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CLIMAT

 


 

 

 

 

 

PLAN
        *         CLIMAT
        *         1. Le concept de climat
        *         2. La mesure du climat
        *         2.1. La méthode
        *         La période climatique de référence
        *         La variabilité du climat
        *         Les instruments de mesure
        *         2.2. La mesure des éléments fondamentaux du climat
        *         Température et humidité de l'air
        *         Pluviométrie
        *         Ensoleillement
        *         Vitesse du vent
        *         3. Les mécanismes du climat
        *         3.1. Le devenir du rayonnement solaire
        *         3.2. Le rayonnement infrarouge et l'effet de serre naturel
        *         3.3. La convection et le cycle de l'eau
        *         3.4. Le rôle des nuages
        *         4. Les déterminants géographiques du climat
        *         4.1. La latitude
        *         4.2. La continentalité
        *         4.3. La topographie
        *         5. Caractérisation des climats
        *         5.1. Moyenne annuelle des précipitations
        *         5.2. Critères thermiques
        *         5.3. Évapotranspiration
        *         6. Cycles saisonniers et régimes pluviométriques
        *         6.1. Le cycle des saisons
        *         6.2. La pluviométrie
        *         La circulation générale atmosphérique
        *         Le régime pluviométrique
        *         6.3. L'équateur météorologique
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climat
(grec klima, -atos, inclinaison)

Cet article fait partie du dossier consacré au climat.


       
Le climat est l'ensemble des phénomènes météorologiques (température, humidité, ensoleillement, pression, vent, précipitations) qui caractérisent l'état moyen de l'atmosphère en un lieu donné.
Pour les différents climats du globe, voir l'article spécialisé climats du monde.

1. Le concept de climat


Chaque type de temps correspond à une orientation particulière des grands courants atmosphériques, immédiatement au-dessus du sol et aux différentes altitudes dans l'atmosphère. Les types de temps à caractère anticyclonique correspondent en principe à une absence de précipitations, tandis que les types de temps à caractère dépressionnaire sont générateurs de précipitations. Certaines situations atmosphériques peuvent même occasionner localement des phénomènes météorologiques dangereux, fort heureusement rares, limités dans le temps (grêle, tempêtes, tornades, voire cyclones tropicaux, etc.). D'un jour à l'autre et pour une région donnée, il y a deux possibilités : soit la persistance du type de temps de la veille, soit le passage à un autre type de temps.
La notion de climat résulte de cette succession de types de temps, différents les uns des autres, même si l'opération de moyenne temporelle associée à toute analyse climatique masque cette diversité. La notion de climat doit également être associée à une échelle d'espace donnée : on distinguera le climat local, ou microclimat, le topoclimat (d'une vallée, d'un plateau, d'un bord de mer, d'une ville…), le climat d'une région, d'un continent, voire le climat global.

2. La mesure du climat

2.1. La méthode

La période climatique de référence
Différentes mesures permettent de définir dans un lieu donné un climat moyen, c'est-à-dire qui correspond à l'état moyen de l'atmosphère en ce site. Pour définir le climat d'un lieu, il faut procéder à l'analyse statistique de longues séries chronologiques de mesures des données physiques caractérisant l'atmosphère locale (soit les principaux éléments du climat) : température de l'air, pluviométrie, ensoleillement, humidité de l'air, vitesse du vent.
Ces séries chronologiques doivent couvrir un laps de temps, dit période climatique de référence, d'une durée de 30 années consécutives ; du fait de l'existence de cycles saisonniers, des moyennes sont calculées mois par mois.

La variabilité du climat
Selon les études réalisées par des géologues sur l'ère quaternaire, le climat en un lieu donné a changé, mais c'est une évolution à l'échelle des temps géologiques (plusieurs milliers d'années). Pour caractériser actuellement de véritables modifications du climat à l'échelle de l'année ou de la décennie, il faut pouvoir distinguer modifications du climat et variabilité naturelle. Cette dernière correspond à la dispersion statistique des éléments du climat, relevés année par année, autour de leur valeur moyenne trentenaire ; c'est une indication de l'amplitude possible de fluctuation d'une année sur l'autre de la valeur observée autour de la valeur moyenne.

Les instruments de mesure
Les connaissances historiques sur le climat sont relativement récentes : les premiers thermomètres ne sont fabriqués (à Florence, en Italie, et à Nancy) qu'en 1641 ; un an plus tard apparaissent les premiers baromètres (mesures par Blaise Pascal, au puy de Dôme, en 1648) ; la construction des premiers hygromètres (Henri Victor Regnault) remonte à 1842. Les premières mesures continues de pluviométrie et de température de l'air ont commencé à Paris, au parc Montsouris, en novembre 1872, et la création de l'Organisation météorologique internationale (aujourd'hui Organisation météorologique mondiale, O.M.M.), qui a établi les premières règles et codifications des mesures météorologiques, date de 1873.
Ainsi les chercheurs ne disposent-ils de séries chronologiques ininterrompues que depuis la fin du xixe s. Les séries de mesures plus anciennes (comme les mesures de température réalisées selon l'échelle Réaumur) peuvent être utilisées, mais doivent être corrigées (par l'échelle Celsius, utilisée dans le système international de mesures). Des moyennes climatiques, dites « normales » dans le langage météorologique, ont donc été calculées sur les périodes 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et sont en cours pour la période 1981-2010.
Les classifications des climats du monde sont fondées essentiellement sur des caractères du climat moyen : pluviométrie et températures de l'air moyennes mensuelles, et pluviométrie annuelle moyenne. On établit grâce aux valeurs ainsi dégagées une caractérisation du climat en chaque point du globe pour lequel de longues séries chronologiques ont été dressées.

2.2. La mesure des éléments fondamentaux du climat

Température et humidité de l'air
La température et l’humidité de l’air sont mesurées au sein de la biosphère, à une hauteur de référence de 2 m au-dessus du sol, à l'intérieur d'un abri normalisé peint en blanc qui protège les instruments (thermomètre, psychromètre) du rayonnement solaire et de la pluie.
Des thermomètres à extremum permettent de relever les maxima et minima journaliers, la moyenne étant égale à la demi-somme des valeurs extrêmes. L'humidité de l'air peut être déterminée par la mesure de la pression partielle de vapeur d'eau dans l'air, de la température dite du « point de rosée », ou de l'humidité relative. La valeur de la pression partielle de vapeur d'eau est une caractéristique d'une masse d'air donnée dont on peut calculer la moyenne dans le temps ; en revanche, l'humidité relative de l'air n'est pas un critère intrinsèque car elle dépend également de la température de l'air.
Les mesures sont réalisées, selon des normes internationales, toutes les trois heures. Ce ne sont pas directement ces mesures instantanées qui sont utilisées, mais leur moyenne journalière ou mensuelle.
Pluviométrie
La pluie est recueillie dans un appareil adéquat, le pluviomètre, placé dans un endroit dégagé à 1 m au-dessus du sol et relevé en général une fois par jour, en principe à 7 heures le matin (heure d'hiver locale). L'unité de mesure est le millimètre, soit 1 litre d'eau reçu par mètre carré de surface au sol horizontale.
Ensoleillement
L'ensoleillement en un lieu est caractérisé par la durée d'insolation, correspondant au nombre d'heures par jour pendant lesquelles le soleil a brillé et n'a donc pas été occulté par un nuage (unité : le dixième d'heure).
Vitesse du vent
La vitesse du vent est mesurée au sommet d'un pylône, à une hauteur de 10 m au-dessus du sol, dans un endroit dégagé (en général sur un aérodrome).

3. Les mécanismes du climat

3.1. Le devenir du rayonnement solaire

Effet de serre
Pour mieux comprendre ce qui gouverne le climat, et comment marche ce fameux « effet de serre », considérons la Terre dans son ensemble, comme un corps sphérique solide et liquide entouré d'une mince pellicule atmosphérique, évoluant dans le vide cosmique. Sa seule source d'énergie significative, le Soleil, éclaire notre planète et son atmosphère avec un flux de rayonnement (lumière visible, rayonnement proche infrarouge) équivalant à 1 368 W.m−2. Les nuages, l'air et la surface du globe réfléchissent environ 30 % de ce flux vers l'espace, ce rapport du flux réfléchi au flux incident s'appelant l'albédo ; les 70 % qui restent se trouvent absorbés et convertis en chaleur.
À côté de ce flux d'énergie solaire, tout ce qu'on « produit » sur Terre (dégagement d'énergies fossiles solaire et stellaire) est négligeable en moyenne globale.

3.2. Le rayonnement infrarouge et l'effet de serre naturel
La partie absorbée du rayonnement solaire, surtout à la surface du globe, doit en fin de compte être renvoyée vers l'espace, car c'est seulement par le rayonnement que la Terre peut échanger de l'énergie avec son environnement cosmique. Cela se fait en plusieurs étapes. La surface de la Terre prenant des températures entre − 70 °C et + 50 °C, elle rayonne dans l'infrarouge moyen, à des longueurs d'onde entre 4 et 40 micromètres. Cependant, les gaz de l'atmosphère absorbent le rayonnement à certaines de ces longueurs d'onde, comme le révèle l'analyse spectrale du rayonnement infrarouge qui s'évade réellement de l'atmosphère, observée à partir des satellites.
L'atmosphère, réchauffée par ce rayonnement qu'elle absorbe, renvoie une partie de celui-ci vers le bas ; finalement, la température moyenne au sol (+ 15 °C) est bien supérieure à celle qui régnerait (− 18 °C) s'il n'y avait pas cette absorption de l'infrarouge. C'est ce phénomène qui constitue l'effet de serre naturel.
L'effet de serre dépend essentiellement des gaz atmosphériques constitués de molécules à plusieurs atomes (3 ou plus), qui absorbent une partie importante du rayonnement infrarouge et qu'ils réémettent à la fois vers le haut et vers le bas. Ces gaz, très minoritaires dans l'atmosphère (moins de 1 %), comprennent notamment la vapeur d'eau (H2O), le gaz carbonique (dioxyde de carbone : CO2), l'ozone (O3), le méthane (CH4) et d'autres gaz encore. Si l'on augmente la quantité de ces gaz dans l'atmosphère, l'effet de serre doit se renforcer. Quant aux gaz qui constituent plus de 99 % de l'atmosphère, l'azote (N2) et l'oxygène (O2), leur structure moléculaire très simple fait qu'ils ne jouent pratiquement aucun rôle dans les transferts d'énergie par rayonnement.

3.3. La convection et le cycle de l'eau
L'analogie de l'atmosphère terrestre avec une serre n'est pas parfaite, car, si les serres fonctionnent en laissant passer le rayonnement solaire et en piégeant le rayonnement infrarouge, elles doivent une grande partie de leur efficacité au fait que d'une part elles empêchent les pertes de chaleur par convection, c'est-à-dire par courants d'air, et que d'autre part elles maintiennent une humidité élevée qui limite la perte de chaleur par l'évapotranspiration des plantes.
Ces deux processus, dont l'action est entravée dans une serre, jouent au contraire un rôle important sur Terre, limitant l'échauffement de la surface en transférant de la chaleur de celle-ci à l'atmosphère. Chaque gramme d'eau évaporée à la surface des océans, du sol, des stomates d'une feuille verte, emporte avec lui une quantité de chaleur « latente » (environ 540 calories) qui est libérée dans l'atmosphère au moment de la condensation. Les bilans d'énergie entre surface et atmosphère sont ainsi couplés au cycle de l'eau, mais en fin de compte l'énergie doit repartir vers l'espace dans le rayonnement infrarouge.

3.4. Le rôle des nuages
La condensation de la vapeur d'eau dans l'atmosphère donne généralement lieu à la formation de nuages, qui sont des collections de gouttelettes d'eau liquide (stratus, cumulus) ou de cristaux de glace (cirrus).
Les nuages, en augmentant l'albédo de la planète (partie du rayonnement solaire renvoyée vers l’espace), diminuent la quantité d'énergie solaire disponible pour échauffer la surface du sol et la basse atmosphère ; ils refroidissent la Terre. Cependant, de même qu'ils réfléchissent partiellement la lumière provenant du Soleil, les nuages bloquent aussi l'évasion du rayonnement infrarouge terrestre, contribuant à l'effet de serre naturel.
Les nuages élevés, à sommets froids, ne rayonnent que faiblement vers l'espace ; si leurs bases se trouvent à basse altitude, dans des couches relativement chaudes, ils rayonnent fortement vers le sol. D'où le faible refroidissement nocturne des nuits à ciel couvert, alors qu'il fait frais au lever du Soleil après une nuit à ciel dégagé. L'effet d'albédo des nuages paraît cependant prédominer en moyenne globale.

4. Les déterminants géographiques du climat
La comparaison des moyennes climatiques de température, de durée d'ensoleillement et de précipitations établies par des stations réparties sur les différents continents fait apparaître un certain nombre de déterminants géographiques du climat, dont les trois principaux sont la latitude, la continentalité, la topographie.

4.1. La latitude
Étymologiquement le mot grec klima fait référence à l'inclinaison des rayons solaires, et donc à la latitude, que l’on peut considérer comme le facteur premier de détermination géographique du climat dans la mesure où elle détermine la quantité d'énergie solaire reçue au sol et l'amplitude de sa variation saisonnière, la quantité réelle reçue un jour donné étant modulée en fonction de la nébulosité (présence d'une couverture nuageuse). Les valeurs les plus élevées de rayonnement solaire reçu sont observées dans la zone intertropicale.
À l'échelle du globe, la pluviométrie annuelle moyenne varie également avec la latitude, toutes longitudes confondues, le maximum se situant entre 0° et 10° de latitude nord ; c'est dans cette tranche que se trouve la position moyenne annuelle de la zone de convergence intertropicale des alizés. Ainsi, l'excès de précipitations reçu par l'hémisphère Nord doit être compensé par des courants océaniques transéquatoriaux qui se dirigent vers l'hémisphère Sud. Dans chaque hémisphère, on observe une zone de minimum pluviométrique entre les latitudes 20° et 30°, qui correspond à une ceinture d'anticyclones subtropicaux, tel celui des Açores. Dans l'hémisphère Nord, cette tranche de latitude correspond aux zones désertiques du Sahara, de l'Arabie, de l'Iran et du Pakistan, du sud-ouest des États-Unis et du Mexique. On rencontre ensuite, quand on se dirige vers les pôles, deux maxima relatifs dans la tranche de latitude 40°-50°, correspondant à une zone de passage des perturbations atmosphériques qui est plus marquée dans l'hémisphère Sud que dans l'hémisphère Nord. Enfin, les précipitations diminuent à l'approche des pôles, les très basses températures limitant la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère.
En météorologie, on subdivise classiquement chaque hémisphère en trois tranches de latitudes :
– les basses latitudes (de 0° à 30°, incluant la zone intertropicale) ;
– les latitudes moyennes (de 30° à 60°) ;
– les hautes latitudes (de 60° à 90°).

4.2. La continentalité
La continentalité détermine notamment l'amplitude annuelle de température de l'air entre le mois le plus froid et le mois le plus chaud : elle est d'autant plus grande que le lieu considéré est éloigné de toute zone océanique. Pour comprendre l'incidence du facteur continentalité, il faut rappeler que le climat résulte de l'équilibre relatif entre l'apport énergétique, d'origine solaire, à la surface du sol, et la disponibilité en eau liquide dans le sol pour l'évaporation, assurée sur les continents par les précipitations.
Au-dessus des océans, les interactions de ceux-ci avec l'atmosphère s'exercent de la façon suivante : les mouvements atmosphériques sont à l'origine de la houle en haute mer et contribuent aussi à l'évaporation ; en contrepartie, les masses océaniques jouent un rôle de régulateur thermique vis-à-vis de l'atmosphère et contrôlent les échanges de chaleur avec cette dernière. Ainsi, l'hiver, les franges côtières des continents connaissent une température plus douce que les zones de l'intérieur, où le déficit radiatif hivernal entraîne un refroidissement des masses d'air d'autant plus prononcé que leur trajet est continental. L'effet de régulation de l'océan joue en sens inverse sur les températures en été : sa proximité limite la hausse des températures.
La présence de l'océan limite donc globalement l'amplitude annuelle de la température, la continentalité la renforce. Le climat de l'Europe occidentale est une bonne illustration des influences océaniques.
Si dans l'hémisphère Nord la proportion d'océans et de continents est à peu près égale aux latitudes moyennes, dans l'hémisphère Sud, en revanche, la même tranche de latitude a une proportion de zones océaniques supérieure à 90 %. Les critères de latitude et de continentalité ne sont donc pertinents pour caractériser un climat que s’ils sont traités de façon combinée.

4.3. La topographie
Le relief d'une région intervient sur le climat moyen sous deux aspects : l'altitude moyenne et la position du lieu ou de la région considérés par rapport à d'éventuels massifs montagneux environnants.
Les températures moyennes décroissent régulièrement avec l'altitude selon un gradient moyen de l'ordre de − 0,55 °C/100 m. Pour ce qui est de la quantité de précipitations reçues, l'élévation des masses d'air humide au contact du relief favorise la condensation de la vapeur d'eau atmosphérique. Ainsi, en France, les pourtours occidentaux des massifs montagneux reçoivent davantage de précipitations que les plaines ou que les versants exposés à l'est.
D'une façon générale, tous les éléments du climat varient avec l'altitude. Mais les effets du relief sont multiples. À petite échelle, celle d'une vallée, il faut prendre en compte l'exposition au rayonnement solaire sur une surface non horizontale, qui varie avec la pente du versant et son orientation par rapport aux points cardinaux. En ce qui concerne les précipitations, les effets sont complexes : il faut considérer le paysage environnant le site considéré et la protection exercée par certaines barres montagneuses contre des perturbations atmosphériques dont la direction générale de propagation est perpendiculaire à celles-ci. Par exemple, dans le contexte géographique de la France, les flancs de montagne faisant face à l'ouest ou au sud-ouest sont directement exposés aux masses d'air humide provenant de l'Atlantique.

5. Caractérisation des climats
Les principaux critères de caractérisation des climats doivent être simples, de façon à être utilisables pour le plus grand nombre possible de points de mesure. Ces critères sont descriptifs du climat moyen, et non de la variabilité du climat.
5.1. Moyenne annuelle des précipitations
Le premier critère est la moyenne du total annuel des précipitations, qui varie de moins de 50 mm au centre du Sahara à plus de 5 000 mm dans les zones montagneuses du nord-est de l'Inde et de la Birmanie. Ce total ne nous renseigne cependant pas sur la répartition de cette pluviométrie moyenne au cours de l'année, laquelle est parfois loin d'être régulière. Ce premier critère est donc complété par la description du type de régime pluviométrique, défini à partir des moyennes mensuelles de précipitations.

5.2. Critères thermiques
Deux critères thermiques sont pris en compte :
– la température moyenne du mois le plus froid (en général le mois de janvier dans l'hémisphère Nord, parfois février) ;
– la température moyenne du mois le plus chaud (en général le mois de juillet dans l'hémisphère Nord, parfois août).
Ces températures sont comparées à des seuils censés être des limites thermiques, respectivement inférieure et supérieure, de l'aire d'extension des grands types de végétation naturelle.
L'amplitude thermique annuelle, différence entre ces deux températures, est aussi un bon indicateur de la continentalité du climat. Enfin, la température moyenne annuelle sert dans certains cas d'indice du niveau de demande climatique en évaporation exercée par l'atmosphère sur la végétation, afin d'être combinée à un critère pluviométrique. En effet, la seule indication des précipitations annuelles moyennes est insuffisante pour décrire le niveau de disponibilité en eau pour la végétation ; il faudrait pouvoir confronter ce critère pluviométrique annuel à une valeur similaire de l'évaporation annuelle de la végétation.

5.3. Évapotranspiration
On sait intuitivement qu'une même quantité de précipitations aura, pour assurer une bonne alimentation en eau à la végétation, une efficacité moindre dans une région chaude que dans une région froide. Les estimations calculées de l'évapotranspiration des plantes (qui combine le phénomène physiologique de transpiration de la plante et celui purement physique d'évaporation de l'eau au niveau de la plante et du sol) sont délicates ; quant aux réseaux de mesures de cette variable, ils sont inexistants. Le niveau d'évapotranspiration d'une plante dépend en effet de plusieurs variables météorologiques, essentiellement la durée d'insolation, la température et l'humidité de l'air, la vitesse du vent. Les deux premières variables ne sont pas indépendantes l'une de l'autre et évoluent en général dans le même sens ; c'est pourquoi on utilise la variable température moyenne annuelle comme indicateur du niveau d'évaporation potentielle.

6. Cycles saisonniers et régimes pluviométriques
La variation au cours de l'année de la quantité de rayonnement solaire que reçoit par jour la surface terrestre engendre une fluctuation en cascade de toutes les variables climatiques.

6.1. Le cycle des saisons
Pour la température, cela se traduit par l'existence d'un cycle de variation au cours de l'année assez régulier, qualitativement semblable, dans un même hémisphère, d'un point à un autre. Dans l'hémisphère Nord, la température atteint son minimum annuel en janvier (parfois en février dans les zones proches des océans) et son maximum annuel en général en juillet. La durée de la phase ascendante du cycle est un peu plus longue que celle de la phase descendante. On définit ainsi deux saisons extrêmes (l'hiver, de décembre à mars, et l'été, de juin à septembre) et deux saisons intermédiaires (le printemps, d’avril à juin, et l'automne, de septembre à novembre).
Dans le monde, les amplitudes thermiques annuelles les plus élevées, dépassant 50 °C, sont observées aux confins nord-est de la Russie. À l'opposé, cette amplitude annuelle est très faible en climat équatorial, où elle peut être inférieure à 5 °C ; c'est le cas en Malaisie (à Kuala Lumpur, les températures moyennes oscillent très légèrement autour de 27 °C, l'amplitude journalière, de l'ordre de 10 °C entre le minimum du matin et le maximum de l'après-midi, étant beaucoup plus importante que la différence entre la température moyenne journalière du mois le plus chaud et celle du mois le plus froid) ou au Cameroun (à Yaoundé, le minimum mensuel est observé en juillet-août avec 22 °C, et le maximum mensuel en février avec 25 °C, soit une amplitude annuelle de l'ordre de 3 °C).

6.2. La pluviométrie
La circulation générale atmosphérique
La circulation générale moyenne de l'atmosphère correspond à l'organisation spatiale des mouvements atmosphériques à grande échelle sur l'ensemble du globe, à caractère plus ou moins permanent à l'échelle du mois, mais variable d'une saison à l'autre.
La circulation générale assure ainsi le transfert de quantités énormes d'eau sous forme de vapeur (nuages) ou de liquide (courants océaniques) des océans – qui sont les principales zones de contribution de vapeur d'eau à la surface du globe (85 % de l'évaporation totale) – vers les zones continentales.
Les précipitations constituent une phase particulière du cycle de l'eau dans l'atmosphère ; elles se produisent lorsque les masses d'air subissent des processus de refroidissement, par ascendance de l'air ou soulèvement de la masse d'air lors de son passage au-dessus de zones continentales montagneuses, ou des réalimentations en vapeur d'eau.

Le régime pluviométrique
Le régime pluviométrique caractérise le cycle annuel des précipitations, décrit par un histogramme des valeurs moyennes mensuelles. Ce cycle annuel est beaucoup plus irrégulier que celui de la température, et sa forme peut varier notablement d'une région à une autre. En effet, le signal énergétique variable, correspondant à l'énergie solaire reçue au sol, se répercute de façon indirecte sur la pluviométrie par l'intermédiaire de la circulation générale moyenne de l'atmosphère.
La moyenne de pluviométrie annuelle sur l'ensemble du globe est de l'ordre de 1 000 mm. Les zones les plus pluvieuses se situent dans le bassin de l'Amazonie, en Afrique équatoriale, sur les contreforts sud de l'Himalaya, dans le nord-est de l'Inde, au Bangladesh et en Indonésie, où l'on recueille plus de 2 000 mm de pluie par an.
La pluviométrie de l'hémisphère Sud est beaucoup moins bien connue car elle concerne essentiellement un domaine maritime. Il y a un maximum pluviométrique entre 40° et 50° de latitude sud.

6.3. L'équateur météorologique
Un trait majeur du cycle saisonnier subi par l'atmosphère terrestre est le déplacement au cours de l'année de ce qu'on appelle l'équateur météorologique, qui correspond à la zone de convergence des alizés. La convergence des vents entraîne une ascendance verticale de l'air génératrice de précipitations intenses caractéristiques du climat équatorial.
Cet équateur météorologique, qui sépare les deux hémisphères du point de vue de la circulation générale atmosphérique, ne coïncide pas avec l'équateur géographique. Sa position en latitude dépend de la date dans l'année et de la longitude du lieu. Il est situé dans l'hémisphère Nord pendant la majeure partie de l'année. En moyenne « zonale », c'est-à-dire toutes longitudes confondues, il atteint sa position la plus méridionale (5° S.) en février et sa position la plus septentrionale (12° N.) en août, sa position moyenne annuelle correspondant à la latitude de 6° N. environ. Le décalage de sa position moyenne vers le nord par rapport à l'équateur géographique est lié au déséquilibre de répartition entre océans et continents dans les deux hémisphères et à la prédominance de zones océaniques dans l'hémisphère Sud.
L'équateur météorologique subit au-dessus du sous-continent indien et du Sud-Est asiatique une remontée considérable vers le nord pendant l'été boréal, concomitante de l'installation de la mousson dans cette zone. Une oscillation similaire, quoique de moindre amplitude en latitude, se produit en Afrique de l'Ouest. Ces moussons peuvent varier en intensité d'une année sur l'autre.

 

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Pierre Ier le Grand

 

 

 

 

 

 

 

Pierre Ier le Grand


Pierre Ier le Grand
(Moscou 1672-Saint-Pétersbourg 1725), tsar (1682-1725) et empereur (1721-1725) de Russie.

Les années de formation (1672-1695)
Pierre est le fils du tsar Alexis Mikhaïlovitch (1645-1676) et de Nathalie Narychkine (1651-1694). En 1682, la mort de Fédor III, fils d'un premier lit, fait de lui un empereur conjointement avec son autre demi-frère, le tsar Ivan V (1666-1696). Sophie Alekseïevna (1657-1704), sa demi-sœur, exerce la régence en leur nom. Négligé par la régente, délaissé par une mère tout adonnée à la dévotion et entièrement attachée au parti du patriarche et des « vieux croyants », le jeune Pierre grandit librement sans apprendre à lire ni à écrire, passant son temps à jouer à la guerre avec des compagnons de son âge.


Son corps est celui d'un athlète de santé robuste, capable de résister aux pires excès. Toutefois, le jeune souverain est sujet à de fréquentes crises d'épilepsie et s'abandonne à des colères folles.
Mais l'intelligence est vive, nullement spéculative, toute tournée vers les réalités. Esprit réfléchi, obstiné, Pierre prouvera qu'il peut poursuivre longuement un plan soigneusement prémédité.
Les activités militaires occupent tout son temps et, peu à peu, s'affirme en lui la volonté de créer une armée moderne dans l'empire. C'est par ce biais que le tsar se trouve amené à entrer en contact avec les Occidentaux, nombreux à Moscou, où ils vivent dans le quartier de Sloboda. Auprès d'eux, il étudie la technique militaire : le Genevois François Lefort (1656-1699), brillant officier, deviendra son confident et gouvernera un temps la Russie.
Habilement, Pierre lève des régiments qu'il forme lui-même et en recrute les éléments parmi les plus modestes familles de la noblesse, car il se méfie des grands seigneurs. Fort de cet appui, il décide à dix-sept ans de s'emparer effectivement du pouvoir.
La situation lui est favorable ; la princesse Sophie vient d'essuyer des revers en Crimée, où l'armée de Vassili Vassilievitch Galitzine (1643-1714) a été vaincue, et, redoutant les manœuvres de son frère, elle cherche à le supprimer. En 1689, Pierre évente le complot, s'enfuit de Moscou, gagne le monastère de la Trinité Saint-Serge, dans l'actuelle ville de Zagorsk (Troïtse-Serguieva lavra), où il soulève en sa faveur plusieurs régiments et les streltsy (archers de la Garde impériale). Il a rapidement la situation en main ; Sophie est enfermée dans un couvent, Galitzine exilé dans le nord du pays ; quant à Ivan V, ce prince débile de corps et d'esprit n'est pas gênant ; après avoir régné, nominalement, avec Pierre Ier, il disparaît en 1696.
Libre de ses actes, le tsar continue à perfectionner son armée ; il se préoccupe également de la marine, apprend auprès des Hollandais d'Arkhangelsk les techniques nautiques et construit une flottille qu'il exerce sur un lac.
L'administration intérieure, moins séduisante, est laissée à des conseillers, dont Lefort ; le tsar se réserve la gloire militaire.

Le premier voyage en Europe et les débuts d'une grande politique (1695-1699)
La politique traditionnelle de la Russie consistait à affronter ses voisins immédiats, méridionaux et occidentaux. Au sud, les khans de Crimée, appuyés par les Ottomans, ravageaient périodiquement les provinces méridionales de l'empire ; en outre, ils empêchaient les Russes d'accéder à la mer Noire. À l'ouest, la Pologne, battue en 1686, avait dû céder la Russie Blanche avec Smolensk et une partie de l'Ukraine avec Kiev. Les Suédois, bien installés sur les rivages de la Baltique, étaient l'obstacle essentiel qui empêchait la Russie de communiquer facilement par mer avec l'Occident.
La première expédition militaire de Pierre le Grand n'est qu'un demi-succès. Après deux campagnes difficiles (1695-1696), où il se place volontairement sous les ordres de Lefort, il finira par prendre la forteresse turque d'Azov mais ne pourra obtenir un large accès à la mer (paix de Karlowitz, 1699). L'accès à la mer Baltique restera le grand dessein du règne.
En 1697, Pierre a entrepris en Occident un « voyage d'études ». À Amsterdam, il a séjourné longuement, créant la légende de l'« empereur charpentier » il a visité les chantiers de la Compagnie des Indes. À Londres, ce sont les musées, les laboratoires, les académies qui l'ont reçu ; il est revenu ensuite en Hollande et, par l'Allemagne, il a gagné Vienne, où il n'a pu persuader l'empereur Léopold de former une grande coalition contre les Turcs.
Après un séjour en Pologne, où il obtient le concours d'Auguste II, le tsar se décide à écraser la Suède, tout en engageant ses États dans les voies de la modernité.

Réformes et résistances
La résolution d'occidentaliser la Russie, qui ne se démentira jamais, n'est pas une vue de l'esprit, mais la claire conscience que seule la modernisation de son empire, qui en est encore au stade du Moyen Âge, pourra lui permettre de s'imposer dans le concert des nations européennes. Un détail est significatif à cet égard : en Russie, on datait encore les années en partant de la « création du monde » Pierre le Grand, le 1er janvier 1700, décide d'adopter le calendrier chrétien « julien ».
Le tsar va accélérer l'évolution de la société russe, caractérisée par la disparition de l'aristocratie princière et des boyards et leur remplacement par une noblesse de service issue des fonctions militaires et civiles et récompensée par l'attribution de domaines et de serfs. La caste des marchands devient de plus en plus importante, et elle sera encore plus prospère lorsque les conquêtes du tsar lui auront ouvert de nouveaux débouchés commerciaux.
Vis-à-vis du clergé, Pierre Ier mène une double action : il écarte les opposants conservateurs et favorise la promotion d'éléments médiocres mais tout acquis au pouvoir ou tout au moins incapables de s'opposer à ses innovations. En 1700, à la mort du patriarche Adrien (1627-1700), il supprimera même la fonction patriarcale, véritable pouvoir rival du sien.
Pour occidentaliser les mœurs, le tsar n'hésite pas à couper lui-même les barbes des plus grands seigneurs, à ordonner le port du costume européen par tous, à l'exception du clergé et des paysans, et à encourager l'usage du tabac.
Ces réformes passent aux yeux de beaucoup pour être l'« œuvre de Satan », et des résistances se font jour. Ainsi, à son retour d'Europe en 1698, le tsar doit faire face aux intrigues de Sophie et à la révolte des streltsy, qu'il châtie et finit par dissoudre.

Le conflit russo-suédois et le triomphe de Pierre le Grand (1700-1721)
Pierre Ier entre en lutte contre la Suède en 1700, mais il s'épuise au siège de Narva, et Charles XII écrase les Moscovites sous les murs de la ville (30 novembre 1700), leur infligeant de lourdes pertes ; en juillet 1701, le roi de Suède s'empare de Riga. Mais Pierre force la victoire et, en 1703, alors que Charles XII combat les Polonais, il s'empare de l'Ingrie, de la Carélie et s'installe sur la Neva, où il fait édifier la future capitale de l'empire, Saint-Pétersbourg.
En 1707, Pierre Ier passe à l'offensive et attaque les armées suédoises en Pologne ; Charles XII se décide alors à pénétrer en Russie, franchit la Vistule et se dirige sur Moscou. Les troupes du tsar reculent en livrant de durs combats et en faisant le vide derrière elles. Arrêté près de Moguilev en juillet 1708, le roi de Suède essaie de susciter contre le tsar une coalition, mais il n'obtient que le concours des cosaques révoltés de l'Ukraine, dirigés par Mazeppa. Pierre Ier le devance et bat l'armée royale à Dobroïe, tandis qu'une armée de secours est défaite à Lesnaia, laissant entre les mains des Russes les vivres qu'elle apportait.
Aussi, Charles XII pénètre-t-il dans le grenier ukrainien pour y faire subsister ses troupes, mais là encore Pierre Ier a pris les devants et a fait transporter toutes les récoltes dans les magasins de Poltava. Le roi de Suède fait le siège de la ville, mais il manque de vivres et de munitions. Le tsar laisse l'armée suédoise s'épuiser et, le 8 juillet 1709, il attaque et remporte une victoire qui a dans toute l'Europe un retentissement considérable.
Durant les années suivantes, Pierre réalise son rêve : ouvrir une large « fenêtre maritime » par la prise de la Livonie, de l'Estonie et de la Courlande. Le traité de Nystad, signé le 10 septembre 1721 entre la Russie et la Suède, confirmera à Pierre le Grand la possession de la Livonie, de l'Estonie avec Ösel (Sarema), de l'Ingrie, d'une partie de la Carélie et d'un district de la Finlande avec Vyborg.
Ces conquêtes orientent définitivement la politique russe vers les puissances européennes grâce au développement de ses activités maritimes ; cependant, sa vocation d'État continental, se développant grâce à la colonisation paysanne vers l'est (Sibérie) et le sud (steppes de l'Asie centrale), ne disparaît pas pour autant.

L'établissement de l'autocratie
Après Poltava, Pierre le Grand prend en main les rênes de l'État. Siège du gouvernement dès 1713, Saint-Pétersbourg est dotée d'une fonderie de canons, d'une manufacture d'armes, d'une académie des Sciences.
Une flotte de guerre importante est lancée sur la Baltique, mais elle coûte cher et présente encore de nombreux défauts. L'armée russe, par contre, devient la plus importante d'Europe après la française, passant de 100 000 hommes en 1709 à 200 000 en 1725, à la fin du règne. Si le haut commandement est allemand, les officiers sont russes.
Mais l'absence d'un système d'éducation oblige Pierre à recourir à des étrangers, surtout à des Allemands, ce qui heurte ses sujets. Quelques écoles d'enseignement général et quelques écoles spéciales seront bien créées, mais en trop petit nombre. D'autre part, le tsar ne réussit pas à établir un système de gouvernement centralisé et cohérent, l'état social et moral de la Russie à cette époque ne le permettant pas. Il en résulte un manque de coordination entre les diverses institutions et une anarchie dans la fiscalité ; les fonctionnaires, médiocres, sont trop peu nombreux ou corrompus.
Tout repose en définitive sur le tsar, auquel tout aboutit. Ce régime autocratique qui mate toutes les rébellions (émeutes d'Astrakhan, soulèvement des cosaques du Don et du Kouban en 1707-1708, intrigue des boyards groupés autour du tsarévitch Alexis), domestique la noblesse et le clergé, dépend trop de la personnalité du souverain.

Le développement économique
En Russie, tout progrès commercial ou industriel était entravé par le système du monopole d'État. Dans ce domaine encore, Pierre le Grand s'efforce d'adapter des institutions modernes à des structures féodales.
Après son second voyage en Europe (1716-1717), conseillé par un Silésien, le baron Luberas, il autorise les particuliers à créer des fabriques et rend libre tout le commerce intérieur (1719). Il encourage l'industrie privée en accordant les privilèges nobiliaires aux fabricants (1721), en leur imposant la main-d'œuvre des prisonniers (1719), en créant des « conseils de commerce » dans les ports et les centres urbains de l'empire, des agences commerciales en Europe et jusqu'en Extrême-Orient. Mais la faiblesse de la main-d'œuvre libre et de l'instruction professionnelle limite les résultats.
Néanmoins, l'industrie enregistre de nombreuses réussites ; la guerre suscite l'établissement d'une zone métallurgique dans la région de l'Oural, riche en mines de fer et en forêts. Le tsar y crée une fonderie et une fabrique de canons et une douzaine d'usines qui sont pour moitié propriété de l'État. Les industries du bois sont prospères ainsi que les pêcheries d'esturgeons, de sterlets, de harengs, etc.
Un commerce actif se développe, notamment à Saint-Pétersbourg et à Astrakhan. Aux foires de Moscou, d'Irbit ou d'Astrakhan, où se pressent Européens et Orientaux, les Russes vendent des bois de construction, des cuirs, des céréales, du lin, du bétail et achètent des produits manufacturés. Les échanges s'intensifient principalement avec la Perse et avec la Chine par la Sibérie.
La Russie reste pourtant un pays essentiellement agricole. La colonisation progresse lentement vers les steppes du Sud et du Sud-Est, mais les guerres freinent cette expansion et favorisent la désertion des serfs et des paysans libres. Aussi les grands propriétaires se plaignent-ils du manque de main-d'œuvre et, pour y remédier, transforment-ils de plus en plus des paysans libres en serfs attachés à la glèbe. L'aggravation du régime du servage, plaie de la Russie des deux siècles suivants, date de cette époque.
Ces bouleversements ne vont pas sans troubler profondément la vieille société russe. Pierre le Grand, en véritable autocrate, brise toute opposition par la force ; un moment, la résistance se groupe autour de l'héritier du trône, Alexis (1690-1718) ; le tsar n'hésite pas à le faire périr sous les tortures (juin 1718). Lorsque Pierre le Grand meurt en pleine activité, le 28 janvier 1725, c'est son épouse, Catherine, qui lui succède.

 

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LA LITTÉRATURE LATINE

 

 

 

 

 

 

 

LA  LITTÉRATURE  LATINE

PLAN
        *         LA LITTÉRATURE LATINE
        *         Les débuts de la littérature latine
        *         Les premiers écrits en langue latine
        *         Les comédies de Plaute et de Térence
        *         Caton le Censeur
        *         L'âge cicéronien
        *         Cicéron
        *         La littérature historique
         *         La poésie
         *         Le latin impérial
         *         Le latin augustéen
         *         Virgile
         *         La poésie
         *         La prose
         *         L'époque claudienne
         *         Sénèque
         *         La période des Flaviens et des Antonins
         *         Le latin chrétien
         *         Le temps des apologistes
         *         Les Pères de l'Église
         *         Saint Augustin
         *         Le latin tardif
         *         Des textes en langue « vulgaire »
         *         Travaux de grammairiens
         *         La décadence
         *         La survie du latin
         *         Le latin médiéval
         *         La « Renaissance carolingienne »
         *         Du xie au xiiie s.
         *         Le néolatin
         *         La poésie amoureuse
         *         Érasme
         *         Les poètes de la Pléiade
         *         Le latin des collèges de jésuites
         *         L'abandon progressif du latin
         *         Le latin de l'Église catholique
         *         La langue officielle de l'Église catholique
         *         Les textes pontificaux

la littérature latine

Consulter aussi dans le dictionnaire : latin
Cet article fait partie du dossier consacré à la Rome antique.

La littérature latine naît au contact des Grecs de l'Italie du Sud et de la Sicile, et se développe principalement dans deux genres différents : l'épopée et le théâtre.
Les débuts de la littérature latine
Les premiers écrits en langue latine
Livius Andronicus (vers 280-207 avant J.-C.) commence par proposer une traduction libre en vers saturniens de l'Odyssée. Mais par la suite, Cneius Naevius (vers 270-201) et Quintus Ennius (239-169) romaniseront leur inspiration, le premier avec sa Guerre punique, encore en vers saturniens, et le second avec ses Annales, qui retracent, dans l'hexamètre dactylique des Grecs, toute l'histoire romaine depuis les origines légendaires.
Les mêmes auteurs et d'autres, comme Marcus Pacuvius (vers 220-132) et Lucius Accius (vers 170-86), s'essaient à la tragédie, le plus souvent d'inspiration grecque. Caius Lucilius (vers 180-105) inaugure, lui, la tradition de la satire, genre littéraire romain composite – satura signifiant « sorte de farce, de macédoine » –, souvent plein de piquant.


Les comédies de Plaute et de Térence
Des écrits de tous ces auteurs il ne reste que des fragments, les premières œuvres complètes qui nous sont parvenues étant des pièces de théâtre : comédies de Plaute (vers 254-184) et de Térence (vers 185-159).
De Plaute, une vingtaine de pièces sont attestées, dont deux seulement datées avec précision : Stichus (du nom de l'esclave de l'un des deux frères ruinés dont la pièce raconte le retour à Athènes, une fois fortune faite) de 200, et Pseudolus (l'Imposteur) de 191. Certaines de ses autres pièces exerceront une influence sur la littérature française : les tirades du Miles gloriosus (le Soldat fanfaron) préfigurent celles du Matamore de l'Illusion comique, de Corneille ; Amphitryon sera imité par Molière, ainsi que la Comédie de la marmite, qui lui inspirera l'Avare ; quant à Casina, elle annonce pour partie le Mariage de Figaro, de Beaumarchais.
La première comédie de Térence, l'Andrienne, est représentée en 166 et sa sixième et dernière, les Adelphes, en 160. Si ses comédies mettent en scène les mêmes personnages convenus que celles de Plaute, elles les présentent avec le souci d'une psychologie à la fois exacte et nuancée. La langue qu'il emploie n'a rien de populaire, c'est celle de la conversation des milieux cultivés, comme les cercles des Scipions et des Émiliens, qu'il fréquente.
Caton le Censeur

Soldat, paysan et homme politique énergique, Caton le Censeur (234-149 avant J.-C.) œuvre à contre-courant, en farouche défenseur de l'antique moralité nationale, et en adversaire acharné des nouveautés corruptrices de l'hellénisation. Pour favoriser une nouvelle économie agricole, il écrit, en un style à la fois sec et concis, son traité De agricultura, qui décrit les différentes tâches et activités d'un propriétaire terrien.

L'âge cicéronien
La fin de la République est dominée par la personnalité de Cicéron, avocat qui, avec beaucoup de brio, de talent et d'éloquence, plaide, pour la défense aussi bien que pour l'accusation, bon nombre de procès privés et politiques, ce qui nous a valu notamment le Pro Milone (52), ou, parmi les cinq fameux discours contre Verrès, le très célèbre De signis.
Cicéron

Cicéron (106-43 avant J.-C.) atteint des sommets d'efficacité oratoire, porté par un style qu'il soumet à des règles proches de celles de la musique, et grâce auxquelles ses arguments sont accentués par le rythme et la cadence : la « période » cicéronienne, phrase complexe et ample, est un modèle d'équilibre. Cicéron est aussi un penseur qui introduit à Rome la philosophie grecque, y compris sous la forme dialoguée que Platon aimait à lui donner : Discussions de Tusculum ou Tusculanes, qui traitent de l'immortalité de l'âme et du bonheur, Laelius ou De l'amitié, Caton l'Ancien ou De la vieillesse. Théoricien de la rhétorique, il systématise sa pratique et ses idées en la matière, et juge celles de ses compatriotes dans le De oratore ou dans le Brutus notamment. Consul en 63, il écrase la conjuration de Catilina en prononçant ses quatre célèbres Catilinaires, puis sera exilé pour avoir fait exécuter sans jugement les complices de Catilina, et enfin tué par des soldats au service de ses adversaires politiques. Il laisse, outre une abondante Correspondance – publiée après sa mort par Octave, qui cherche ainsi à atteindre son rival Antoine –, de redoutables pamphlets, avec ses quatorze Philippiques (appelés ainsi en souvenir et en imitation des discours de Démosthène), discours passionnés contre le même Antoine. La diversité et la richesse du génie de Cicéron expliquent la place centrale que, traditionnellement, il occupe dans ce qu'on appelle couramment les humanités classiques.

La littérature historique

L'époque républicaine voit également se développer la littérature historique, qui s'oppose à l'idéal oratoire cicéronien, en rejetant l'éloquence et l'ornement. César (101-44), s'il est avant tout un homme politique, accompagne ses campagnes militaires contre les Gaulois de ses Commentaires sur la guerre des Gaules (51), puis sa guerre contre Pompée de ceux sur la guerre civile (44), ouvrages qui, sous des dehors de chroniques objectives, servent la politique et la personne de César et révèlent un écrivain sobre, précis et efficace. Salluste (86-35) fait davantage œuvre d'historien politique en prenant en considération le contexte social et les causes morales des événements. Il analyse ainsi, dans un style très concis et rythmé, la conjuration manquée de Catilina en 63 dans sa Conjuration de Catilina, qui donne une autre vision des faits que celle de Cicéron, et la guerre que Rome mène de 111 à 105 contre le roi des Numides, Jugurtha, dans la Guerre de Jugurtha. Cornelius Nepos (99-24) n'est qu'un vulgarisateur qui inaugure le genre de la biographie anecdotique et condensée, avec les Vies des grands capitaines des nations étrangères et Vie de Caton l'Ancien.
La poésie

Elle est également représentée à l'époque cicéronienne, même s'il ne s'agit pas des plus grands poètes latins. Le plus célèbre et le plus indépendant reste Lucrèce (vers 98-55), qui, dans son poème en hexamètres De natura rerum (la Physique), mêle poésie et philosophie didactique, en présentant, pour éliminer la crainte des dieux, la doctrine atomique qu'Épicure reprit au philosophe grec Démocrite.
Catulle (87-54) appartient à l'école des poetae novi (« poètes novateurs »), qui méprisent les anciens comme Ennius, et prisent fort la poésie alexandrine, notamment celle de Callimaque. Il compose des pièces plutôt courtes, de tons variés et facilement intime ou enjoué – comme le célèbre Moineau de Lesbia, Lesbia étant le nom qu'il prête à celle qu'il aime –, voire langoureux.

Le latin impérial
On peut subdiviser en trois périodes successives ce qu'on appelle globalement le latin impérial : d'abord l'époque augustéenne, qui correspond au règne de l'empereur Auguste (27 avant J.-C. - 14 après J.-C.), puis l'époque claudienne (14-68) sous les empereurs Tibère, Caligula, Claude et Néron, et enfin, de 69 à 96, celle des Flaviens (c'est-à-dire Vespasien et ses deux fils, Titus et Domitien) et, de 96 à 192, des Antonins (c'est-à-dire Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin, Marc Aurèle et Commode).
Le latin augustéen
À l'inverse de ce qui se passe à la période précédente, c'est la poésie qui domine la prose, avec la grande figure de Virgile.
Virgile

Sur le modèle des poèmes pastoraux de Théocrite, mais en y transposant les paysages et l'histoire de l'Italie, Virgile (70-19 avant J.-C.) écrit ses dix Bucoliques (lesquelles seront traduites en alexandrins blancs par Paul Valéry et en alexandrins rimés par Marcel Pagnol). La première églogue, notamment, chante le départ d'un berger chassé par les vétérans victorieux d'Octave, et la quatrième le retour prophétique de l'âge d'or.

Dans les Géorgiques, poème didactique sur l'agriculture, Virgile célèbre la nature italienne avec ses champs, ses vignes, ses troupeaux et ses abeilles. Enfin, dans l'Énéide, poème épique national, il donne aux Romains leur Odyssée avec les six premiers chants, et avec les six derniers leur Iliade, en célébrant d'une part le voyage légendaire d'Énée de Troie à Rome – par Carthage, où il refuse l'amour de la reine Didon et fonde ainsi mythiquement la rivalité entre les deux métropoles ennemies – et d'autre part sa conquête de l'Italie, son triomphe sur Camille, la reine des Volsques, et sur Turnus, le champion des Latins. Avec cette épopée, il se range, aux côtés de Cicéron, parmi les fondateurs mêmes de la culture latine.
La poésie

Cette période connaît d'autres poètes importants, d'Horace (65-8) à Tibulle (50-19 ou 18), Properce (vers 47-vers 16) et Ovide (43 avant J.-C. -17 ou 18 après J.-C.).
Horace, protégé et ami de Mécène, à qui il fut présenté par Virgile, compose tout d'abord des œuvres satiriques et mordantes en métrique iambique, les Épodes, puis des œuvres d'une grande poésie lyrique en strophes saphiques, alcaïques ou asclépiades sur les sujets les plus divers, les Odes. Il écrit aussi des causeries en hexamètres, pleines de vivacité, de pittoresque et de malice, qui, dans un esprit épicurien et mesuré, traitent de mille sujets, et notamment de morale et de littérature, les Satires, les Épîtres et la fameuse Épître aux Pisons, vite surnommée l'Art poétique.
Tibulle et Properce sont tous les deux des poètes élégiaques qui chantent leurs amours, Tibulle en poète de la vie rurale, avec une aisance pleine d'harmonie et de grâce, Properce avec une fermeté souvent ardente et parfois obscure.

Ovide est, quant à lui, un poète prolixe, à qui l'on doit, notamment, cinq livres d'élégies, les Amores, un célèbre Art d'aimer, les Métamorphoses, traitées sur un mode pittoresque ou gracieux et composées de quinze livres en hexamètres, et, après qu'Auguste l'eut exilé à Tomes, au bord du Pont-Euxin, sans qu'on en sache vraiment la raison, des élégies personnelles pleines de douleur et de désespoir, les Tristes et les Pontiques, qui, malgré quelques recherches, semblent d'une parfaite sincérité et d'une grande sensibilité.
La prose

L'époque augustéenne brille également en prose, avec Tite-Live (59 avant J.-C. - 17 après J.-C.), qui se consacre principalement à écrire les 142 livres de son Histoire romaine depuis les origines, divisée en « décades », ou ensembles de dix livres. De cette œuvre nous ne possédons que la première décade (des origines à 293 avant J.-C.), et les livres 21 à 45 (de la deuxième guerre punique, en 210 avant J.-C., au triomphe de Paul Émile, en 168). Tout en s'appuyant le plus possible sur des sources pas toujours suffisamment critiquées, Tite-Live suit un plan chronologique, mais il raconte les faits en artiste, combinant harmonieusement et dramatiquement récits, discours et portraits pour la plus grande gloire de Rome. Varron (116-27 avant J.-C.), qui appartient à la fois à l'époque cicéronienne et au siècle d'Auguste, est un écrivain encyclopédiste : il écrit sur sa langue (De lingua latina), sur les travaux des champs (Traité d'agriculture), sur les problèmes moraux et philosophiques les plus variés (Satires Ménippées, recueil en prose et en vers, dont il ne reste que les 150 titres), sur les institutions humaines et sur la religion romaine (Des antiquités), sur la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie, la médecine, l'architecture et bien d'autres sujets.

L'époque claudienne
Mis à part le fabuliste Phèdre, dont le talent, bien qu'original, prolonge la période classique, les auteurs de ce temps s'efforcent de renouveler la littérature. Dans son Histoire d'Alexandre, Quinte-Curce satisfait au goût romantique de l'époque pour l'orientalisme. Lucain (39-65), dans la Pharsale, renouvelle complètement l'épopée en refusant tout merveilleux ; il y présente le drame de la guerre civile avant tout comme un drame personnel, les événements étant dominés par de grandes figures telles que César, Pompée, et surtout Caton. Pétrone (mort en 66) crée le premier roman antique, le Satiricon, véritable roman picaresque dont il ne nous reste que des fragments ; dans le célèbre épisode du « Festin chez Trimalcion », il brosse un tableau satirique et caricatural des débauchés et des petites gens qui fréquentent la table d'un riche affranchi.

Sénèque
Philosophe moraliste qui s'essaie à la carrière politique, Sénèque (v. 4 avant J.-C.- 65 après J.-C.) domine cette période en développant une pensée essentiellement stoïcienne qu'enrichissent une profondeur et une clairvoyance psychologiques inconnues jusqu'alors. On range sous le titre général de Dialogues aussi bien des traités de morale – De la colère, De la vie heureuse (58-59) – que des lettres de condoléances – Consolation à Marcia. Sénèque dédie aussi à Néron, dont il est, en même temps que Burrus, le précepteur, son traité De la clémence (entre 55 et 59) et déploie son talent d'écrivain et de directeur de conscience dans ses célèbres Lettres à Lucilius (entre 63 et 65). Son style efficace refuse la période cicéronienne, mais éclate en images ou en formules saisissantes. Sénèque écrit également une dizaine de tragédies d'inspiration stoïcienne, notamment Medea et Phaedra, dont Corneille et Racine s'inspireront, le premier pour Médée, et le second pour Phèdre.

La période des Flaviens et des Antonins
Le règne des Flaviens voit se développer un nouveau classicisme, que synthétise l'orateur Quintilien (vers 30-vers 100) dans son Institution oratoire (vers 95). À cela, comme dans le passé, le réalisme satirique réagit vigoureusement avec Martial (40-104), et ses Épigrammes, petites pièces d'observation pleines de trouvailles spirituelles et stylistiques, et avec Juvénal (60-130), et ses Satires, âpres critiques de la société flavienne alors révolue qu'anime une indignation éloquente et moralisatrice. Pline le Jeune (61 ou 62-114), pour sa part, cultive l'éloquence officielle dans son Panégyrique de Trajan, et une vivacité un peu mondaine dans ses Lettres, où il fait aussi preuve d'honnêteté et de curiosité, à l'instar de son oncle Pline l'Ancien (23-79), qui a tenté, à travers nombre d'ouvrages – desquels ne subsiste qu'une Histoire naturelle, en 37 livres –, de rassembler toutes les connaissances de son temps.

Tacite (vers 55-120), ami de Pline, fait une carrière politique sous Vespasien, Domitien et Nerva, et domine son temps, avec deux grandes fresques historiques au style dense et dramatique : ses Histoires (106-109) vont de la mort de Néron à celle de Domitien, tandis que ses Annales (vers 117) couvrent la période allant du règne de Tibère à celui de Néron. Avec un pessimisme psychologique plus profond encore que celui de Salluste, il stigmatise, dans un style d'une concision saisissante, les vices des individus en essayant de mettre au jour, de façon souvent dramatique, les mobiles humains plus que les causes générales des événements. C'est à juste titre que Racine le considérera comme « le plus grand peintre de l'Antiquité ».
Suétone (vers 69-vers 126), également ami de Pline, publie, dans ses Vies des douze Césars, les biographies pleines d'anecdotes et de détails particuliers des maîtres de Rome, depuis César jusqu'à Domitien.
Apulée (125-170) enfin est un polygraphe doué, dont le chef-d'œuvre est incontestablement les Métamorphoses (ou l'Âne d'or), roman cocasse et parfois scabreux, qui rapporte les mésaventures d'un jeune homme métamorphosé en âne par une erreur de magie et qui, après avoir retrouvé son apparence humaine, se fait finalement initier aux mystères d'Isis.

Le latin chrétien
On appelle ainsi la forme particulière et originale que prend le latin dans le groupe social des premiers chrétiens. Tout en étant bien entendu nourri de la langue commune, il se caractérise et s'en distingue par trois propriétés sociolinguistiques : d'abord des traits populaires, dus au fait que les premiers chrétiens étaient surtout des esclaves, ensuite des emprunts au grec, l'idéologie et les institutions chrétiennes s'étant, au début, exprimées en grec et répandues dans les cercles juifs hellénisés, et enfin l'influence, tant sur la pensée que sur l'expression, de la Bible, qui, d'abord en grec, reçut rapidement plusieurs traductions partielles et différentes dans un latin populaire, que l'on désigne du nom global de Vetus latina pour l'Italie et de Vetus afra – probablement plus ancienne que la Vetus latina – pour l'Afrique.
Après une période de particularisme fortement marqué et d'opposition systématique au vocabulaire et à la culture du paganisme, qui correspond aux temps des persécutions, le latin chrétien s'est, pendant les ive et ve s., rapproché de la langue commune par un certain retour aux traditions de la langue et de la culture classiques.

Le temps des apologistes
Dans les premiers temps, les chrétiens répondent aux persécutions par des apologies. C'est en Afrique, dans la communauté de Carthage, qu'apparaissent les premières œuvres littéraires chrétiennes de langue latine. Né à Carthage, le batailleur et rigoriste Tertullien (vers 155-222) domine cette période. Il inaugure en Occident le genre apologétique en publiant, notamment, une virulente critique du paganisme, Aux nations, et une célèbre défense du christianisme, l'Apologétique (197). Saint Cyprien, professeur de rhétorique, évêque de Carthage de 249 à 258, est exilé par suite d'un édit de persécution de l'empereur Valérien et sera finalement décapité à Carthage ; il se distingue surtout par ses Lettres et par un ouvrage qui exhorte les chrétiens au courage dans les persécutions, De exhortatione martyrii ad fortunatum. Lactance (vers 260-325), professeur de rhétorique en Bithynie, est surtout l'auteur des sept livres des Institutions divines, où il démontre et oppose, dans un style cicéronien qui lui vaudra le surnom de « Cicéron chrétien », l'absurdité de la religion et de la philosophie païennes et la sagesse de la morale et des dogmes chrétiens.
Les Pères de l'Église

Au ive s., l'apogée de la littérature chrétienne est marqué par l'entente entre le christianisme et l'Empire : la société romaine se christianise, l'empereur Constantin (306-337) se convertit. Le latin chrétien devient ainsi la langue commune de l'Occident, mais en se rapprochant des sources mêmes de la grande littérature classique. C'est l'époque où saint Jérôme, par exemple, amende le texte des traductions de la Bible et en donne une nouvelle version – appelée Vulgata (editio) ou la Vulgate –, qui se veut plus proche de la langue des auteurs latins classiques, tout en étant revue à partir de l'original hébraïque. Saint Hilaire (vers 315-367), évêque de Poitiers, étudie Quintilien et combat l'hérésie arienne, contre laquelle il écrit les douze livres du De Trinitate. De saint Ambroise (vers 340-397), évêque de Milan, on retiendra surtout le Sur les devoirs des ministres sacrés, qui adapte, parfois de façon très littérale, le De officiis de Cicéron, et l'invention de l'hymne dite ambrosienne avec ses strophes composées de quatre dimètres iambiques. Saint Jérôme (vers 347-419 ou 420), secrétaire du pape Damase, est l'esprit le plus scientifique de son temps : outre la Bible, il traduit différents ouvrages de Pères grecs et, notamment, les œuvres exégétiques d'Origène, dont il s'inspirera beaucoup dans ses propres travaux d'exégèse ; on lui doit un De viris illustribus, sur les écrivains chrétiens des quatre premiers siècles, et une Correspondance pour la direction de ses filles spirituelles, dont il reste 117 lettres, au style nerveux et imagé, à la tendresse surprenante et aux exigences parfois très dures.
Saint Augustin

Professeur de rhétorique converti, puis évêque d'Hippone, en Afrique, saint Augustin (354-430) est le plus beau fleuron de la littérature et de la langue latine chrétiennes. Il compose de très nombreux sermons, comme les quelque 180 Sermons sur les Psaumes (394-418), un certain nombre de travaux comme son De la doctrine chrétienne (397-427), où il précise ses principes d'exégèse et sa théorie du style, un grand nombre d'ouvrages philosophiques comme le Contra Academicos, le De beata vita, le De immortalitate animae (où il fonde le courant de philosophie chrétienne d'inspiration platonicienne), et de multiples ouvrages de controverse contre les différentes hérésies de son temps : manichéisme, donatisme, pélagisme, etc. Mais saint Augustin est surtout l'auteur d'un dialogue émouvant avec Dieu – dont il chante les louanges et médite les grandeurs à partir notamment de certains événements autobiographiques –, les Confessions (397-401), et d'une brillante et extraordinaire synthèse de la pensée chrétienne, la Cité de Dieu (413-427).
Le latin tardif
On appelle ainsi, de façon plutôt imprécise, la langue latine qui, postérieure à celle des écrivains de la période des Flaviens et des Antonins, constitue une transition vers les langues romanes. C'est une langue où la tradition littéraire classique, plus ou moins bien assimilée, est mêlée à une influence de la langue parlée, dite traditionnellement « vulgaire ».
Des textes en langue « vulgaire »
On la trouve dans des textes profanes comme la Mulomedicina Chironis, traité vétérinaire composé entre 334 et 400 et attribué à un certain Chiron Centaurus (qui est probablement un pseudonyme), ou l'Appendice de Probus, liste de fautes corrigées dressée après 568 par un puriste, mais aussi dans des textes influencés par le latin chrétien, comme la Pérégrination d'Égeria (vers 400), qui raconte le pèlerinage en Terre sainte d'une dévote, ou l'Histoire des Francs, due à Grégoire dit de Tours, ville dont l'auteur fut l'évêque de 573 à 594.

Travaux de grammairiens
Mais à côté de ces textes de latin « tardif » ou « vulgaire » contaminés par la langue parlée, il existe des textes latins non chrétiens qui perpétuent la langue et la littérature classiques. Ce sont principalement des travaux de grammairiens. Donat, qui enseigna vers 350 à Rome, où il eut notamment saint Jérôme pour élève, y a composé un cours complet de grammaire latine (Ars grammatica) qui sera utilisé dans toutes les écoles médiévales. Macrobe, au ve s., serait plutôt un philologue avec son commentaire du Songe de Scipion, de Cicéron, et ses Saturnales, dont la plupart des textes concernent l'explication de Virgile. Priscien, qui enseigne à Constantinople en 525, écrit une Grammaire fort complète, qui se divise en deux parties, la première consacrée à la phonétique et à la morphologie, la seconde à la syntaxe.

La décadence
Les invasions germaniques entraînent au ve s. une fragmentation de l'Empire romain et un déclin de la culture. Quelques fortes individualités s'emploient néanmoins à recueillir et à transmettre l'héritage du passé. Boèce (vers 480-524), consul en 510, qui commence la traduction d'Aristote en latin et doit sa gloire à son De la consolation de la philosophie, est le premier des scolastiques. Cassiodore (vers 490-580) se retire au monastère de Vivarium, en Italie du Sud, et y écrit ses Institutions. Saint Isidore (vers 560-636), archevêque de Séville, compose avec ses Étymologies une véritable encyclopédie des connaissances humaines de l'époque, qui sera utilisée, voire pillée, par tout le Moyen Âge. C'est dans les monastères que se réfugie ensuite la culture littéraire.

La survie du latin
Après sa disparition en tant que langue populaire parlée et l'apparition des langues romanes, le latin ne meurt pas pour autant. Car existe alors ce qu'on appelle le latin médiéval, qui serait, d'une certaine façon, un prolongement du latin tardif.
Le latin médiéval
Langue culturelle vivante non d'une communauté ethnique, mais de la Respublica clericorum, le latin médiéval fusionne deux autorités, celle de la Bible et celle de Donat.
La « Renaissance carolingienne »
Commencée par Pépin le Bref, poursuivie par Charlemagne et continuée par Charles le Chauve, la « Renaissance carolingienne » (768-804) relance l'étude du latin en créant des écoles dans les palais, les sièges épiscopaux et les abbayes. Relevant d'un objectif avant tout ecclésiastique – redonner de l'instruction au clergé –, l'Antiquité des écoles carolingiennes est celle des auteurs païens classiques et celle des Pères de l'Église, mais aussi celle des grammairiens et des écrivains de l'Antiquité tardive, ce qui explique que le latin médiéval s'éloigne quelque peu du latin classique. C'est ainsi que sont écrits en latin des ouvrages didactiques, comme les manuels sous forme dialoguée d'Alcuin (vers 735-804), le grand artisan de la réforme voulue par Charlemagne, l'Histoire des Lombards, de Paul Diacre (720-800), ou le De la division de la nature (865), de l'Irlandais Jean Scot Érigène (vers 810-877), rare synthèse philosophique et théologique du haut Moyen Âge, et des poèmes comme la belle hymne Gloire, louange et honneur à toi, du Wisigoth d'Espagne Théodulf, évêque d'Orléans (vers 750-821) – hymne encore chantée, dans la liturgie de saint Pie V, au xvie s., pendant la procession du dimanche des Rameaux.

Du xie au xiiie s.

Au xie s., Hermann le Contrefait (1013-1054), moine à Reichenau, écrit, outre une chronique universelle, des poèmes tels que l'Alma Redemptoris Mater et peut-être aussi le Salve Regina misericordiae. Le xiie s. voit se développer la théologie et la philosophie, avec de grands esprits comme Abélard (1079-1142) et saint Bernard (1090-1153), premier abbé de Clairvaux. Au xiiie s. sont créées les premières universités, qui certes élargissent le nombre des étudiants et des enseignants utilisant le latin, mais qui font aussi entrer le français dans certains cours. Ce siècle, comme le précédent, est dominé par de grands penseurs et théologiens : Guillaume d'Auvergne (1180-1249), évêque de Paris et confesseur de Blanche de Castille, saint Bonaventure (v. 1221-1274), franciscain surnommé « le Docteur séraphique », et saint Thomas d'Aquin (1225-1274), dominicain surnommé « le Docteur angélique », qui, dans sa célèbre Somme théologique, utilise systématiquement la pensée d'Aristote pour fonder la théologie. Ces deux siècles ne négligent pas pour autant la poésie : les grands penseurs qui en font le renom, comme, au xiie s., Abélard et saint Bernard, et, au xiiie s., saint Bonaventure et saint Thomas d'Aquin, sont aussi d'excellents poètes. Ce dernier compose des hymnes chantées ensuite dans la liturgie catholique, parfois même encore aujourd'hui, comme Pange, lingua, gloriosi corporis mysterium (« Chante, ma langue, le mystère du corps glorieux »), Lauda, Sion, Salvatorem (« Loue, Sion, ton Sauveur ») ou Ave verum Corpus natum ex Maria Virgine (« Salut, ô Corps véritable né de la Vierge Marie »). Des siècles suivants on ne peut guère mentionner que l'Imitation de Jésus-Christ, chef-d'œuvre qui est une des dernières manifestations du latin médiéval et dont l'auteur présumé est le Rhénan Thomas a Kempis (1380-1471).

Le néolatin

À partir du xive s., les humanistes italiens d'abord, puis français, affichent un mépris profond pour les particularités barbares du latin médiéval, et préconisent un retour au style cicéronien ou virgilien. Pétrarque (1304-1374), dont la gloire vient surtout des 367 pièces – en majeure partie des sonnets – du Canzionere, attendait l'immortalité de ses œuvres latines, qui sont seize à dix-sept fois plus volumineuses que ses poèmes italiens, et notamment de son poème épique Africa. Boccace (1313-1375) renonce, vers la quarantaine, à écrire en italien et compose alors seize églogues en latin, réunies sous le titre de Bucolicum carmen. Apparaît ainsi ce qu'on appelle le néolatin, langue savante et réapprise, qui est lue et même parlée par une élite et n'est plus étendue, comme au Moyen Âge, aux seuls clercs.

La poésie amoureuse
Elle connaît alors une grande vogue dans toute l'Europe, avec en Italie le Siennois Enea Silvio Piccolomini (1405-1464), qui deviendra pape sous le nom de Pie II, les Florentins Cristoforo Landino (1424-1498) et Ange Politien (1454-1494), le Napolitain Giovanni Giovano Pontano (1426-1503) et l'aventurier né à Constantinople Michele Marullo (1453-1500). Mais la palme de la poésie amoureuse en latin revient incontestablement au Flamand Jan Everaerts, dit Jean Second (1511-1536), qui, avec ses Baisers à la versification très aisée et très variée, inaugure un thème littéraire érotique souvent imité par la suite.

Érasme

Maître de l'humanisme européen, Érasme (1469-1536) domine les trente-cinq premières années du xvie s. par son érudition et par ses œuvres littéraires, philosophiques et poétiques. Seul son ouvrage majeur, l'Éloge de la folie (Encomium moriae, 1509), est passé à la postérité ; mais l'humour et la satire de ses Colloques familiers sont vivement appréciés de ses contemporains. Dans son traité sur le libre arbitre (De libero arbitrio, 1524), il prend position contre Luther, qui lui répliquera par son De servo arbitrio (1526). Deux autres humanistes sont aussi de remarquables écrivains : le Français Guillaume Budé (1467-1540) et le Flamand Juste Lipse (1547-1606).
Les poètes de la Pléiade

Ils combattent les néolatins, que du Bellay traite de « reblanchisseurs de murailles » dans sa Deffence et illustration de la langue françoyse, et Ronsard de « latineurs et grécaniseurs » qui ont « recousu et rabobiné je ne sais quelles vieilles rapetasseries de Virgile et de Cicéron » dans la préface de sa Franciade. Cela n'empêche pas du Bellay d'écrire, tout comme Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) et Jean Dorat (1508-1588), quelques beaux poèmes en latin. Et si la langue vulgaire acquiert alors de plus en plus d'importance et de noblesse, elle n'éclipse pas pour autant le latin, qui connaît, au moins dans les écoles, une diffusion accrue : une ordonnance de François Ier, renouvelée sous Henri IV en 1598, prescrit en effet l'usage du latin dans les collèges pour les exercices comme pour les récréations.

Le latin des collèges de jésuites
Les écoles des ordres enseignants, qui se développent à partir de la seconde moitié du xvie s., jouent un grand rôle dans cette nouvelle diffusion du latin, et notamment les collèges de jésuites, qui mettent tout particulièrement à l'honneur vers latins et tragédies latines. Au xviie s., le collège Louis-le-Grand voit se succéder à la chaire de rhétorique le Père Gabriel Le Jay, le Père Charles Porée, qui fut le maître de Voltaire, et les Pères Jean Commire, Charles de La Rue, René Rapin, qui, vers 1684, formeront, avec le chanoine Jean de Santeul, l'abbé Gilles Ménage, le médecin Pierre Petit et le gentilhomme provençal Charles du Perrier, une « Pléiade latine ».
C'est vers la fin du xviiie s. que la poésie latine disparaît brusquement dans toute l'Europe, et ce probablement parce que le français, à cause de la diffusion de ses chefs-d'œuvre littéraires, remplace alors le latin comme langue internationale.
L'abandon progressif du latin

En dehors des lettres, c'est dans le domaine de la philosophie que le latin subit les premiers assauts. Descartes innove en publiant en français son Discours de la méthode (1637) ; toutefois ses fameuses Méditations métaphysiques de 1647 sont encore précédées, en 1641, d'une première publication en latin sous le titre de Meditationes de prima philosophia. Le latin restera ainsi jusqu'au milieu du xviiie s. la langue internationale de la philosophie : si le Hollandais Spinoza (1632-1677) n'écrit qu'en latin, l'Allemand Leibniz (1646-1716) écrit en latin et en français, et peu en allemand.
En France, la pratique de la poésie latine persiste jusqu'au xixe s. dans les écoles : Baudelaire obtient au concours général de 1837 un deuxième prix de vers latins, et insère dans les Fleurs du mal un poème rimé en latin, « Franciscae meae laudes » (« Louanges de ma Françoise »). Ce n'est qu'en 1880 qu'une réforme universitaire du baccalauréat remplace la composition latine par la composition française. Et jusqu'en 1910, les candidats au doctorat soutiendront une thèse complémentaire en latin.

Le latin de l'Église catholique
Si le latin est encore présent au-delà de cette époque, c'est en tant que langue de l'Église catholique romaine.

La langue officielle de l'Église catholique
Aujourd'hui encore, même si, depuis le concile Vatican II, il peut ne plus être – et de fait n'est plus – utilisé dans la liturgie de la messe et des autres offices religieux, le latin reste la langue officielle de la liturgie et des documents de l'Église catholique. Les textes lus à la messe ne sont en effet que des traductions en langue vulgaire, autorisées par l'épiscopat, de ce qu'on appelle couramment la messe de Paul VI, qui est en latin et qui a remplacé l'ancienne messe de saint Pie V, que les catholiques intégristes continuent à dire, bien sûr, en latin. Ceux qui suivent le concile Vatican II peuvent dire en latin la messe de Paul VI ; mais ils doivent pour ce faire avoir l'autorisation de l'évêque du lieu quand il ne s'agit pas d'une messe privée.
Le pape s'adresse officiellement aux croyants par des documents rédigés en latin, et dont les deux ou trois premiers mots constituent ordinairement le titre.

Les textes pontificaux
L'histoire politique et religieuse du xixe et du xxe s. est de fait marquée par un certain nombre de textes pontificaux, qui portent sur les grands problèmes du temps. C'est ainsi que, le 8 décembre 1864, le pape Pie IX condamne le modernisme ou libéralisme moderne dans l'encyclique Quanta cura et surtout dans un célèbre Syllabus qui, en 80 propositions, énumère les principales erreurs contemporaines.
Le 15 mai 1891, le pape Léon XIII précise, dans l'encyclique Rerum novarum, les grandes lignes du catholicisme social, qui seront reprises et complétées le 15 mai 1931 par Pie XI dans l'encyclique sociale Quadragesimo anno, le 15 mai 1961 par Jean XXIII dans l'encyclique Mater et magistra, le 26 mars 1967 par Paul VI dans l'encyclique Populorum progressio, le 30 décembre 1987 par Jean-Paul II dans l'encyclique Sollicitudo rei socialis, et le 1er mai 1991, toujours par Jean-Paul II, dans l'encyclique Centesimo anno, qui marque le centenaire de Rerum novarum.
Le 29 juin 1931, le pape Pie XI dénonce le fascisme italien dans une encyclique qui aurait été rédigée d'abord en latin, Proprio pugno, mais publiée en italien, par l'Osservatore romano sous le titre Non abbiamo bisogno. Il condamne aussi vigoureusement le nazisme dans l'encyclique du 14 mars 1937, rédigée et enregistrée officiellement en allemand, Mit brennender Sorge, que le communisme et le marxisme dans l'encyclique Divini Redemptoris, du 19 mars 1937.
Le concile Vatican II (1962-1965) a encore donné lieu à la publication en latin de seize documents capitaux, mais il reste que le latin n'est finalement plus aujourd'hui dans l'Église romaine qu'une langue écrite de culture et, surtout, de référence.

 

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MOLIÈRE

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière

Auteur dramatique français (Paris 1622-Paris 1673).

       
Acteur, chef de troupe, auteur et metteur en scène, Molière est l'homme de théâtre complet par excellence. Il joue, en tant qu'auteur, sur toute la gamme des effets comiques, de la farce la plus bouffonne jusqu'à la psychologie la plus élaborée. Ses pièces où, s'attaquant à un vice de l'esprit ou de la société, il campe des personnages qui forment des types, sont de véritables chefs-d'œuvre. En élevant la comédie, considérée avant lui comme un genre mineur, il a donné un élan vital au théâtre.

Famille
Son grand-père et son père sont maîtres tapissiers du roi. Sa mère meurt en 1632.
À 40 ans, Molière se marie avec Armande Béjart. Ils ont deux fils, morts très jeunes, et une fille.
Jeunesse
Jean-Baptiste étudie à Paris dans un collège jésuite. Il exerce quelques mois le métier d’avocat puis hérite de la charge de tapissier du roi.
Débuts
En 1643, il fonde avec la comédienne Madeleine Béjart l’Illustre-Théâtre. Acteur, auteur et bientôt chef de troupe, il devient « Molière ». Mais ses tragédies sont des échecs. En 1645, c’est la faillite.
Il fonde avec Madeleine une nouvelle troupe qui tourne en province pendant treize ans. Leurs farces remportent de grands succès. En 1658, la troupe regagne Paris.
Gloire
Avec le triomphe des Précieuses ridicules (1659), Molière devient un auteur adulé, jalousé, redouté. En 1661, il crée avec le musicien Lully la comédie-ballet. Le roi Louis XIV est enthousiaste. Mais l’École des femmes (1664) est accusée d’être blasphématoire. En 1664, les dévots font interdire Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie religieuse. Molière obtient néanmoins la protection du roi.
Mais la vie privée de Molière est agitée. À 43 ans, il est atteint d’une fluxion au poumon.
Son Dom Juan (1665) provoque un nouveau scandale. Le Misanthrope (1666) reçoit un accueil mitigé. Entre 1668 et 1670, l'Avare, Tartuffe et le Bourgeois gentilhomme sont des triomphes.
Disgrâce
En 1672, Madeleine Béjart meurt. Les Femmes savantes sont un échec.
Lully supplante Molière dans la faveur royale.
Mort
Au cours d’une représentation du Malade imaginaire, sa dernière comédie-ballet (1673), Molière est pris de malaise. Il meurt à son domicile parisien. Il est enterré de nuit, sans inhumation chrétienne.
Citations
« c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens ». (la Critique de l'École des femmes, sc. VI)
« Les gens de qualité savent tout sans avoir jamais rien appris. » (les Précieuses ridicules, sc. IX)
1. La vie de Molière

Les parents de celui qui devait prendre le nom de Molière sont des artisans-marchands prospères de Paris : le père, Jean Poquelin, achète en 1631 une charge avantageuse de « tapissier ordinaire du roi » (c'est-à-dire de fournisseur de la Cour). Aîné de cinq enfants, Jean-Baptiste est envoyé au collège jésuite de Clermont – l’actuel lycée Louis-le-Grand – que fréquentaient des fils d'aristocrates. Il s’intéresse tôt au théâtre, sous l'influence de son grand-père qui l’emmène voir les spectacles de l’Hôtel de Bourgogne. Sa scolarité achevée, il fait des études de droit et suit les leçons du philosophe et savant Gassendi, dont l’enseignement met en cause les explications religieuses de la création du monde.

1.1. Les débuts dans la carrière théâtrale
En 1643, alors qu’il était destiné à être avocat ou tapissier, il se fait soudain verser sa part d'héritage maternel, passe contrat avec la famille Béjart et six autres comédiens pour fonder une troupe, « l'Illustre-Théâtre », et il devient « Molière ». Sa vocation est donc originale et impérieuse. Il aurait pu, comme beaucoup, venir au théâtre par l'écriture, mais chez lui le goût du jeu scénique précède l'écriture, donnée fondamentale pour comprendre sa carrière et son esthétique.

Il essaie de fonder une nouvelle salle de théâtre à Paris, ce qui est alors des plus difficiles. En butte à l'hostilité des troupes concurrentes, l'Illustre-Théâtre fait faillite dès 1645, et Molière connaît, très brièvement, la prison pour dettes. Il n'abandonne pas : il rejoint avec les Béjart une troupe itinérante en province. Ce sont des années d'apprentissage, sous la protection du prince de Conti, gouverneur du Languedoc.
Molière commence à écrire pour la compagnie des farces, puis des comédies (l'Étourdi, 1654 ; le Dépit amoureux, 1656). Mais le prince de Conti, devenu dévot, retire son appui aux comédiens. La troupe quitte le Midi de la France pour Rouen puis Paris, où Molière obtient la protection de Monsieur, frère du roi.
En 1658, la troupe débute devant la Cour. Le bon accueil fait à ses premières comédies lui permet d'obtenir de partager la salle du Palais-Royal avec les comédiens-italiens. Molière, qui s’estime un temps doué pour la tragédie, y interprète des tragédies de Corneille, sans succès. La gloire survient cependant dès 1659 avec le succès triomphal des Précieuses ridicules : pour la première fois, Molière fait éditer son texte (pour couper court à des éditions pirates).

1.2. Un auteur-acteur célèbre et contesté

Dès lors, les créations se succèdent à un rythme soutenu, sous la protection de Louis XIV : Molière deviendra en 1664 le fournisseur des fêtes de la Cour, associant le plus souvent comédie, musique et ballets. Mais ses audaces d'auteur qui entend aussi « corriger les mœurs par le rire » donnent lieu à de violentes querelles.
À propos de l'École des femmes (1662) qui fait scandale, on lui reproche à la fois de jouer de plaisanteries faciles et d'équivoques, et de mettre sur le théâtre comique des sujets trop graves (l'éducation morale et religieuse des femmes). Par la Critique de l'École des femmes et l'Impromptu de Versailles (1663), il ridiculise ses détracteurs et ses rivaux, obtenant le soutien et les compliments du roi.
La bataille du Tartuffe (1664-1669), où il met en scène les méfaits d'une dévotion hypocrite et fanatique, est plus violente : interdite par la justice à la demande de représentants de l’Église, la reprise de la pièce n’est autorisée que cinq ans après sa création.
Dom Juan (1665) est un succès sans lendemain. Mettant en scène un « libertin », c’est-à-dire un homme libre de mœurs et de pensée, l’œuvre ne sera jamais rejouée du vivant de l’auteur et le texte sera édité seulement après sa mort, dans une version expurgée.
En moyenne, sur commande royale, ou pour faire vivre sa troupe (qui joue également des textes d'autres auteurs, comme Corneille dont il reste l’ami et Racine avec lequel il se brouille), Molière compose et met en scène deux pièces par an : des comédies à grand spectacle telles que le Bourgeois gentilhomme (1670), des comédies où la peinture de l’être humain donne une profondeur nouvelle au genre comique (Le Misanthrope, 1666 ; l'Avare, 1668), des farces (les Fourberies de Scapin, 1671) ou des comédies satiriques (Les Femmes savantes, 1672).
Sa vie privée a souffert d’une telle activité d’auteur, de chef de troupe et de comédien, parfois en conflit avec d’autres artistes comme le compositeur Lully, l’un de ses rivaux auprès du roi. Il avait été l'amant de Madeleine Béjart, dont il épouse la fille en 1662 ; Armande est de 20 ans plus jeune que lui et ses ennemis affirment que, ce faisant, il épouse sa propre fille, ce qui est une calomnie sans fondement. Le ménage ne semble pas avoir été des plus heureux. Il a donné naissance à trois enfants, dont, seule, une fille, Esprit-Madeleine (1665-1723), n'est pas morte dans sa première année.

1.3. Une mort à l'issue d'une représentation

À partir de 1666, la santé de Molière s'altère gravement. Il continue ses spectacles malgré la progression de la maladie. Le bruit de sa mort se répand à Paris à plusieurs reprises. Le 17 février 1673, lors de la quatrième représentation du Malade imaginaire, sa nouvelle et ultime pièce où il se moque des médecins et de l’engouement démesuré de son personnage pour la médecine, un malaise le saisit sur scène. Transporté chez lui, rue de Richelieu, il meurt dans la soirée.
Les comédiens n’ont pas droit à une inhumation religieuse. Mais, sur intervention de Louis XIV, son corps a droit à un enterrement opéré de nuit et sans « service solennel », au cimetière Saint-Joseph.
Molière laisse une troupe, celle de l’hôtel de Guénégaud, qui est devenue la plus réputée de Paris, et où des comédiens de grand talent ont trouvé l'occasion de se former et de s'affirmer. Sept ans après la mort de Molière, en 1680, le roi ordonne la réunion de cette troupe avec celle de l'Hôtel de Bourgogne pour fonder la Comédie-Française.

2. Une existence vouée au théâtre
2.1. Molière auteur

À la différence de Corneille et de Racine, Molière écrit ses pièces en praticien du théâtre. Il conçoit ses histoires et ses répliques pour lui-même et pour des acteurs qu’il connaît et qu’il va diriger. Tout en étant un véritable écrivain, maître des subtilités du langage et créateur de formules, il pense – plus qu’un poète travaillant dans la solitude de son bureau – à la façon dont les répliques seront dites par les comédiens et au jeu qui accompagnera la diction du texte.
De fait, Molière n’a écrit que du théâtre, à l’exception des préfaces qui précèdent l’édition de certaines de ses pièces, de son Remerciement au roi (1663) et de son hommage au peintre Mignard, la Gloire du Val-de-Grâce (1667). C’est un acteur-auteur comme l’était Shakespeare avant lui.
Il est l’auteur, selon la nomenclature en usage, de 2 farces, 22 comédies, 7 comédies-ballet, 1 tragédie-ballet, 1 « comédie pastorale héroïque » et 1 « comédie héroïque ». Dom Garcie de Navarre, en 1661, l’une de ses très rares tentatives dans le genre sérieux fut un échec.
Il a écrit tantôt en vers, tantôt en prose. Les acteurs d’alors préféraient les vers, plus faciles à retenir. Mais écrire en alexandrins demande un travail de plus longue haleine. Quand il était pressé, Molière écrivait en prose, comme pour ses farces, pour Dom Juan ou l’Avare.

Qu’il soit rimé ou en prose, son style a naturellement évolué d’année en année, et sa conception de la comédie également. Sans perdre le goût des pitreries venu de la contemplation des bateleurs qu’il voyait dans son enfance, Molière a peu à peu intégré des préoccupations personnelles, des plaidoyers pour la liberté de ceux qui s’aiment et des questions philosophiques, tout en revendiquant le souci de la vérité, « Il faut peindre d’après nature ». En même temps, sa satire se focalisait sur le milieu mondain et intellectuel, les ambitieux, les médecins et les faux prêcheurs de vertu.
Molière est-il alors devenu, au fil des années, un auteur plus tragique que comique ? C’était le point de vue d’Alfred de Musset qui, dans son poème Une soirée perdue (1850), admire chez lui « une mâle gaîté, si triste et si profonde que, lorsqu’on vient d’en rire, on devrait en pleurer ». Mais cet avis porte la marque des années du romantisme, où l’on aime à privilégier une vision noire de l’Histoire et de la vie. Jusque dans sa dernière pièce, le Malade imaginaire, Molière défia l’esprit de sérieux par la bouffonnerie et la satire, fidèle à la mission qu’il définissait ainsi dans la Critique de l’École des femmes : « C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens ».

2.2. Molière acteur

Comme acteur, il était un interprète exceptionnel. Il a joué les grands rôles qu’il avait conçus pour lui : Harpagon (l’Avare), Alceste (le Misanthrope), Dom Juan… Il a été un incomparable acteur de comédies mais il a aussi joué des tragédies.
De nombreux témoignages et travaux d’historiens rendent compte de son talent de bête de scène. Lorsqu’il joue Mascarille dans les Précieuses ridicules, il « entre en piste, clown au masque rubicond sous la monstrueuse perruque couronnée du minuscule chapeau décrit par Mademoiselle Des Jardins, engoncé dans ses flots de rubans et sa tuyauterie de canons, glapissant dans sa chaise, secoué par ses porteurs, littéralement versé sur la scène, il roule, se redresse, se trémousse, fait le brouhaha sur la scène et dans

3. Les formes de théâtre chez Molière
3.1. La farce et la comédie

La farce est une forme qui exagère et simplifie la nature des personnages et l’action, pour provoquer un rire immédiat. Molière connaissait à la fois les farces des bateleurs qu’il voyait sur le Pont-Neuf, à Paris, dans son enfance, celles des comédiens italiens jouant à Paris et celles qu’avaient laissées les auteurs de l’Antiquité, en particulier les farces de l’auteur latin Plaute.
C’est ainsi qu’il commença par des farces : l’Étourdi, le Dépit amoureux. Comme le genre de la farce exige une action courte et rapide, il est passé ensuite au genre de la comédie, plus étoffé, où l’action et la psychologie font l’objet de développements longs et subtils.
Mais Molière a utilisé des gags et des situations de farces à l’intérieur de ses pièces plus ambitieuses, comme l’Avare, pièce truffée d’exagérations comiques. Pour le plaisir de revenir au rire populaire, il est souvent retourné à la belle simplification de la farce, comme lorsqu’il écrivit le Médecin malgré lui et les Fourberies de Scapin, alors même qu’il était pour beaucoup l’auteur comique mais grave du Misanthrope.
On peut distinguer plusieurs types de comédie dans le répertoire moliéresque, parfois mis en œuvre dans une même pièce ; le Misanthrope, par exemple, est à la fois une comédie de mœurs et une comédie de caractère, l’Avare également.

3.2. La comédie satirique
L’une des caractéristiques du comique, c’est de se moquer des contemporains, des gens parmi lesquels on vit. Un peu à la manière d’un journaliste pamphlétaire, Molière a raillé un certain nombre de corps sociaux, religieux et mondains.
Le corps social que Molière a le plus violemment attaqué est celui des médecins : leur mise en cause comique a lieu dans de nombreuses pièces, du le Médecin malgré lui au Malade imaginaire, la dernière pièce de Molière. Même à l’intéreur de Dom Juan, il s’en prend aux disciples d’Esculape.
Il critique aussi toute une frange du milieu religieux, les « faux dévots », qu’il dénonce violemment à travers le personnage du roué Tartuffe ; cette audace lui coûtera cher, la pièce sera interdite par trois fois.
Enfin, Molière est un satiriste du milieu mondain, qu'il ridiculise dans les Précieuses ridicules et les Femmes savantes et lorsqu’il prend pour cible les aristocrates impudents, notamment dans George Dandin.

3.3.. La comédie mythologique
Lorsqu’il s’inspire d’un sujet traité par un auteur de l’Antiquité, comme c’est le cas pour l'Avare tiré d’une comédie de Plaute, Molière transpose l’action dans son temps.
Mais, exceptionnellement, il garde le contexte antique quand il écrit Amphitryon. C’est donc une comédie mythologique, de la même façon que les tragédies de Racine et de Corneille sont des tragédies antiques. Cette œuvre n’a pas d’équivalent parmi les autres pièces de Molière. Elle fait référence à un épisode des légendes grecques et ne s’adresse pas à un public large, mais à un public cultivé.

3.4. La comédie-ballet

La comédie-ballet, dont la forme annonce l’opéra par ses parties chantées et dansées, a pour principe d’alterner des scènes chorégraphiées et des scènes dialoguées. Elle s’est développée quand les divertissements royaux se sont multipliés à Versailles et dans d’autres châteaux. Le roi Louis XIV et la Cour étaient très friands de ces spectacles qui reposaient sur une idée de théâtre total – utilisant tous les langages du spectacle – et déployaient un grand faste dans l’utilisation des décors et des machineries.
Molière a souvent répondu aux commandes qui lui étaient faites par le roi. Les Fâcheux, les Plaisirs de l’île enchantée, la Princesse d’Élide, les Amants magnifiques sont des comédies-ballets dont les textes ne nous importent plus beaucoup aujourd’hui, à l'inverse de Monsieur de Pourceaugnac, le Bourgeois gentilhomme et Malade imaginaire.
Ces trois dernières pièces sont parfois représentées sans leurs intermèdes musicaux mais elles ont été conçues sous cette forme qui mêle l’action théâtrale et les tableaux faits de chants et de danses. Pour toutes ces œuvres, Molière collaborait avec un musicien, tel que Lully ou Marc-Antoine Charpentier.
Le genre de la comédie-ballet mettait généralement en scène les épisodes et les héros de la mythologie et des pastorales. Molière a su à la fois utiliser des thèmes antiques et imposer des sujets contemporains...

3.5. La comédie du théâtre
Délaissant la fiction, Molière s’est amusé par deux fois à répondre à ses détracteurs sous la forme d’une comédie sur le théâtre. La première fois, ce fut avec la Critique de l'École des femmes, où il représente des spectateurs hostiles à sa pièce l’École des femmes qui discutent avec des spectateurs favorables.
La seconde fois, ce fut avec l'Impromptu de Versailles, où il se met lui-même en scène en train de diriger ses propres acteurs. Il donne à voir ainsi le théâtre et son public, mais, derrière la réaction à un événement d’actualité et la volonté de répondre aux polémiques, s’affirme aussi un discours théorique et esthétique, exprimant les points de vue de l’auteur sur l’art dramatique.

3.6. La comédie de mœurs

La comédie de mœurs vise à dépeindre la façon dont les hommes vivent en société. Molière est l’un des grands maîtres de la comédie de mœurs, avec des angles d’attaque différents, puisqu’il passe du registre satirique au tableau proprement social.
Dans les Précieuses ridicules, c’est à la satire d’un phénomène de mode que l’auteur s’attache avant tout. Dans l'École des femmes, Tartuffe, Le Misanthrope, George Dandin, les Femmes savantes le comique a toujours un caractère de moquerie relatif aux travers de l’époque mais il s’élargit à l’examen du milieu social.

Ce sont surtout la famille et la question du mariage qu’embrasse le regard de Molière : il montre comment les enfants subissent la loi des parents (essentiellement du père), comment les relations avec l’argent, les rapports entre les époux et le désir de s’inscrire dans un courant à la mode ou dans un mouvement religieux modifient la vie du groupe, quels sont les place et rôle des domestiques dans la vie de la maison et comment l’union conjugale est parfois traitée autant comme une affaire financière que comme une question d’harmonie amoureuse.
Molière représente aussi le décalage entre les classes sociales : la tentative de passer dans la classe supérieure, de la bourgeoisie à l’aristocratie se traduit le plus souvent par un comportement ridicule et voué à l’échec.
Chez Molière, la notion de mœurs est liée à la notion de morale : en raillant les défauts de ses contemporains, il en appelle à la raison et à un comportement qui mettrait fin aux folies et aux lubies. Dans cette perspective, les personnages dont le comportement est condamnable sont souvent ridiculisés ou punis dans l’une des dernières scènes de la pièce.

3.7. La comédie de caractères

Au-delà de la représentation du contexte social et de l’époque dans laquelle il s’inscrit, il y a l’individu et sa psychologie. La comédie de caractère cherche à mettre en évidence un type humain qui a une valeur universelle, et même éternelle, puisque les mêmes natures d'homme et de femme traversent les siècles.
C’est une des grandes idées du xviie siècle français que de reprendre cette peinture du caractère, telle qu’elle avait été ébauchée dans l’Antiquité (chez les auteurs grecs puis dans la comédie latine) et d’en faire l’un des grands thèmes de la littérature et du théâtre.
Les Caractères de Jean de La Bruyère, ouvrage postérieur au théâtre de Molière, accomplit parfaitement cette composition d'une galerie de portraits où des types humains (l’égoïste, l’amoureux, le cupide…) sont saisis à travers leurs traits essentiels.

Molière, avant lui, a dépeint un certain nombre de personnages représentatifs des diverses façons d’être et de penser : Tartuffe est l’exemple même de l’ambitieux pratiquant le double langage pour arriver à ses fins. Alceste, le misanthrope, est l’homme qui n’aime pas les autres hommes et exècre la société. M. Jourdain, le « bourgeois gentilhomme », est, ce qu’on appellerait aujourd’hui, un nouveau riche, qui croit, naïvement, qu’on peut changer de statut social avec le pouvoir de son argent. Harpagon, le personnage central de l'Avare, est le parangon de ces êtres qui sacrifient tout au plaisir de posséder et qu’on appelait aussi, au xviie s., des « avaricieux ». Argan, le « malade imaginaire », incarne à la perfection une configuration psychologique, celle de l’homme chez qui la hantise de la maladie et de la mort fait disparaître la perception de la réalité.
Ce sont essentiellement des types masculins que Molière a composé, à côté de quelques types féminins : la femme séductrice et coquette, à travers le personnage de Célimène dans le Misanthrope, les servantes généreuses et batailleuses telles que Dorine dans Tartuffe et Toinette dans le Malade imaginaire...

3.8. La comédie philosophique

Molière n’a pas écrit, à proprement parler, du théâtre philosophique. Mais cette dimension existe dans certaines de ses pièces. Adversaire d’une forme de fanatisme religieux, tel qu’il se montre avec prudence dans Tartuffe (où il dénonce les « faux dévots » et non les dévots), il s’interroge parfois sur la mort et sur la condition humaine.
De ce point de vue, Dom Juan est sa seule véritable comédie philosophique. Dom Juan y incarne le dédain d’une pensée religieuse et consolatrice, Sganarelle la défense d’une attitude religieuse représentée comme une forme de superstition. On peut voir là – mais une autre interprétation est possible, la pièce s’achevant sur la mort du séducteur – une préférence affirmée pour les thèses des « libertins » qui ne croyaient pas à l’existence de Dieu.

3.9. Le genre sérieux
Molière est essentiellement un écrivain comique, un auteur de comédies. Mais il a écrit quelques pièces relevant du genre sérieux. Il a composé une « comédie héroïque », Don Garcie de Navarre ou le Prince jaloux, qui fut un échec. Et également une « comédie pastorale héroïque », Mélicerte, et une « tragédie ballet », Psyché. Il s’est le plus souvent montré peu à l’aise et moins convaincant dans ce registre « héroïque » où s’illustrait brillamment son ami Corneille.
4. Chronologie des pièces principales de Molière
1659 : les Précieuses ridicules, comédie.
1662 : l'École des femmes , comédie.
1663 : la Critique de l'École des femmes, comédie.
1663 : l'Impromptu de Versailles, comédie.
1664-1669 : Tartuffe, comédie.
1665 : Dom Juan, comédie.
1666 : le Misanthrope, comédie.
1666 : le Médecin malgré lui, comédie.
1668 : Amphitryon, comédie.
1668 : George Dandin, comédie.
1668 : l'Avare, comédie.
1669 : Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet.
1670 : le Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet.
1671 : les Fourberies de Scapin, comédie.
1671 : les Femmes savantes, comédie.
1673 : le Malade imaginaire, comédie mêlée de musique et de danse.

5. Les personnages de Molière

5.1. Les bourgeois
La classe des bourgeois est la classe sociale la plus représentée et analysée par Molière. Et c’est dans la cellule familiale bourgeoise que Molière prend les événements qui l’intéressent : les questions de mariage, de l'autorité du père, des relations entre époux, du désir d’indépendance des enfants.
Pris par son activité d’artiste, marié mais n’ayant eu qu’un seul enfant qui ne soit pas mort peu de temps après la naissance, Molière ne semble pas avoir eu une vie bourgeoise, mais c’est de ce milieu-là qu’il vient : un milieu où l’on a des biens, où le souci de l’argent a tendance à prendre le pas sur l’amour.

Molière, l'École des femmes, acte V, scène III
Molière a peint toute une galerie de bourgeois différents : Tartuffe, devenu naïf sous l’emprise d’une fascination, Alceste, (le Misanthrope) écartelé entre l’amour et la solitude, Harpagon (l'Avare), dévoré par sa passion de l’argent, Chrysale (les Femmes savantes), défenseur du rôle domestique de la femme, Monsieur Jourdain (le Bourgeois gentilhomme), type du nouveau riche qui voudrait accéder à la classe sociale supérieure. Arnolphe (l'École des femmes ) présente l’originalité d’être situé hors contexte : c’est un solitaire qui veut façonner une jeune fille selon ses désirs.
Les personnages d’épouses ont souvent moins d’épaisseur. Si Philaminte (les Femmes savantes) représente singulièrement une précieuse très active et en conflit avec son mari ; si Béline (le Malade imaginaire) est une intrigante, les autres épouses, Elmire (Tartuffe), Madame Jourdain (le Bourgeois gentilhomme), sont des femmes raisonnables qui défendent la solidité et les valeurs de la famille contre les extravagances de leur conjoint.
Quant aux jeunes gens, ils attirent la sympathie mais ils manquent de personnalité. Ils sont presque interchangeables d’une pièce à l’autre.

5.2. Les nobles
Dom Juan donne une image flatteuse d’un aristocrate, mais la pièce ne parle pas exactement de la réalité sociale. C’est une variation sur un sujet déjà traité par un auteur espagnol. Le personnage est plus mythique qu’inscrit dans la réalité du xviie siècle.
Vis-à-vis des nobles de son temps, Molière est le plus fréquemment sévère et même cruel. Il a personnellement beaucoup souffert de leur arrogance et de leur suffisance. Il les ridiculise dans la Critique de l'École des femmes et dans l'Impromptu de Versailles. Il se venge une fois encore de tous les courtisans appartenant à l’aristocratie à travers les deux personnages de « petits marquis » dans le Misanthrope et des odieux de Sotenville dans George Dandin. Enfin, Dorante, le noble dans le Bourgeois gentilhomme, est un malhonnête homme, empruntant de l’argent qu’il ne rembourse pas.

5.3. Les serviteurs
Les domestiques sont, chez Molière, des personnages aussi importants pour l’action que pour les effets comiques. Ils viennent autant de l’image qu’ont donnée d’eux les farces latine et italienne que de la réalité de tous les jours.

Les serviteurs masculins, héritiers d’Arlequin, sont, comme Scapin, malhonnêtes (ou, tout au moins, rusés), fréquemment profiteurs et alcooliques, mais fidèles à leur maître et d’une imagination si efficace qu’elle débrouille les situations les plus compliquées. Molière a progressivement humanisé ce type de personnage, en passant de Mascarille, le rusé, à Sganarelle qui représente par moments les souffrances des gens du peuple.
Pour les servantes, Molière a fait encore davantage éclater les cadres de la tradition. Les servantes sont la voix de la raison et la voix de Molière lui-même. Leur bonhomie, leur culot, leur langue bien pendue, la saveur de leur langage, leur absence de crainte face aux maîtres, leur défense des enfants arrivés à l’âge du mariage, tout fait d’elles des héroïnes dont les défauts – elles ne savent pas rester à leur place – se transforment immédiatement en qualités. Dorine (Tartuffe), Martine (les Femmes savantes) et Toinette (le Malade imaginaire) incarnent un bon sens populaire sans lequel Molière manquerait d’un instrument de mesure pour juger l’évolution de la société et les travers de ses héros.

5.4. Les paysans
Les paysans apparaissent rarement, sauf quand Molière a besoin de personnages dotés d’accents provinciaux, comme Pierrot dans Dom Juan. George Dandin, le paysan enrichi qui a eu le malheur d’épouser une aristocrate, reste une exception. Mais cette pièce, George Dandin, traduit peut-être plus un désir de Molière de s’en prendre aux nobles qu'un intérêt profond pour la paysannerie.

6. Les procédés comiques chez Molière
En grand auteur, Molière varie les procédés comiques, qui lui permettent d’obtenir le rire le plus simple comme le rire le plus subtil.

6.1. Le comique de geste

Le comique de geste est essentiel dans la farce mais aussi dans les différentes formes de comédie. Par les mimiques, l’accoutrement, les déplacements, les mouvements de la tête et des bras qui caractérisent un personnage ou expriment une intention non exprimée par la parole, l’acteur amplifie la drôlerie de l’action.
Formé dès la jeunesse par les farces qu’il voyait sur la place publique et sensible au talent expressif des acteurs italiens, Molière était lui-même un comédien qui utilisait tous les ressorts de la gestuelle comique. Les gestes sont primordiaux dans des pièces comme la première farce de l’auteur, la Jalousie du barbouillé, où il y a des gags et des chutes comme, bien plus tard, en usera le cinéma burlesque, de même que dans les Fourberies de Scapin, où le valet frappe le vieux Géronte qu’il a fait entrer dans un sac ou dans le Médecin malgré lui, où Sganarelle, pris pour un médecin, multiplie les interventions incorrectes et déplacées.

6.2. Le comique de situation
Comme Molière affectionne la rapidité des actions, il a beaucoup employé ce type de comique.

Il repose sur des rencontres entre les personnages et sur des événements qui introduisent une nouveauté, une surprise ou un choc suscitant le rire. Il dépend généralement plus de l’imprévu et du mouvement que du texte. Parfois, Molière abuse des retournements de situation comme à la fin de l’Avare, où des personnages se retrouvent et se reconnaissent des années après un naufrage et un enlèvement, mais ce n’est pas là véritablement un procédé comique, plutôt une facilité pour terminer rapidement une pièce qu’il faut monter dans l’urgence.
Le comique de situation est particulièrement efficace, par exemple, dans les Précieuses ridicules lorsque Mascarille et son ami Jodelet se font passer pour de « beaux esprits » et trompent les prétentieuses provinciales, avant de se faire rosser par leurs maîtres. Il prend aussi souvent la forme du quiproquo, quand un personnage est pris pour un autre, comme dans Amphitryon, où Jupiter est confondu avec le général Amphitryon et le dieu Mercure avec le valet Sosie. Il est aussi mis en place dans Tartuffe quand l’épouse d’Orgon, Elmire, déclare à l’imposteur qu’elle est prête à se donner à lui, alors que son mari est caché sous la table.

6.3. Le comique de mots
Le comique de mots est essentiel chez Molière. Il commence dès la création du nom des personnages : l’usage était alors d’employer des noms à consonance grecque, latine ou italienne, et Molière respecte cette coutume mais introduit parfois aussi des noms qui évoquent le type de personnage qu'il crée : Tartuffe, Harpagon, Trissotin, Pourceaugnac par exemple.
Il se développe dans les répliques où l’auteur recourt à certaines tournures verbales comme les jeux de mots, « Bélise : Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? Martine : Qui parle d’offenser grand-père ni grand-mère ? », dans les Femmes savantes, ou bien « Ce Monsieur Loyal porte un air bien déloyal » dans le Misanthrope.
Source de comique, le latin de fantaisie qu’il prête aux médecins dans le Médecin malgré lui et dans le Malade imaginaire. De même que l’opposition du langage populaire et du langage savant (dans la scène des paysans dans Dom Juan), ou bien dans les dialogues entre précieux et gens simples dans les Précieuses ridicules et les Femmes savantes), ainsi que la répétition martelée d’une même réplique (« Qu’allait-il faire dans cette galère ? » dans les Fourberies de Scapin)...

Dans son utilisation de la langue, Molière a une double pratique. D’un côté, la simplicité des mots met en relief la sagesse populaire : « Et je vous verrais nu du haut jusques en bas / Que toute votre peau ne me tenterait pas » dit Dorine dans Tartuffe, ou, au contraire, souligne le caractère fruste ou imbécile d’un personnage : « Je vis de bonne soupe et non de beau langage  », dit Chrysale dans les Femmes savantes. D’un autre côté, des phrases très construites, mettent en place la rhétorique des idées et des raisonnements.
Molière vise la clarté de l’expression et l’efficacité du comique pour construire un théâtre du vrai et du naturel, mis au service d’une morale. Dans l’un des textes envoyés au roi pour obtenir la levée de l’interdiction de Tartuffe, il écrivait :  « Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru, que, dans l’emploi où je me trouve, je n’avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle », le mot « ridicule » devant être compris dans le sens « qui suscite le rire ».
Chez Molière, le sens de la comédie, même quand il passe par les gags ou la violence de la satire, est toujours empreint de cette noblesse d’âme.



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