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LE SOLEIL

 

 

 

 

 

 

 

LE  SOLEIL


PLAN
            *         SOLEIL
            *         ASTRONOMIE
            *         Introduction
            *         Historique des principales découvertes sur le Soleil
            *         Le Soleil, une étoile naine
            *         La structure du Soleil
            *         Le cœur du Soleil
            *         La zone radiative du Soleil
            *         La zone convective du Soleil
            *         La photosphère
            *         La chromosphère
            *         La couronne
            *         Le vent solaire
            *         Les anneaux de poussières
            *         L'activité solaire
            *         Taches solaires et facules
            *         Éruption solaire
            *         Boucles
            *         Protubérances
            *         Trous coronaux
            *         Les cycles d'activité solaire
            *         Les relations Soleil-Terre
            *         L'évolution du Soleil
            *         RELIGION


Soleil

(latin populaire soliculus, du latin classique sol, solis)

Étoile autour de laquelle gravite la Terre.


ASTRONOMIE
Introduction

Le Soleil est l'une des quelque 100 milliards d'étoiles de la Galaxie. Il présente la double caractéristique d'être une étoile extrêmement proche (Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche du Système solaire, est 270 000 fois plus lointaine) et du type le plus courant. Son étude constitue de ce fait un moyen d'information permettant d'accéder aux processus fondamentaux d'évolution des étoiles et de vérifier certaines hypothèses et méthodologies utilisées en astrophysique stellaire. L'essentiel de ce que l'on sait du Soleil vient de l'étude de son rayonnement ; toutefois, depuis les années 1970, l'héliosismologie (ou sismologie solaire), qui étudie les modes d'oscillation du Soleil, favorise la connaissance de sa structure interne. Par ailleurs, les observations spatiales viennent désormais utilement compléter celles faites au sol, en autorisant l'étude du Soleil dans des domaines du spectre correspondant à des rayonnements arrêtés par l'atmosphère terrestre : rayonnements γ, X et ultraviolet.

Historique des principales découvertes sur le Soleil
Lorsqu'il découvre, en 1611, la rotation du Soleil en se fondant sur le mouvement des taches solaires, Galilée inaugure les études modernes du Soleil. La première estimation correcte de la taille de celui-ci et de sa distance par rapport à la Terre fut effectuée en France, par l'Académie des sciences, en 1684, grâce aux données obtenues par triangulation à partir de la mesure de la distance de Mars. En effet, cette mesure, faite en 1672 lorsque la planète s'approcha au maximum de la Terre, permit de connaître par une simple application de la troisième loi de Kepler la distance Terre Soleil. La découverte des raies sombres du spectre solaire par Joseph von Fraunhofer, en 1814, et son interprétation physique par Gustav Robert Kirchhoff, en 1859, inaugurèrent l'ère de l'astrophysique solaire, au cours de laquelle l'étude effective de l'état physique et de la composition chimique de la matière solaire devint possible.

Le champ magnétique intense des taches solaires fut découvert par George Ellery Hale en 1908. Le rôle des réactions nucléaires dans la production de l'énergie solaire fut démontré par Jean Perrin en 1919 et ces réactions furent explicitées par Hans Bethe en 1939. Les connaissances sur le Soleil évoluent et ne restent pas figées : le vent solaire ne fut découvert qu'en 1962, et ce n'est que sept ans plus tard que sa source fut identifiée avec les trous coronaux.

Le Soleil, une étoile naine
Le Soleil, comparé aux plus grandes étoiles connues, dont les diamètres sont 1 000 fois supérieurs au sien et dont les masses peuvent atteindre près d'une centaine de fois sa masse, est une étoile tout à fait moyenne, mais c'est un astre de taille respectable par rapport aux minuscules étoiles rouges. Il est donc répertorié dans la classe des étoiles naines. Son spectre, sa température de surface et sa couleur amènent à le classer plus précisément comme une naine G2 V, suivant la classification en usage (G désignant le type spectral, et V la classe de luminosité). La décomposition spectrale de son rayonnement a son maximum à environ 500 nm de longueur d'onde, ce qui lui vaut sa couleur jaune caractéristique.
La structure du Soleil

De son cœur jusqu'à sa couronne et à son vent solaire – qui s'étend jusqu'à la Terre et au-delà – le Soleil comporte plusieurs zones ayant chacune des caractéristiques physiques.

Le cœur du Soleil
Le poids des couches extérieures du Soleil comprime le gaz de la région centrale, le cœur, pour lui donner une densité qui est environ 160 fois celle de l'eau. La température atteinte est d'environ 15 millions de degrés. Partout à l'intérieur du Soleil, des atomes entrent constamment en collision avec assez d'énergie pour ioniser le gaz, qu'on appelle alors un plasma.

La zone radiative du Soleil
Dans le premier tiers du Soleil, les collisions entre particules sont si violentes qu'elles provoquent des réactions nucléaires, qui libèrent une énergie colossale et donnent au Soleil son éclat habituel. Cette série de réactions provoque la fusion thermonucléaire de l'hydrogène et sa transformation en hélium, suivant plusieurs séquences, dont la principale, qui fournit plus de 90 % de l'énergie totale, est appelée « chaîne proton proton », car elle met en œuvre quatre noyaux d'hydrogène, ou protons (le noyau d'hydrogène étant composé d'un seul proton), pour former un noyau d'hélium. Cette réaction proton proton peut alimenter le Soleil en énergie pendant environ 10 milliards d'années (l'âge du Soleil étant estimé à environ 5 milliards d'années, il lui reste donc encore un temps équivalent à vivre). Les rayons gamma émis par les réactions nucléaires voyagent vers l'extérieur et sont sans cesse absorbés et réémis : c'est la zone radiative. Un photon parcourt en moyenne 1 cm avant d'être capturé ; les absorptions et émissions successives diminuent l'énergie des photons, qui passent à l'état de rayons X, puis ultraviolets, avant de devenir visibles au niveau de la photosphère.

La zone convective du Soleil
Vers 0,8 rayon solaire, comme le poids des couches de gaz extérieures diminue, la densité et la température requises pour maintenir cette couche en équilibre hydrostatique diminuent également rapidement. À une distance du centre du Soleil égale à 0,6 rayon solaire, la température est d'environ 1 million de degrés ; aussi, l'hydrogène et l'hélium ne sont plus complètement ionisés, et les atomes neutres absorbent donc les radiations qui proviennent des zones incandescentes du cœur. Dans cette région, le chauffage et l'expansion des gaz qui s'ensuit permet à ces derniers de se déplacer vers le haut à cause de leur densité plus faible, et la chaleur atteint les couches supérieures. Ainsi, le transport de l'énergie s'effectue par un vaste brassage de matière qui monte, se refroidit, puis redescend : c'est la convection, qui constitue un moyen puissant pour évacuer la chaleur vers l'extérieur.

Le plasma solaire de la zone de convection est à peu près aussi bon conducteur qu'un fil de cuivre à température ambiante. Aussi, lorsqu'un volume important d'une matière de ce type traverse un champ magnétique, comme ici dans le Soleil, il induit un courant électrique considérable, qui déforme le champ primitif au point de l'entraîner dans son mouvement. L'influence mutuelle des champs magnétiques et des plasmas en mouvement est connue sous le terme de magnétohydrodynamique (MHD). La MHD permet d'étudier comment la rotation différentielle modifie les lignes de champ magnétique polaires, les déforme et les amène parallèlement à l'équateur au cours du cycle d'activité du Soleil.
La convection continue à être efficace jusqu'à ce que soient atteintes les couches où la densité est si faible que l'énergie rayonnée par les gaz ascendants peut s'échapper directement dans l'espace. Cette couche est la surface visible du Soleil, la photosphère.

La photosphère

L'observation de la photosphère montre un grand nombre de cellules convectives, les granules, dont la taille est d'environ 1 millier de kilomètres. Ces granules « vivent » environ un quart d'heure ; elles sont formées par des gaz ascendants chauds, entourés par des gaz descendants plus froids, se déplaçant à environ 1 km/s.
Il semble que les mouvements convectifs des gaz solaires, en plus du transport de chaleur, aient des effets importants sur la rotation du Soleil, sur son magnétisme et sur la structure des couches situées au-dessus de la photosphère. La convection contribuerait à expliquer le fait que les gaz de la photosphère ne tournent pas de façon rigide : si la période de rotation est d'environ 25 jours à l'équateur, elle s'élève déjà à 1 mois à la latitude de 60°.
Aux abords de la photosphère, la densité du gaz diminue rapidement en altitude, d'un facteur 10 tous les 1 000 km environ. Cette diminution rapide explique le bord net du Soleil, même quand on le voit dans des télescopes, car la couche dans laquelle le gaz perd son opacité et devient transparent n'a que quelques centaines de kilomètres d'épaisseur (ce qui représente moins d'une seconde d'arc quand on l'observe depuis la Terre). Ainsi, la photosphère n'est pas une surface, mais une couche solaire d'environ 300 km d'épaisseur.


La chromosphère
Au-dessus de la photosphère, la température descend jusqu'à un minimum d'environ 4 500 K ; puis, assez curieusement, elle commence à remonter. Pendant quelques secondes, au début et à la fin d'une éclipse totale de Soleil, on peut observer un mince anneau de quelques milliers de kilomètres d'épaisseur autour du disque solaire ; cet anneau brille d'un éclat rosé intense, d'où son nom de chromosphère, c'est-à-dire « sphère de couleur ». Lorsqu'on l'examine au télescope avec un spectrographe à haute résolution, on peut voir que la plupart des émissions chromosphériques proviennent de jets très fins de gaz dirigés vers l'extérieur, les spicules, d'une température d'environ 15 000 K et d'une densité d'environ 1011 particules par centimètre cube. Un spicule a une durée de vie de 5 à 10 minutes ; sa hauteur est en général de 5 000 à 10 000 km, et son épaisseur environ dix fois plus faible. Les gaz se déplacent vers l'extérieur à des vitesses d'environ 25 km/s. Les spicules semblent se situer à la périphérie des cellules de supergranulation, semblables aux granules, mais qui s'étendent sur des diamètres de l'ordre de 30 000 km.
La couronne

Au cours d'une éclipse totale, ou à l'aide d'un coronographe, on peut observer l'atmosphère du Soleil, qui s'étend à une distance de plusieurs rayons solaires au-delà de la photosphère et émet une faible lueur, la couronne solaire, 1 million de fois moins brillante que le disque, dans sa partie la plus lumineuse. Cependant, malgré les températures observées dans la chromosphère, la densité de matière décroît si rapidement qu'aucune couronne ne devrait être visible même à proximité de la surface. L'explication de ce phénomène a été trouvée en 1940 lorsqu'on a pu prouver que dans le spectre du rayonnement de la couronne certaines raies non identifiées étaient causées par des corps fortement ionisés, comme le fer ionisé 13 fois, ce qui implique une température de l'ordre du million de degrés. Comme un gaz chaud a moins tendance à être comprimé par les couches supérieures qu'un gaz froid, la température élevée qui règne dans la couronne permet d'expliquer pourquoi cette dernière est si étendue.

Le mécanisme qui porte la couronne à une température aussi élevée est mal connu, et cette question est au centre de nombreuses recherches, notamment à partir de satellites artificiels. Ainsi, le gaz coronal à proximité du Soleil est visible à l'œil nu pendant les éclipses, car il diffuse la lumière photosphérique à partir des électrons du plasma de la couronne. En effet, ce plasma très chaud émet ses propres rayonnements, ultraviolet et X, lorsque des électrons, se déplaçant rapidement, entrent en collision avec des ions d'éléments plus lourds. Le chauffage de la couronne n'est donc pas une simple question de flux de chaleur en provenance de la photosphère plus froide, par conduction, convection ou radiation, car un tel flux irait à l'encontre de la seconde loi de la thermodynamique. Plus vraisemblablement, ce sont des ondes acoustiques ou d'autres formes d'ondes générées par les mouvements gazeux de la photosphère qui transportent l'énergie dans le milieu coronal et la dissipent en la transformant en chaleur, pour équilibrer les pertes subies par la couronne. Une autre explication peut être la dissipation de courants électriques dans le plasma coronal, très conducteur, de la même façon que l'effet Joule élève la température dans un matériau résistant.

Le vent solaire

La température et la pression des gaz de la couronne sont trop élevées pour que leur effet soit compensé par la gravité solaire. Des particules peuvent ainsi s'échapper dans l'espace, et participer à la formation du vent solaire. Celui-ci est constitué d'électrons (90 %), de neutrons, de quelques noyaux d'hélium et de traces d'éléments plus lourds. En 1983, quand la sonde américaine Pioneer 10 quittait le Système solaire connu, elle détectait encore la présence du vent solaire. Au niveau de l'orbite de la Terre, la vitesse d'expansion du vent solaire est de 300 à 700 km/s, avec une densité de 1 à 10 particules par centimètre cube ; ainsi, la perte de masse du Soleil, due au vent solaire, n'est que de 10−13 masses solaires par an. Néanmoins, le vent solaire a des effets observables sur les couches supérieures de l'atmosphère terrestre, notamment lors des aurores polaires.

Les anneaux de poussières
Le Soleil est entouré d'anneaux, ou de disques, de poussières interplanétaires. L'un de ces anneaux, situé dans le plan de l'orbite de Jupiter, est connu depuis longtemps : il est à l'origine de la « lumière zodiacale ».
En 1983, un autre anneau fut découvert dans la ceinture d'astéroïdes, entre Mars et Jupiter, par IRAS (Infrared Astronomy Satellite, ou satellite artificiel d'observation astronomique dans l'infrarouge). Une équipe d'astronomes japonais et indonésiens découvrit, également en 1983, un troisième anneau à seulement deux diamètres solaires de notre astre.

L'activité solaire
Le Soleil entretient un champ magnétique intense qui influence les structures physiques de la photosphère, de la chromosphère et de la couronne de manière complexe et variable selon les époques : c'est ce qu'on appelle l'activité solaire.

Taches solaires et facules
Les champs magnétiques émergent dans les couches visibles sous l'aspect de boucles toroïdales de flux magnétique. Leur effet le plus évident sur la photosphère est la formation des taches solaires sombres et des facules brillantes, qui caractérisent à ce niveau une région active. Lorsqu'ils sont intenses, ils perturbent la convection, et amoindrissent donc l'efficacité du processus dominant de transport de chaleur jusqu'à la photosphère, d'où la température « basse » et la relative obscurité des taches solaires.
Une région active se développe horizontalement lorsque le « tube magnétique » émerge de la photosphère, en forme de boucle, passant d'une taille de moins de 5 000 km jusqu'à plus de 100 000 km en une dizaine de jours. C'est au cours de cette période de croissance rapide que la probabilité pour que se produise une éruption solaire spectaculaire est la plus forte.

Éruption solaire
Une forte éruption est caractérisée par un rapide accroissement de la brillance, d'un facteur 5 à 10, en quelques minutes, sur une surface considérable de la région active, comme on peut l'observer dans la raie Hα de l'hydrogène émise par la chromosphère. Seules les éruptions très importantes peuvent être décelées en lumière blanche, à cause de la brillance de la photosphère. Les effets les plus violents et les plus spectaculaires de l'éruption ont lieu cependant dans la couronne. Là, les boucles magnétiques qui surmontent les taches et les facules peuvent accroître leur brillance dans les rayonnements X et ultraviolet d'un facteur 100 ou plus. Les particules chargées sont accélérées jusqu'aux vitesses relativistes, et une puissante émission sur des longueurs d'ondes centimétriques est généralement constatée.
Certaines éruptions produisent aussi de fortes explosions radio sur des longueurs d'ondes métriques, et d'importants volumes de plasma sont souvent projetés dans l'espace à des vitesses qui dépassent la vitesse d'échappement – qui est de l'ordre de 600 km/s – udu champ de gravité solaire au niveau de la photosphère. L'événement cataclysmique s'affaiblit lentement, en quelques heures, après avoir libéré une énergie allant jusqu'à 10215 J. Ce mécanisme a été récemment interprété comme un « court-circuit » géant entre des tubes de force du champ magnétique. Les taches solaires durent en général quelques semaines, les grandes, plus durables, pouvant survivre 2 ou 3 mois. Les facules continuent à signaler une région active pendant un peu plus longtemps. Finalement, il semble que les mouvements de convection désordonnés près de la photosphère démantèlent la boucle de flux magnétique et la dispersent en plus petits éléments sur toute la surface de cette dernière.
Loin des régions actives, des champs d'intensités comparables (de 0,1 à 0,2 tesla) sont mesurés, mais ils se restreignent à un réseau polygonal qui coïncide avec les bords des cellules de supergranulation dont il a été fait mention précédemment.

Boucles
Au-dessus de la photosphère, les champs magnétiques d'une région active peuvent être détectés par leur effet sur la répartition des températures et des densités dans la chromosphère et dans la couronne. Là encore, des structures proéminentes en forme de boucles, observées dans les rayonnements X et ultraviolets, montrent comment les lignes de champ s'étendent jusqu'à 100 000 km et davantage au-dessus d'une tache, et reviennent ensuite vers la photosphère, généralement dans le même centre d'activité.
Protubérances

Dans d'autres régions de la couronne, d'immenses feuillets de plasma condensé relativement froid (10 000 K, contre 1 à 3 millions dans la couronne), appelés protubérances, sont soutenus par les tubes de champ magnétique jusqu'à des hauteurs qui peuvent dépasser 200 000 km.

Trous coronaux
Dans certaines grandes zones, appelées trous coronaux, l'émission de la couronne est nettement plus faible, ce qui montre une baisse de la densité du plasma, dont la température est de 1 million de degrés au moins. Les observations radioastronomiques indiquent que dans ces régions les lignes de champ magnétiques s'étendent radialement vers l'extérieur et ne forment plus des structures closes, comme dans les boucles et les protubérances. Une partie de la couronne peut alors s'écouler dans l'espace interplanétaire, c'est le vent solaire. Ces trous sont plus fréquents aux pôles solaires, où les lignes magnétiques sont plus facilement ouvertes, mais peuvent descendre parfois jusqu'à l'équateur.

Les cycles d'activité solaire
L'activité solaire présente un cycle d'une période d'environ 22 ans. La propriété la plus facilement observable de ce cycle est la variation, tous les onze ans environ, du nombre de taches solaires. Le cycle de 22 ans semble avoir été assez régulier au cours du xixe s. et même au-delà, mais les témoignages historiques indiquent qu'entre 1640 et 1710 – ce qu'on appelle le minimum de Maunder – aundern appelle le minimum de Maundergnages
Les irrégularités, à long terme, de l'activité solaire peuvent avoir des retombées tangibles sur la Terre, car les flux de particules solaires chargées et le rayonnement ultraviolet sont directement liés au niveau d'activité manifesté par les régions actives, les éruptions et les trous coronaux. Des variations dans ces émissions peuvent affecter, on le sait, les couches supérieures de l'atmosphère et avoir des répercussions importantes sur le climat.

Les relations Soleil-Terre
Le Soleil émet en permanence dans l'espace un flux de particules chargées, le vent solaire. Celui-ci a pour effet de déformer la magnétosphère terrestre, qui est comprimée du côté du Soleil et étirée dans la direction opposée. Mais ce régime peut être brutalement perturbé en période d'activité solaire, quand le Soleil émet des bouffées de plasma plus énergétique : l'arrivée massive de ces particules dans l'environnement terrestre provoque alors la formation d'aurores polaires et d'orages magnétiques.
Par ailleurs, on sait que la Terre est soumise à des variations d'ensoleillement liées à sa rotation sur elle-même (alternance des jours et des nuits) et à sa translation autour du Soleil (cycle des saisons). Sur des intervalles de temps plus longs, on a pu établir que les variations de l'excentricité de son orbite et de l'inclinaison de son axe de rotation avaient également des répercussions climatiques (théorie de Milanković). Il est légitime de se demander si le Soleil lui-même et son rayonnement n'ont pas des fluctuations suffisantes pour avoir un impact sur le climat de la Terre. Les observations spatiales ont mis en évidence de légères fluctuations (0,2 %) de la constante solaire, c'est-à-dire du flux d'énergie solaire reçu au sommet de l'atmosphère, perpendiculairement par unité de temps et de surface, en fonction du cycle de l'activité solaire. Mais on n'a pu encore clairement établir de lien entre ces variations et celles de la température sur la Terre.

L'évolution du Soleil
Depuis 4,6 milliards d'années, le Soleil est alimenté en énergie par la fusion d'hydrogène en hélium. Dans 3,5 milliards d'années, il aura brûlé la quasi-totalité de l'hydrogène de son noyau. La production d'énergie nucléaire cessant, la matière se contractera, ce qui provoquera une augmentation interne de la température et de la pression. Les couches extérieures se dilateront et la température de la photosphère baissera : le Soleil deviendra une géante rouge. Son rayon pourra alors atteindre la moitié de la distance de la Terre au Soleil mais notre planète se sera alors éloignée à 250 millions de km de son étoile. En effet, le Soleil ayant perdu près de 40% de sa masse par suite de l'échappement du vent solaire, la Terre sera alors soumise à une plus faible attraction. Cet éloignement relatif ne compensera pas l'énorme accroissement de luminosité du Soleil. Dans le cœur de l'étoile, lorsque la température atteindra 100 millions de degrés, la fusion de l'hélium, produisant du carbone et de l'oxygène, se déclenchera et se propagera vers l'extérieur.
Quelques milliards d'années plus tard, l'hélium sera épuisé à son tour et, la production d'énergie nucléaire cessant, le Soleil se contractera à nouveau. Les réactions nucléaires reprendront alors dans deux zones : en surface, transformation de l'hydrogène en hélium, et à l'intérieur, de l'hélium en carbone et oxygène. Sous la pression intense du rayonnement, de la matière sera éjectée. Le rayon du Soleil se réduira à une dizaine de milliers de kilomètres. Dans le même temps, sa température de surface passera à une centaine de milliers de kelvins. Le Soleil finira ainsi son existence sous les traits d'une naine blanche dont le rayonnement faiblira peu à peu. Quant à la matière éjectée, elle se dispersera dans le milieu interstellaire où elle donnera naissance, ultérieurement, à de nouvelles étoiles.

RELIGION
Le culte du Soleil, assez répandu dans diverses sociétés anciennes, a eu un succès tout particulier en Égypte pharaonique, en tant que puissance fécondante. Rê représentait l'astre solaire, et Aton le disque solaire. Dans la ville sainte d'Héliopolis s'étaient élaborés mythes et systèmes théologiques et, dès la IVe dynastie, certains pharaons se sont qualifiés de fils de Rê. Aménophis IV organisa un nouveau culte solaire avec le syncrétisme Amon-Rê.


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La jeune géante qui s'est fait une place au soleil

 


 

 

 

 

 

Paris, 20 juin 2016
La jeune géante qui s'est fait une place au soleil


Depuis 20 ans, les exoplanètes qu'on nomme « Jupiters chauds » défient les astronomes. Ces planètes géantes orbitent 100 fois plus près de leur étoile que Jupiter autour du Soleil, et sont donc réchauffées par cette proximité. Mais comment et quand dans leur histoire migrent-elles si près de leur étoile ? Une équipe internationale d'astronomes vient d'annoncer la découverte d'un très jeune Jupiter chaud au voisinage immédiat d'un soleil d'à peine 2 millions d'années – l'équivalent stellaire d'un nourrisson d'une semaine. Cette toute première preuve que les Jupiters chauds apparaissent dès les origines constitue un progrès majeur dans notre compréhension de la formation et de l'évolution des systèmes planétaires. Les travaux, dirigés par des chercheurs de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP, CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier)1, en collaboration, entre autres2, avec des collègues de l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (CNRS/Université Grenoble Alpes)3, sont publiés le 20 juin 2016 dans la revue Nature.
C'est en scrutant une étoile d'à peine 2 millions d'années, baptisée V830 Tau, qu'une équipe internationale d'astronomes a découvert le plus jeune Jupiter chaud. Après un mois et demi d'observations au cœur de la pouponnière stellaire du Taureau, à 430 années-lumière de la Terre, l'équipe a détecté une variation régulière de la vitesse de l'étoile, révélant la présence d'une planète presque aussi massive que Jupiter, sur une orbite 20 fois plus resserrée que celle de la Terre autour du Soleil. Cette découverte prouve pour la première fois que les Jupiters chauds apparaissent très tôt lors de la phase de formation des systèmes planétaires, et ont donc un impact majeur sur l'architecture de ces derniers.

Dans le système solaire, les petites planètes rocheuses comme la Terre orbitent près du Soleil alors que les géantes gazeuses comme Jupiter et Saturne patrouillent bien plus loin. D'où l'étonnement de la communauté quand les premières exoplanètes détectées se sont révélées des géantes côtoyant leur étoile. Les travaux théoriques nous apprennent que ces planètes ne peuvent se former que dans les confins glacés du disque protoplanétaire donnant naissance à l'étoile centrale et à son cortège de planètes. Certaines d'entre elles migrent vers l'étoile sans y tomber, devenant dès lors des Jupiters chauds.

Les modèles théoriques prédisent une migration soit dans l'enfance des géantes gazeuses, alors qu'elles se nourrissent encore au sein du disque primordial, soit bien plus tard, lorsque les nombreuses planètes formées interagissent et propulsent certaines d'entre elles au voisinage immédiat de l'étoile. Parmi les Jupiters chauds connus, certains possèdent justement une orbite inclinée, voire inversée, suggérant qu'ils ont été précipités vers l'étoile par d'ombrageuses voisines. Cette découverte d'un Jupiter chaud très jeune confirme donc que la migration précoce au sein du disque est bien, elle aussi, opérationnelle dans le cas des planètes géantes.

Détecter des planètes autour d'étoiles très jeunes s'avère un vrai défi observationnel, car ces étoiles se révèlent être des monstres en comparaison de notre Soleil : leur intense activité magnétique perturbe en effet la lumière émise par l'étoile d'une façon bien plus marquée que ne peut le faire une éventuelle planète géante, même en orbite rapprochée. L'une des prouesses de l'équipe a été de séparer le signal dû à l'activité de l'étoile de celui engendré par la planète.

Pour cette découverte, l'équipe a utilisé les spectropolarimètres4 jumeaux ESPaDOnS et Narval, conçus et construits à l'IRAP. ESPaDOnS est installé au télescope Canada-France-Hawaï (TCFH), au sommet du Maunakea, un volcan endormi de la grande île de l'archipel d'Hawaï. Narval est monté quant à lui au télescope Bernard Lyot (TBL - OMP) au sommet du Pic du Midi. L'utilisation combinée de ces deux télescopes et du télescope Gemini d'Hawaï s'est avérée essentielle pour obtenir la continuité requise dans le suivi de V830 Tau. Avec SPIRou et SPIP, les spectropolarimètres infrarouge de nouvelle génération construits à l'IRAP pour le TCFH et le TBL, et dont la mise en service est prévue en 2017 et 2019, les performances seront largement améliorées, ce qui nous permettra d'étudier avec une sensibilité encore accrue la formation des nouveaux mondes.

 

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LES GALAXIES ...

 

 

 

 

 

 

Paris, 2 décembre 2016
Les galaxies massives se nourrissent de nuages géants de gaz froid

Les petites galaxies ne sont pas les seules sources de matière pour leurs congénères les plus imposantes. Une équipe internationale, comprenant des chercheurs de l'Institut d'astrophysique de Paris (CNRS/UPMC), a montré que les plus grosses galaxies de l'univers nagent dans un océan de gaz froid qui les nourrit. Ces travaux ont été publiés dans la revue Science, suite à des observations réalisées sur la galaxie dite de « la Toile d'Araignée ».
Les plus grosses galaxies de l'Univers, qui rassemblent plusieurs milliers de milliards d'étoiles, se concentrent au sein d'amas de centaines, voire de milliers, d'autres galaxies. Les scientifiques pensaient jusqu'ici que ces “super-galaxies” se formaient en avalant des cousines plus petites, captées et violemment absorbées sous l'effet de la gravité. Afin de mieux comprendre le phénomène, une vaste équipe internationale d'astronomes se sont intéressés à un amas de galaxies situé à 10 milliards d'années-lumière de la Terre. Il abrite en son centre une galaxie géante en formation, nommée “The Spiderweb” (“la Toile d'Araignée”) car elle est entourée d'un réseau de plus petites galaxies en interaction gravitationnelle.

Grâce aux radiotélescopes Karl G. Jansky VLA1 et, surtout, ATCA2, l'équipe a réalisé que les galaxies de l'amas baignent dans un nuage géant de gaz froid qui les alimente en matière. Les chercheurs ignorent cependant comment ce nuage est structuré ni comment il s'est formé. Ils affirment en revanche qu'il s'étend tout autour des galaxies comme un halo, avec une masse de 100 milliards de fois celle du Soleil et une température de -200°C. Il est principalement composé de dihydrogène, qui alimente la formation des étoiles au sein de l'amas. Il s'agit en effet du matériau de base à partir duquel se constituent les étoiles et les galaxies. Comme ce gaz est difficile à détecter, les astronomes se sont focalisés sur un gaz traceur, le monoxyde de carbone, puis en ont déduit la masse du nuage de dihydrogène. Les astronomes ont ainsi trouvé une partie des atomes manquants de l'univers, qui échappaient jusqu'à maintenant à une détection directe. Cette découverte va donc pousser les astronomes à revoir leur compréhension de la formation des galaxies massives dans l'Univers jeune.

 

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CORDES, LES INSTRUMENTS DE L'ULTIME

 

 

 

 

 

 

Texte de la 530e conférence de l'Université de tous les savoirs donnée le 17 juin 2004

Cordes, les instruments de l'ultime

Marios Petropoulos



Les cordes sont apparues en physique théorique des hautes énergies il y a plus de trente ans. Elles étaient à l'époque l'exclusivité d'une poignée de chercheurs. Au cours de toutes ces années le sujet s'est développé, ramifié vers les mathématiques ou la cosmologie et occupe aujourd'hui une fraction importante de la communauté internationale de physique théorique. Les institutions les plus prestigieuses y sont représentées et de nombreux jeunes et brillants étudiants rejoignent chaque année ses rangs.

Après avoir été introduites pour décrire les « interactions fortes » (forces de cohésion nucléaire), les cordes ont été élevées au rang de candidats à la description unifiée de toutes les interactions possibles entre particules.

Mais que sont vraiment les cordes ? Comment apparaissent-elles en physique des particules élémentaires ? Quelles notions véhiculent-t-elles dans cette physique ? Et quelles sont leurs ambitions ?

Cordes et l'école de Pythagore

Une façon de comprendre le rôle des cordes dans son principe est de se rappeler les observations de l'école de Pythagore (580 - 510 av. J.C.) sur la consonance des intervalles musicaux. Leur portée reste considérable, même au 21ème siècle.

Une fois sollicitées, des cordes approximativement identiques, tendues avec la même force, mais dont les longueurs sont dans des rapports entiers, émettent des sons qui s'accordent agréablement. Ce phénomène, qualifié de « juste proportion » par les Pythagoriciens, est une manifestation du phénomène de résonance, que ces derniers avaient mis en évidence de manière empirique, grâce à l'ouie humaine. L'apparition de nombres entiers dans le domaine de la musique, vecteur de sensations fortes, avait suscité une vive émotion et avait conduit naturellement à étayer la thèse de l'harmonie universelle, principe philosophique récurrent depuis Pythagore.

On peut êtr18e plus précis et examiner ces notions à la lueur de ce que l'on connaît aujourd'hui sur les spectres de cordes tendues. L'excitation d'une corde produit des vibrations. Ces vibrations apparaissent avec des fréquences propres. La fréquence fondamentale, qui est celle dont l'amplitude est la plus grande, va comme l'inverse de la longueur de la corde :

Dans cette expression, est la longueur de la corde, sa tension et sa densité linéique. Cette loi s'applique à toutes les cordes : haubans de mâtures de bateaux, de ponts suspendus ou cordes d'instruments de musique. Dans ce dernier cas, la fréquence fondamentale (la plus intense) définit la note. Le timbre résulte des harmoniques, vibrations de moindre amplitude qui accompagnent le fondamental et dont l'intensité dépend de la nature de la corde et de son environnement. Leurs fréquences, en revanche, ne sont pas affectées par ces facteurs ; ce sont des multiples entiers de la fréquence fondamentale :

Pour fixer les idées et les ordres de grandeur, le la du diapason officiel est une vibration de 440 Hertz (cycles par seconde). Elle est obtenue par exemple au moyen d'une corde d'acier, longue de 30 cm et tendue à 172 Kgf (kilogramme-force).

Ce qui précède permet de comprendre l'origine de la consonance des sons émis par des cordes dont les longueurs sont dans des rapports entiers. On représente dans le tableau suivant les spectres des fréquences propres de cordes de longueur et /2 jusqu'à la 3ème harmonique (le nombre d'harmoniques est infini et elles sont toutes obtenues comme multiples de la fréquence fondamentale).

Fréquences propres de cordes de longueur et /2 jusqu'à la 3ème harmonique.

(les fréquences ν0 et 3ν0 n'apparaissent pas dans le spectre de la corde /2)

Comme la fréquence fondamentale est inversement proportionnelle à la longueur de la corde, la corde de longueur /2 a une fréquence fondamentale double de celle de la corde de longueur . De façon similaire, en doublant chacune des harmoniques du spectre de la corde de longueur on obtient le spectre des harmoniques de la corde de longueur /2.

On observe donc que le spectre complet (fréquences fondamentale et harmoniques) de la corde de longueur /2 est entièrement inclus dans celui de la corde de longueur . L'ensemble des fréquences propres de la corde de longueur /2 couvre la « moitié »1 des fréquences apparaissant dans la corde de longueur et cela explique pourquoi les sons émis par ces cordes sont si consonants. Ils le sont à ce point que le nom de la note qui leur correspond est le même. On dit de ces notes qu'elles sont séparées par une octave, qui est l'intervalle musical le plus consonant. L'octave supérieure est obtenue en divisant à nouveau la longueur par deux, ce qui revient à doubler encore une fois la fréquence fondamentale. Et ainsi de suite.

Des conclusions similaires sont obtenues en comparant les spectres de cordes dont les longueurs sont dans un rapport 1/3. Dans ce cas, le spectre de la corde de longueur /3 couvre le « tiers » seulement de celui de la corde de longueur . La consonance, quoique bien présente, est ici moins marquée et les notes correspondantes ont des noms différents. L'intervalle musical est la quinte.

On peut poursuivre ce raisonnement. Commençant par un sol réalisé au moyen d'une corde de longueur , on obtient le sol de l'octave supérieure en divisant la longueur par 2, le sol suivant en divisant la longueur par 4 etc. Si l'on divise la longueur par 3 on obtiendra le ré de l'octave supérieure, séparé du sol correspondant par une quinte et du sol suivant par une quarte. La division par 5 conduira au si d'une octave encore supérieure faisant apparaître cette fois la tierce mineure et la tierce majeure. Tout ceci est schématisé dans le tableau suivant.

Ce procédé peut être répété à l'infini. En divisant par 6, 7 ... la longueur de la corde initiale, on obtient d'autres notes et d'autres intervalles consonants. Par itérations successives on engendre ainsi la gamme pythagoricienne complète avec tous ses intervalles musicaux.

Gamme pythagoricienne et ses intervalles à partir d'un seul paramètre : la longueur .

Un univers conforme à une raison mathématique

La leçon à tirer de l'opération décrite ci-dessus est la suivante : moyennant un nombre limité de paramètres comme la longueur de la corde ou sa tension, on reconstruit de proche en proche un spectre complet : les lois de la nature y sont rigides et laissent peu de liberté.

Le « trait de génie » des Pythagoriciens était d'imaginer que leurs observations pussent transcender le cadre des cordes, que l'univers tout entier pouvait - devait - être régi par des lois simples et itératives où les nombres entiers joueraient un rôle privilégié. L'harmonie universelle ne pouvait résulter de la seule interprétation des sons et de leur consonance. Ces derniers étaient la création de l'homme, tout comme les instruments de musique qui les produisaient. L'harmonie universelle devait se trouver dans la nature.

La recherche de rapports numériques simples dans les phénomènes naturels s'est poursuivie jusqu'à la renaissance. Le mouvement des astres et des planètes et les observations précises de Tycho Brahé (1546 - 1601) ont pendant longtemps défini le cadre idéal pour ces investigations. Johannes Kepler (1571 - 1630) a lui-même adhéré à ce mode de pensée. Paradoxalement, les trois lois qu'il a énoncées ont permis a Isaac Newton (1642 - 1727) de formuler la théorie moderne de la gravitation, renvoyant dans les chimères toute la philosophie pythagoricienne sur l'harmonie universelle et ouvrant la voie vers la physique moderne.

Il a fallu attendre le 20ème siècle pour voir resurgir la notion d'universalité mise en évidence par l'école de Pythagore et voir reparaître les cordes dans la physique moderne des hautes énergies comme constituants élémentaires de la nature.

La physique des particules élémentaires

La physique des particules élémentaires est l'étude d'objets microscopiques - ou encore corpusculaires. Certains d'entre eux ont une structure interne : ils sont composites ; d'autres sont réputés pour ne pas en avoir et sont considérés comme élémentaires.

Les caractéristiques des corpuscules sont les suivantes : la masse, le spin et les charges (électrique, magnétique ...). Les deux premiers sont des caractéristiques de nature cinématique. La masse traduit l'inertie de l'objet c'est-à-dire la « résistance » qu'il oppose aux variations de son état de mouvement. Le spin est une notion plus difficile à appréhender. Pour des objets macroscopiques comme les planètes, le spin pourrait être comparé au mouvement de rotation propre. Transposée dans le domaine microscopique, cette comparaison est cependant limitée et on manque d'intuition pour comprendre pourquoi le spin est un multiple demi-entier d'une unité indivisible.

Le spin d'une particule : une forme de rotation propre autour d'un axe virtuel.

Enfin, il y a les charges. On connaît la charge électrique, la charge chromo-électrique ou chromo-magnétique, l'hypercharge ... Toutes ces charges caractérisent la manière dont les particules interagissent entre elles : comment elles se désintègrent si elles ne sont pas stables, comment de nouvelles particules sont créées lors de collisions, etc.

Elémentarité et taille des constituants

L'élémentarité est un concept relatif qui dépend des échelles de longueur auxquelles la matière est sondée. Celles-là sont fonction des énergies disponibles dans les faisceaux des collisionneurs. Avec le temps, notre perception de l'élémentaire et du complexe s'affine.

Pendant très longtemps l'atome a été considéré comme élémentaire. Les expériences de diffusion de Rutherford (1911) ont ébranlé ce concept : elles ont mis en évidence l'existence d'un noyau, occupant un volume très petit au centre de l'atome, et d'électrons en orbite autour du noyau. La taille du noyau est de l'ordre de 10 fm (fermi) ; celle de l'atome d'hydrogène par exemple est de l'ordre de 1/2 Å (angström), soit 5.000 fois supérieure environ. Dans cette révolution qui a conduit à l'avènement de la mécanique ondulatoire, au cours des années 1910, le mot « orbite » a dû être abandonné et remplacé par « orbitale ». Cette mécanique, encore appelée mécanique quantique, régit les lois de la physique microscopique et restitue la mécanique de Newton aux échelles macroscopiques. L'atome y apparaît comme un noyau dense au centre d'un nuage électronique dilué.

Unités de longueur et d'énergie microscopiques.

Le noyau lui-même n'est pas élémentaire. Il est composé de protons et de neutrons que l'on appelle nucléons et dont la taille est de l'ordre du fermi. En revanche, depuis sa découverte par Thomson, l'électron apparaît toujours dépourvu de structure interne et fait partie des leptons, particules élémentaires « légères ». Sa masse est de 0,511 MeV soit environ 2.000 fois inférieure à celle du proton qui est de 939 MeV.

Comme cela a été mentionné ci-dessus, la structure composite d'un corpuscule apparaît lorsque la résolution de l'instrument d'observation devient suffisante. Celle-ci va de 1/100 cm pour l'œil à 10-18 cm pour la prochaine génération de collisionneurs.

Quelques instruments d'observation : énergies et résolutions.

Les interactions et leurs intensités

Les interactions entre particules sont la manifestation des forces que l'une peut exercer sur l'autre au niveau microscopique. On en distingue quatre de propriétés très différentes. Les ordres de grandeur de leurs intensités sont reportés dans le tableau ci-dessous.

Interaction gravitationnelle

La force gravitationnelle est universelle et s'exerce entre tous les corps. Elle maintient la lune en orbite autour de la terre, engendre les marées, assure la cohésion des planètes dans le système solaire etc. Contrairement à notre intuition, cette force est très petite.

Interaction faible

Par ordre croissant d'intensité, on rencontre ensuite l'interaction faible. Le quotidien ne nous apprend rien à son sujet. Elle est responsable de la désintégration « b » de certaines particules instables en physique nucléaire. Elle n'est pas universelle : seuls certains corpuscules, porteurs d'une « hypercharge » sont vecteurs de cette force.

Interaction électromagnétique

L'interaction électromagnétique est celle qu'on enseigne au lycée : les forces électrostatiques, l'attraction ou la répulsion magnétique, les ondes radio, la lumière, etc. Seules les particules chargées électriquement ou les courants électriques participent à cette interaction.

Interaction forte

Enfin, l'interaction forte permet d'expliquer la cohésion nucléaire : elle est 100 fois plus intense que la force électrostatique, qu'elle compense entre les protons au sein des noyaux. Elle agit indifféremment entre neutrons et protons, et plus généralement entre hadrons. Les leptons, comme l'électron, sont insensibles à cette force.

Intensités des quatre forces entre deux protons distants de 5 fermi.

Lois du monde microscopique : particules et interactions

La mécanique de Newton, ou encore de Lagrange et d'Hamilton, ne peut décrire les phénomènes physiques du monde microscopique. Il ne suffit pas d'un changement d'échelle pour passer du mouvement des planètes autour du soleil à celui des électrons autour du noyau. Cette conclusion du début du 20ème siècle était le fruit d'une variété d'observations, dont l'essence se résumait à l'apparition d'une nouvelle constante universelle : la constante de Planck :

petite mais pas nulle. Cette propriété donne aux lois du monde microscopique leur caractère si particulier et si difficile à concilier avec l'intuition quotidienne. Ces lois sont celles de la mécanique quantique ou mécanique ondulatoire.

La constante de Planck matérialise la notion de dualité onde corpuscule. L'électron est certes un corpuscule. Cependant, il peut dans certaines circonstances se comporter comme une onde, donner lieu par exemple à des phénomènes de diffraction. Cette onde se caractérise par sa pulsation et sa longueur . L'une et l'autre sont reliées, par le biais de la constante de Planck, à des quantités naturelles pour un corpuscule : l'énergie et la quantité de mouvement (autrement dit l'impulsion) c'est-à-dire le produit de la masse par la vitesse.

Dualité onde corpuscule : relations de Planck et de de Broglie.

Pourquoi les objets macroscopiques qui nous entourent ne se comportent-ils pas comme des ondes ? Autrement dit, pourquoi obéissent-ils aux lois de la mécanique newtonienne plutôt qu'à celles de la mécanique quantique ? La réponse est simple. Au dénominateur de l'expression qui fournit la longueur d'onde de de Broglie apparaît la masse de la particule. Pour un objet macroscopique la masse est grande ; la longueur d'onde associée est infiniment petite comparativement aux dimensions de l'objet lui-même, qui « masque » donc son onde. On est alors dans le régime classique. A l'opposé, dès que les échelles de longueur de l'objet ou de son environnement sont petites vis-à-vis de la longueur d'onde de de Broglie, celle-ci est « libérée » et on parle de régime quantique. Cela peut se produire pour un électron, dont la masse est très faible et par conséquent la longueur d'onde très grande. Il donne alors lieu à des franges d'interférences si les fentes d'Young sont de taille comparable à la longueur d'onde.

La notion de dualité onde corpuscule n'est pas limitée aux seules particules, c'est-à-dire à la matière. Elle s'applique aussi aux interactions, aux forces dont il a été question ci-dessus. L'attraction ou la répulsion de charges électriques est le fait de l'existence d'un champ électrostatique ou électromagnétique. Ce champ se propage et apparaît en définitive comme le médiateur des interactions électromagnétiques. La propagation du champ électromagnétique dans le monde de l'infiniment petit est différente de celle des ondes (hertziennes, micro-ondes, lumineuses ...) dans les milieux macroscopiques. Le champ se manifeste comme une collection de quanta. Les interactions entre particules chargées ont lieu par échange de véritables corpuscules, les photons , quanta du champ électromagnétique. Il en est de même pour les interactions faible, forte et gravitationnelle : les bosons de jauge massifs, les gluons et le graviton sont les quanta qui y sont associés.

Interaction entre deux électrons par échange d'un photon.

Comme pour particules de matière, on peut définir un régime classique et un régime quantique pour les interactions. Selon les circonstances celles-ci se manifestent par un champ - une onde - ou par une collection de quanta. Ces circonstances varient d'une interaction à l'autre.

Interactions faible et forte

L'interaction faible et l'interaction forte sont de courte portée (pour des raisons différentes). Elles ne se manifestent donc qu'à des échelles de longueur beaucoup plus petites que les longueurs d'ondes des particules entre lesquelles elles agissent. On se trouve donc toujours dans un régime quantique. La notion d'onde ou de champ classique n'a jamais de sens ; seuls les quanta qui sont les médiateurs de ces interactions ont une existence : les bosons de jauge massifs pour l'interaction faible et les gluons pour l'interaction forte.

Interaction électromagnétique

Les interactions électromagnétiques sont de longue portée. Elles sont présentes à la fois dans le monde macroscopique où leur comportement est classique et dans le monde atomique ou subatomique où la notion de champ ou d'onde électromagnétique doit être abandonnée et remplacée par le concept d'interaction par échange de photon.

L'électrodynamique est l'étude des électrons en interaction électromagnétique. On définit un paramètre naturel, la longueur d'onde de Compton :

Il y apparaît la masse de l'électron et la vitesse de la lumière. C'est donc la longueur d'onde de de Broglie pour un électron se déplaçant à la vitesse de la lumière. Ce paramètre fournit le critère du régime de l'électrodynamique. L'électrodynamique est quantique et décrit les électrons et les photons à des échelles de longueur inférieures à la longueur d'onde de Compton. Autrement, elle est classique.

Interaction gravitationnelle

Comme l'électromagnétisme, la gravitation est de longue portée. Elle est donc classique ou quantique selon les échelles de longueur. La gravitation de Newton est née d'observations réalisées dans le système solaire c'est-à-dire pour des distances « moyennes » inférieures à 150.000.000 Km. Elle a été vérifiée en laboratoire à des échelles de l'ordre du millimètre.

Loi d'attraction universelle de Newton.

La loi de Newton est en réalité une approximation. La véritable théorie de la gravitation est celle de la relativité générale d'Einstein dans laquelle la gravitation résulte de la courbure de l'espace-temps. Cette courbure est engendrée par la présence d'un corps massif ou d'énergie.

Représentation naïve de la courbure de l'espace-temps engendrée par un corps.

La relativité générale permet d'affiner l'interprétation de certaines mesures au sein du système solaire (corrections post-newtoniennes), prévoit l'existence de trous noirs et d'ondes gravitationnelles (encore inobservés) et décrit l'évolution de l'univers dans son ensemble à des échelles cosmologiques (108 années-lumière2).

A l'instar de l'électrodynamique, la gravitation doit présenter un régime quantique lorsque les échelles de longueur sont suffisamment petites ou les énergies suffisamment élevées. A la notion d'onde gravitationnelle classique succède alors le graviton, quantum élémentaire médiateur de l'interaction gravitationnelle entre particules et qui est à la gravitation ce que le photon est à l'électromagnétisme.

Quel est le critère quantitatif qui définit la frontière entre les régimes classique et quantique de la gravitation ?

Il existe pour la gravitation une échelle de longueur naturelle, définie au moyen des trois paramètres qui sont les constantes universelles de Newton et de Planck, et la vitesse de la lumière :

Il s'agit de la longueur de Planck, qui joue pour la gravitation le même rôle que la longueur d'onde Compton pour l'électrodynamique. Les effets quantiques de la gravitation doivent être pris en compte à toute échelle voisine ou inférieure à la longueur de Planck.

La longueur de Planck est infiniment plus petite que la longueur d'onde de Compton. Cela résulte de la faible intensité de la force gravitationnelle. Pour observer les effets quantiques de la gravitation il faudrait sonder la matière à des distances inférieures à 10-33 cm. De telles échelles n'ont jamais été atteintes3. C'est pourquoi le graviton, essence même des effets quantiques de la gravitation, reste une particule hypothétique.

Doit-on conclure que la gravitation quantique est hors de portée parce que l'énergie de Planck4 ne sera jamais atteinte dans les accélérateurs de particules ?

Modèle standard cosmologique : le Big-bang

Non ! Car bien que les conditions du régime quantique de la gravitation ne puissent être créées artificiellement en laboratoire, elles ont existé dans la nature au moment du Big-bang.

La notion de Big-bang est issue du modèle standard cosmologique. Ce dernier, fondé sur la relativité générale et le modèle standard des particules5, décrit l'évolution de l'univers dans son ensemble. Il permet d'expliquer son expansion, découverte par Hubble en 1930, et prédit l'existence d'un « instant initial » de densité d'énergie et de température infinies. Cet instant singulier, le Big-bang, remonte à 13,7 milliards d'années. L'univers était alors confiné dans un volume de dimensions infinitésimales. Son évolution ultérieure a été une succession de recombinaisons de particules formant des structures de plus en plus grandes, et libérant en particulier un rayonnement électromagnétique, le fond diffus cosmologique, 380.000 ans après l'instant initial. Ce reliquat de lumière, prédit par Gamow en 1946, a été observé et mesuré en 1965 par Penzias et Wilson.

Les conditions d'énergie extrêmes au voisinage de la singularité initiale nécessitent le traitement quantique de la gravitation. Depuis quelques années, les observations sur terre et dans l'espace ne cessent de repousser les limites des connaissances sur l'univers à grande échelle : images passées de l'univers grâce aux grands télescopes, matière et énergie noires, constante cosmologique, supernovae, anisotropie du fond diffus, etc. Tôt ou tard il faudra prendre en compte les corrections quantiques à la gravitation pour confronter les modèles théoriques aux observations cosmologiques.

Mais qu'est-ce au juste la relativité générale dans le régime quantique ?

La chasse aux infinis

Les quantités mesurables expérimentalement en physique des particules sont les sections efficaces de diffusion. Des faisceaux de particules sont accélérés et amenés à produire des collisions à énergie élevée. On est au cœur de la physique quantique : lorsque les particules entrent en collision, de nouvelles particules sont créées. Elles sont détectées et, sur un grand nombre d'évènements, ce protocole expérimental fournit les probabilités d'observation d'évènements de type donné, encodées par les sections efficaces de diffusion.

Représentation d'une collision : en bleu les particules entrantes, en rouge, vert et jaune les particules sortantes.

Les sections efficaces sont par ailleurs accessibles dans le cadre d'une théorie microscopique. L'électrodynamique quantique permet par exemple de calculer ces quantités pour tout processus d'interaction entre photons, électrons et positrons (antiparticule de l'électron). De manière plus générale, les particules et leurs interactions électromagnétiques, faibles, fortes et gravitationnelles sont décrites au moyen d'un formalisme universel, celui de la théorie des champs quantiques. Ces derniers sont des objets abstraits qui véhiculent la dualité onde particule. A chaque type de particule et à chaque type d'interaction est associé un tel champ. La théorie qui en résulte constitue la version la plus élaborée de la mécanique quantique relativiste. On peut en principe y calculer les sections efficaces de diffusion.

Les théories quantiques des champs sont polluées de quantités divergentes. L'énergie totale du champ électrostatique d'un électron est infinie et de nombreux exemples similaires pourraient être cités. Selon leur nature, ces quantités infinies peuvent ou ne peuvent pas être absorbées dans une redéfinition adéquate des paramètres de la théorie. En conséquence, selon le cas, les sections efficaces de diffusion sont calculables ou ne le sont pas.

Lorsque l'interaction gravitationnelle est présente et décrite au moyen de la relativité générale, les quantités divergentes apparaissant dans le calcul des processus de diffusion ne peuvent pas être traitées sans altérer radicalement la théorie. Dans le régime quantique, la relativité générale perd donc son pouvoir prédictif. Et la description du commencement de l'univers lui échappe.

Retour aux cordes : cordes et interaction forte

C'est ici que les cordes réapparaissent : comme candidats à une description du régime microscopique (quantique) de la gravitation sans quantités infinies.

Historiquement les cordes sont entrées pour la première fois dans la physique des particules à la fin des années 60, dans le contexte des interactions fortes. Ce n'est que vers la fin des années 70 qu'elles ont été apparentées à la gravitation.

Rappeler le rôle que les cordes ont joué dans les interactions fortes est d'un intérêt à la fois historique et scientifique. On y retrouve une propriété remarquable déjà soulignée précédemment : le pouvoir prédictif dû à la rigidité de la théorie et à l'absence d'autres paramètres que la tension de la corde.

Les interactions fortes assurent la cohésion des noyaux. Elles agissent entre nucléons (protons et neutrons) et plus généralement entre hadrons : les mésons de spin entier et les baryons de spin demi-entier6.

Les hadrons.

Ces particules, de plus en plus nombreuses et de mieux en mieux étudiées dans les années 60, soulevaient d'importantes questions sur la nature des interactions fortes. Pourquoi leurs sections efficaces de diffusion se comportaient-elles de façon si lisse à haute énergie ? Pourquoi, dans un diagramme spin masse, se rangeaient-elles par famille, sur des droites de même pente (appelées trajectoires de Regge) ? Enfin, étaient-elles élémentaires ?

Les trajectoires de Regge sur un diagramme spin masse.

Une évidence était la suivante : l'énergie des collisionneurs augmentant, de plus en plus de nouveaux hadrons apparaissaient et entraient dans le schéma décrit ci-dessus. Il semblait possible qu'une infinité de telles particules existât dans nature et que ces particules fussent toutes ordonnées sur des trajectoires de Regge.

La structure du spectre des hadrons rappelait les gammes de Pythagore. La masse est reliée à une énergie par la relation d'Einstein et l'énergie à une pulsation par la relation de Planck :

Par ce biais, les hadrons pouvaient être identifiés aux excitations d'une corde : la fréquence, multiple entier d'une fréquence fondamentale, détermine la masse ; quant au nombre entier, il est relié au spin.

Pour reproduire correctement des masses de l'ordre du GeV- Giga-électron-volt- (par exemple 0,939 GeV pour les nucléons), le paramètre doit être de l'ordre du GeV-2. Cet ordre de grandeur est obtenu grâce à une corde d'une tension de 104 Kgf, soit d'une longueur de 10-14 cm. Dans ces conditions, la fréquence fondamentale est de 1024 Hz (Herz). Pour le diapason de 440 Hz il fallait une corde de 30 cm tendue à 172 Kgf. Il « suffit » donc d'un changement - drastique - d'échelle pour passer des cordes de piano à des objets microscopiques. Ceux-ci entrent dans le régime de la mécanique quantique et leur gamme de fréquences fournit un spectre de masses dans lequel il ne subsiste aucun paramètre d'ajustement : le spectre est à prendre ou à laisser ; c'est à la fois le tribut et le trophée de la théorie de cordes.

La théorie des cordes allait plus loin. Elle ne fournissait pas seulement le spectre : elle déterminait aussi les interactions entre les particules présentes dans ce dernier, permettant de calculer, sans autre concept ou ingrédient, des sections efficaces de diffusion7.

Il est remarquable que le spectre ainsi obtenu coïncidât avec celui des hadrons observés. Plus remarquable encore, les sections efficaces de diffusion calculées dans ce contexte reproduisaient bien les comportements typiques à haute énergie.

Le point faible de la description des hadrons et de l'interaction forte au moyen d'une théorie de cordes était le « principe de démocratie hadronique ». Pour entrer dans ce schéma, les hadrons devaient être tous élémentaires. Il fallait donc postuler l'existence d'une infinité de particules élémentaires.

Interaction forte et quarks

Des expériences du type de celles qui avaient permis à Rutherford de mettre en évidence la structure composite de l'atome, ont conduit au début des années 70 (expériences de diffusion profondément inélastique) à découvrir une structure interne aux nucléons et à tous les hadrons en général. Les modèles de partons revenaient en force et le modèle des quarks, introduit au début des années 60 par Gell-Mann et Zweig8, offrait une représentation fidèle des hadrons au moyen de quarks de saveurs variées.

Le proton et le pion comme états liés de quarks.

La dernière page des interactions fortes fut tournée avec la naissance de la chromodynamique quantique. C'est une théorie de jauge du même type que l'électrodynamique quantique, déjà mentionnée pour les interactions électromagnétiques. Une autre théorie de jauge, la théorie électrofaible, avait également été introduite au début des années 60 (Glashow, Salam et Weinberg) pour unifier les interactions faibles et électromagnétiques.

Le retour soudain des théories de jauge sur le devant de la scène était la conséquence d'un résultat théorique de grande envergure : la preuve de leur « renormalisabilité » (‘t Hooft, Veltman, 1970). C'est bien cette propriété qui permet de traiter les quantités infinies présentes par exemple dans les calculs de sections efficaces ; c'est aussi cette propriété qui manque à la relativité générale, laquelle devient inopérante au niveau microscopique.

Le succès plus particulier de la chromodynamique quantique comme théorie des interactions fortes était dû à une autre propriété, tout aussi appréciée de la communauté : la liberté asymptotique (Gross, Politzer, Wilczek, 1973). On observait expérimentalement que les « quarks étaient libres au sein des hadrons » ; c'est ce que la liberté asymptotique formulait.

D'autres découvertes ultérieures ont définitivement entériné les théories de jauge comme théories des interactions fortes et électrofaibles, au moins aux énergies accessibles expérimentalement. Les hadrons sont finalement tous composites et le principe de démocratie hadronique n'est pas violé. C'est l'hypothèse de leur « description pythagoricienne » qui est démentie.

Les cordes ne sont pas pour autant disparues du paysage de l'interaction forte. Elles en fournissent une représentation effective fidèle, qui est techniquement très puissante, meilleure même dans certains régimes. On parle de la « corde de la chromodynamique quantique » apparaissant comme véritable lien, ressort bandé entre les quarks au sein d'un méson. Les interactions entre mésons ont alors une image simple en terme de fusion ou rupture de cordes.

Deux pions interagissent pour donner deux kaons : l'annihilation des quarks d (fusion des deux cordes) est suivie par la création des quarks s (rupture de la corde intermédiaire). Les quarks u sont spectateurs.

Le renouveau des cordes : cordes et gravitation quantique

Grâce aux relations entre fréquence, masse et énergie, les fréquences de vibration d'une corde microscopique relativiste peuvent s'interpréter comme des particules. Celles-ci viennent avec leur masse et leur spin. Les interactions et autres propriétés de symétrie découlent simplement des critères de cohérence interne de la théorie. Cette démarche a été suivie dans les cordes des modèles duaux de l'interaction forte.

Il y a dans le spectre de la corde fermée une particule de masse nulle et de spin 2. Ces derniers sont les nombres quantiques cinématiques du graviton, particule médiatrice des interactions gravitationnelles au niveau microscopique. Le niveau microscopique pour la gravitation est l'échelle de Planck c'est-à-dire 10-33 cm. La gravitation pourrait donc apparaître en théorie des cordes à condition de modifier à nouveau l'échelle : passer de 10-14 à 10-33 cm, soit du GeV des cordes hadroniques à 1019 GeV, soit encore à une fréquence fondamentale de 1043 au lieu de 1024 Hz. Ceci nécessite une tension de 1043 Kgf !

La corde fermée semble donc contenir la gravitation, mais quelle gravitation ? La présence d'une particule de spin 2 et de masse nulle ne suffit à elle seule ni à étayer la thèse d'une description quantique de la gravitation, ni à assurer que cette dernière coïncide avec la relativité générale dans le régime classique. La corde fournit-elle vraiment une alternative à la relativité générale, valable dans tous les régimes ?

Cette question est dichotomique car le cadre de la théorie des cordes est très rigide. Les particules viennent avec leurs interactions et aucun artifice ne peut être introduit pour les corriger. Il est remarquable qu'aux grandes distances vis-à-vis de l'échelle de Planck, là ou l'interaction gravitationnelle est dans le régime classique, la corde fermée restitue la relativité générale. Il est tout aussi remarquable qu'à courte distance, elle s'affranchisse des divergences qui gâtent cette dernière.

Ces résultats, pressentis par Scherk et Schwarz en 1974 et 1975, ont constitué le tournant décisif de la théorie des cordes.

Cordes, membranes, théories de jauge et supersymétrie

La théorie des cordes remplace le concept d'objet ponctuel par celui d'objet étendu. Ce faisant, elle introduit une structure à la fois plus riche et plus contrainte.

Des objets ponctuels aux cordes, ouvertes ou fermées.

La liberté de choisir les ingrédients (particules, interactions, symétries et géométrie) à sa guise n'existe plus dans ce contexte. Evoluer : c'est tout ce qu'une corde peut faire, éventuellement en se scindant en deux, ou en fusionnant avec une autre corde. Cette évolution engendre une surface appelée « feuillet d'univers » de la corde.

Evolution d'une ou deux cordes fermées et leur feuillet d'univers.

La gravitation apparaît dans ces théories de manière naturelle, avec l'espoir d'en décrire les effets quantiques et de comprendre la cosmologie primordiale. Pour peu qu'on accepte l'extension vers les supercordes, qui est la seule fantaisie autorisée9 si on veut éviter la présence de tachyons - particules plus rapides que la lumière, on obtient non seulement le graviton, mais une pléthore de particules de matière et d'interaction. Il apparaît des symétries de jauge de grande unification et une symétrie supplémentaire : la supersymétrie d'espace-temps. A basse énergie (autrement dit à grandes distances), on retrouve toutes les propriétés des objets ponctuels et de leurs interactions.

Les théories de cordes font apparaître des objets encore plus exotiques, comme résultat de critères de cohérence interne : des membranes. Celles-ci sont très massives et donc inobservables avec les instruments dont on dispose actuellement. Il en existe de nombreux types qui apportent leurs propres contributions au spectre et aux interactions de la théorie.

Un exemple de membrane : une « D 2-brane » avec des cordes ouvertes accrochées dessus.

Trop, l'ennemi du trop peu

Depuis déjà de nombreuses années, le modèle standard des particules élémentaires est testé avec des instruments de la plus haute précision. Ce modèle contient 3 familles de leptons et 3 familles de quarks. Tous interagissent par voie électromagnétique et faible ; seuls les quarks sont sensibles aux interactions fortes. Toutes les interactions sont décrites au moyen de théories de jauge et leurs médiateurs sont les bosons intermédiaires massifs, le photon et les gluons. La théorie complète est parfaitement définie tant au niveau microscopique que macroscopique.

La nécessité d'aller au-delà du modèle standard a toutefois été pressentie bien avant la confirmation expérimentale du modèle standard lui-même. De nombreuses raisons sont évoquées, mais la plus objective est sans doute la découverte récente que les neutrinos, leptons neutres et réputés de masse nulle dans le modèle standard, sont en réalité massifs.

Deux grandes classes d'ingrédients ont été proposées depuis les années 70 pour bâtir un modèle dont le modèle standard serait l'approximation de « basse énergie ». Les théories de grande unification qui introduisent des symétries de jauge plus vastes, incorporant celles qui ont déjà été observées dans la nature. Et les extensions supersymétriques qui sont articulées autour d'une nouvelle symétrie, jamais encore observée. Les unes et les autres prévoient l'existence de particules nouvelles qui restent à découvrir.

En plus de la gravité, les théories de cordes10 incorporent tous ces nouveaux ingrédients sans additifs artificiels. Malheureusement, leur cohérence interne11 impose une autre contrainte dont les conséquences sont désastreuses pour leur pouvoir prédictif : ces théories sont définies à 10 dimensions12. La rigidité tant appréciée des théories de cordes lorsqu'elle fixe les paramètres, le spectre de particules, les symétries et les interactions, devient un handicap lorsqu'elle prédit un univers décadimensionnel !

Dimensions excédentaires compactes

Une dimension de temps et 9 d'espace : il y en a 6 de trop. Celles-ci doivent être compactes, refermées sur elles-mêmes à la manière de petits cercles, plus petits que tout ce que les instruments de la plus haute résolution peuvent discriminer.

Une dimension supplémentaire compacte : il faut regarder de près pour la découvrir.

L'introduction de dimensions supplémentaires compactes dans les théories de la gravitation n'est pas une nouveauté. Elle est même très ancienne, aussi ancienne que les premières tentatives d'unifier les forces de la nature. Les théories « unitaires » du premier quart du 20ème siècle avaient pour objet de formuler les deux forces jusqu'alors observées, la gravitation (relativité générale d'Einstein) et l'électromagnétisme (théorie relativiste de Maxwell), comme manifestations différentes d'une même interaction13. En introduisant un espace-temps de 5 dimensions, autorisant l'existence de champs gravitationnels uniquement, et en imposant qu'une des 4 dimensions d'espace était compacte (un « petit » cercle) on retrouvait dans l'espace-temps infini restant (de 3 dimensions d'espace et une de temps) des champs électromagnétiques et de gravitation.

Kaluza (1921) et Klein (1926) avaient développé ces idées et étudié en particulier quelles seraient les conséquences de l'existence de la petite dimension « inobservable à l'œil nu ». Leurs conclusions étaient les suivantes : pour chaque type de particule observée, il devait exister une infinité de répliques, de masses de plus en plus élevées et régulièrement espacées. L'incrément de masse carrée était en raison inverse du carré du rayon carré de la dimension compacte.

Le spectre de Kaluza-Klein : est un entier quelconque. Pour de l'ordre de 10-16 cm, l'incrément de masse carrée est de 4 103 GeV2.

Tant que les énergies restent petites vis-à-vis de l'incrément, le spectre de Kaluza-Klein reste invisible. Les forces observées sont la gravitation et l'électromagnétisme quadridimensionnels. Dès que l'énergie le permet, les premiers états de Kaluza-Klein apparaissent ; autrement dit la résolution devient suffisante pour « ouvrir » la dimension compacte. La distinction entre gravitation et électromagnétisme devient de plus en plus arbitraire : nous observons finalement la version unifiée de ces forces dans la gravité pure en cinq dimensions.

Dans le cadre de la théorie de cordes, l'introduction de dimensions supplémentaires compactes n'est pas une option. La théorie vient avec 6 dimensions excédentaires qu'il faut traiter comme compactes. D'une part, ceci confirme le caractère universel de la théorie : elle contient spontanément toutes les options introduites ça et là comme alternatives (grande unification, supersymétrie, Kaluza-Klein). D'autre part, cela offre la possibilité de choisir un schéma de compactification plutôt qu'un autre afin d'approcher au plus juste la physique des particules telle qu'elle apparaît dans les accélérateurs aujourd'hui.

Le revers de la médaille est l'ouverture vers une grande variété de modèles sans critère de principe pour choisir et l'apparition d'une nouvelle classe de particules (les modes de Kaluza-Klein) qui s'ajoutent à toutes celles encore hypothétiques (partenaires supersymétriques et bosons de jauge de grande unification).

Retour à la loi de Newton

On pourrait faire l'hypothèse que seule la force de gravitation transperce l'espace qui est transverse à notre espace-temps usuel, quadridimensionnel ; autrement dit, que deux objets éloignés l'un de l'autre dans une des dimensions excédentaires (par exemple situés en des points distincts d'un petit cercle) soient soumis à la seule force de gravitation. On peut accompagner cette hypothèse d'une autre, compatible, selon laquelle les particules de Kaluza-Klein seraient inobservables car n'interagissant pas avec les détecteurs. Une particule est visible si elle interagit avec un détecteur. In fine, ce dernier est sensible à l'interaction électromagnétique seulement.

Ce résultat n'est pas une propriété générique de la théorie de cordes et aucun modèle concret ne le démontre. Aucun principe ne s'y oppose non plus et certaines indications pourraient plaider en sa faveur. Dans le cadre de la théorie des cordes, c'est une hypothèse de travail qui relève plutôt de la phénoménologie des cordes.

Dans ces conditions, on peut s'affranchir de la contrainte de « petite » dimension compacte. Si les modes de Kaluza-Klein sont inobservables, rien n'empêche qu'ils soient « légers ». C'est-à-dire de masse inférieure au seuil disponible actuellement. Les dimensions compactes pourraient donc être de rayon supérieur à 10-16 cm.

Quelles sont alors les contraintes expérimentales ? Peut-on avoir des dimensions compactes de rayons arbitrairement grands ?

C'est à la gravitation de répondre à ces questions, puisque c'est elle qui, dans les hypothèses ci-dessus, subsiste dans l'espace transverse. A des échelles supérieures à 10-16 cm, l'interaction gravitationnelle est loin du régime quantique et pour les besoins de l'argument la loi de Newton suffit. La loi de Newton dépend de la dimension d'espace. Dans l'espace usuel tridimensionnel, cette loi est

En quatre dimensions infinies d'espace, elle devient

Lorsqu'une dimension parmi les quatre est compacte de rayon , la loi prend une forme plus compliquée. Elle se réduit cependant aux expressions de d = 3 ou d = 4 dimensions14 dans les limites respectives et .

La loi de Newton a été testée depuis longtemps dans le système solaire avec grande précision, à des échelles de l'ordre de 106 Km. L'expérience de Cavendish (1790) avait été réalisée avec des sphères distantes d'une vingtaine de centimètres. Des expériences à la Cavendish sont réalisées depuis les années 80, qui explorent la gravité depuis le centimètre jusqu'au millimètre, sans observer d'écart à la loi de Newton tridimensionnelle. Les projets pour les années à venir vont jusqu'au dixième de millimètre.

Se non è vero, è bene trovato

Il y a typiquement deux phases dans l'évolution d'une théorie ambitieuse. On commence par comprendre les phénomènes et donner une formulation abstraite à la théorie. On aborde ensuite les aspects techniques, la résolution des équations, la confrontation expérimentale.

Les progrès les plus spectaculaires de la théorie des cordes relèvent de la première phase : structure et universalité de la théorie, rôle des symétries, formulations duales ... Des questions fondamentales mais techniquement difficiles restent toutefois sans réponse complète ou satisfaisante. La supersymétrie est omniprésente dans la théorie et absente de la nature aux échelles accessibles. Elle doit être brisée à basse énergie et restaurée à haute énergie. Comment et à quelle énergie charnière ? Comment retrouver le modèle standard des particules ? La ressemblance des spectres et des interactions ne suffit pas. Il faut les 3 familles de particules, les 3 interactions et le procédé qui donne les masses justes. Rien de plus à basse énergie. Il faut aussi expliquer la dynamique des compactifications : pourquoi la nature choisit-elle une option de compactification plutôt qu'une autre ? Enfin, il faut profiter de ce pourquoi la théorie a eu tant de succès dans ses premiers jours : la gravitation quantique. Déterminer un modèle cosmologique cohérent et suffisant, comprendre le problème de la constante cosmologique, l'inflation, la platitude de l'univers. Comprendre la vraie nature des trous noirs et de leur rayonnement.

C'est l'absence d'idées qui est un échec, pas la difficulté. Les théories de jauge, le modèle électrofaible, la chromodynamique quantique ont été accueillis jadis avec le plus grand scepticisme. Et ce n'est pas seulement, voire pas du tout, par manque de faits expérimentaux qu'il a fallu deux dizaines d'années et un travail de missionnaire pour les adopter.

La théorie des cordes n'est pas de reste dans cette logique. Elle a ses détracteurs et ses adhérents qui oublient parfois, les uns et les autres, que la théorie des cordes n'est pas un credo. C'est une théorie physique difficile qui foisonne d'idées nouvelles. Cette théorie a permis des avancées conceptuelles importantes : holographie entre interaction gravitationnelle et interaction de jauge, thermodynamique des trous noirs ... Elle a irrigué, et continue de le faire, divers domaines des mathématiques et a inspiré de nombreuses voies de recherche d'importance grandissante en physique des hautes énergies et en cosmologie, qui évoluent désormais de façon autonome : la phénoménologie des branes et des cordes, les cosmologies alternatives au Big-bang, les univers branaires ...

Ces derniers développements ont progressivement intéressé les expérimentateurs. On trouve des projets de recherche de particules de Kaluza-Klein autour des futurs grands instruments (par exemple le LHC15 au CERN). Des expériences de gravité sub-millimétrique sont programmées pour mieux comprendre la loi de Newton et tester les idées de « grandes » dimensions compactes. On attend avec impatience les observations cosmologiques à venir : anisotropies du fond cosmologique, matière et énergie noires, constante cosmologique ... (expériences ARCHEOPS, WMAP16 ...).

La théorie des cordes offre un cadre précis et contraint. Son contenu en termes de symétries, interactions et spectre ne souffre aucun amendement. Il est remarquable qu'il reproduise malgré cela et avec une telle efficacité la gravitation ainsi que l'ensemble des concepts introduits depuis plus de trente ans en physique des particules : unification des forces et de la géométrie, supersymétrie, dimensions supplémentaires d'espace-temps ..., dans un cadre compatible avec les principes de la mécanique quantique. Cette situation n'est peut-être pas fortuite, mais ce n'est pas à la communauté d'en décider. Comme toutes les théories, celle des cordes n'échappera pas au couperet de la confrontation avec l'expérience. Mais si cette confrontation devait être au bénéfice des cordes comme constituants élémentaires de la matière, l'histoire aura donné raison à tous les penseurs, depuis Pythagore jusqu'à Kepler, dans leur quête de l'harmonie des sphères célestes.

 

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