ier.
C'est à ce dernier empereur que nous devons l'édifice qui existe encore aujourd'hui. Il voulut que le sanctuaire de sa capitale fût le monument le plus magnifique que l'on eût vu depuis la fondation de la ville : aussi fit-il recueillir dans toutes les provinces de l'empire les matériaux les plus précieux, les marbres les plus rares, les colonnes les plus fines des temples les plus renommés. C'est ainsi qu'il reçut d'Éphèse huit colonnes de brèche verte provenant probablement du célèbre temple de Diane, et de Rome huit colonnes de porphyre enlevées autrefois par l'empereur Aurélien au temple de Jupiter Héliopolitain à Baalbek. Les temples grecs d'Athènes, de Délos, de Cyzique, ceux d'Isis et d'Osiris en Égypte, furent aussi mis à contribution.
Deux architectes grecs, Anthémios de Tralles et Isidore de Milet, furent chargés de la direction des travaux, mais on fit courir la légende que l'empereur avait reçu d'un ange le plan de l'édifice et l'argent nécessaire à sa construction. Justinien voulut en jeter les fondations en personne.
Une vaste esplanade, recouverte d'une sorte de ciment formant une couche de vingt pieds d'épaisseur, et qui finit par acquérir la dureté du béton, servit d'assise à la construction. Les murs furent élevés en briques, mais on bâtit les piliers en grandes pierres calcaires qui furent reliées par des crampons de fer, ainsi que des tables de marbre dont tous les murs intérieurs furent revêtus. Dix mille ouvriers conduits par cent maîtres maçons étaient employés à la fois sur le chantier. À toute heure, l'empereur venait surveiller les travaux et récompenser les plus zélés.
Pour la construction du dôme, Justinien fit confectionner à Rhodes des briques d'une terre si légère que douze d'entre elles ne pesaient pas plus qu'une brique ordinaire ; elles portaient l'inscription suivante : « C'est Dieu qui l'a fondé, Dieu lui portera secours. » On les disposa en assises régulières ; de douze en douze assises, on y maçonnait des reliques, et le clergé disait des prières.
Le temple fut décoré avec splendeur, et les sommes immenses dépensées réduisirent l'empereur aux expédients les plus coupables pour se procurer de l'argent. Enfin le monument fut achevé en 548. L'empereur procéda à l'inauguration avec magnificence. Après une marche triomphale sur l'Hippodrome, il se rendit à la basilique et s'écria : « Gloire à Dieu qui m'a jugé digne d'accomplir cet ouvrage ; je t'ai surpassé ô Salomon ! » Les prières, les festins publics et les distributions d'aumônes durèrent quatorze jours.
Les aléas de la postérité

La coupole, bâtie avec trop de hardiesse, s'écroula en 558/559 sous l'effet d'un tremblement de terre. L'architecte Isidore le Jeune fut chargé de la reconstruire. Il diminua son diamètre et renforça les piliers en leur accolant extérieurement de fortes murailles. En 975, sous les empereurs Basile II et Constantin IX, une nouvelle restauration fut nécessaire. En 1347, un séisme endommagea la coupole qui dut être à nouveau restaurée sous la direction des architectes Astaros, Faciolatus et Giovanni Peralta ; les travaux durèrent jusqu'en 1354. En 1371, un nouveau tremblement de terre renversa la croix.

Sainte-Sophie à ConstantinopleSainte-Sophie à Constantinople
Le 29 mai 1453, le soir même de la prise de Constantinople, le sultan Mehmet II se rendit à Sainte-Sophie et donna l'ordre de la transformer en mosquée. Le 1er juin, il y faisait sa prière. Il fit construire un minaret et les deux contreforts qui soutiennent l'édifice au sud-est. Bayazid fit ériger le minaret du nord-est, et le sultan Sélim II, ceux de l'ouest ainsi que de nouveaux murs de soutènement. Les sultans firent de nombreuses donations pour enrichir le sanctuaire : Süleyman Ier (Soliman le Magnifique) offrit deux candélabres qui flanquent le mihrab. Ahmet Ier donna à la loge impériale son aspect actuel et fit suspendre le candélabre qui pend sous la grande coupole. Les inscriptions des cartouches furent l d'un célèbre calligraphe du xviie siècle. Au xviiie siècle, on fit disparaître les mosaïques byzantines sous un épais badigeon, mais en 1847 le sultan Abdülmeçit confia à l'architecte Fossati le soin de restaurer l'édifice, et quelques mosaïques furent alors dégagées. Jusqu'en 1934, Sainte-Sophie, l'Aya Sofya servit ainsi de mosquée. À cette date, Atatürk la fit transformer en musée.
L'ARCHITECTURE

L'extérieur

De l'extérieur, il est très difficile de reconnaître le plan primitif de la basilique. Des contreforts massifs, ajoutés pour étayer l'édifice ébranlé par les tremblements de terre successifs, ainsi que plusieurs constructions postérieures adossées aux murs de la basilique, en masquent l'architecture et alourdissent les formes.
Seuls, les quatre minarets édifiés au xve siècle (lors de la transformation de l'église en mosquée) aux angles de l'édifice allègent quelque peu son aspect extérieur. Celui du nord-est, attribué à Bayazid, est cannelé. Celui du sud-est, assigné à Mehmet Fatih, est polygonal, à facettes planes. Les deux minarets de l'ouest, érigés par Sélim II, sont polygonaux, à nervures saillantes sur les arêtes. La coupole, aujourd'hui surmontée d'un immense croissant, est soutenue par des murs dont les assises sont alternativement blanches et roses.
L'espace intérieur

L'intérieur de l'église, en revanche, est un chef-d'œuvre de légèreté. La lumière y pénètre de toutes parts par sept étages de baies. La base de la coupole, elle-même percée d'une couronne de 40 fenêtres, et flanquée à l'est et à l'ouest de deux demi-coupoles, est soutenue par quatre pendentifs, qui reposent sur des piliers massifs et permettent de passer du plan carré au plan circulaire. Cette coupole de brique de 31 m de diamètre et dont la clé est placée à 55 m du sol, prend appui sur quatre gigantesques piliers et sur les arcs de tête des deux demi-coupoles, par l'intermédiaire de quatre pendentifs imposant un plan circulaire au plan carré délimité par les quatre piliers ; au sol, le sanctuaire se présente intérieurement comme un rectangle de 77 m de long sur 71,20 m de large, partagé en trois travées. La nef centrale est surplombée à l'est et à l'ouest par deux demi-coupoles, dont celle placée à l'est crée une abside en cul-de-four, elle-même prolongée par une absidiole. Ces demi-coupoles, qui flanquent la coupole centrale, sont elles-mêmes flanquées de petites coupoles (une succession de voûtements en cascade que reprendront les architectes ottomans, et notamment Sinan, au xvie s.). Les travées latérales sont surmontées, ainsi que le double narthex permettant d'accéder à la nef, d'une galerie (gynécée) à colonnes de marbre vert.
Au fond de l'abside, le mihrab n'est pas exactement placé dans l'axe de la basilique, mais au contraire désaxé pour indiquer la direction de La Mecque.
Le décor

Jean II ComnèneJean II Comnène
La riche décoration intérieure se signale par une luxuriante polychromie : marbres de couleurs et mosaïques à fond d'or ; les plus justement célèbres sont, entre autres, celles ornant le tympan de la porte ouvrant sur le narthex (la Madone trônant avec l'Enfant ; à ses côtés, Constantin Ier lui offre symboliquement la ville de Constantinople, tandis que Justinien lui présente une maquette de Sainte-Sophie), celle au-dessus du tympan de la Porte Royale (le Christ trônant), et, dans la tribune sud, une superbe Déisis. Les mosaïques ont été dégagées de l'enduit noir qui les recouvrait lorsque l'édifice était une mosquée. Période dont témoigne encore, dans cet édifice dont Mustapha Kemal fit un musée en 1934, quatre grand disques noir, accrochés à la hauteur de la première galerie, portant les calligraphies en or des noms d'Allah, de Mahomet, et des compagnons du Prophète, Abou Bakr, Othman, Hossein, Hassan, Ali et Omar.

 

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