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ARMES ANTIQUES ...

 

Paris, 10 mars 2016
Découverte d'armes antiques inédites en Arabie

Un ensemble exceptionnel d'armes en bronze datant de l'âge du fer II (900-600 av. J.-C.) a été mis au jour près d'Adam, au Sultanat d'Oman. Ces vestiges ont été découverts éparpillés sur le sol, dans un bâtiment appartenant à un complexe a priori cultuel, lors de fouilles menées par la mission archéologique française en Oman central. Ils comprennent en particulier deux carquois complets et des armes métalliques, parmi lesquelles cinq arcs. Des objets pour la plupart non fonctionnels et inédits en Arabie. Seule la poursuite des recherches archéologiques, débutées en 2011 dans cette zone, permettra de mieux connaître le système politique, les pratiques sociales et les rituels existant en Arabie à cette époque. Dirigées par Guillaume Gernez du laboratoire Archéologies et sciences de l'Antiquité (CNRS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Université Paris Ouest Nanterre La Défense), ces fouilles ont également impliqué le laboratoire Archéorient (CNRS / Université Lyon 2). Elles ont bénéficié notamment du soutien du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international ainsi que du ministère omanais du Patrimoine et de la Culture.
La région d'Adam se situe à la frontière des oasis et des espaces désertiques d'Oman. Elle était totalement inexplorée du point de vue archéologique avant que la mission archéologique française en Oman central (anciennement mission archéologique française d'Adam), dirigée depuis 2011 par Guillaume Gernez1, n'y effectue ses premières prospections en 2007. Découvert en 2009, le site dénommé Mudhmar Est est constitué de deux bâtiments principaux et de quelques aménagements annexes. Il est localisé au pied du Jabal Mudhmar, à proximité de l'une des plus grandes vallées omanaises et au carrefour stratégique de plusieurs routes commerciales.

Long de 15 mètres, le plus grand des deux bâtiments, qui repose sur le flanc du Jabal Mudhmar, est constitué de blocs en grès taillés et de briques faites de terre. C'est au sein de cet édifice, dans une petite salle apparemment dépourvue de porte, que l'équipe vient de mettre au jour un ensemble exceptionnel d'armes en bronze. Datés de l'âge du fer II (900-600 av. J.-C.), ces objets semblent être tombés des meubles ou des étagères qui les supportaient. Autre hypothèse, ils étaient accrochés aux murs de la pièce.

Au sein de cet ensemble, deux groupes particulièrement remarquables se distinguent. Le premier est formé de deux petits carquois intégralement en bronze, y compris les six flèches contenues à l'intérieur de chacun d'eux. D'après leurs dimensions (35 cm), il s'agit de modèles réduits imitant des originaux en matériau périssable (cuir), qui ne sont habituellement pas retrouvés lors de fouilles archéologiques. Le fait qu'ils soient ici en métal sous-entend qu'íls n'étaient pas fonctionnels. De tels carquois n'ont jamais été retrouvés en Arabie et sont rarissimes ailleurs.

Le deuxième groupe comprend des armes métalliques, pour la plupart non utilitaires (d'après leurs dimensions légèrement réduites, la matière qui les compose, et/ou leur absence de finition). Il s'agit de cinq haches de combat, de cinq poignards à pommeau en forme de croissant caractéristiques de l'âge du fer II, d'une cinquantaine de pointes de flèches et de cinq arcs complets. Ces derniers sont formés d'une branche courbée plate, infléchie au niveau des deux extrémités, entre lesquelles est tendue une corde en bronze. La dimension de ces arcs (70 cm en moyenne) et surtout la matière utilisée indiquent qu'il s'agit d'imitations d'arcs en matériaux périssables (bois, tendons). De tels objets sont totalement inédits : aucun arc en métal n'était connu en Arabie ou au Moyen-Orient jusqu'à présent.

Cette découverte exceptionnelle apporte de nouvelles données sur l'armement pendant l'âge du Fer en Arabie orientale et sur les pratiques sociales à l'époque. Le caractère non utilitaire de la plupart des armes pourrait indiquer qu'elles ont été conçues pour être offertes à une divinité guerrière, et/ou comme élément-clé de pratiques sociales que les archéologues ignorent encore. La première hypothèse est confortée par la présence, dans le deuxième bâtiment du site, de quelques fragments d'encensoirs en céramique et de petits serpents en bronze, autant d'éléments souvent associés à des pratiques rituelles à cette période. Les fouilles à venir devraient permettre de mieux cerner la fonction du complexe, qui intrigue les archéologues.

Cet ensemble d'armes a été constitué au cours d'une période d'intensification de la production métallurgique observée en Arabie orientale à l'âge du Fer. Cette évolution économique et technique s'est accompagnée d'une complexification sociale attestée par la multiplication des sites fortifiés et de l'architecture monumentale. Cependant, au sein de cette société sans écriture, connaître le système politique et la structure sociale demeure une tâche ardue. La poursuite de l'exploration archéologique de ce site et de son environnement immédiat, ainsi que de la région centrale d'Oman s'avère ainsi essentielle pour reconstruire l'aube de l'Histoire en Arabie.


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IRAN - HISTOIRE

 

Iran : histoire

1. Les migrations et l'arrivée des Aryens (jusqu'au viie siècle avant J.-C.)

1.1. Les Aryens

Vers la fin du IIIer millénaire avant J.-C., l'aridité croissante ruine un certain nombre d'oasis et de cités, puis l'effondrement de la civilisation de l'Indus (xviiie siècle avant J.-C.) amène une diminution du grand commerce dans l'est de l'Iran. Mais la culture iranienne bénéficie des apports des populations caractérisées par leur poterie grise et en qui on voit généralement les Aryens.
Au cours du IIe millénaire avant J.-C., les nouveaux venus progressent du nord-est vers l'ouest de l'Iran, où apparaissent de brillantes cultures régionales qui mêlent la tradition indigène, les techniques de la Mésopotamie et l'apport des aristocraties guerrières venues du nord-est. Les réalisations les plus brillantes sont celles de l'art d'Amlach ou de Marlik (à partir du xive siècle avant J.-C., dans l'actuel Gilan), puis de Hasanlu (en Azerbaïdjan) et du Lorestan. Les maîtres des districts de l'Iran se font bâtir des forteresses et adoptent l'équitation, qui accroît leur puissance guerrière.
1.2. Première mention des Perses et des Mèdes

L'identité de ces conquérants n'est révélée qu'au ixe siècle avant J.-C., lorsque les Assyriens signalent, pour la première fois, les Perses et les Mèdes, qui atteignent alors le rebord occidental du Zagros, au milieu de populations qui vont bientôt adopter les langues des nouveaux venus. Morcelés en petits royaumes, les Mèdes et les Perses subissent la domination ou les exactions de l'Assyrie, de l'Élam ou des Scythes installés dans le Zagros.
2. L'Empire mède (612-550 avant J.-C.)

L'Assyrie, qui a détruit l'Élam (vers 646 avant J.-C.), s'effondre à son tour (612 avant J.-C.) sous les coups de la coalition des Babyloniens et des Mèdes. Le roi de ces derniers, Cyaxare, auteur ou bénéficiaire de l'unification du peuple mède, étend alors son empire à l'ouest, jusqu'à l'Halys, mais nous ne savons rien sur l'étendue de sa domination en Iran.
3. L'Empire perse de la dynastie achéménide (550-330 avant J.-C.)

3.1. Les Achéménides

L'Empire mède tombe intégralement aux mains du roi perse achéménide Cyrus II lorsqu'il vainc et capture le roi des Mèdes, Astyage (vers 550 avant J.-C.). Les Achéménides vont dominer tout l'Iran géographique et déborder même sur l'Asie centrale, où ils trouveront des populations parlant des langues du groupe aryen, les Bactriens et les Sogdiens, qui s'intégreront alors à l'ensemble iranien, les Chorasmiens et les Sakas, qui seront moins marqués par la domination perse.


Cambyse II (530-522 avant J.-C.) s'empare de l'Égypte ; Darios Ier (522-486 avant J.-C.) porte les frontières de l'empire au fleuve Iaxarte (aujourd'hui Syr-Daria), à l'Indus et au Danube.
3.2. Les guerres médiques

Mais les Athéniens l'emportent sur l'armée perse, lors de la première guerre médique (→ Marathon, 490 avant J.-C.) et, dans la seconde guerre médique, l'expédition, dirigée par Xerxès Ier (roi de 486 à 465 avant J.-C.), est vaincue à Salamine (480 avant J.-C.) et à Platées (479 avant J.-C.). Ces défaites marquent les limites de la puissance achéménide, qui ira peu à peu s'amenuisant sous les successeurs de Xerxès Ier.
L'Iran est la partie la plus étendue de l'Empire achéménide et celle qui fournit les meilleures troupes et les cadres de l'administration et de l'armée. Mais à l'est de la Médie et de la Perside (pays perse) il n'y a que des régions pauvres en villes et qui semblent encore ignorer l'écriture.
Pour en savoir plus, voir l'article Achéménides
4. La domination gréco-macédonienne (ive-iie siècle avant J.-C.)

Les satrapies de l'Iran oriental manifestent leur esprit belliqueux lors de l'expédition d'Alexandre qui est arrêté quatre ans (330-327 avant J.-C.) par leur résistance ou leurs révoltes. Mais le conquérant macédonien a l'habileté de faire appel à la noblesse guerrière de l'Iran tout entier pour administrer ces régions et renforcer son armée.
Sa politique est reprise, semble-t-il, par les premiers rois de la dynastie macédonienne des Séleucides, qui, depuis 309 avant J.-C., domine l'Iran : comme Alexandre, ils multiplient les fondations de villes à statut de cité grecque autonome et à décor grec, où la noblesse iranienne vient s'helléniser sans perdre ses qualités guerrières.
Mais la royauté séleucide, dont le domaine s'étire sur 4 000 km d'ouest en est, et qui se préoccupe en priorité de sa façade méditerranéenne, néglige l'Iran, où des dissidences se produisent à partir du iiie siècle avant J.-C. : ainsi en Médie Atropatène (Azerbaïdjan) et en Perside, où des dynasties perses s'appuient sur la religion mazdéenne et le souvenir des Achéménides, dans l'Élymaïde, qui garde une part de la tradition élamite, en Bactriane, où, pour résister aux peuples de la Grande Steppe, des rois grecs constituent un puissant État (vers 239 avant J.-C.).
À la même époque, un peuple scythe, qui prend le nom de Parthes de la Parthiène (ou Parthie, aujourd'hui Khorasan), où il s'installe, y forme, sous la dynastie des Arsacides, un royaume indépendant. Lors de sa grande expédition (212-204 avant J.-C.), le Séleucide Antiochos III doit se contenter de faire reconnaître sa souveraineté par les rois des Parthes et de Bactriane.
5. La domination parthe (iie siècle avant J.-C.-iiie siècle après J.-C.)

Les tentatives des Séleucides pour établir leur souveraineté sur les rois et dynastes locaux ne donnent que des résultats éphémères. Au milieu du iie siècle avant J.-C., l'Arsacide Mithridate Ier met la main sur la majeure partie de l'Iran et transforme la domination de sa horde en un véritable État conçu sur le modèle hellénistique.
Mais dans cet empire, l'hellénisation ne progresse plus guère, l'iranisme reprend le dessus et les principautés locales abondent. Cependant, si les Parthes ont dû abandonner l'extrémité orientale de l'Iran aux Tokhariens, maîtres de la Bactriane et de la vallée de l'Indus, ils ont étendu leur domination à la Mésopotamie, à partir de laquelle ils tenteront plus d'une fois de rééditer l'expansion achéménide vers l'ouest.
L'évolution politique et culturelle n'influe guère sur la civilisation matérielle. Malgré l'importance du commerce qui traverse l'Iran (dès l'époque parthe, au moins, la soie de Chine s'ajoute aux denrées traditionnelles), les villes et les monuments restent, en gros, cantonnés dans l'ouest de l'Iran. Les Séleucides se contentent de changer les noms des cités, et les Parthes placent leurs capitales de préférence en Mésopotamie.
6. L'Iran sassanide (224-651 après J.-C.)

6.1. Des Parthes Arsacides aux Perses Sassanides : une transition en douceur

L'époque sassanide
Comme les Achéménides, les Sassanides savent profiter de l'expérience de leurs devanciers, qu'ils n'écartent pas à tout prix des postes de responsabilité. Il n'y a pas rupture avec le passé, ainsi que l'atteste, tout au long du iiie siècle, la présence de la langue parthe, à côté du moyen perse. La grande inscription du roi Narsès (293-302) est encore rédigée dans les deux dialectes, parthe et moyen perse, et les Parthes y sont cités à de multiples reprises en compagnie des Perses. Aussi bien, dans le passage des Parthes Arsacides aux Perses Sassanides, il n'y a pas eu révolution, mais seulement changement de personnalités et de tendances. Le nouveau parti sait profiter d'une conjoncture exceptionnelle : désagrégation de la monarchie résultant de la sécession des satrapies (province gouvernée par un satrape) et de l'insoumission d'une partie de la noblesse, et faiblesse des Romains. Ainsi s'explique le succès des deux premiers Sassanides, Ardachêr (vers 226-241) et Châhpuhr Ier (241-272), dont les noms, au demeurant, sont parthes.
6.2. L'évolution religieuse : la domination du mazdéisme

Cependant, la Perse de cette époque fait partie d'un monde nouveau depuis que s'est étendu le christianisme, en Mésopotamie particulièrement, et que de nouvelles religions voient le jour en Iran, comme le manichéisme, ou y pénètrent, comme le bouddhisme à l'est, en Asie centrale. Il se produit là un fait nouveau, capital pour l'histoire religieuse de l'Iran : ce foisonnement de religions concurrentes et prétendant à l'universalisme conduira le zoroastrisme, ou mazdéisme, à s'organiser en une religion d'État puissante et hiérarchisée, et à se faire le persécuteur de ces religions étrangères. C'est la fin du monde iranien où la cohabitation des croyances était possible.
6.3. L'évolution culturelle : le passage de la tradition orale à la tradition écrite

Mais, au plan de la culture profane, l'Iran demeure toujours perméable aux apports étrangers. En dépit des persécutions religieuses inaugurées par le grand mage Kirdîr et poursuivies officiellement par l'appareil politico-religieux aux ive et ve siècles, on assiste en Iran, dans le domaine des lettres, à un phénomène d'importance majeure qui a pu se produire très probablement vers la fin de l'époque sassanide, aux vie et viie siècles, mais qui se prolongera bien au-delà dans les siècles suivants. Il s'agit du passage de la culture orale à la culture écrite. On sait, en effet, combien les Iraniens de l'Antiquité croyaient à la force des traditions orales. La rareté des documents historiques ou religieux, jusqu'à la fin de la période sassanide, en est la preuve. L'histoire de la Perse antique ne nous est connue qu'à travers les sources étrangères.
Mais, sous la pression des religions à écritures, et par l'effet du brassage des cultures au cœur même de l'Iran sassanide, qu'il s'agisse de la culture gréco-latine, arménienne, chrétienne (syriaque) ou indienne, les Iraniens, au cours d'une lente évolution, ont compris la nécessité de consigner par écrit leurs traditions, religieuses ou profanes. Ainsi la codification des textes sacrés de l'Avesta et la mise par écrit des commentaires en pahlavi ne se sont faites qu'à cette époque tardive, où les grands Khosrô encourageaient les lettres et les arts, voire plus tard. De même, la rédaction des premières épopées (Livre des Rois) en pahlavi, qui seront utilisées dans la littérature persane naissante, ou des recueils sapientiels (andarz), appartient à cette même époque. Cette transformation a conditionné tout l'avenir de la culture persane islamisée.
7. L'Iran arabe et turc

L'histoire des premiers siècles de l'Iran islamique est particulièrement mal connue. L'islam dut être, lentement, imposé par la force et par les contraintes économiques. La conquête systématique de l'Iran est entreprise sous le règne du deuxième calife Umar (634-644). La première révolte réussie est celle d'Abu Muslim du Khorasan.
7.1. Des Omeyyades aux Abbassides

La politique omeyyade (principe dynastique, domination d'une aristocratie arabe, système fiscal écrasant) avait mécontenté les Iraniens et une partie des Arabes. La révolte aboutit, en 750, à la chute des Omeyyades et à l'accession au trône d'Abu al-Abbas, fondateur de la dynastie abbasside.
Au contraire des Omeyyades de Damas, dont l'empire était centré sur d'anciennes provinces byzantines, les Abbassides de Bagdad subiront l'influence de la civilisation sassanide.
Pour en savoir plus, voir l'article Omeyyades
7.2. Des dynasties indépendantes

Mais, bien qu'ils aient régné nominalement cinq siècles sur Bagdad, les Abbassides n'ont dominé l'Iran que peu de temps, car, dès les premiers signes de faiblesse des califes, après la mort d'Harun al-Rachid en 809, des mouvements séparatistes s'y développent. C'est ainsi que dans l'Iran oriental se succèdent des dynasties indigènes pratiquement indépendantes : Tahirides(820-873), Saffarides (863-902), Samanides enfin (874-vers 999), qui, depuis Boukhara, dominent la Médie et dont l'importance est capitale dans l'histoire de la civilisation iranienne. Dans l'Iran occidental, plus proche de Bagdad, les califes conservent une certaine influence sur une mosaïque de dynasties locales, jusqu'à ce qu'au xe siècle la contrée soit unifiée par les Buwayhides (932-1055), qui seront assez puissants en 945 pour imposer leur suzeraineté aux Abbassides.
7.3. L'influence turque

C'est entre le viiie et le xe siècle que les Turcs sont progressivement islamisés, au contact des Iraniens musulmans avec lesquels ils commercent, et dont les dynasties les plus puissantes leur imposent parfois leur tutelle. À partir de la seconde moitié du xe siècle, la situation commence à se retourner : en 962, une tribu turque s'empare du royaume afghan de Ghazni ; elle se développe rapidement à l'est vers l'Inde, ainsi qu'à l'ouest.
Plus au nord, à la même époque, d'autres Turcs, les Seldjoukides, commencent à s'étendre, et bientôt occupent le Khorasan. Ils rejettent les Ghaznévides vers l'Inde en 1040, détruisent l'État buwayhide, entrent à Bagdad, où le calife les accueille en libérateurs (1055), et battent les Byzantins (→  bataille de Mantzikert, 1071). Après la débâcle byzantine, les Turcs s'engouffrent dans la brèche, et un nouveau royaume de culture turco-iranienne est fondé en Anatolie (Seldjoukides du sultanat de Rum).
Les croisades et la constitution d'États latins en Orient (→  États latins du Levant) provoquent le reflux, puis le déclin des Seldjoukides au profit des forces centrifuges de leur empire. C'est ainsi qu'au nord-est de l'Iran les Turcs iranisés du Kharezm, aidés par les Mongols Kara Kitay, se révoltent et, finalement, écrasent en 1194 les Seldjoukides, qui sont d'autre part rejetés en Asie Mineure par la dynastie ayyubide fondée par Saladin, et devenue la championne de l'islam contre les Francs.
Pour en savoir plus, voir l'article Seldjoukides.
8. L'Iran sous l'occupation des Mongols

8.1. Les Ilkhans

Au début du xiiie siècle, les Mongols de Gengis Khan, ayant écrasé les Kara Kitay, puis le Kharezm à la suite de l'assassinat des 450 marchands qu'il avait envoyés dans ce pays, occupent l'Iran à partir de 1220, détruisent le califat de Bagdad en 1258, mais sont arrêtés deux ans plus tard par les nouveaux sultans mamelouks d'Égypte.
Après la mort de Gengis Khan (1227), la partie centre-occidentale de son empire, de l'Amou-Daria et de l'Afghanistan à la Mésopotamie et à l'Asie Mineure, revient à Hulagu et à ses descendants (1251, en fait 1256-1258 à 1335), les Ilkhans.
Bien que convertie à l'islam à la fin du xiiie siècle, la dynastie des Ilkhans demeure plus subie qu'acceptée ; par ailleurs leur domination a de graves conséquences sociales et économiques : anéantissant villes et villages, ils accélèrent le processus de nomadisation, déjà amorcé depuis l'arrivée des Turcs, et portent ainsi un coup mortel à l'agriculture ; leurs rivalités avec les autres branches des descendants de Gengis Khan et bientôt leurs morcellements les affaiblissent au xive siècle. Le seul État solide est alors celui des Djalayirides, qui tiennent l'Iraq et le sud-ouest de la Perse, tandis qu'une dynastie indigène, celle des Mozaffarides, se rend indépendante au sud du pays.
8.2. Les Timurides et la « Renaissance timuride »

C'est alors qu'apparaît Timur Lang (Tamerlan). En quarante-cinq ans, de 1360 à 1405, il constitue, par la terreur, avec ses hordes turco-mongoles, un immense empire dont le centre est Samarkand, et qui ne lui survivra guère. Refoulés à l'ouest, une dizaine d'années après sa mort, les Timurides ne se maintiendront, en fait, que sur le centre et le nord de l'Iran, tandis que dans l'est diverses tribus luttent d'influence pour dominer l'ensemble du pays.
Si les Turco-Mongols, et spécialement les Timurides, n'ont jamais su bâtir en Perse un État relativement durable, ils ont joué un grand rôle dans l'élaboration d'une civilisation perse musulmane originale par rapport au reste de l'islam en matière littéraire (usage exclusif de la langue nationale dans la documentation) et surtout en matière d'art, par l'introduction de techniques et de thèmes extrême-orientaux. C'est ainsi que l'ornementation et l'enluminure s'ouvrent à un délicat art animalier et à mille représentations de la nature, sans équivalents dans le monde du Coran.
9. Les Séfévides

L'État séfévide
Après la mort de Timur Lang, les tribus turkmènes de l'Azerbaïdjan et de l'Anatolie s'affranchissent du joug timuride et fondent, dès la première moitié du xve siècle, la confédération des Karakoyunlu (« Mouton noir »). Mais, au milieu du xve siècle, Uzun Hasan, chef de la confédération rivale des Akkoyunlu (« Mouton Blanc ») [au nord du lac de Van], supplante le Mouton Noir (1468), impose sa domination à la Perse occidentale, sa sujétion à la Géorgie, et noue des relations avec les Italiens en mer Noire. Il est cependant battu par les Ottomans, qu'il menaçait, et ne peut résister à la montée rapide des Séfévides.
9.1. L'affirmation du chiisme

Depuis le xive siècle, la région d'Ardabil, en Azerbaïdjan, était soumise à des descendants du calife Ali, les Séfévides. À la fin du xve siècle, un de ceux-ci, le chah Ismaïl, élimine les Akkoyunlu, prend le titre de chah de Perse (1501) et constitue un vaste empire, s'étendant, vers 1510, de l'Iraq au Khorasan et de Bakou au golfe Persique, et dont la prospérité est grande (commerce de Tabriz, armes de Chiraz). Comme les Sassanides 1 250 ans avant lui, il s'appuie sur un véritable nationalisme iranien ; ne disposant pas, comme eux, d'une religion spécifiquement perse, il fait du chiisme la religion nationale.
9.2. Le péril ottoman

Mais la prospérité de la Perse, le caractère hérétique de sa religion incitent les Ottomans à attaquer les Séfévides, menacés d'autre part sur leur frontière du Nord-Ouest par les émirats turcomans. Vainqueur à Tchaldiran, Selim Ier enlève le Kurdistan (1514) au chah Ismaïl, qui s'empare, en revanche, de la Géorgie, peu avant sa mort en 1524. Sous son successeur, Tahmasp Ier (1524-1576), la lutte se poursuit dans un cadre élargi à la scène internationale, car les Habsbourg, aussi menacés que les Perses par le péril ottoman (défaite de Mohács, 1526), cherchent à prendre les Turcs à revers pour échapper à l'étreinte franco-turque, conséquence du rapprochement entre François Ier et Soliman le Magnifique. Ce dernier réussit d'ailleurs à s'emparer de la Mésopotamie (Bagdad, 1534), dont Tahmasp reconnaît la perte (paix d'Amasya, 1555) ; la Géorgie et l'Azerbaïdjan, berceau des Séfévides, sont à leur tour occupés par les Turcs. La Perse est désormais cantonnée sur le plateau iranien, sauf période exceptionnelle et de peu de durée.
9.3. Abbas Ier et l'apogée de la Perse séfévide



Ispahan, la Mosquée royale Mausolée dans les environs de Kerman
L'apogée de la Perse séfévide se situe pourtant au début du xviie siècle sous Abbas Ier (1587-1629). Après quelques revers initiaux, ce dernier renonce temporairement à lutter contre les Ottomans (traité de Constantinople, 1590), puis s'étend au nord-est, rejetant les Ouzbeks au-delà de l'Amou-Daria (1598) ; enfin, il va même jusqu'aux îles du golfe Persique. Il réorganise son armée avec l'aide de deux Anglais, Anthony et Robert Sherley, et y instaure un corps de renégats, à l'exemple des janissaires chez les Turcs. Il passe alors à la contre-offensive (1620-1621), prend Kandahar à l'est, et chasse les Portugais d'Ormuz au sud. Il s'attaque ensuite aux Ottomans et reconquiert l'Iraq avec Bagdad (1623-1624), mais pour peu de temps, car, dès 1638, le sultan Murad IV récupère définitivement la Mésopotamie.
Partout, Abbas Ier restaure l'ordre, reconstruit les ouvrages d'art, rétablit la sécurité sur les routes et réorganise les caravansérails aux étapes. Sédentarisant la dynastie, il est à l'origine de la splendeur d'Ispahan, dont il fait sa capitale.
9.4. Le déclin

La médiocrité de ses successeurs, Safi (1629-1642) et Abbas II (1642-1667), entraîne le déclin politique de l'Empire. Ceux-ci s'épuisent en vain en luttes stériles contre l'empire rénové des Köprülü, dans l'espoir de reprendre pied en Mésopotamie ou de s'étendre dans le Caucase. À l'autre extrémité de l'Iran, ils résistent difficilement aux entreprises des Afghans sunnites. Ces derniers progressent de façon décisive au début du xviiie siècle. L'émir Mir Mahmud de Kandahar, attaquant l'Empire séfévide dès 1709, s'empare d'Ispahan (1722) et prend le titre royal, mettant fin, en fait, à la dynastie séfévide.
10. Nader Chah, les Zends

La domination afghane sur la Perse ne dure guère. Un chef de bande des confins du Khorasan, Nader, occupe tout le Khorasan, s'empare de la Perse et, entrant à Ispahan, affecte d'y rétablir Tahmasp II (1730-1731), avant de déposer, en 1736, le dernier Séfévide, Abbas III (1732-1736), et de prendre la couronne pour lui, devenant ainsi Nader Chah (ou Nadir Chah) [1736-1747].
Les conquêtes de Nader Chah sont foudroyantes ; en quelques années, il récupère sur les Ottomans toute la Mésopotamie, l'Azerbaïdjan (1738) et l'Arménie. Au nord, il reprend aux Russes les provinces caspiennes, dont ils s'étaient emparés à la faveur de l'invasion afghane. À l'est, il soumet les Afghans (1738), après les avoir refoulés chez eux. Victorieux à Panipat (mars 1738), il pénètre en Inde, qu'il parcourt jusqu'à Delhi, rançonnant le Grand Moghol, et rapportant son trône en Perse sans annexer son empire. Il envahit alors le Turkestan et fait du khan de Boukhara un vassal. Mais il est assassiné (1747), et son État ne lui survivra pas.
Son neveu, Adel Chah (ou Adil Chah), perd l'Afghanistan, et son petit-fils, Chah Rokh, n'est plus que l'un des nombreux dynastes d'origines ethniques variées se disputant le territoire perse : descendants de Nader Chah dans le Khorasan, Turcs aux confins caucasiens, chefs de tribu iraniens dans le Lorestan et le Fars. L'un de ces derniers, Karem Khan (1750-1779), de la tribu zend, rétablit quelque temps l'unité de la majeure partie de l'Empire perse, de la Caspienne au golfe Persique. Il ne prend pourtant pas le titre de chah, mais celui, plus modeste, de wakil (régent). Bien que maître d'Ispahan, Karem Khan fixe sa capitale à Chiraz. Après lui, les Zends perdent toute puissance en quelques années.
11. Les Qadjars (1794-1925)

11.1. Agha Mohammad Chah et la fin de la puissance perse

L'un des chefs des Qadjars, tribu turco-mongole iranisée, Agha Mohammad Chah, les unifie et fonde la dynastie du même nom, qui subsistera jusqu'en 1925. Il fait de Téhéran sa capitale (1786) et se fait proclamer chah (1796). Vainqueur des Zends (1794), il s'empare d'Ispahan et de Chiraz (1795) ; en quelques mois, il ravage la Géorgie – coupable de soumission à Catherine IIde Russie – et conquiert le Khorasan, dont il élimine les successeurs de Nader.
Contre-attaqué par les Russes, il est assassiné alors qu'il se portait à leur rencontre (1797). Cet événement marque la fin de la puissance perse ; le pays va désormais être livré aux ambitions et aux convoitises rivales des Européens, notamment des Russes et des Anglais, dont le représentant, Malcolm, obtient pour son pays la liberté de commercer le long des côtes de Perse (1801). La rivalité des deux puissances préservera d'ailleurs le pays de la conquête coloniale, mais non de la dépendance politique et économique, jusqu'au xxe siècle.
11.2. Babisme, béhaïsme

En fait, la Perse qadjar, au xixe siècle, est un État en régression, où, à quelques exceptions près, les souverains ne jouent qu'un rôle sans grandeur, en face de l'aristocratie quasi féodale des seigneurs ruraux et de la classe sacerdotale des mollahs.
Les abus de ces derniers et le ritualisme formaliste qu'ils tendent à donner à l'islam favorisent, sous le règne de Mohammad Chah (1834-1848), les progrès rapides du babisme, que prêche le Bab à partir de 1843. Sa prédication appelle une religion épurée, dont les implications sociales, notamment une libération égalitaire de la femme, inquiètent vite les musulmans stricts. Aussi ses disciples, insurgés contre le jeune chah Naser al-Din (1848-1896), sont-ils écrasés et fusillés (1850). Le babisme n'en continue pas moins à s'étendre jusqu'à la répression de 1852.
Les survivants sont alors déportés en Mésopotamie ottomane, où leur prosélytisme reprend sous la forme neuve du bahaïsme : un nouveau prophète, disciple du précédent, Mirza Husayn Ali Nuri, dit Baha Allah, élabore en effet une nouvelle doctrine syncrétiste, se réclamant « des deux Testaments et des deux Corans », appelant en particulier à une sorte de pacifisme fraternel universel.
11.3. La pénétration européenne

Par ailleurs, l'histoire de l'Iran est dominée, au cours du xixe siècle, par le problème de la pénétration européenne. Sous le règne de Fath Ali Chah (1797-1834), la Russie se fera céder, après deux guerres (1804-1813 et 1826-1828), Bakou, le Daguestan, la Géorgie (1813) et l'Arménie (1828). L'Iran a fait appel à l'intervention de la France napoléonienne, qui prend le pays sous sa protection (accord du 4 mai 1807). Cependant, face à la Russie menaçante, l'Iran se rapproche de l'Angleterre, dont le représentant, Malcolm, revient à Téhéran (1808), fait fermer le pays aux Français (1809), mais garantit son intégrité contre la Russie (1809). L'Angleterre s'installe ainsi dans le golfe Persique et commence à regarder vers l'Afghanistan.
À plusieurs reprises, l'Iran tente d'exploiter l'affaiblissement de ce dernier pays pour s'y réimplanter ; chaque fois, notamment en 1837 et en 1856 (prise de Harat par les Perses), l'Angleterre l'arrête. Mais la Russie, à son tour, s'oppose aux entreprises anglaises. C'est ainsi qu'est signé l'accord de 1844, dit « de désintéressement », entre les deux puissances. En 1856, la Russie est paralysée par sa défaite de Crimée, et l'Iran de Naser al-Din(ou Nasir al-Din) se tourne de nouveau, à partir de 1860, vers la France pour contrebalancer l'influence britannique.
La rivalité anglo-russe s'exaspère à la fin du siècle, au fur et à mesure que s'étendent la domination des Anglais sur le nord-ouest de l'Inde et le Baloutchistan (1876), et celle des Russes sur le Turkestan (entre 1860 et 1884). La solution n'est trouvée que sous le règne de Mozaffar al-Din (ou Muzaffar al-Din) [1896-1907], dans le cadre de l'Entente cordiale franco-anglaise, qui nécessite un rapprochement anglo-russe : l'accord colonial du 31 août 1907 délimite les frontières de l'Iran et partage le pays en deux zones d'influence (Nord-Ouest aux Russes, Sud-Est aux Anglais) et une zone neutre centrale et occidentale.
À l'intérieur, Mozaffar al-Din a dû instituer, à la fin de son règne, un nouveau régime constitutionnel afin de satisfaire une opposition nationaliste mécontente de la pénétration étrangère, de l'arbitraire monarchique et de la corruption des fonctionnaires qui ruinent le pays. La politique absolutiste de son successeur, Mohammad Ali (1907-1909), provoque une révolution nationaliste qui contraint le roi à l'exil. Un enfant de 11 ans, Ahmad, lui succède, qui ne peut stopper l'invasion économique étrangère, britannique et russe surtout.
12. Les Pahlavis (1925-1979)

12.1. Reza Chah Pahlavi

Le créateur de la dynastie qui succède aux Qadjars est Reza Khan, chef d'un régiment de cosaques, qui, en se révoltant le 21 février 1921, impose d'abord un nouveau gouvernement, puis un nouveau régime en 1925 et se fait finalement couronner le 25 avril 1926 sous le nom de Reza Chah Pahlavi.
Sous son impulsion autoritaire, l'unité du pays est consolidée – la population est sédentarisée par la force –, des réformes sont entreprises grâce à l'augmentation des profits pétroliers, négociée en 1933 avec l'Anglo-Iranian Oil Company. Reza Chah choisit de donner une orientation pro-allemande à sa politique étrangère, mais, en 1941, l'URSS et la Grande-Bretagne occupant l'Iran, le chah est contraint d'abdiquer au profit de son fils, Mohammad Reza. L'influence russe et anglaise rappelle de fâcheux précédents historiques et suscite des troubles en 1945-1946, notamment au Kurdistan.
12.2. Mohammad Reza : nationalisme et occidentalisation

Mohammad RezaMohammad Reza
La renaissance d'un courant nationaliste est concrétisée par la fondation, en 1949, du Front national de Mossadegh (de son vrai nom Mohammad Hedayat), le clergé chiite et le parti Tudeh (communiste, créé en 1941) participant également à ce renouveau national.
En 1951, après l'assassinat du Premier ministre Razmara, Mossadegh est porté au pouvoir. En 1953, la nationalisation de l'industrie pétrolière provoquant des protestations anglaises, le chah démet son Premier ministre, recule un temps face à l'émeute mais, après un bref exil, fait juger et emprisonner Mossadegh, qui ne recouvrera la liberté qu'en 1956. Au terme d'un nouvel accord pétrolier, le consortium des compagnies rétrocède au chah 50 % des droits de la production. Avec la manne ainsi amassée, le souverain lance une politique de modernisation autoritaire et d'occidentalisation forcée, génératrice de bouleversements sociaux et économiques. Ses ambitions régionales, appuyées par une politique ambitieuse d'armement, provoquent l'opposition de ses voisins arabes.
En 1963, la « révolution blanche » – réforme agraire, nationalisation des forêts et des pâturages, vente des usines de l'État, distribution de 20 % des bénéfices aux ouvriers, droit de vote pour les femmes, lutte contre l'analphabétisme, pour l'hygiène et la reconstruction – suscite la colère du Bazar (la bourgeoisie commerçante), du clergé chiite et des grands propriétaires terriens. L'accaparement de la manne pétrolière par une minorité, la corruption, le libéralisme sauvage et l'urbanisation rapide favorisent l'opposition de gauche, rassemblée autour du parti communiste Tudeh, du mouvement des Moudjahidin du peuple (Moudjahidine-e Khalq, MEK, créé en 1965, et des libéraux du Mouvement pour la libération de l'Iran (MLI), créé en 1964 par Mehdi Bazargan.
12.3. L'orientation autoritaire du régime

Le régime se durcit alors : la Savak, police politique créée en 1958, et l'armée deviennent des instruments de gouvernement à part entière. Des révoltes éclatent dans le Fars, un embryon de guérilla urbaine s'installe, l'ayatollah Ruhollah Khomeyni, porte-parole d'un clergé qui se considère de plus en plus comme un contre-pouvoir, est emprisonné puis exilé (1964).
Malgré l'assassinat de son Premier ministre Ali Mansur en 1965, le chah maintient ses orientations. Fort de sa politique pro-américaine, ayant amélioré ses relations avec son ennemi traditionnel irakien (accord de 1967 sur l'exploitation conjointe de ressources en pétrole et en eau), s'étant également rapproché de l'URSS et des pays du Golfe, ayant amélioré ses richesses pétrolières grâce à de nouvelles négociations avec le consortium, le chah fait de l'Iran une puissance régionale. Il est solennellement couronné le 26 octobre 1967 : c'est l'apogée de la dynastie Pahlavi, dans un contexte cependant gros de tensions sociales, économiques – l'inflation est de 25 % – et politiques.
Alors que l'Iran confirme sa puissance dans la région – la frontière avec l'Iraq est modifiée unilatéralement en 1969, trois îlots du golfe Persique sont occupés en 1971 –, sur la scène intérieure, les tensions se multiplient. Des troubles agitent le Kurdistan ; des dirigeants du MEK sont exécutés ; en mai et en juillet 1972, des grèves et des affrontements opposent la police et les manifestants. Cependant, en 1973, le régime conclut de nouveaux accords encore plus avantageux avec le consortium pétrolier et poursuit, imperturbable, sa politique d'industrialisation et de modernisation, tandis que l'audience des religieux s'accroît.
Sourd à la contestation, le chah instaure, en mars 1975, un régime de parti unique, dit de la Résurrection nationale, et resserre l'étau politique. Deux ans après, en 1977-1978, l'Iran entre en ébullition. Les trois courants de l'opposition s'unissent : les partis marxistes, autour du Tudeh et des MEK, les libéraux, qui se réclament de l'héritage de Mossadegh, et les religieux, exaltés par les prêches sur cassettes de l'ayatollah Khomeyni, alors exilé en Iraq. Le 7 janvier 1978, c'est un article injurieux publié contre ce dernier qui met le feu aux poudres. Une marche de protestation, sévèrement réprimée, se solde par une centaine de morts. Dès lors, les manifestations, qui réunissent de plus en plus de protestataires, se déroulent rituellement tous les 40 jours, durée du deuil chiite. Parti de province, le mouvement gagne finalement Téhéran. L'ayatollah Khomeyni, expulsé d'Iraq, se réfugie alors en France. Le 8 septembre 1978, la loi martiale est proclamée, mais les manifestations, bien que très sévèrement réprimées, ne cessent pas. Le chah tente de sauver son régime en promettant des réformes et des mesures d'apaisement (libération des prisonniers, levée de la censure, augmentation des salaires). En vain. En novembre, l'émeute est générale, le départ du chah inévitable.
Pour en savoir plus, voir l'article Iran : la République islamique d'Iran depuis 1979.

 

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le royaume de France sous Louis XIV

 

le royaume de France sous Louis XIV

Cet article fait partie du dossier consacré à Louis XIV.
Le désir de grandeur de l'État, Louis XIV essaiera de l'accomplir par une politique de prestige et une suite de guerres de conquête. Le roi avait-il les moyens de mener à bien cette politique ? Pour répondre à cette question, il faut se demander quel était alors l'état de la France et quels étaient les instruments de gouvernement à la disposition du pouvoir.

La taxe par tête
Malgré les ravages occasionnés par la Fronde, la France en 1661 est un pays riche. L’historien Pierre Goubert écrit : « Le fait le plus caractéristique est l'augmentation des impôts dus aux guerres de Louis XIII et de Mazarin. Le montant des tailles des seuls pays d'élection passe de 20 millions en 1624 à 45 en 1635 et les impopulaires gabelles de 7 à 14 millions dans le même temps. Ce qui frappe le plus c'est l'extraordinaire richesse du royaume qui fut capable de supporter cela. Un tel effort n'affecta sérieusement ni l'équilibre financier, ni la balance des comptes, ni la solidité de la monnaie, la preuve en est qu'il ne fallut pas trois ans à Colbert pour mettre clarté et ordre dans les finances. »
1. La population

À une époque où le travail musculaire est l'énergie essentielle, la grande force du pays, c'est le nombre de ses travailleurs. Démographiquement, la France est le premier pays d'Europe avec 18 millions d'habitants environ, plus que tout l'Empire germanique, trois fois plus que l'Angleterre. Démographie stagnante, d'ailleurs, où les familles nombreuses, contrairement à la légende, sont rares. Les familles ont quatre ou cinq enfants en moyenne. Sur 100 enfants qui naissent, 50 n'atteignent pas l'âge adulte, 25 disparaissent entre vingt-cinq et quarante ans, 10 seulement deviennent sexagénaires.
Ainsi, à cause de la mortalité précoce, l'espérance de vie moyenne est seulement de vingt-cinq ans environ. Ce taux de remplacement voisin de l'unité est donc très fragile et à la merci d'une crise. Or, les crises démographiques sont alors fréquentes. Elles sont provoquées essentiellement par des famines dues à la cherté des blés, à la suite de mauvaises récoltes consécutives à des conditions climatériques défavorables.

La disette
Les épidémies diverses, appelées uniformément « pestes », ne sont que les conséquences des pénuries alimentaires. Au cours de ces crises (les plus importantes se situant en 1661-1664, 1693-1694 et 1709-1710), qui touchent principalement les catégories les plus pauvres, on voit le prix du pain tripler, les taux de décès quadrupler et les conceptions baisser d'autant. Puis, après l'élimination des faibles (vieillards, enfants malades), la récupération est aussi rapide que la récession, et les vides sont rapidement comblés, jusqu'à la prochaine crise qui rétablira de nouveau l'équilibre entre la population et les subsistances.
2. L'économie

2.1. Une économie de subsistance

Distribution du pain au LouvreDistribution du pain au Louvre
L'immense majorité des sujets du Grand Roi travaille à la terre ou en vit (85 % de paysans et 8 % de rentiers du sol). L'économie fondée sur les produits agricoles est une économie de subsistance caractérisée par la prédominance absolue de l'agriculture vivrière et des céréales, à cause des faiblesses de la production et des rendements. C'est le manque d'engrais qui en est responsable (inexistence des engrais chimiques et insuffisance du bétail).
Cette économie est paralysée par la médiocrité des échanges, causée par le mauvais état des routes, la forme de la monnaie et les douanes intérieures.
2.2. Le monde de la paysannerie

La société tout entière repose donc sur la paysannerie. Celle-ci, d'ailleurs, est loin de constituer un groupe homogène ; depuis les gros « fermiers de seigneurie » jusqu'aux simples « manouvriers », on trouve toute la gamme des situations allant de l'aisance à la plus grande indigence.
Cependant, sous Louis XIV, le sort de toutes ces catégories va plutôt en s'aggravant. Impôts et prélèvements de toutes sortes s'abattent sur tous les paysans : tailles et gabelles royales, droits seigneuriaux, dîmes ecclésiastiques, rentes à payer aux bourgeois propriétaires.
2.3. Prospérité des grands propriétaires terriens

En revanche, ceux qu'on peut appeler les rentiers du sol, eux, semblent prospérer. Au cours du règne, la rente foncière, surtout jusque vers 1680, ne cesse de monter. Les grosses propriétés terriennes sont en effet entre les mains de la noblesse, de l'Église, de la bourgeoisie des villes, qui, tous, depuis le xvie siècle, rassemblent les terres et constituent de grands domaines au détriment des paysans, de plus en plus endettés à cause des charges qui pèsent sur eux. Par exemple, dans la Brie, la noblesse possède deux cinquièmes des terres, le clergé un cinquième, la bourgeoisie urbaine un cinquième. Le cinquième restant est la propriété des paysans, divisée généralement en nombreuses parcelles, trop minces pour assurer la subsistance d'une famille.
2.4. Artisanat rural

Jean-Baptiste ColbertJean
La place de l'industrie et du commerce doivent – sans être minimisées – être comprises dans cette perspective et ces proportions, de même que l'action du ministre Colbert. L'artisanat urbain ne groupe en effet que quelques dizaines de milliers d'ouvriers. La masse la plus importante est rurale et constituée par de petits artisans-paysans qui y trouvent un salaire complémentaire indispensable. Ainsi, dans l'Amiénois, l'industrie rurale de tissage n'a cessé d'augmenter sous Louis XIV et, à la fin du règne, elle égale en importance l'industrie urbaine.
Cet essor de l'industrie rurale est particulièrement important à partir de 1680, époque précisément où la rentabilité de la terre diminue. Il démontre cependant que si l'industrie et le commerce sont quantitativement inférieurs à l'activité agricole, à laquelle ils sont d'ailleurs liés, leur rôle au point de vue de l'expansion économique est considérable. À côté d'une agriculture qui stagne, la croissance industrielle et commerciale du xviie siècle continue celle du xvie siècle et annonce le « décollage » du siècle suivant.
3. L'administration du royaume

C'est entre 1661 et 1672 que Louis XIV, aidé essentiellement de Michel Le Tellier et de Colbert, va rétablir l'ordre dans l'administration en s'efforçant de l'unifier et de la centraliser.
La monarchie absolue prend alors la forme qu'elle conservera jusqu'en 1789. Au moment de sa prise de pouvoir personnel, Louis XIV peut écrire : « Le désordre régnait partout. » Jugement sévère pour ses prédécesseurs, Richelieu et Mazarin. Le premier, il est vrai, a été handicapé par sa lutte contre la maison d'Autriche. La conduite de la guerre a désorganisé ses finances et ne lui a pas laissé le temps de mener à bien la remise en ordre de l'administration intérieure. À cause de la Fronde, il en a été de même pour Mazarin, qui a dû lui aussi se contenter d'expédients.
En 1661, il y a donc beaucoup à faire. Jusqu'en 1672, à part la « promenade » militaire que sera la guerre de Dévolution (1667-1668), le royaume bénéficiera de onze années de paix. C'est dans ce court laps de temps que les différents rouages de la machine gouvernementale seront réformés et perfectionnés.
3.1. Le gouvernement et l'administration centrale

L'organe essentiel en est le Conseil d'État (ou Conseil d'en haut), composé du roi et des ministres d'État.
La nouveauté essentielle, c'est la réforme des finances. Celles-ci sont dirigées par un Conseil royal des finances composé du roi, du chancelier, du contrôleur général (ce sera Colbert jusqu'à sa mort en 1683) et de deux ou trois conseillers d'État.

Louis XIV tenant les sceaux royauxLouis XIV tenant les sceaux royaux
La justice a pour chef le chancelier, qui est aussi garde des Sceaux. Cette dernière fonction lui permet d'être le lien entre le gouvernement et l'administration puisque tous les actes du roi doivent être scellés, publiés et expédiés par lui.
Les autres services publics sont répartis entre les différents secrétaires d'État : Guerre, Affaires étrangères, Maison du roi et le Conseil de la religion prétendue réformée, qui s'occupe de la question protestante jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes.
Il faut noter que l'Agriculture, l'Industrie, le Commerce, les Colonies, les « Affaires culturelles » sont rattachés au contrôleur général des finances, ce qui donne une idée de l'importance de Colbert.
3.2. L'administration des provinces

Les intendants sont choisis parmi les maîtres des requêtes du Conseil d'État. Ils reçoivent leurs ordres par le moyen du Conseil des dépêches, qui transmet arrêts et décisions.
Ce Conseil est composé du roi, du chancelier, des ministres et des secrétaires d'État. L'importance grandissante des intendants permet de comprendre l'aspect véritablement révolutionnaire du gouvernement de Louis XIV.
L'enjeu
Il s'agit en effet de savoir qui va administrer le royaume : des fonctionnaires royaux nommés et révoqués à volonté, agissant dans l'intérêt du roi, qui se confond avec les intérêts généraux du royaume, ou des corps d'officiers propriétaires de leur charge, irrévocables et héréditaires depuis le début du siècle (édit de la Paulette de 1604) et donc peu maniables, devenus des puissances provinciales ou locales très particularistes et représentant davantage les provinces et les intérêts particuliers en face du roi que le roi devant les intérêts particuliers et les provinces.
Les intendants
À cause de la vénalité et de l'hérédité des offices, le roi a perdu toute prise sur l'administration locale. C'est pourquoi, incapable de supprimer la vénalité en remboursant les officiers (titulaires d'un office), Richelieu avait tâché d'y substituer une administration nouvelle, celle des commissaires ou intendants (règlement d'août 1642).
À partir de 1666, l'intendant réside longtemps dans la même province et en administre une seule à la fois. Ses pouvoirs en matière de finances, de justice et de police sont très étendus et prépondérants : par exemple, il s'empare de l'administration financière (tout ce qui concerne la répartition de la taille) aux dépens des intérêts et des profits du puissant corps d'officiers qu'étaient les trésoriers de France, dont le rôle et l'importance diminuent considérablement. Les intendants iront même jusqu'à régenter et surveiller l'administration des villes.
La mise au pas des cours souveraines et du parlement
Grâce aux intendants, le roi essaie de faire exécuter sa volonté jusqu'au fond des provinces. L'institution des intendants est un instrument très souple qui, en temps de guerre ou de crise, s'empare de tous les pouvoirs appartenant encore aux officiers.
Des cours souveraines ou du parlement, Louis XIV – qui n'oubliera jamais leur attitude durant la Fronde – ne tolère aucune incartade ; elles doivent enregistrer les édits, tels quels et immédiatement, le droit de remontrances n'est toléré qu'ensuite. C’est par lettres patentes du 24 février 1673 que Louis XIV a enlevé au parlement de Paris le droit de remontrances préalables à l'enregistrement, qui permettait jusque-là aux parlementaires d'exprimer leurs doutes sur la légalité ou l'opportunité d'une ordonnance royale. En fait, cours souveraines et parlement sont exclus de la politique générale.
Paris
Le roi, pour la même raison, surveille particulièrement Paris ; il crée la charge de lieutenant général de police, qu'il confie en 1667 à Nicolas de La Reynie.

Les embarras de ParisLes embarras de Paris
Paris, avec 400 000 habitants environ, est une ville turbulente qui compte 40 000 mendiants et autant de domestiques. L'Hôpital général est créé en 1657, et on y enferme pêle-mêle indigents, vagabonds ou malfaiteurs. Les rues de la capitale sont éclairées et, pour la première fois, on peut y circuler de nuit sans craindre de s'y faire détrousser.
3.3. La bourgeoisie au détriment de la noblesse

Il faut remarquer que ministres, secrétaires d'État, fonctionnaires royaux sont presque toujours choisis dans la bourgeoisie, et dans ce qu'on appelle la noblesse de robe ou d'offices (acquise par l'achat de certaines charges), au détriment de la noblesse d'épée, dont ils encourent la haine ; il n'est que de lire Saint-Simon pour s'en convaincre : « Ce fut un règne de vile bourgeoisie », écrit-il du règne de Louis XIV.
Le roi donne lui-même la raison de cette politique dans ses Mémoires : « Il était important que le public connût, par le rang de ceux dont je me servais, que je n'étais pas en dessein de partager avec eux mon autorité. »
À la noblesse, frustrée de ses ambitions politiques, l'absolutisme aura l'habileté d'accorder des privilèges fiscaux et de laisser une grande prépondérance dans les décisions prises à l'échelon local, sans parler des pensions de toutes sortes ou des bénéfices ecclésiastiques donnés aux mieux en cour de ses membres.
4. La situation religieuse

Les affaires religieuses occupent une place importante durant le règne de Louis XIV et constituent sans doute l'aspect le plus négatif de sa politique ; en effet, le combat contre le jansémisme et le protestantisme – au nom de l'unité de la foi – est un facteur d'affaiblissement de la cohésion du royaume.
4.1. L'Église de France

Jacques Bénigne BossuetJacques Bénigne Bossuet
Avec l'Église de France, il n'y aura guère de problèmes. L'épiscopat – rangé derrière son « maître à penser », Bossuet – est tout entier soumis à son roi. Louis XIV a le souci, sauf exception, de ne nommer aux sièges épiscopaux que des prélats dignes et conscients de leurs devoirs. Il tient particulièrement à ce que ses évêques résident dans leur diocèse plutôt qu'à la Cour ; de tout le règne, aucun homme d'Église n'entrera dans son gouvernement.
Louis XIV donne en revanche aux évêques une grande autorité sur leurs prêtres. Par ses édits de 1695 et de 1698, il livre en fait ceux-ci à l'arbitraire épiscopal, situation qui accentuera au xviiie siècle le clivage entre les deux clergés.
4.2. Les questions conflictuelles

Envers les deux grands problèmes religieux du règne – le gallicanisme et les conflits avec Rome, ainsi que les rapports avec les protestants –, la politique suivie par Louis XIV aboutit à un échec total.
Il faut y ajouter l'inefficacité de sa politique antijanséniste, entamée dès 1661. Loin de réussir, la lutte de Louis XIV contre le jansénisme va faire de la secte persécutée le lieu de rencontre, à la fin du règne, de toutes les oppositions, jusqu'à ce que la bulle Unigenitus (1713) – qui aura de nombreux adversaires – scelle son union avec le gallicanisme parlementaire et antiabsolutiste pour toute la durée du xviiie siècle.
Le roi contre le pape
La crise du gallicanisme sous Louis XIV est le choc de deux absolutismes aussi intransigeants l'un que l'autre. Cette doctrine solidement implantée en France depuis la pragmatique sanction de Bourges de 1438, confirmée par le concordat de Bologne en 1516, était très favorable à l'autorité des rois de France. En gros, l'Église de France se considérait, pour l'administration de ses affaires intérieures, assez indépendante du pape.
Au xviie siècle, le renforcement de l'autorité de l'État va provoquer le conflit. Durant les trente premières années du règne personnel de Louis XIV, il y aura une tension constante entre Rome et Paris.
Dès 1662, l'affaire de la « garde corse » pontificale, qui attaque la suite de l'ambassadeur de France, met le feu aux poudres. Louis XIV s'empare un moment du comtat Venaissin et impose au pape Alexandre VII d'humiliantes réparations.
L'affaire de la régale (1678-1682)
La régale était un droit royal de percevoir les revenus de certains sièges épiscopaux vacants. En 1673, le roi déclare tous les évêchés assujettis à celle-ci. Sur cent trente évêques, deux seulement protestent, deux jansénistes – Nicolas Pavillon, d'Alet et Étienne François de Caulet, de Pamiers –, et font appel au pape. Innocent XI les soutient et, en 1680, parle d'excommunier le roi.
Au bord de la rupture
En 1681-1682, celui-ci convoque une assemblée générale du clergé, qui, sous l'impulsion de Bossuet, édicte quatre articles proclamant l'indépendance absolue des rois envers le pape pour les affaires temporelles et la suprématie du concile sur le pape. En représailles, Innocent XI déclare nulles ces décisions et refuse d'accorder l'investiture canonique pour pourvoir aux évêchés vacants.
Vers la fin de la crise (1689-1692)
En 1687, une nouvelle querelle à propos des privilèges de l'ambassade de France à Rome envenime la situation, et Louis XIV se dispose, un temps, à envahir les États du pape, avant de renoncer à imposer ses vues à Rome. La disparition d'Innocent XI, en 1689, facilite les choses, et Louis XIV, aux prises avec les difficultés de la ligue d'Augsbourg (→ guerre de la ligue d'Augsbourg), répudie complètement en 1692 l'édit de 1682 ; Rome triomphe.
Si le schisme n'a pas eu lieu, c'est que le concordat de 1516 donnait déjà au roi tous les avantages qu'il aurait retirés d'une Église nationale. De plus, il n'y a jamais eu simultanément à Rome et à Paris des adversaires résolus à aller jusqu'à l'irrémédiable ; enfin, la coalition européenne contre Louis XIV a dissuadé le roi de s'engager dans d'autres conflits.
4.3. La révocation de l'édit de Nantes

Envers les protestants, la politique suivie au xviie siècle ira de l’attitude pacificatrice et compréhensive d'Henri IV à l'intolérance de Louis XIV ; c'est la démarche inverse de celle de la papauté, qui ira, elle, de l'intolérance à la compréhension, autre cause de friction entre Paris et Rome. Quelles que soient les pressions exercées sur le roi, la révocation de l'édit de Nantes, signée à Fontainebleau en 1685, est une grande erreur politique. La responsabilité du clergé catholique, qui ne cesse de demander la fin du scandale causé par l'édit de Nantes, est prépondérante. Il faut y ajouter le poids d'une opinion publique travaillée par ses prêtres et portée à l'intolérance.
Le protestantisme après la paix d'Alès (1629)
Après la paix d'Alès en 1629, qui dépouille de tout pouvoir politique et militaire le protestantisme français, celui-ci a connu une période d'accalmie qui lui a permis de former un solide corps de pasteurs qui ont donné au peuple une conscience très vive de sa foi. Durant la Fronde (1648-1653), les protestants restent loyalistes, et certains, tel Samuel Bochart (1599-1667), se font même les champions de l'absolutisme royal.
L'ère des « dragonnades » (1681-1685)
Pourtant, il ne leur en sera pas tenu compte : à partir de 1661, les persécutions commencent, sournoises d'abord, puis violentes. De la campagne de propagande aux tentatives de séduction (il y a une caisse spéciale récompensant les conversions) et aux pressions sur l'élite sociale, c'est-à-dire sur la noblesse protestante, on en arrive dès 1681 aux « missions bottées » qui vont entraîner des abjurations massives. L'ère des « dragonnades » (persécutions exercées par les dragons envers les protestants) pourra commencer et, l'édit de Nantes révoqué, on pourra considérer officiellement, dès la fin de 1685, que les trois quarts des réformés ont abjuré.
Conséquences politiques et économiques
Mais cette politique se solde par un échec certain, et les conséquences politiques et économiques en sont désastreuses pour le royaume.
Tout d'abord, la plupart des conversions forcées ne sont pas sincères ; le pape lui-même désapprouve « le motif et le moyen de ces conversions par milliers dont aucune n'était volontaire ». Les protestants des Cévennes se révoltent en 1702 (révolte des camisards), et il ne faut rien moins, en pleine guerre de la Succession d'Espagne, qu'une armée commandée par Villars pour les réduire.
Surtout, l'émigration fait perdre à la France entre 200 000 et 300 000 sujets actifs. Si peu de paysans émigrent, l'élite bourgeoise part, et la France se voit privée de chefs d'industrie (surtout dans le textile), de banquiers, d'armateurs, d'artisans, qui vont renforcer la richesse de l'Angleterre, du Brandebourg, de la Hollande et des royaumes scandinaves. De plus, les armées des futures coalitions compteront dans leurs rangs nombre de valeureux officiers français (et surtout ces derniers soutiendront efficacement Guillaume d'Orange contre les tentatives de restauration des Stuarts).
Pour en savoir plus, voir les articles Louis XIV, révocation de l'édit de Nantes.

 

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STALINE

 

STALINE
Cet article fait partie du dossier consacré à la Seconde Guerre mondiale et du dossier consacré au totalitarisme.
Homme d'État soviétique (Gori, gouvernement de Tiflis, 1878 [officiellement 1879]-Moscou 1953).
Staline
Maître incontesté de l'Union soviétique, de 1929 à sa mort, Staline est l'un des personnages marquants de l'histoire du xxe siècle. Il symbolise la lutte du peuple soviétique contre le nazisme et apparaît en même temps comme le créateur d'un régime totalitaire. Qu'on le considère comme l'héritier de la révolution russe ou, au contraire, comme son fossoyeur, Staline fut à la fois l'un des hommes les plus adulés et les plus honnis de son époque.
Le révolutionnaire professionnel (1879-1917)
Né en Géorgie, dans l’Empire russe, où il s’initie au militantisme, d’abord nationaliste, puis socialiste, Iossif Vissarionovitch Djougatchivili (qui prendra en 1912 le pseudonyme de Staline [du russe stal, acier]) alterne à partir de 1901 périodes de clandestinité et d’emprisonnement.
Rallié aux bolcheviks, partisans d’une conquête du pouvoir par la révolution, il s’affirme progressivement au sein de leur parti et auprès de son leader, Lénine. La révolution qui éclate en février 1917 permet à Staline alors déporté en Sibérie de rentrer en Russie.
La montée vers le pouvoir (1917-1928)
Agissant avec prudence au sein du parti, Staline est en charge de la question des nationalités, dont il garde la responsabilité en tant que commissaire du peuple, après la prise de pouvoir des bolcheviks par la révolution d’Octobre.
Très actif durant la guerre civile entre Blancs partisans de l'ancien régime, et Rouges révolutionnaires, il devient en 1922 secrétaire général du parti et dispute dès lors l’héritage de Lénine aux autres dirigeants, parmi lesquels Trotski. À la fin de 1928, il apparaît comme le maître absolu de l’Union soviétique.
L'ère stalinienne (1928-1953)
Tournant le dos à l’internationalisme prolétarien, Staline entreprend de construire à marche forcée « le socialisme dans un seul pays », par l’industrialisation, la planification et la collectivisation autoritaires, et au prix d’une terreur politique destinée à éradiquer toute forme d’opposition ou de simple « fractionnisme » au sein du parti comme de la société.
Alors qu’il croit s’en être prémuni par le pacte germano-soviétique, Staline est pris de court par l'invasion hitlérienne de 1941. Mais, après avoir vacillé, son pouvoir sort renforcé de la « grande guerre patriotique » qui fait de l’Union soviétique une puissance mondiale, dotée d’une zone d’influence en Europe de l’Est.
Après la guerre commence alors une phase de restalinisation violente, marquée par une reprise de la terreur et une accentuation du culte de la personnalité de Staline.
À sa mort, en mars 1953, des millions de personnes, volontaires ou réquisitionnées, assistent à ses funérailles solennelles. Dès 1956, le secrétaire général du parti communiste d'URSS, Khrouchtchev, amorce un processus de déstalinisation, mais qui touche bien plus la personne de Staline que le régime totalitaire qu’il a forgé (→ stalinisme).
1. La formation d'un révolutionnaire professionnel (1879-1917)

1.1. La jeunesse d'un révolté (1879-1899)

Une enfance difficile (1879-1894)
Iossif Vissarionovitch Djougachvili est né à Gori, à l’époque gros bourg de Géorgie. Son père, Vissarion, est un pauvre cordonnier, qui va marquer profondément l'enfance de Iossif par sa brutalité. Les difficultés financières amènent Vissarion Djougatchvili à quitter Gori pour aller travailler dans une usine de chaussures à Tiflis (actuelle Tbilissi), la capitale de la Géorgie. À sa mort, son fils n'avait que onze ans. Sa mère, Ekaterina, une ancienne serve, travaille durement, en faisant des lessives chez des employeurs, pour lui assurer des études.
Le séminariste Djougatchvili (1894-1899)
Après avoir fréquenté l'école orthodoxe de Gori, Iossif est admis en 1894 au séminaire orthodoxe de Tiflis – seule façon pour un jeune homme pauvre de pouvoir continuer des études. Il y reste cinq ans avant d'en être expulsé. On sait peu de chose sur ses études. Il régnait une discipline sévère dans cet établissement, qui était aussi un lieu de fermentation politique.
La Géorgie est alors une possession russe, et il y existe un mouvement national d'opposition à la domination des tsars ; en outre, les idées révolutionnaires ont pénétré le pays. En 1886, le principal du séminaire a été tué par un étudiant exclu, et, en 1893, peu de temps avant l'entrée de Iossif Djougachvili, une grève des séminaristes a contraint les autorités à fermer quelque temps l'établissement.
L'apprentissage de la politique
Dans une telle atmosphère, Djougatchvili fait un apprentissage plus révolutionnaire que religieux. En 1895, il publie dans la revue nationaliste Iberya un poème patriotique sous la signature de Sosselo (le « petit Jojo »). Ses lectures deviennent « subversives » : c'est ainsi qu'il est mis au cachot pour avoir lu les Travailleurs de la mer de Victor Hugo. En 1898, il adhère à un cercle clandestin nationaliste, Messame-Dassi (le « troisième groupe »), où dominent les idées socialistes, et il est chargé d'organiser des cercles d'études pour les ouvriers. La même année, dans un rapport, le directeur du séminaire écrit : « Djougatchvili est généralement irrespectueux et grossier envers les autorités. » En mai 1899, le jeune homme est exclu du séminaire.
1.2. Le militant révolutionnaire (1899-1917)

La clandestinité
Marx, Engels, Lénine et StalineMarx, Engels, Lénine et Staline
Dès lors commence pour Iossif Djougatchvili la vie difficile du militant révolutionnaire. Il vit en donnant des leçons, puis travaille à l'observatoire de Tiflis tout en militant activement et en lisant avec passion les ouvrages socialistes, ceux de Marx en premier lieu. En 1901, il bascule dans la clandestinité : il y vivra, à quelques exceptions près, jusqu'au début de la révolution, qui marque la chute du tsarisme (mars 1917).
À la fin de l'année 1901, il part pour Batoumi, important port industriel à la frontière turque. C'est là qu'il prend son premier surnom, Koba (« l'Indomptable », nom turc d'un héros populaire géorgien). En avril 1902, il est arrêté : c'est sa première incarcération, mais non la dernière. Il restera en prison un an, sera ensuite condamné à trois ans de déportation en Sibérie orientale, mais s'évadera en janvier 1904.
Dans l'intervalle, il a participé, en septembre 1901, à la création d'un journal clandestin en géorgien Brdzola (la Lutte). Il se sépare alors du groupe nationaliste Messame-Dassi. À partir de 1903, il défend les thèses des bolcheviks au sein du parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR), auquel il va désormais attacher ses pas.
Durant la révolution de 1905
À la suite de la guerre russo-japonaise et des défaites russes de l'année 1904, la révolution gronde en Russie. Grèves et manifestations ont lieu dans tout l'Empire et sont particulièrement importantes dans les régions caucasiennes, où milite Koba-Djougatchvili. Celui-ci participe même à la création d'une organisation militaire destinée à préparer l'insurrection.
Toujours dans la clandestinité, Koba prend une part active à la révolution de 1905. Il est élu délégué à la conférence nationale du parti bolchevik qui se tient à Tammerfors, en Finlande (alors occupée par les Russes). C'est sa première sortie hors du Caucase et sa première rencontre avec Lénine. En avril 1906, Koba se rend à Stockholm au IVe Congrès du POSDR. En 1907, il est à Londres pour participer au Ve Congrès du parti. Son rôle politique est déjà important.
L'agitateur du Caucase
Après Londres, Koba gagne Bakou dont il fait, avec Stepan Chaoumian (le « Lénine du Caucase »), le centre des activités bolcheviques dans la région. Dans ce grand centre pétrolier, son activité est considérable auprès des ouvriers du pétrole, parmi lesquels se côtoient plusieurs nationalités : Azerbaïdjanais, Géorgiens, Arméniens et Russes.
En même temps, il participe à la direction de brigades chargées d'organiser des attaques contre les banques et les transferts d'argent. Ces « expropriations » seront nombreuses dans le Caucase (la plus importante aura lieu à Tbilissi et servira, pour une large part, à alimenter les caisses du groupe bolchevik). Cependant, Koba se heurte à Chaoumian et cherche à l'évincer, au point que ses camarades le soupçonnent de l'avoir dénoncé à la police – dès cette époque, le caractère du futur Staline est marqué par sa brutalité.
De prison en prison (1908-1917)
En mars 1908, Koba est de nouveau emprisonné et déporté ; il s'évade en juin 1909 et reprend sa place à la direction clandestine du comité de Bakou. Réarrêté en mars 1910, il s'évade encore en février 1912. Il n'a pas pu participer au congrès de Prague (janvier 1912), au cours duquel est consommée la scission du POSDR entre un parti menchevik (« minoritaire ») réformiste et un parti bolchevik (« majoritaire ») révolutionnaire.
Koba est coopté au Comité central bolchevik et devient un de ses principaux dirigeants de l'intérieur. En avril 1912, il est à Saint-Pétersbourg, capitale de l'Empire tsariste, où il participe à la création du journal Pravda (la Vérité). C'est lui qui en signe le premier éditorial. Il est arrêté une fois encore et déporté en Sibérie occidentale, d'où il s'évade une nouvelle fois.
Après un séjour en exil à Cracovie (alors en territoire autrichien), puis à Vienne, Koba prend le risque de revenir à Saint-Pétersbourg, mais est arrêté huit jours après (février 1913) sur dénonciation de Malinovski, député bolchevik et agent de l'Okhrana, la police politique du tsar.
Déporté dans le nord de la Sibérie, étroitement surveillé, il reste quatre ans dans cette région au climat pénible et éloignée de tout. C'est la révolution qui éclate en février-mars 1917 qui va le libérer.
Staline et la question nationale
Pendant son séjour à Cracovie, où Lénine l'a appelé, en novembre 1912, à venir travailler auprès de lui, il rédige, à sa demande, plusieurs articles sur les problèmes nationaux. C'est au bas d'un article sur « le Marxisme et la question nationale » qu'apparaît pour la première fois la signature Staline (« l'homme d'acier »). Dans cet article, tout en défendant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, il présente une vision très centraliste du problème des nationalités dans l'Empire russe. Surtout, Staline donne une définition restrictive de la nation, qui, selon lui, ne peut exister sans territoire. S'y esquisse déjà la politique impérialiste qu'il mettra en application, une fois parvenu au pouvoir.
2. La montée de Staline vers le pouvoir (1917-1928)

À partir de 1917, l'histoire de Staline se confond avec celle de la révolution et de l'Union soviétique.
2.1. D'une révolution à l'autre (mars-novembre 1917)

Devant le succès du mouvement révolutionnaire à Petrograd (nouveau nom de Saint-Pétersbourg, débaptisée en 1914 après l'entrée en guerre contre l'Allemagne) et son extension en province, le tsar Nicolas II a abdiqué le 15 (le 2, selon l'ancienne datation) mars 1917. Un Gouvernement provisoire s'est formé, dirigé par le prince Lvov. La bourgeoisie gouverne, mais doit composer avec le soviet de Petrograd, dirigé par les mencheviks, les bolcheviks et les S-R (socialistes-révolutionnaires, non marxistes).
Un bolchevik de compromis
C'est le 25 mars 1917 que Staline, de retour de déportation revient à Petrograd. En l'absence de Lénine – encore en Suisse –, il joue un rôle important dans la direction du parti bolchevik, en particulier à la Pravda. Tout en combattant les positions de la droite du parti bolchevik – représentée par Kamenev, favorable à un « soutien critique » du Gouvernement provisoire et proche des mencheviks –, il critique la gauche du parti, qui, avec Molotov, exige la rupture complète avec le Gouvernement provisoire.
Cette attitude centriste de Staline est vivement critiquée par Lénine dès son retour de Suisse le 16 avril. Lénine considère qu'il faut combattre vigoureusement la politique du Gouvernement provisoire, dirigée par la bourgeoisie et soutenue par le soviet de Petrograd et les mencheviks.
Pendant ce temps, la guerre continue, et le Gouvernement provisoire se refuse à toute réforme importante. Après quelques hésitations, Staline se rallie aux thèses de Lénine ; il est élu au Comité central du parti lors de la septième conférence panrusse, où il défend la résolution proposée par Lénine.
De mai à novembre 1917, il soutient Lénine sans défaillance et joue un rôle essentiel dans l'organisation du parti bolchevik, en même temps qu'il s'affirme comme un spécialiste du problème des nationalités.
Staline, dirigeant officieux du parti
Quand Lénine doit replonger dans la clandestinité à la fin de juillet 1917, après une tentative de prise de pouvoir par l'aile avancée des militants ouvriers, marins et soldats (que le parti bolchevik a d'ailleurs désavouée), c'est Staline qui dirige le parti, de nombreux leaders, Kamenev et Trotski, entre autres, ayant été arrêtés et emprisonnés. Malgré la répression, l'influence bolchevik se développe rapidement chez les ouvriers, dans l'armée et même chez les paysans, pourtant davantage tournés vers les S-R.
Le Gouvernement provisoire, dirigé depuis le 6 août par Aleksandr Kerenski, se refuse à mettre fin à la participation de la Russie à la guerre et mécontente une opinion de plus en plus sensible au mot d'ordre de paix.
En septembre 1917, le commandant en chef de l'armée, le général Lavr Kornilov, tente avec la complicité du Gouvernement provisoire un coup d'État destiné à instaurer une dictature militaire pour contrer l'ascension des bolcheviks. Ceux-ci organisent la lutte contre Kornilov et font échouer le putsch. En même temps, ils deviennent majoritaires aux soviets de Petrograd et de Moscou, ainsi que dans un grand nombre de soviets de villes et de régiments.
Le soutien à Lénine
Lénine et StalineLénine et Staline
C'est alors que Lénine, toujours dans la clandestinité, propose de préparer une insurrection pour éliminer le Gouvernement provisoire, complice du putsch militaire. Il faudra près d'un mois au Comité central du parti bolchevik pour se décider : c'est chose faite le 23 (10) octobre 1917.
Pendant cette période, Staline est, avec Iakov Sverdlov et Trotski, un des plus solides soutiens de Lénine. Il ne joue pas cependant dans la préparation de l'insurrection un rôle majeur, pas aussi important du moins qu'il ne le prétendra par la suite, mais sans doute plus essentiel que ne le dira Trotski. Représentant du parti au Comité révolutionnaire du soviet de Petrograd et membre du Bureau politique (→ Politburo) du parti, organisme qui vient d'être créé au sein du Comité central, Staline est à Smolnyï (quartier général de l'insurrection) un des principaux relais du parti.
Pour en savoir plus, voir l'article révolution russe de 1917.
2.2. Staline pendant le « communisme de guerre »

Commissaire du peuple aux Nationalités
Au lendemain de la révolution d'Octobre et la prise du pouvoir par les bolcheviks, lorsque le Conseil des commissaires du peuple (en fait le gouvernement) est constitué, Staline est nommé commissaire aux Nationalités. Ce poste peut apparaître comme secondaire. En réalité, il est délicat et crucial, car l'Empire russe que la révolution fait s'effondrer est une mosaïque de nationalités extrêmement diverses.
Le nouveau pouvoir soviétique va, dès le 15  novembre, proclamer les droits des peuples de Russie :
– 1 « égalité et souveraineté des peuples de Russie ;
– 2 « droit des peuples de Russie de disposer d'eux-mêmes jusqu'à séparation et constitution d'un État indépendant ;
– 3 « suppression de tous les privilèges nationaux ou religieux ;
– 4 « libre développement des minorités nationales et groupes ethniques habitant le territoire russe. »
Ces principes posés, il reste à les appliquer, et ce n'est pas chose facile.
Les puissances étrangères utilisent la situation pour renforcer leurs positions dans les anciennes colonies russes. Ici et là, les nationalistes de droite combattent les bolcheviks, souvent encore très faibles dans certaines régions périphériques de l'Est, dans le Caucase et même en Finlande.
Enfin, la guerre civile menace de toutes parts, et le conflit continue avec l'Allemagne, qui, même après la signature du traité de Brest-Litovsk en mars 1918, poursuit ses opérations en Ukraine. Après l'armistice du 11 novembre 1918 (signé en l'absence de la Russie), Britanniques et Français relaient Allemands et Turcs contre la Russie soviétique.
Un personnage-clé du parti
Staline, dans la tâche qui lui est confiée, fait preuve de doigté et de diplomatie, du moins dans les premières années du nouveau régime. Sa position personnelle est forte, encore qu'obscure. Il est l'un des quatre membres de l'exécutif du Comité central désigné après la révolution (avec Lénine, Trotski et Sverdlov) ; il est également nommé représentant du parti bolchevik à l'exécutif du Conseil des commissaires du peuple (une sorte de cabinet restreint composé de trois bolcheviks, Lénine, Trotski et Staline, et deux S-R de gauche). C'est dire s'il est en fait, après Lénine et Trotski, l'un des premiers dirigeants de la Russie soviétique.
Au moment des vives discussions qui opposent entre eux les dirigeants bolcheviks avant la signature du traité de Brest-Litovsk, Lénine est longtemps mis en minorité, mais Staline est un de ceux qui le soutiennent.
En lutte contre les « Blancs »
La guerre civile, cependant, s'étend et, dès l'été 1918, elle fait rage sur tout le territoire de l'ancien Empire tsariste entre les Rouges, les révolutionnaires, et les Blancs, partisans de l'ordre ancien. Comme tous les dirigeants bolcheviks, Staline se rend sur le front. À l'origine, il est chargé d'assurer le ravitaillement en blé de la capitale, et son quartier général se trouve sur la Volga, à Tsaritsyne, la future Stalingrad (rebaptisée ainsi en son honneur en 1925). En octobre-novembre 1919, les armées blanches, après de violents combats, subissent une défaite écrasante. Trotski, commissaire du peuple à la Guerre, et Staline se disputent les lauriers de la victoire.
L'antagonisme entre Staline et Trostki
Rappelé à Moscou avec les honneurs de la guerre, Staline repart à plusieurs reprises pour le front en 1919 contre le général Anton Denikine, puis en 1920 lors de la campagne de Pologne qui se termine par la défaite de l'Armée rouge (et Staline, qui en est le commissaire politique, en est rendu largement responsable par Trotski).
C'est cependant au cours de cette période qu'il se constitue un groupe de fidèles, Caucasiens et Russes, qui l'accompagneront dans son ascension au pouvoir.
Décoré de l'ordre du Drapeau rouge, Staline n'a, sans doute, pas la popularité de Trotski au lendemain de la guerre civile, mais il apparaît dans les cercles dirigeants bolcheviks comme un organisateur efficace. C'est pourquoi Lénine, tout en lui laissant le commissariat du peuple aux Nationalités, lui confie la direction de l'Inspection ouvrière et paysanne, un organisme de contrôle destiné à lutter contre la bureaucratie.
Un pays à reconstruire
À l'héritage déjà lourd du tsarisme s'ajoute celui de la guerre. Vainqueurs, les bolcheviks se trouvent à la tête d'un pays ruiné et meurtri, après quatre ans de guerre étrangère et trois ans de guerre civile. Il y a eu au total, de 1914 à 1922, plus de 13 millions de victimes, dont 8 millions au cours de la terrible famine de l'hiver 1921-1922. L'industrie n'existe pratiquement plus, et l'agriculture est si ralentie qu'à peine la moitié des terres cultivées en 1913 sont ensemencées en 1921.
La Russie soviétique, d'autre part, reste isolée. À ses frontières, les grandes puissances établissent un « cordon sanitaire » destiné à contenir le « péril bolchevik ». Proclamée le 30 décembre 1922, l'URSS n'est reconnue qu'en 1924 par la France et la Grande-Bretagne, en 1933 par les États-Unis. Un arrière-plan qu'on ne doit pas perdre de vue quand on étudie le rôle de Staline à partir de 1922.
2.3. L'affirmation de l'autorité de Staline sur le parti (1922-1928)

De 1922 à 1928, alors que la nouvelle économie politique (NEP), lancée par Lénine, permet de reconstruire le pays pratiquement sans aide étrangère (les grands pays industriels boycottant l'Union soviétique pendant de longues années), au sommet de l'appareil du parti se livrent d'âpres luttes d'influence, dont Staline va sortir finalement vainqueur.
Staline secrétaire général du parti
Joseph Staline, sur le socialismeJoseph Staline, sur le socialisme
Le 3 avril 1922, après le XIe Congrès du parti, Staline est élu secrétaire général. C'est un poste relativement nouveau, à l'origine plutôt administratif. Les circonstances vont lui donner une importance grandissante.
En effet, Lénine tombe gravement malade quelque temps après. Avant d'être écarté totalement des affaires par la maladie, il a eu le temps de juger avec sévérité l'action de Staline. Dans des notes rédigées en décembre 1922, considérées comme son testament, il a critiqué la conduite répressive de Staline en Géorgie et lui a reproché de ressusciter le chauvinisme russe et d'utiliser les méthodes autoritaires des tsars. « Le camarade Staline devenu secrétaire général a maintenant un énorme pouvoir entre les mains et je ne suis pas sûr qu'il sache toujours user de ce pouvoir avec assez de prudence. » « Staline est trop brutal », ajoute-t-il, et il propose de le remplacer au secrétariat général par un « homme plus patient, plus loyal, plus poli et plus attentionné envers les camarades […] ».
L'héritage disputé de Lénine
Néanmoins, Staline reste secrétaire général, et son autorité s'affirme au fil des ans. Jusqu'à la mort de Lénine, le 21 janvier 1924, les assauts contre Trotski de la « troïka »  que Staline forme avec deux autres membres du Politburo  – Zinoviev et Kamenev –, sont relativement modérés, d'autant que le pays est alors en crise.
Staline se prononce contre la révolution permanente prônée par Trotski, il accuse ce dernier de mener une activité fractionnelle au sein du parti, d'avoir des vues économiques erronées, et critique ses Leçons d'Octobre parues en octobre 1924. Il parvient peu à peu à l'isoler, en envoyant ses partisans à l'étranger ou dans des régions reculées de l'URSS, ou en les démettant simplement de leurs fonctions.
Trotski, condamné par une résolution du Comité central de janvier 1925, n'intervient pas en faveur de Kamenev et de Zinoviev, attaqués à leur tour par Staline lors du XIVe congrès du parti en décembre, mais il s'allie à eux l'année suivante. Cela n'empêche pas Staline de l'emporter : Trotski et Zinoviev sont exclus du parti le 15 novembre 1927, et leurs partisans le sont lors du XVe congrès du parti, un mois plus tard.
Les raisons de la victoire de Staline sur ses rivaux à la succession de Lénine
Tout en jouant à certains moments la modération, Staline met ses opposants dans la position d'« aventuristes », de destructeurs de la cohésion du parti, dont il se présente comme le seul garant. Son entreprise est facilitée par le fait que ses adversaires eux-mêmes renoncent à utiliser toutes les armes à leur disposition ; ainsi, Trotski et Nadejda Kroupskaïa, la veuve de Lénine, vont jusqu'à nier l'existence du « testament » de Lénine au nom de l'unité du parti.
Staline sait aller jusqu'au bout de son point de vue et le parti bolchevik, compte tenu des nécessités du moment, serre les rangs derrière lui. La révolution, en effet, a échoué partout ailleurs qu'en Russie, et il semble peu probable qu'elle triomphe de sitôt. La construction du « socialisme dans un seul pays », option que défend Staline, s'impose dès lors comme un impératif, en opposition à l'internationalisme prôné par Lénine.
Au-delà des querelles personnelles entre les « héritiers de Lénine » – Staline, Trotski, Kamenev, Boukharine, Zinoviev –, il y a des choix fondamentaux à faire. Staline les fait avec le plus de netteté, et sans hésiter à évincer brutalement ses opposants.
3. Staline maître de l'URSS (1928-1953)

3.1. L'ordonnateur de la dictature totalitaire (1928-1941)

Les moyens du pouvoir : un parti unique renouvelé, un appareil répressif tout-puissant
À la fin de 1927, une fois Trotski, Zinoviev et Kamenev exclus du parti bolchevik, l'autorité de Staline est désormais incontestable. Staline domine le parti, et le parti domine les soviets et l'État. La construction du socialisme dans un seul pays devient le mot d'ordre du parti. Un parti unique mais qui reste faible malgré sa victoire, en raison même des conditions dans lesquelles il a triomphé. La Russie tsariste n'avait ni traditions ni structures démocratiques. La guerre civile a conduit les bolcheviks à répondre par la « terreur rouge » à la « terreur blanche ». La police politique (la Tcheka, devenue la Guépéou en 1922) a pris une importance démesurée.
D'abord au service du parti et orientée vers la défense de la révolution, la « Commission extraordinaire » (Tcheka) à laquelle avait dû se résoudre Lénine est rapidement devenue une institution permanente, un appareil d'État – la dénomination GPU (Guépéou) en est révélatrice : Administration Politique d'État –, qui étend son contrôle jusque sur le parti. Depuis la révolution, le parti n'a cessé de croître : en 1929, ses effectifs sont trois fois plus nombreux qu'à la mort de Lénine, mais il ne compte pratiquement plus de vieux bolcheviks, sa base ouvrière se réduit au profit d'une couche de fonctionnaires, et le niveau intellectuel des nouveaux venus est aussi limité que leur expérience politique. Comme moyen de concrétiser le changement radical et rapide où s'engage Staline, le parti paraît inadéquat. Cela explique au moins en partie le glissement du système politique vers les forces de sécurité, dont Staline fait l'instrument de son volontarisme.
Industrialisation, collectivisation et planification à marche forcée
Joseph StalineJoseph Staline
Fort des succès de la nouvelle économie politique (NEP), Staline engage alors l'Union soviétique sur la voie de l'industrialisation accélérée. L'URSS est en effet, en 1929, encore un pays rural pour les quatre cinquièmes, et la révolution, après avoir nationalisé les terres, les a distribuées aux paysans. Afin d'industrialiser rapidement, il faut, du fait de l'absence d'investissements étrangers, utiliser les capitaux d'origine rurale. Le drame, c'est que la collectivisation des terres, à la fois nécessité économique et donnée de principe de l'économie socialiste, va se faire dans la plus grande hâte et par des mesures violentes : en janvier 1930, Staline décrète « la liquidation des koulaks (paysans aisés) en tant que classe ». L'exode rural massif et la déstructuration de l'économie rurale se traduisent par une terrible famine qui, en 1932-1933, fait plusieurs millions de victimes, en Ukraine principalement.
La planification permet de concentrer les forces disponibles sur les secteurs décisifs de l'industrie lourde, mais cela ne peut se réaliser qu'au prix d'une mobilisation de toutes les énergies s’accompagnant d’une fuite en avant : les objectifs initiaux du premier plan quinquennal sont doublés, triplés, quintuplés suivant les branches. Assortie de la disparition de toute la sphère privée pour les individus, puis de l'embrigadement, voire de l'asservissement, des classes laborieuses, la course à la production se traduit aussi par les mouvements de « compétition socialiste » : « travailleurs de choc » à partir de 1929, puis stakhanovisme à partir de 1935.
La terreur politique stalinienne
L'économie socialiste fait des progrès sérieux – l'industrialisation sera une réalité en 1939 –, l'évolution culturelle est considérable et l'analphabétisme est éliminé chez les moins de quarante ans ; seule l'agriculture piétine, en raison de la collectivisation.
En même temps, les méthodes de plus en plus autoritaires de Staline se heurtent à la résistance naissante de nombre de communistes, même si le monolithisme du parti est devenu total en 1933 après l'éviction de Boukharine (1929) et de l'« opposition de droite ».
Pour imposer sa volonté transformatrice, Staline doit s'appuyer sur un appareil policier puissant et renforcer les institutions étatiques. Démasquant complots et réseaux de sabotage, réels ou imaginaires, il réorganise la police politique (la Guépéou est remplacée par le NKVD en 1934), qu'il confie à Guenrikh Iagoda, cadenasse tout l'appareil d'État et se débarrasse systématiquement de tous ceux qui critiquent ou pourraient critiquer sa politique.
L'assassinat en décembre 1934 de Kirov, secrétaire du parti à Leningrad (ex-Petrograd, débaptisé en 1924) et successeur potentiel du secrétaire général, ouvre une ère de terreur.
Cent dix-sept exécutions capitales sont immédiatement ordonnées à la suite de cet attentat (en 1937, Staline « révèlera » que le principal assassin de Kirov était en fait Iagoda, l'un de ses plus proches collaborateurs et l'instrument de sa politique terroriste). Staline fait procéder à une vague de purges massives.
Lors des procès de Moscou, de 1936 à 1938, sont jugés et condamnés la plupart des dirigeants de la révolution (des prototypes plus modestes de ces grands procès, visant des intellectuels et des mencheviks, avaient déjà été organisés au début des années 1930) ; l'épuration s'étend rapidement à des centaines de milliers de cadres administratifs, militaires, économiques et culturels.
Sous le contrôle du NKVD, les camps de travail forcé se remplissent de millions de personnes, dont la plupart disparaissent dans ce qui sera plus tard connu sous le nom de  Goulag.
Un chef puissant et adulé, mais isolé
Merci à notre cher Staline pour notre enfance heureuseMerci à notre cher Staline pour notre enfance heureuse
Le stalinisme s'exprime également dans le culte du chef, dont les portraits et les statues sont omniprésents. Au XVIIe Congrès du parti, dit « des vainqueurs », en février 1934, Staline est devenu, dans la description de Kirov, « le plus grand homme de tous les temps et de tous les pays ». Cette vénération atteint son apogée en 1936 – année de l'adoption de la nouvelle Constitution soviétique, dite « stalinienne » –, puis lors des 60e et 70e anniversaire de Staline, en 1939 et 1949. Staline vit jusqu'en 1933 au Kremlin, dont il ne sort guère, sinon pour les cérémonies officielles sur la place Rouge. La plupart de ses compagnons de jeunesse et même ses amis de la révolution disparaissent tragiquement, dont un grand nombre sur son ordre. Le pouvoir suprême accentue le côté solitaire – et brutal – de sa personnalité. Une solitude que ne compense aucune vie familiale.
Très jeune, Staline a épousé Ekaterina Svanidze, qui est morte en 1906 (leur fils deviendra général de l'Armée rouge). Après la révolution, il s'est remarié avec une très jeune fille, Nadejda Allilouïeva, qui se suicidera en 1932 dans des circonstances restées mystérieuses ; il fera fusiller par ailleurs deux de ses beaux-frères, et quatre de ses belles-sœurs seront déportées.
3.2. Le chef de l'Armée rouge (1941-1945)

Un conflit mal anticipé
Camarades de combatCamarades de combat
En 1939 commence la Seconde Guerre mondiale. L'Union soviétique reste neutre jusqu'en juin 1941 en vertu du pacte de non-agression avec l'Allemagne hitlérienne (août 1939). Les Occidentaux (France et Grande-Bretagne) ont refusé de signer avec l'URSS un accord militaire et économique face à l'Allemagne hitlérienne. À Munich, en septembre 1938, Français et Britanniques ont traité avec Hitler sans consulter l'URSS, tandis que les États-Unis restent neutres jusqu'en décembre 1941. Si, du point de vue soviétique, le pacte germano-soviétique se justifie – il faut gagner du temps –, on comprend mal, en revanche, que Staline ait pu être surpris par l'agression hitlérienne du 22 juin 1941, car le gouvernement soviétique a reçu des informations précises à ce sujet. Avec les difficultés de 1932-1933, dues aux conditions de la collectivisation des terres, les défaites qui suivent l'invasion allemande seront le plus grand échec de Staline. Pendant plus d'une semaine, il disparaît même de la scène politique.
Le maréchal Staline
Travailler pour que le camarade Staline nous remercie !Travailler pour que le camarade Staline nous remercie !
Le 3 juillet 1941, Staline s'adresse cependant aux Soviétiques pour les appeler à la lutte contre l'envahisseur. Président du Conseil des commissaires du peuple depuis le 6 mai 1941 (où il remplace Molotov), il devient président du Comité d'État pour la défense, puis commandant en chef de l'Armée rouge (août), concentrant ainsi dans ses mains tous les pouvoirs civils et militaires.
En octobre 1941, malgré la menace allemande, Staline décide de rester à Moscou. Le 6 novembre, il prononce, à la station de métro Maïakovski, un discours qui en appelle ouvertement aux sentiments patriotiques et, le lendemain, à l'occasion du 24e anniversaire de la révolution d'Octobre – alors les Allemands sont à moins de 100 km de la capitale –, il passe en revue les troupes sur la place Rouge.
 Staline parvient à inspirer au peuple une véritable foi dans son infaillibilité, à dissiper les doutes et les rancoeurs des années précédentes ; se conciliant par des concessions l'Église orthodoxe et restaurant dans l'armée les valeurs traditionnelles, il mobilise la population au service de la « grande guerre patriotique ». Les succès militaires soviétiques, surtout après la terrible bataille de Stalingrad (février 1943) permettent au « petit père des peuples » adulé de ses concitoyens de s'attribuer une stature de grand chef militaire. En 1943 il se fait maréchal, en 1945 généralissime.
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale s'achève, l'URSS, dont la participation à la victoire sur Hitler a été décisive, bénéficie d'un prestige énorme dans le monde, et Staline est au zénith de sa gloire. Son culte est célébré avec une intensité croissante tant en URSS que dans les démocraties populaires : érection de statues monumentales, diffusion d'une littérature dithyrambique, etc.
3.3. Le maître du camp socialiste (1945-1953)

La victoire de l'URSS a été obtenue au prix de sacrifices immenses : plus de 20 millions de morts (700 000 rien que pour les victimes civiles de Leningrad) et près de la moitié du pays dévasté par les nazis.
Puissance militaire et guerre froide
Conférence de Yalta, 1945Conférence de Yalta, 1945
Il faut donc reconstruire le pays, et cela demande du temps et de nouveaux sacrifices. Lors des conférences de Téhéran (nov.-déc. 1943), Yalta (février 1945) et Potsdam (juillet-août 1945), Staline a défendu avec habilité et ténacité les acquisitions de l'URSS, il a tenté de trouver un accord pour l'après-guerre avec ses alliés occidentaux britanniques et américains, mais l'URSS ne possède pas encore la bombe atomique (la première n'éclatera qu'en 1949). Il lui faut dépenser des sommes énormes pour rattraper son retard militaire, ce qui ne peut qu'entraver le développement économique.
Pourtant, malgré la guerre froide (marquée par le blocus de Berlin et la guerre de Corée), l'URSS connaît un certain développement industriel et culturel après 1947. Les industries spatiale et nucléaire sont créées à cette époque ; cependant, les biens de consommation ne progressent pas aussi vite, et les difficultés agricoles sont considérables.
Staline et l'impérialisme soviétique
Josip Tito, avril 1945, remerciements à StalineJosip Tito, avril 1945, remerciements à Staline
Après la victoire, Staline scelle la domination soviétique sur la majeure partie de l'Europe de l'Est. Subordonnant encore plus qu'auparavant toute visée internationaliste aux intérêts de l'URSS, il crée alors le Kominform (1947), qui impose aux partis communistes (notamment après la rupture avec la Yougoslavie de Tito en 1949) le soutien inconditionnel de la politique soviétique et l'adoption du dogmatisme diffusé par son collaborateur Jdanov. La dernière période voit Staline régner sans partage sur ce nouvel empire, dans un style ouvertement autocratique, et le congrès du parti n'est plus réuni avant 1952.
Le retour à la terreur
Vénéré à l'égal d'un dieu, Staline, qui a depuis longtemps l'obsession du complot, devient de plus en plus méfiant et soupçonneux. Ne gouvernant plus qu'avec une poignée de responsables (Jdanov, Malenkov, Beria, Boulganine, puis Khrouchtchev), il durcit de nouveau son emprise. Il écarte les militaires vainqueurs de la guerre, comme le maréchal Joukov, et s'apprête même à éliminer des collaborateurs proches ; les camps de travail forcé accueillent tous ceux qui doutent ou pourraient douter du « génie du chef ».
Sur le plan idéologique, le régime devient de plus en plus nationaliste grand-russe et xénophobe, ce qui prend, entre autres, la forme d'une campagne contre le « cosmopolitisme » à partir de 1948.
En janvier 1953, l'« affaire des blouses blanches », prétendu complot de médecins juifs ayant soigné des membres du parti qui auraient empoisonné des dirigeants soviétiques et prévu d'en assassiner d'autres, donne le signal à la fois d'une vaste purge et d'une répression antisémite. Peut-être l'affaire est-elle fabriquée de toutes pièces, ou correspond-elle à une machination dirigée par Beria, qui se savait menacé par Staline dont il était pourtant l'exécuteur des basses œuvres, Khrouchtchev et Molotov qui cherchent à écarter Staline ?.
La mort du « petit père des peuples »
Depuis près de vingt ans, Staline vit solitaire dans une « datcha » près de Moscou, à Kountsevo. Il passe l'été sur les bords de la mer Noire, dans le Caucase et ne se montre jamais en public, sinon le 1er mai et le 7 novembre, lors des grands défilés sur la place Rouge.
Dans la nuit du 1er mars 1953, dans sa datcha, Staline est victime d'une hémorragie cérébrale, dont il meurt le 5 mars 1953. Ce qui s'est exactement passé dans les heures qui précèdent et suivent cette attaque, et notamment le comportement des dirigeants du parti présents autour de lui comme Beria, demeure controversé.
Embaumé, son cadavre est placé dans le mausolée de la place Rouge à Moscou, à côté de celui de Lénine, quelques mois après une cérémonie funèbre où des millions de personnes ont pleuré le « petit père des peuples », le vainqueur de Stalingrad.
La déstalinisation inachevée
Pourtant, dès l'année suivante, le nom de Staline commence à disparaître des journaux. En 1956, devant le XXe Congrès du parti communiste de l'URSS, le secrétaire général Khrouchtchev, dans une séance à huis clos, présente un rapport secret visant à démontrer que les succès obtenus par l'URSS sont dus pour l'essentiel au parti et non à son défunt dirigeant, dont le culte de la personnalité, les méthodes brutales et les erreurs stratégiques sont dénoncées.
Il s'agit donc d'une mise en cause de Staline seul plus que du stalinisme et des méthodes qu'il a mises en œuvre : la déstalinisation amorcée lors du XXe Congrès est restée largement inachevée.
Pour en savoir plus, voir l'article stalinisme.

 

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